Européens d’abord !
Jean-Yves Le Gallou nous appelle à travers son dernier livre à nous définir d’abord comme des Européens de langue et de culture française, s’appuyant sur un sentiment d’appartenance civilisationnelle plus prégnant qu’une nationalité désormais dévaluée.
Jean-Yves Le Gallou fut dans les années 1980 le théoricien de la préférence nationale qui exprimait alors la volonté politique de privilégier les nationaux aux étrangers en matière d’emploi et d’aides sociales. Trente ans ont passé et dans les maternités comme dans les préfectures, nombre d’étrangers pour la plupart extra-européens sont devenus Français sans pour autant en acquérir les usages et les codes, ressentant au mieux de l’indifférence, au pire de l’hostilité voire de la haine pour le pays qui les accueille. Quant aux Français d’ascendance européenne, ils se ressentent souvent plus proches des autres Européens que de ces « néo-Français ». Tirant le constat de ces évolutions majeures, Jean-Yves Le Gallou nous appelle à travers son dernier livre Européen d’abord, essai sur la préférence de civilisation (Via Romana) à nous définir d’abord comme des Européens de langue et de culture française, s’appuyant sur un sentiment d’appartenance civilisationnelle plus prégnant qu’une nationalité désormais dévaluée.
Le récit civilisationnel européen
« Une civilisation, c’est un héritage spirituel et culturel, prolongé souvent par un héritage ethnique » définit Jean-Yves Le Gallou qui démontre que la France est issue de permanences identitaires héritées d’un fonds commun partagé par les autres pays d’Europe. « Les peuples européens ont une mémoire commune, ils partagent un même récit civilisationnel, héritiers de la Grèce, de Rome, de la Chrétienté et de la Renaissance ». Loin de l’entité juridique bruxelloise, l’Europe représente une réalité pluri-millénaire à travers un patrimoine matériel et immatériel puisant aux mêmes sources protohistoriques et antiques sur lesquelles se sont greffés quinze siècles de chrétienté. Plus encore, elle représente un modèle de civilisation portant en elle les remèdes aux maux qui rongent le monde moderne : la femme y est respectée, la nature honorée et le divin incarné, la démesure à travers l’hubris y représente la pire des fautes. C’est encore en Europe que naissent et perdurent les libertés politiques et que règne l’équilibre social à travers un modèle issu de la trifonctionnalité indo-européenne, remettant l’économie à sa juste place.
N’oubliant pas, selon Héraclite, que Polemos est père de toute chose, Jean-Yves Le Gallou rappelle que les guerres conduites en Europe ne furent pas que fratricides. Si chaque récit national conserve sa légitimité, s’inscrivant dans l’Histoire des différentes nations d’Europe, ils s’intègrent néanmoins dans un récit civilisationnel commun à travers une « histoire bataille » où les Européens ont combattu ensemble pour défendre leurs frontières durant vingt-cinq siècles de conflits depuis les guerres des cités grecques puis de Rome contre l’Orient, de la chrétienté médiévale contre l’islam ou encore de la conquête du monde et des grandes découvertes.
Contre le système à tuer les peuples
Mais comme Paul Valéry, Jean-Yves Le Gallou estime que « les civilisations ont la même fragilité qu’une vie ». En dépit d’un prodigieux héritage, la civilisation européenne se trouve confrontée à la pire crise de conscience de son histoire. Née de la culpabilisation allemande de la Seconde Guerre mondiale, elle s’étend désormais à tous les Européens dont l’Histoire et les valeurs conduiraient inéluctablement à Auschwitz… Cette « mémoire pénitentielle », fondement de la nouvelle idéologie dominante du « Big Other », religion de l’Autre, du lointain, de la différence, désarme moralement les Européens, privés de leur identité, soumis à l’américanisation des modes de vie et à la dictature des minorités qui déconstruisent les cadres traditionnels de la société. Le vide intérieur de l’Europe, démographique comme spirituel, laisse le champ libre à l’immigration-invasion et à son corollaire : l’islamisation. Trahies par des dirigeants indignes, les vieilles nations européennes sont ainsi promises au suicide à travers ce que Jean-Yves Le Gallou qualifie « d’interruption volontaire de civilisation (I.V.C.) ».
Pour un « Grand Ressourcement »
« Mais au champ des possibles, les destins ne sont écrits nulle part » nous exhorte Jean-Yves Le Gallou, reprenant la conclusion de la vidéo de l’institut Iliade « Europe, ton soleil revient ». Une des originalités de son livre est qu’il ne se limite pas à nous rappeler notre mémoire oubliée mais s’emploie à ré-ancrer notre vision du monde dans le présent. Il ouvre pour cela des pistes concrètes afin de vivre aujourd’hui comme de « bons Européens », selon la formule de Nietzsche, en nous appelant au « Grand Ressourcement » par l’impératif de la transmission. Cette attitude devant la vie se résume dans la triade homérique « la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté pour horizon ». Jean-Yves Le Gallou définit ainsi quelques règles pratiques et principes de vie pour nous permettre de renouer dès maintenant avec notre tradition, qu’il s’agisse de redonner du sens aux rites qui rythment l’existence, d’éveiller nos enfants à la nature et à la beauté, de retrouver notre plénitude d’homme enraciné, conscient de notre riche héritage. Chacun y trouvera d’utiles réflexions pour retrouver la voie du kalos kagotos, l’homme beau et bon érigé en modèle par nos pères les Grecs, qui perdurera en Europe au fil des siècles à travers les figures du citoyen romain, du chevalier médiéval et du gentilhomme.
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« Européen d’abord » représente plus qu’un essai, c’est un manuel de combat pour les années décisives que nous traversons et qui répond à la question essentielle du « Que faire ? » Citant le philosophe Michel Maffesoli, il s’agit, délaissant les poisons de l’individualisme, du rationalisme et du progressisme, de renouer « avec ce qui a fait culture à d’autres moments ». Petit par la taille – à peine 180 pages – riche par l’érudition, lumineux par la clarté du propos, « Européen d’abord » est un grand livre. À ce titre il a sa place dans nos bibliothèques, aux côtés de quelques autres grands livres appelant au réveil de notre civilisation comme le « Testament d’un Européen » de Jean de Brem, « Histoire et tradition des Européens » et « le samouraï d’Occident » de Dominique Venner. Autant de bréviaires d’insoumis nous ouvrant la seule voie qui compte : celle qui nous permettra de redevenir ce que nous sommes.
BCT
Jean-Yves Le Gallou, Européen d’abord, essai sur la préférence de civilisation – Ed. Via Romana