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« Et nous serons Européens » : Une évidence si simple, une réalisation si complexe

Benedikt Kaiser est un politologue allemand et fait partie de la maison d’édition Jungeuropa (Dresde). Il travaille en tant que collaborateur scientifique et publiciste. Ses trois axes de recherche sont les questions sociales, les théories de l’hégémonie et l’interaction entre les structures extraparlementaires et parlementaires. Il est l’auteur de plusieurs livres : le dernier en date est Die Konvergenz der Krisen (Dresde, 2023) ; un succès public a été obtenu entre autres par Solidarischer Patriotismus (Schnellroda, 2020).

« Et nous serons Européens » : Une évidence si simple, une réalisation si complexe

« Nous étions des Germains, nous sommes des Allemands et nous serons des Européens. »

Voici ce que disait, il y a un siècle environ, Arthur Moeller van den Bruck, et qui illustre précisément ce devenir que nous envisageons. Pourtant, de nombreux Européens d’aujourd’hui rechignent à s’identifier comme tels, notamment à cause de la facile confusion entre l’Europe et l’UE. Il est alors de notre devoir de construire, à travers une coopération pleinement européenne, une vision du monde solidaire, patriotique et européenne.

« Nous étions des Germains, nous sommes des Allemands et nous serons des Européens. »

Lorsque Arthur Moeller van den Bruck a réfléchi à l’avenir de l’Allemagne et de l’Europe dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale, il a trouvé cette formule marquante.

Un siècle plus tard, nous constatons qu’il s’agit d’une évidence, mais que sa réalisation reste plus que jamais complexe.

Pour beaucoup de nos compagnons de route, s’affirmer en tant qu’« Européen » est bien souvent l’objet d’importantes réticences. Cela s’explique par le fait que l’actuelle Union européenne (UE) forme un projet qui semble justement vouloir nous faire perdre notre européanité.

« Notre Europe n’est pas leur UE ! » – c’est facile à dire.

Mais nous devons aussi transmettre une européanité positive. Au sens d’Ernst Bloch, avec de la chaleur – des sentiments –, et de la froideur – des arguments.

Ces deux éléments – le rationnel tout comme l’irrationnel – doivent aller de concert si nous voulons donner aux générations futures une image de l’Europe à laquelle elles puissent s’identifier.

Telle est, précisément, notre mission. La mission de l’Institut Iliade en France. La mission du Jungeuropa Verlag, notre maison d’édition, en Allemagne. La mission de tous ceux qui revendiquent leur triple appartenance : une région, une nation, et, nécessairement, l’Europe !

Pour y parvenir, nous avons besoin de rencontres européennes, d’échanges internationaux, d’un travail de traduction et d’un tissage de réseaux.

Mais nous avons également besoin d’éléments de réflexion autour desquels les meilleurs esprits de notre camp non conformiste se retrouvent, par-delà les frontières.

Nous, l’équipe de Jungeuropa, avons le souhait de participer à cette définition d’une ligne générale commune.

Nous proposons que cette vision du monde propre au xxie siècle soit solidaire, patriotique et européenne.

La pensée et l’action solidaires, la solidarité pratique et concrète, sont authentiquement « de droite ». Il s’agit d’un devoir vis-à-vis du grand ensemble.

S’y ajoute le patriotisme en tant qu’approche de la politique qui passe par le peuple, en tant qu’affirmation d’un soi identitaire que l’on souhaite défendre.

En étant solidaire et patriotique, la vision du monde à venir constitue un appel aux forces de tous bords, pour peu qu’elles soient raisonnables et soucieuses de l’intérêt général.

En tant que démarche « de droite », elle intègre inévitablement des éléments « de gauche » – supposés et réels – là où cela s’avère utile.

Car seule « une pensée qui affirme la synthèse entre les deux tendances et qui l’a réalisée en elle est en mesure d’accéder aux problèmes que l’avenir nous posera et face auxquels le présent se désespère », comme l’a montré le penseur conservateur révolutionnaire Hans Zehrer dans un de ses essais.

Comme l’article de Zehrer « La confusion des concepts » a plus de 90 ans et que la situation de l’Allemagne, de la France et de l’Europe a fortement évolué, la vision du monde que nous défendons est non seulement solidaire et patriotique, mais aussi européenne.

À cet égard, il convient d’inclure autant la sphère politique réelle que la sphère métapolitique dans notre argumentation.

Car l’UE a un impact réel sur tous les domaines de notre vie : environ soixante-dix pour cent de toutes les lois adoptées dans les États membres sont lancées au niveau de l’UE.

Au plus tard avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en 2009, le processus législatif s’est « européanisé » et le citoyen de Paris doit désormais s’y soumettre au même titre que celui de Berlin.

Si une force politique s’obstine à n’attaquer qu’au niveau national sans trouver des partenaires européens qui partagent sa vision du monde, elle est condamnée à l’impuissance en matière de politique réelle.

Mais il ne faut pas moins tenir compte du monde métapolitique. Les évolutions et les changements culturels ne s’arrêtent pas aux frontières nationales – les évolutions intellectuelles à l’œuvre dans la politique non plus.

Celui qui accorde de la valeur à sa région, à son peuple et à sa nation et qui souhaite préserver leurs particularités ne peut y parvenir que s’il est capable de conclure des alliances solides avec des acteurs qui travaillent à des objectifs similaires dans leurs pays.

À cette dimension de raison politique s’ajoute la composante sentimentale d’une européanité positive. Pour ce dernier, l’Europe n’est pas déterminée à partir des frontières de l’UE.

L’européanité positive a pleinement conscience que le cœur de l’Europe bat aussi bien à Belgrade, Oslo et Berne que dans les capitales des États membres de l’UE.

« La clé d’une reconstruction véritable et fondamentale de nos sociétés », comme le décrit l’historien David Engels dans Que faire ?, « ne se trouve pas au niveau national, mais au niveau européen. »

C’est vrai, si l’on considère la situation dans son ensemble.

Mais l’Europe actuelle sous la forme de l’UE ne nous y aide pas.

L’Europe de l’UE est un marché commun avec des centaines de millions d’acteurs – mais elle n’est pas un bouclier pour les peuples, elle est incapable d’agir et de maîtriser le désordre. Outre les conflits ethno-culturels inévitables, ce désordre s’annonce avant tout être de nature sociale.

Dans la mesure où c’est un auteur allemand qui parle des questions sociales à l’époque de l’européanisation basée sur l’UE, il convient de rappeler que les acquis de l’État social des 150 dernières années restent aujourd’hui pertinents pour la majorité de la population. Ils confèrent à la RFA une réputation mondiale de principe d’assistance et de solidarité fondées sur la responsabilité de l’État. Et ce en dépit de toutes les critiques sur les graves dysfonctionnements actuels.

Le constater ne signifie pas qu’il faille se fermer à l’idée que le XXIe siècle apporte des exigences sensiblement différentes de celles des deux siècles passés.

Si l’Europe était une île, on pourrait partir du principe que la division en États-nations classiques perdurerait telle quelle.

Mais l’Europe n’est pas une île, elle occupe une place centrale dans des constellations mondiales qui agissent sur les pays européens.

Une Europe morcelée et davantage divisée n’est pas viable sur le plan économique, technologique et social. Du moins pas en tant que bloc de puissances souveraines et autonomes dans leurs décisions. Les peuples européens se trouvent ainsi confrontés à des conflits d’intérêts renforcés de l’extérieur.

De telles contradictions extérieures doivent être tenues à l’écart du continent dans l’intérêt même de son autosuffisance. L’Europe est déjà riche en contradictions internes, il s’agit donc de les surmonter.

Le « front intérieur » se complique toutefois lorsque les slogans classiques : « L’Allemagne d’abord ! » ou « La France d’abord ! », ne sont pas seulement utilisés comme mobilisation électorale populiste. Lorsqu’ils constituent l’unique programme. On se contente trop souvent du « d’abord ! » à la droite du centre, sans réfléchir à la nécessité d’un « après ».

À cela s’ajoute le fait que la persistance des ressentiments favorise le retour des chauvinismes, car les arguments néo-libéraux sont combinés avec les passions patriotiques, qui peuvent toujours être mobilisées en bien ou en mal.

Ces jalousies réciproques devraient s’effacer au profit d’une idée solidaire étendue à toute l’Europe, qui ne peut toutefois se développer « organiquement » que si des objectifs et des projets communs sont élaborés, dont tous les peuples européens peuvent profiter – pas seulement les classes dirigeantes, pas seulement les secteurs de l’économie orientés vers l’exportation, pas seulement l’appareil bureaucratique.

Dans les conditions actuelles de l’UE, cela ne sera pas réalisable, ne serait-ce que parce que les couches sociales supérieures des différents pays profitent des disparités actuelles en leur sein.

La solidarité patriotique à l’échelle européenne à laquelle il faut aspirer – la dimension sociale de l’européanité positive – exige donc de reconnaître que la fracture principale n’est pas celle qui existe entre les peuples européens. Mais celle qui sépare les besoins sociaux et identitaires des peuples, d’une part, et les besoins du capital, souvent transnational, et de ses mandataires politiques, d’autre part.

Ces fractions du capital et leurs collaborateurs ont pour objectif idéologique de créer un « One World », et pour objectif économique la maximisation de leurs profits.

Pour une politique patriotique et solidaire sur une base européenne, il s’agit au contraire de préserver les peuples autochtones. Pour ces derniers, il s’agit de trouver une forme d’unité dans la diversité proprement européenne, dans laquelle les différentes forces sociales et économiques de chaque région et de chaque nation sont rassemblées, et les faiblesses ainsi atténuées.

La vision du monde à venir se réclame donc de l’Europe, tout en critiquant les prémisses de l’Union européenne :

  • car notre Europe est plus qu’un simple ensemble de traités, plus que des frontières ouvertes, des marchés ouverts, des sociétés ouvertes ;
  • une Europe qui n’oppose pas les régions, les nations et les peuples les uns aux autres, mais qui fait appel à une conscience commune ;
  • c’est une Europe qui protège ses cultures et ses peuples divers, qui ne les dissout pas ; une Europe qui n’a donc pas besoin de la prétendue diversité imposée en son sein par l’UE, là où elle recèle une véritable diversité ; une Europe qui offre à ses citoyens la plus grande sécurité intérieure et sociale possible.
  • c’est une Europe qui parle d’une seule voix à l’extérieur, car cela exige autant de raison que d’émotion ;
  • une Europe solidaire, sûre d’elle-même et souveraine.

Cette Europe serait différente de l’Europe telle que la conçoit aujourd’hui l’Union européenne.

Qu’il s’agisse des migrations internes à l’Europe ou de la perte de la jeunesse diplômée des plus petits pays au profit des « nations industrielles » plus puissantes, ceux qui veulent stopper de telles évolutions pour le bien de tous, mais qui tiennent à une voie commune parce que faire cavalier seul est devenu anachronique…, ceux qui savent en outre que l’affirmation de soi des petites nations d’Europe centrale et orientale comme la Hongrie continue à être difficile, car les puissances financières de l’Occident peuvent les soumettre à un chantage économique et politique…, ceux qui reconnaissent cela ne peuvent pas passer à côté d’une approche paneuropéenne.

Cette dernière pourrait développer une stratégie plus efficace en matière de migration, qui doit s’orienter vers l’intérêt de l’autosuffisance des peuples et prendre en compte le fait que – malgré toute l’hétérogénéité du continent – une certaine harmonisation socio-économique des conditions de vie devrait aussi progressivement s’affirmer comme le cœur de la question sociale.

Il y a exactement trois décennies, le penseur conservateur Rolf Peter Sieferle osait prédire dans son livre Epochenwechsel (1994) que « l’État social n’aurait d’avenir que dans une Europe unie et une Europe unie que dans un État social » :

« Un futur État social européen pourrait s’imposer comme une vision forte, dans laquelle la tradition continentale de la “primauté du politique” s’allierait aux intérêts élémentaires de la majorité de la population. […] Un État social européen offrirait certainement des perspectives plus favorables que ne le peuvent les vieux États-nations. »

Un penseur des grandes époques historiques tel que Sieferle conçoit cette idée d’une Europe solidaire et patriotique sur le temps long. Elle devrait servir de feuille de route pour les futures discussions sur l’Europe.

Elle est le premier pas sur la voie de la renaissance continentale qui, pour s’épanouir durablement, « a besoin d’une idée européenne très différente de celle qui anime aujourd’hui les institutions européennes ».

David Engels, déjà cité, a ainsi esquissé l’une des tâches urgentes de la vision du monde à élaborer. Celle-ci sera solidaire, patriotique et européenne ! Ou bien l’annihilation face au rouleau compresseur du mondialisme sera inévitable, tôt – comme en Europe occidentale – ou tard – comme en Europe centrale et orientale.

Mais alors, la formule de Moeller van den Bruck : « … et nous serons Européens », sera également défaite. Nous serions ainsi condamnés au rôle de citoyens du monde dépourvus d’identité. Et c’est précisément ce que nous ne voulons pas. Nous nous y opposons – vous vous y opposez. Nous ferons face ensemble.

Salutations cordiales à Paris !

Benedikt Kaiser

Traduction en allemand

„Germanen waren wir, Deutsche sind wir, Europäer werden wir sein.“

Als Arthur Moeller van den Bruck in den Jahren nach dem Ersten Weltkrieg über die Zukunft Deutschlands und Europas nachdachte, fand er zu diesem Bonmot.

Einhundert Jahre später sehen wir, dass wir es mit einer Sache zu tun haben, die einfach klingt, aber schwer zu machen ist.

Es fällt vielen unserer Weggefährten sogar sehr schwer, sich als „Europäer“ zu bekennen. Das liegt daran, dass die heutige Europäische Union (EU) ein Projekt ist, das einem das Europäertum offenbar austreiben möchte.

„Unser Europa ist nicht ihre EU!“ – das sagt sich leicht.

Aber positives Europäertum muss auch vermittelt werden. Über Gefühle. Und Argumente. Das heißt: Über „Wärme“- und „Kälte-Strom“ im Sinne Ernst Blochs.

Beide Elemente – das rationale wie das irrationale – müssen zusammengebracht werden, wenn wir der kommenden Generation ein identitätsstiftendes Bild von Europa spenden möchten.

Eben dies ist unser Auftrag. Der Auftrag des Institut Iliade in Frankreich. Der Auftrag des Jungeuropa Verlags in Deutschland. Der Auftrag all derer, die sich zu einer dreifachen Zugehörigkeit (triple apartenance) bekennen: Region, Nation, aber zwingend auch: Europa!

Wir benötigen dafür europäische Begegnungen, inter-nationalen Austausch, gegenseitige Übersetzungs- und Vernetzungsarbeit.

Wir benötigen dafür aber auch eine inhaltliche Ebene, auf der sich länderübergreifend die besten Köpfe des nonkonformen Lagers treffen.

Wir, die Mannschaft um „Jungeuropa“, arbeiten gern daran mit, eine solche gemeinsame Generallinie zu finden.

Unser Vorschlag lautet, die Weltanschauung des 21. Jahrhunderts solidarisch, patriotisch und europäisch auszurichten.

Solidarisches Denken und Handeln, praktische, konkrete Solidarität, sind genuin „rechts“. Es handelt sich um eine Verpflichtung für das große Ganze.

Dazu kommt Patriotismus als volkverbundener Zugang zur Politik, als Bekenntnis zum identitären Eigenen, das man verteidigen möchte.

Indem die kommende Weltanschauung solidarisch und patriotisch ist, stellt sie ein Angebot an vernunftbegabte und gemeinwohlorientierte Kräfte aller Lager dar.

Sie integriert als „rechter“ Ansatz auch – vermeintlich und tatsächlich – „linke“ Elemente, wo es hilfreich erscheint.

Denn nur „einem Denken, das die Synthese zwischen beiden bejaht und in sich vollzogen hat, sind jene Probleme zugänglich, die uns die Zukunft stellen wird und an denen die Gegenwart verzweifelt“, wie der konservativ-revolutionäre Vordenker Hans Zehrer in einem Essay aufzeigte.

Weil Zehrers Beitrag über „Die Verwirrung der Begriffe“ mehr als 90 Jahre alt ist und sich die Verhältnisse Deutschlands, Frankreichs und Europas stark gewandelt haben, ist die Weltanschauung, für die wir werben, eben nicht nur solidarisch und patriotisch, sondern auch: europäisch.

Man muss diesbezüglich die realpolitische und die metapolitische Sphäre als Argumentebenen heranziehen.

Denn die EU wirkt real in unser aller Lebensbereiche hinein: Etwa 70 Prozent aller in den Mitgliedsstaaten verabschiedeten Gesetze werden auf EU-Level angestoßen.

Spätestens mit dem Inkrafttreten des Vertrages von Lissabon 2009 ist der Rechtsetzungsprozess „EU-europäisiert“, und der Bürger von Paris hat sich ihm ebenso zu unterwerfen wie jener in Berlin.

Wenn eine politische Kraft national engstirnig angreift, ohne eigene weltanschaulich kongruente Partner auf europäischer Ebene zu finden, ist sie zu realpolitischer Wirkungslosigkeit verdammt.

Aber auch die metapolitische Welt ist zu bedenken. Kulturelle Entwicklungen und Veränderungen machen an Landesgrenzen nicht halt – geistes- und ideenpolitische Prozesse ohnehin nicht.

Wer seine Region, sein Volk und seine Nation schätzt und ihre Besonderheiten bewahren will, kann dies nur erreichen, wenn er tragfeste Allianzen mit Akteuren einzugehen vermag, die in ihrem Land an ähnlichen Zielen arbeiten.

Zu dieser Ebene politischer Vernunft tritt die gefühlsbezogene Komponente eines positiven Europäertums hinzu. Für ein solches wird Europa nicht anhand der Grenzen der EU bestimmt.

Positives Europäertum ist sich vielmehr bewusst, dass Europas Herz in Belgrad, Oslo und Bern ebenso schlägt wie in den Hauptstädten von EU-Mitgliedsländern.

„Der Schlüssel zu einem echten und grundlegenden Neubau unserer Gesellschaften“, so beschreibt es daran anknüpfend der Historiker David Engels in Was tun?, „liegt nicht auf nationaler, sondern auf europäischer Ebene.“

Das ist, aufs große Ganze gesehen, richtig.

Doch das heutige EU-Europa hilft uns dabei nicht.

EU-Europa ist ein gemeinsamer Markt mit Hunderten Millionen Marktteilnehmern – aber kein Sicherheitsschirm für die Völker, der handlungsfähig die Verwerfungen bewältigen könnte. Diese Verwerfungen werden neben den wohl obligatorischen ethnokulturellen Konflikten vor allem sozialer Natur sein.

Wird indes von einem deutschen Autor über soziale Fragen in Zeiten der EU-basierten Europäisierung gesprochen, muss daran erinnert werden, dass die Errungenschaften des Sozialstaates der letzten 150 Jahre bis heute für die Bevölkerungsmehrheit relevant sind. Sie verschaffen der BRD weltweit einen Ruf des nationalstaatlich verantworteten Fürsorge- und Solidarprinzips. Trotz aller Kritik an krassen Missständen heute.

Dies festzustellen, bedeutet nicht, sich der Erkenntnis zu verschließen, dass das 21. Jahrhundert erheblich andere Erfordernisse mit sich bringt als die beiden vergangenen Jahrhunderte.

Wäre Europa eine Insel, könnte man davon ausgehen, dass die Gliederung in die klassischen Nationalstaaten von weiterer Dauer wäre.

Europa ist aber keine Insel, sondern zentral eingebunden in globale Konstellationen, die auf Europas Länder einwirken.

Ein zerklüftetes und in sich stärker gespaltenes Europa ist wirtschaftlich, technologisch und sozial aber nicht überlebensfähig. Zumindest nicht als souveräner und entscheidungsautarker Machtblock. Damit aber geraten europäische Völker in von außen verstärkte Interessenskonflikte.

Derartige äußere Widersprüche gilt es aus dem ureigenen Interesse des Selbsterhalts vom Kontinent fernzuhalten. Europa ist bereits an inneren Widersprüchen reich –mit ihnen sollte man ringen müssen.

Erschwert wird die „innere Front“ indes dann, wenn die klassischen „Deutschland Zuerst!“- oder „Frankreich Zuerst!-Parolen nicht nur als populistische Wahlmobilisierung genutzt werden. Sondern das alleinige Programm ausmachen. Man belässt es „rechts der Mitte“ zu oft beim „Zuerst!“, ohne über ein notwendiges „Danach“ zu grübeln.

Hinzu kommt, dass bestehende Ressentiments eine Rückkehr der Chauvinismen begünstigen, weil neoliberale Argumente mit patriotischen Leidenschaften, die ja stets zum Positiven wie Negativen mobilisiert werden können, gepaart werden.

Dieser Neidkomplex müsste zugunsten einer gesamteuropäisch-solidarischen Idee weichen, die aber nur „organisch“ entstehen kann, wenn gemeinsame Ziele und gemeinsame Projekte entworfen würden, von denen alle europäischen Völker profitieren können – nicht allein die herrschenden Klassen, nicht allein die exportorientierten Bereiche der Wirtschaft, nicht allein der Bürokratenapparat.

Unter zeitgenössischen EU-Bedingungen wird das nicht realisierbar sein, schon deshalb, weil die materiellen Oberschichten in den einzelnen Ländern von den derzeitigen Gefällen innerhalb der Länder profitieren.

Die anzustrebende europaweite patriotische Solidarität – die soziale Dimension des positiven Europäertums – erfordert daher die Erkenntnis, dass der Hauptwiderspruch nicht zwischen den europäischen Völkern verläuft. Sondern zwischen den sozialen und identitären Lebensbedürfnissen der Völker einerseits und dem Bedürfnis des oft transnationalen Kapitals und dessen politischen Sachwaltern andererseits.

Diesen Kapitalfraktionen und ihren Kollaborateuren geht es ideologisch um eine „One World“ und ökonomisch um Profitmaximierung.

Einer solidarisch-patriotischen Politik auf europäischer Basis geht es dagegen um den Erhalt der autochthonen Völker. Für diese gilt es, eine originär europäische Form der Einheit in Vielfalt zu finden, in welcher die unterschiedlichen sozialen und ökonomischen Stärken jeder Region und Nation gebündelt und die Schwächen abgefedert werden.

Die kommende Weltanschauung bekennt sich also zu Europa, während sie EU-Europas Prämissen kritisiert.

  • Denn unser Europa ist ein Europa, das mehr ist als nur Vertragswerk, mehr als offene Grenzen, offene Märkte, offene Gesellschaften.
  • Ein Europa, das Regionen, Nationen und Völker nicht gegeneinander ausspielt, sondern an ein gemeinsames Bewusstsein appelliert.
  • Es ist ein Europa, das seine mannigfaltigen Kulturen und Völker schützt, nicht auflöst; ein Europa, das somit nach innen keine EU-verordnete Diversity braucht, wo es echte Vielfalt zu bieten hat; ein Europa, das seinen Menschen größtmögliche soziale und innere Sicherheit bietet.
  • Es ist ein Europa, das nach außen mit einer Stimme spricht, weil das Vernunft und Gefühl gleichermaßen erfordern.
  • Ein solidarisches, selbstbewusstes und souveränes Europa.

Dieses Europa sähe anders aus als EU-Europa.

Ob europäische Binnenmigration oder Verlust der akademischen Jugend kleinerer Länder an die potenteren „Industrienationen“ – wer derartige Entwicklungen zum Wohl aller aufhalten will, aber an einem gemeinsamen Weg festhält, weil Alleingänge anachronistisch geworden sind … Wer zudem weiß, dass die Selbstbehauptung kleiner Nationen Ostmitteleuropas wie Ungarn dauerhaft schwerfallen muss, weil die Finanzmächte des Westens sie (finanz)politisch erpressen können … wer dies erkennt, kommt an einem gesamteuropäischen Ansatz nicht vorbei.

Letzterer könnte eine effektivere Strategie zur Migration entwickeln, die sich am Interesse des Selbsterhalts der Völker orientieren muss und miteinbezieht, dass – bei aller Heterogenität des Kontinentes – auch eine gewisse sozioökonomische Angleichung der Lebensverhältnisse als Kern der sozialen Frage schrittweise zu erfolgen hätte.

Der konservative Universalgelehrte Rolf Peter Sieferle wagte vor exakt drei Jahrzehnten in seinem Epochenwechsel (1994) die Prognose, dass der „Sozialstaat nur als Vereintes Europa und ein Vereintes Europa nur als Sozialstaat eine Zukunft“ haben dürfte:

„Ein künftiger Sozialstaat Europa könnte zu einer starken Vision werden, in der sich die kontinentalen Traditionen eines ‚Primats der Politik’ mit elementaren Interessen der Mehrheit der Bevölkerung verbinden. […] Einem Sozialstaat Europa könnte sicherlich eine bessere Prognose gestellt werden als den überkommenen Nationalstaaten.“

Diese solidarisch-patriotisch-europäische Idee ist bei einem Epochendenker wie Sieferle auf lange Sicht gedacht. Sie sollte als Folie für künftige Europadiskussionen dienen.

Sie ist der erste Schritt auf dem Weg zur kontinentalen Renaissance, die zu ihrem nachhaltigen Gedeihen „eine europäische Idee [benötigt], die sich sehr von jener unterscheidet, welche heute die europäischen Institutionen beseelt“.

Damit hat der bereits zitierte David Engels eine der drängenden Aufgaben der herauszuarbeitenden Weltanschauung skizziert. Diese wird solidarisch, patriotisch und europäisch sein! Oder man wird vereinzelt früher – wie in Westeuropa – oder später – wie in Ostmitteleuropa – unter die Dampfwalze der Globalisten geraten.

Dann aber wird Moeller van den Brucks Diktum, „Europäer werden wir sein“, ebenfalls zermalmt. So wären wir zur Rolle als identitätslose Weltenbürger verdammt. Das wollen wir nicht. Wir halten dagegen – Ihr haltet dagegen. Gemeinsam. Herzliche Grüße nach Paris!

Benedikt Kaiser