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Généalogie critique de l’Union européenne

Christophe Réveillard est diplômé en droit international public et docteur en histoire. Il est également auteur de nombreux ouvrages, notamment sur l’Europe et la Russie, et contribue à de nombreuses revues.

Généalogie critique de l’Union européenne

L’intégration européenne, par sa supranationalité, est antithétique de la patrie européenne, la terre des pères, et elle est un pur produit de la modernité tardive s’opposant à la tradition des peuples du continent. Ce constat posé, quelle utilité, mais, plus profondément encore, quel sens peut avoir une Union européenne aujourd’hui ? Cette question ne reçoit malheureusement aucune réponse satisfaisante. Il nous faut remonter à l’origine de cette Union européenne pour comprendre ce décalage grandissant entre la structure supranationale et les racines de notre civilisation.

L’intégration européenne, par sa supranationalité, est antithétique de la patrie européenne, la terre des pères, et elle est un pur produit de la modernité tardive s’opposant à la tradition des peuples du continent.

Il semble que les Européens se soient trouvés face à un authentique processus révolutionnaire à plusieurs faces, possédant les caractéristiques d’une idéologie. En effet, les forces fédéralistes européennes ont développé à partir de l’entre-deux-guerres et l’après-guerre une vision idéalisée d’une nouvelle forme de gouvernement politique.

Celui-ci dépasserait les nations européennes occidentales par leur intégration et finalement n’aurait pas d’aire spatio-temporelle finie : après une communauté européenne, apparaîtrait un système d’union continentale, puis mondiale. Utopique, cette conception fut relayée outre-Atlantique avec la mission de rééducation démocratique que s’étaient fixée les États-Unis, notamment parce que l’universalisme abstrait de la démocratie s’opposait à la nation, synonyme d’attachement particulier.

Les États-Unis développent en effet une rhétorique messianique issue de l’utopie révolutionnaire égalitariste : il s’agit de la complémentarité entre, d’une part, le messianisme juridique et démocratique libéral à l’échelle mondiale et, d’autre part, le communautarisme ou le multiculturalisme, le particularisme et l’individualisme inhérents au même système.

C’est cette complémentarité paradoxale que vont importer leurs mandants européens relayant l’idée d’« États-Unis d’Europe ». Jean Monnet en fut le promoteur principal après-guerre. Son histoire personnelle fait apparaître l’avantage considérable (« le cercle magique ») que va représenter pour lui l’entremêlement de ses contacts privés et publics d’outre-Atlantique dans une période de forte américanisation du monde libre[1].

Jean Monnet aura su tirer bénéfice de la synergie entre sa culture et son mode de vie essentiellement anglo-saxons, de son métier de banquier et financier international à partir de la City de Londres et de Wall Street à New York, des liens étroits existant aux États-Unis entre monde des affaires et monde politique, de la volonté de Washington de voir se créer une fédération européenne, bloc plus facilement influençable stratégiquement dans la perspective de la guerre froide, politiquement pour empêcher des alliances inter-européennes que ne contrôleraient pas les États-Unis et économiquement pour permettre le flux des produits américains dans un marché commun voire unique débarrassé des droits et des contingentements douaniers. Les nombreuses relations chez les lawyers, les financiers à Wall Street, et les hommes politiques américains consacrent chez lui ce mélange des sphères publiques et professionnelles que l’on retrouvera tout au long de sa vie. De plus l’entremêlement des contacts et des intérêts se fait très rapidement au plus haut niveau avec, exemple parmi tant d’autres, sa présence dans différentes firmes d’investissement américaines notamment avec J. F. Dulles (futur secrétaire d’État américain) ou George W. Ball (futur secrétaire d’État adjoint).

Le « service de ses intérêts » comprend, évidemment, une réciprocité des engagements. Cette réciprocité amena certains observateurs à formuler des critiques sur sa proximité avec les intérêts américains ou le général de Gaulle à le surnommer « l’inspirateur ».

L’américanisation progressive du monde par les processus économiques et financiers, bien sûr, mais aussi par la culture des modes de vie, l’information, etc., est singulièrement avancée notamment dans les pays les plus industrialisés devenus à leur tour « générateurs d’américanité ».

Or cette évolution, produit d’un mouvement historique de fond du grand vingtième siècle, a vu, paradoxe apparent, la construction européenne jouer plutôt comme stimulateur du processus d’américanisation de ses pays membres que comme hypothétique force de résistance ou d’élaboration d’un projet alternatif.

La pensée postmoderne nous annonce la fin de l’idée d’identité européenne et de la souveraineté des peuples qui la composent au nom d’un supposé inéluctable processus historique et intellectuel. Celui-ci aurait d’ailleurs à terme vocation à mener en fait à la mondialisation d’un chaos anarchique négateur de l’ordre des sociétés entre elles et de l’ordre même des sociétés humaines fondées sur la capacité relationnelle de l’homme développée d’ailleurs historiquement d’abord à l’échelle européenne.

Ce qui explique la forte influence anglo-saxonne sur la pensée politique française.

La démarche idéologique se caractérise également par une volonté de productivisme, de standardisation, de concentration, d’uniformisation des politiques économiques pour appliquer, dans un cadre de libre-échange, une organisation scientifique du travail, une conception de la modernité tout entière tournée vers la recherche de la satisfaction des besoins matériels humains décrits en perpétuelle expansion. Mais ce projet, sans quête de légitimité ni d’adhésion populaire, ne relève que d’une vision technocratique sans absolu, ni référence transcendante, ni même horizon qui dépasse le seul bien-être matériel. Or, dans le cadre de la révolution technicienne, la culture européenne et ses nations apparaissent comme un obstacle et un frein à ce « progrès », alors que l’Union européenne correspond, elle, aux impératifs de productivité et d’efficacité dont le terme est un système mondial fait de déracinement et d’acculturation des sociétés.

La construction européenne s’est rapidement attachée à intégrer ses pays membres dans une vaste zone de libre-échange atlantique : la reconstruction de l’Europe, son ouverture économique devaient passer par un arrimage aux États-Unis. Ainsi le projet européen est, dès l’origine, destiné à empêcher autant un repli protectionniste de chaque État européen qu’à l’organisation régionale d’une hypothétique unité européenne que n’influenceraient plus les États-Unis.

Concurremment aux infrastructures mondiales, les infrastructures supranationales à l’échelle européenne sont mises progressivement en place, parallèlement aux infrastructures atlantiques, qu’il s’agisse de l’euro, de la constitution européenne, de l’élargissement à l’échelle quasi continentale du système d’intégration par l’imposition aux États d’Europe centrale et orientale des monumentaux « acquis communautaires ». Il est donc assez intéressant d’observer comment les États membres de l’Union européenne cherchent obstinément à s’accorder avec la tendance négatrice de la puissance que sous-tend l’orientation de la globalisation anglo-saxonne. L’accroissement de la puissance est le prolongement ultime de l’intention politique, qu’il s’agisse de conserver une suprématie, d’établir une hégémonie, de maintenir un rayonnement, une influence, ou d’affirmer une identité. Mais l’intention politique manque, et pour cause, au système d’intégration sui generis qu’est l’Union européenne. Cette dernière intègre une démarche tout à fait dans l’air d’un temps qui nie le primat du politique sur l’économie et rejette l’identité nationale au profit de la culture transnationale. De la communauté (marché commun, monnaie commune, politique commune), nous sommes donc passés à l’unicité (marché unique, monnaie unique, politique…) et avec elle à la contrainte. Cette dernière a pour conséquence d’affaiblir l’intention d’adhésion des États membres parce que se maintiennent les raisons nationales et qu’apparaissent les tares irréformables du fonctionnalisme européen : le gigantisme centralisateur (l’acquis communautaire et la concentration), l’addition d’impuissance que représente la somme hétéroclite puisque les complémentarités géopolitiques sont maintenant largement dépassées, les dysfonctionnements d’un système portant sa contradiction, etc. Le fruit en étant la perte de puissance et de sens du processus. On assiste au développement d’une culture d’intégration à forme quasi idéologique en un prophétisme d’intégration régionale puis universelle issu du déterminisme historique des cycles d’unification irréversible, irrésistible. Les exemples abondent mais le plus emblématique est la volonté constante, tenace, de la Commission européenne de créer un grand marché unique euro-américain (nouveau marché transatlantique – initiales anglaises évidemment retenues, NTM et TTIP) comme l’achèvement économique du processus d’intégration. En ce sens d’ailleurs, l’UE apparaît vraiment comme un formidable vecteur de modernité, largement au-delà du cadre de modernisation technicienne et d’expansion économique.

La concentration des pouvoirs au niveau européen et la tentative de délégitimation des nations entraînent le désengagement des peuples. Ce qui ne marche pas au niveau européen est fondamentalement dû à l’inexistence d’un pacte social, à l’incapacité de le fonder sur une définition du bien commun. Le projet fusionniste nie l’héritage, l’enracinement, l’identité, l’intuition intellectuelle et la transmission. Il ne voudrait rien de moins que fonder une nouvelle civilisation sur l’économisme, la subordination du social, l’atomisation, la massification, la négation des communautés naturelles, (famille, patrie, système de gouvernement national, identité européenne), un matérialisme d’opulence et de technique. Il apparaît que les conditions du pacte social, la définition du bien commun, la participation de la société, qui fondent une saine démocratie, ne peuvent être dans ce cadre établies, et les peuples, s’ils ne sont pas indifférents à l’unité européenne, ne se sentent pas en revanche spontanément interpellés à ce niveau fondamental. Éric Werner[2] dit bien que la disparition d’une authentique démocratie représentative est perceptible dans l’uniformisation, la normalisation de la sphère politique, dans l’idéologisation des droits de l’homme qui systématise, jusqu’au communautarisme par exemple, la logique égalitariste. Le discours européen est adapté aux exigences d’une société éclatée, l’amenuisement de la démocratie ayant été facilité par « l’inlassable travail d’explication, tendant à l’anesthésie collective, des dirigeants et de leurs communicateurs ». L’UE légitime la culture ultime de « l’expertise », la « gouvernance technicienne » comme l’indice d’efficacité absolue et d’investissement exclusif de l’intérêt général, ce qui augure l’avènement du post-national, exclut la participation de la société[3] et malmène depuis le début la définition et la pratique d’une vraie subsidiarité. Elle légitime alors l’idée d’« hétérogénéité des préférences collectives » (que l’on va progressivement conduire à s’homogénéiser) plutôt que de communauté et d’identité européenne et nationale pourtant validées par l’histoire.

Le cas européen semble ainsi représenter l’achèvement du processus de dépolitisation recherché par la puissance dominante dans le cadre de la globalisation. C’est dans ce cadre que Patrick Allard peut évoquer le soutien américain à la construction européenne[4].

La théorie transnationale des grands ensembles est comprise comme négation expresse d’une Europe puissance ou d’une troisième voie face à la superpuissance à laquelle elle a abandonné la plupart des attributs stratégiques de la puissance : elle est un ensemble essentiellement économique, utilitariste, à vocation principale d’espace de libre-échange sur le modèle de plus en plus anglo-saxon mais avec un carcan normatif et procédural exorbitant et paralysant pour ce qui pourrait apparaître comme une décision d’ordre politique, a fortiori d’affirmation de puissance.

La seule politique est la politique étrangère : or le constat à cet égard est celui de l’inévitable division par ailleurs entretenue, dont les conséquences sont la vulnérabilité, l’illisibilité, l’impuissance. En fait, la théorie de l’existence d’un soft power européen contre un hard power américain est une formidable légitimation de l’accomplissement du deuxième au détriment du premier et non l’explication de l’illusoire singularité institutionnelle que serait une Europe forte sans être une puissance.

À la suite de Jean-Michel Valantin, on peut donc relever que l’Union européenne a complaisamment assimilé le fait américain de « l’accumulation de moyens coercitifs et de dissuasion globaux et englobant [pour] intégrer la conscience qu’ont les autres de la suprématie américaine, afin d’en faire une catégorie dominante de la pensée internationale de la réalité stratégique[5] ». C’est effectivement au niveau de la sphère des idées que sont mobilisés trois types de ressources : « … celles de la techno-stratégie et de la démonstration de la puissance et/ou de la projection de force, celles de la diffusion des images, de la mise en scène hégémonique de la légitimité de la puissance américaine, et celle de l’imposition des normes, dont l’objectif est de créer une superstructure normative mondiale englobant les autres systèmes normatifs, donc de définition de la réalité humaine[6]. »

La transnationalité ainsi comprise est celle de l’infodominance globale, de la dépendance technologique et des offensives globales pour contrer toute politique autonome de puissance, notamment par la conduite d’une guerre de l’information, celle des réseaux, des normes et de l’intelligence économique.

Les grands États européens ont prouvé récemment, dans le cadre d’orientations contradictoires, certes, qu’ils étaient encore prêts à accepter le poids d’une politique de défense de leurs intérêts de puissance. Mais la question se pose en fait de l’existence d’une volonté des institutions européennes de répondre au défi de « l’ordonnancement du monde par l’harmonisation des pratiques et des normes internationales sur le modèle américain – des standards, des réseaux économiques et informationnels, des systèmes militaires[7] ». Or, au-delà du constat fait plus haut sur le processus de dépolitisation des États membres, la politique « culturelle » globale de l’Union européenne est celle de la marginalisation puis de la tentative d’élimination des intérêts nationaux, de la promotion de la transnationalité comme mode opératoire d’une stratégie de délégitimation de la recherche de puissance d’une zone que l’on voudrait uniquement vouée au libre-échange.

Est-ce un hasard si les meilleurs financements européens pour les programmes de recherche en sciences humaines et de la société (SHS) iront vers ceux dont la thématique est récurrente, dans le cadre d’« une dimension mondialisée », autour des idées de « transversalité », de « métissage », de « multiculturalité et pluriculturalité », de « mixité », de « décomposition et recomposition », voire d’« hybridation », etc. ?

Nous sommes entrés dans le cadre d’une promotion par la recherche européenne en sciences sociales des notions d’« individus incertains », d’« individus trajectoires », d’une modernité « fluide », « liquide », celle de la « multi-appartenance », de « l’ubiquité généralisée » de citoyens finalement déracinés[8].

Il existe un authentique tropisme de désarmement « culturel » des institutions européennes au profit du processus globalisant américain et dans le secteur audiovisuel, la politique communautaire suivie, en pleine guerre des systèmes de représentation, semble être celle du démantèlement des derniers pôles de résistance européen[9].

Ces tendances communautaires semblent en fait relever plus de l’utopie hypermoderne que d’une complicité stipendiée, et preuve en est le risque énorme pris ainsi et seulement explicable par l’idéologie du libéralisme universel et transnational : les États-Unis acceptés par l’Union européenne comme système dominant (sauf lors de gesticulations diplomatiques éphémères) tentent de créer un empire englobant, universel, sans évidemment être totalement capables de le gérer. Or, cette représentation nous interdit toute base de repli, nous fait détruire même les structures de la possibilité d’une protection à l’échelle de l’Union, et, dans l’hypothèse d’une crise économique mondiale, le seul pari transnational coûterait très cher à chacun.

L’idée transnationale est alors, notamment dans le jeu compétitif de puissance, un outil très efficace aux mains de l’acteur dominant la triade du monde développé.

La question du sens du projet de l’UE n’est finalement jamais posée à l’occasion des pseudo-rendez-vous avec les peuples européens. Nous restons donc face au processus de la modernité dans sa phase tardive dans l’histoire contemporaine, développant l’hégémonie de l’économique et la subordination du social, un matérialisme caractérisé par un idéal de consommateur centré sur l’homme hors de toute transcendance dans le cadre d’un athéisme formel et dont l’illusion de la liberté individuelle prime tout autre impératif. Le cadre choisi est celui du déracinement, de l’atomisation, de la massification, de l’« unidimensionnalité économique […], de décomposition de tout idéal, c’est-à-dire de la chute morale de l’homme », d’un immanentisme total.

Ce qui ne marche pas au niveau européen est fondamentalement dû à l’inexistence d’un pacte social, à l’incapacité de se fonder sur une définition du bien commun. L’Europe fonctionnaliste joue le rôle d’une « idéologie de substitution », se fondant sur des principes inassimilables à la conception européenne originelle de l’homme et de l’économie, et adopte par osmose les valeurs du néo-positivisme contemporain.

Évoquant le contenu « polysémique » de ces valeurs au niveau européen, Jean-Luc Chabot[10] définit ainsi la « machinerie » communautaire : « machine sociétale, dans la continuité inconsciente de la conception hobbienne – puis des Lumières – de la société humaine : un “artefact”, un pur produit du génie humain avec son mécanisme juridique, économique et politiquement procédural, un “Léviathan” partiel et doux […]. Cette Europe technique n’a pour autre éthique que l’efficacité technicienne des utilitaristes et des machiavéliens ainsi que des principes universels et procéduraux au contenu polysémique : l’État de droit, les droits de l’homme et la démocratie ». Elle est donc loin de créer une communauté de destin, de représenter une « matrice culturelle et éducative spécifique à l’égard desquelles tout être humain ressent une piété débitrice de l’identité structurante de sa propre individualité ».

Christophe Réveillard

Notes

[1] Barjot (D.), Réveillard (C.) (dir.), L’Américanisation de l’Europe occidentale – Mythe et réalité, Paris, Presses de la Sorbonne, 2001.
[2] Werner (É.), L’Avant-guerre civile, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1999 ; et L’Après-démocratie, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2001.
[3] Cf. « Le modèle de la gouvernance comme dépérissement de la démocratie », in Gobin (Corinne), « Le discours programmatique de l’Union européenne », Sciences de la société, n° 55, Presses universitaire du Mirail, Université de Toulouse, 2002.
[4] Sur ce thème, Barjot (D.) et Réveillard (C.) (dir.), op. cit. ; Wathelet (P.), « La question de la dépendance de l’Europe à l’égard des États-Unis ou la politique au cœur du système des lobbies », in Claeys (P.-H.), Gobin (C.), Smets (I.), Winand (P.) (coord.), Lobbyisme, pluralisme et intégration européenne, éd. Pie, Bruxelles, p. 254-277 ; Brzezinski (Zbigniew), Le Grand Échiquier – L’Amérique et le reste du monde, Bayard, Paris, 1997, p. 88-90 ; Artaud (Denise), Les États-Unis depuis 1945, Seuil, coll. « Mémo », 2000, et « Les États-Unis et l’Europe au xxe siècle : le maintien de la stabilité et de la prospérité » in Schramm (Tomasz) (dir.), L’Europe au xxe siècle. Éléments pour un bilan, Actes du colloque de l’Association internationale d’histoire contemporaine de l’Europe, Poznan, 1997, Publications de l’Université Adama Mickiewicza, 2000 ; Holbrooke (R.), « America, a European Power », Foreign Affairs, mars-avril 1995.
[5] Valantin (Jean-Michel), « “Shaping the mind” – Stratégie globale et colonisation de la sphère des idées », in Harbulot (C.) et Lucas (D.) (dir.) La Guerre cognitive – L’arme de la connaissance, Panazol, Lavauzelle, 2002, p. 92.
[6] Ibid., p. 98.
[7] Saïda Bedar, cité par D. Lucas, ibid., p. 219-220.
[8] C. Harbulot pose la question : « Quelle menace peut représenter pour l’empire américain un “contre-empire” représenté par un mouvement sans patrie ni frontières, émietté en autant de forces de proposition alternative qu’il y a de sujets de contestation ? », ibid., p. 256-247. On voit là l’intérêt américain d’aider au discrédit de toute velléité de puissance qui ne serait pas sienne.
[9] L’ingérence américaine dans le processus de décision de la Commission sur la directive « Télévision sans frontières » (TSF) ainsi que toutes les tentatives de mises en lumière des synergies entre l’action des lobbies industriels d’outre-Atlantique sis à Bruxelles et les directives des communautés tombent dans l’indifférence générale.
[10] Chabot (J.-L.), Aux origines intellectuelles de l’Union européenne – L’idée d’Europe unie de 1919 à 1939, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, coll. « Libres cours », 2006.