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L’homme héroïque

Ce texte est tiré d'un cycle de conférences données par Ivan Blot entre septembre 2015 et mai 2017 dans le cadre de l'association « Dialogue Franco-Russe » à Paris. Il fut l'auteur de nombreux essais, dont L'homme héroïque, un idéal pour notre survie. Hommage au héros (livre-hommage au colonel Beltrame), paru en octobre 2016 aux éditions Apopsix. Reproduit avec l'aimable autorisation de Polémia.

L'homme héroïque

Comme pour le colonel Beltrame ou pour les deux nageurs de combat du commando Hubert morts en opération au Burkina Faso, la disparition tragique des treize militaires français au Mali a soulevé une intense émotion. Ainsi que l’écrivait Dominique Venner, « dans les sociétés industrielles bourgeoises ou socialistes qui sécrètent un égal ennui, l’homme de guerre, dans son isolement, son insolence, est seul à porter une part de rêve (…) Les militaires qui veulent assumer leur condition se trouvent nécessairement en rupture avec l’esprit des sociétés utilitaires soumises aux seuls impératifs économiques. Les hommes de guerre viennent d’un autre temps, d’un autre ciel. Ce sont les derniers fidèles d’une austère religion. Celle du courage et de la mort. »
Le culte des héros, par delà les siècles et malgré le règne de l’individualisme marchand, continue de vivre dans l’esprit de nos contemporains. Nous avons rassemblé à ce titre une partie des textes d’une série de conférences d’Ivan Blot consacrées à l’homme héroïque.

L’histoire de nos héros
Les héros tragiques d’Homère jusqu’à Schiller ; les personnages historiques de Jeanne d’Arc à Napoléon.

Le Club de Valdaï, où se rend chaque année Vladimir Poutine, a consacré une brochure entière à « l’identité nationale et l’avenir de la Russie ». Les auteurs estiment que l’identité nationale repose moins sur des principes abstraits que sur des figures héroïques puisées dans l’histoire comme Alexandre Nevski, Pierre le Grand, Catherine II, le général Koutousov, vainqueur de Napoléon, le maréchal Joukov, vainqueur de Hitler. La brochure demande que les jeunes générations se voient proposer des modèles héroïques de cet ordre et en donne une liste en annexe. Notre Troisième République avait une pédagogie analogue pour forger de vrais citoyens. On enseignait Vercingétorix, Clovis, Louis XIV ou Napoléon. Les restes de cet enseignement ont pratiquement disparu après Mai 1968 et la révolution culturelle qui a accompagné ces événements. L’emblème de l’Etat russe figure le modèle du héros : saint Georges terrassant le dragon. En France, la figure héroïque majeure est Jeanne d’Arc : elle ne figure évidemment pas sur le blason républicain.

Le culte du héros commence avec le premier livre de la tradition occidentale, L’Iliade, d’Homère, écrite vers le VIIe siècle avant notre ère. C’est le personnage d’Achille qui restera un modèle pour l’éducation grecque : celui-ci préfère une vie courte et glorieuse à une vie longue et sans gloire. Achille dit qu’on lui a appris à toujours vouloir être le premier et à surpasser tous les autres.

Le christianisme n’a pas éradiqué ce culte. La sainteté chrétienne est d’ailleurs souvent proche de l’héroïsme, témoins saint Georges et Jeanne d’Arc. Le Christ lui-même meurt héroïquement sur la Croix, supplice qu’il accepte par amour des hommes. Le héros se caractérise par son courage exceptionnel mais aussi par son amour pour une cause plus grande que lui, sa famille, sa patrie ou son dieu. L’alliance de l’héroïsme et du christianisme donne la chevalerie.

Le modèle du héros grandit l’homme, l’oblige à avoir une certaine tenue : il a la « magnanimité » des Anciens, c’est-à-dire la grandeur d’âme. Chez lui, ni mesquinerie, ni jalousie, ni matérialisme sordide, ni obsession de son confort personnel. Il ne recherche pas le bonheur pour lui-même, idéal méprisable que Nietzsche réservait « aux vaches et aux Anglais » (injuste pour ces derniers). Le modèle héroïque se trouve dans les beaux-arts, avant tout dans la tragédie, invention des Grecs. Il se trouve aussi dans l’histoire, laquelle peut faire aussi l’objet de pièces de théâtre ou de romans héroïques. Le théâtre de Corneille met des héros antiques en scène. Friedrich Schiller préfère les personnages historiques héroïsées, d’où ses pièces Guillaume Tell ou La Pucelle d’Orléans. Le héros est souvent l’objet de films, héros historiques ou totalement inventés comme ceux du Seigneur des Anneaux. Il y a aussi un héros de roman mais dans un contexte historique qui a existé, comme le colonel Nicholson dans Le Pont sur la rivière Kwaï, film tiré du roman de Pierre Boulle.

Le mythe du héros nous semble particulièrement nécessaire en démocratie où le régime repose sur les vertus des citoyens. Sa disparition montre la dégéné­rescence de la démocratie en oligarchie, ce que nous connaissons aujourd’hui. De Gaulle a fort bien décrit le héros dans Le Fil de l’épée : « lutteur qui trouve au-dedans son ardeur et son point d’appui, joueur qui cherche moins le gain que la réussite et paie ses dettes de son propre argent, l’homme de caractère confère à l’action sa noblesse ; sans lui, morne tâche d’esclave, grâce à lui, jeu divin du héros ».

Les matérialistes décadents fulminent contre « le sabre et le goupillon », c’est-à-dire l’armée et l’Eglise, mais, si le sabre et même le goupillon ont pu commettre des crimes, ils ont élevé l’humanité à un niveau éthique exceptionnel comme le montre le philosophe russe Nicolas Berdiaev dans sa Philosophie de l’inégalité. Ils nous ont aussi sauvés de l’occupation étrangère comme de la tyrannie totalitaire « laïque » d’un Robespierre ou d’un Hitler. « L’enfer est pavé de bonnes intentions », dit la sagesse populaire. Ce n’est pas en quittant le modèle héroïque et le sens de l’honneur pour une vie facile et matérialiste, même bienveillante, que l’on connaîtra le vrai bonheur et la paix. L’homme est tel qu’il ne peut être heureux sans maîtriser le reptile qui est en lui, le cerveau primitif cajolé par la société de consommation. Il ne peut être heureux s’il est enfermé dans son ego, fût-il calculateur ou « charitable » (les Pharisiens). Il ne peut être heureux dans l’esclavage.

Les décadences dans l’histoire
La Grèce (Aristophane), Rome (Suétone), l’Europe et la France actuelle.

Le thème héroïque parcourt l’histoire de notre civilisation. Mais il y a des époques de décadences qui peuvent s’avérer fatales. Ce fut le cas pour la Grèce et la Rome antique. Nous vivons actuellement une période de décadence en Europe occidentale et singulièrement en France. Une période de décadence se reconnait au déclin des valeurs morales qui permettent la survie d’une société.

Mais aux yeux de beaucoup, la décadence n’apparait pas. Certains croient même vivre une période de « progrès », se fiant au seul progrès matériel, technique et économique. Ils sont insensibles aux facteurs de mort qui les environnent (effondrement de la famille et de la natalité, invasion migratoire) et à l’appauvrissement intérieur des âmes (individualisme exacerbé, déclin du niveau culturel, absence d’idéal, mépris des racines).

Heidegger appelle ce phénomène « l’oubli de l’être », qui fait que l’homme en vient à oublier son essence et sa vocation sur terre. Il ne vit plus que pour vivre des sensations éphémères : c’est l’homme « esthétique » de Kierkegaard qu’il oppose à l’existence éthique et à la vie spirituelle dans la perspective de l’éternité.

En Grèce, l’idéal héroïque a commencé à être critiqué au Ve et au IVe siècle avant notre ère. Dans les comédies d’Aristophane comme les Nuées, l’auteur met en scène le père et le fils, qui argumentent l’un contre l’autre. Le fils utilise sa raison pour démolir les traditions et la morale et pour justifier son abandon à ses instincts reptiliens chaotiques. Mais la Grèce conserve alors globalement ses vertus et elle ne s’effondre vraiment qu’avec sa défaite militaire contre Rome.

Dans des auteurs romains comme Caton, puis Suétone ou Juvénal, on s’indigne de l‘effondrement de l’esprit civique de la Rome ancienne et de la dépravation des nouveaux Césars. L’historien Tacite oppose les vertus des Germains aux vices de la Rome décadente. Là aussi, outre la décadence, la défaite militaire est le signe de la mort d’une civilisation. La Rome occidentale est vaincue au Ve siècle par les envahisseurs germaniques. La Rome orientale, Constantinople est vaincue militairement par le Sultan Mehmet II Fatih (le conquérant) mais mille ans plus tard !

Un scénario analogue à celui de Rome et de Constantinople est-il en train de se mettre en place ? L’Europe occidentale semble fatiguée de vivre. Elle résiste peu à l’invasion migratoire et se démilitarise toujours plus, espérant que les Etats-Unis garantiront sa sécurité éternelle.

Par contre l’Europe orientale résiste moralement et la Russie connait une renaissance démographique, militaire, morale et spirituelle sans équivalent à l’ouest. Comme l’a écrit De Gaulle, « l’épée est l’axe du monde » et rien ne peut remplacer une défaite militaire intégrale. Ce dernier disait de l’Allemagne qu’on lui avait cassé les reins pour longtemps. Les Etats-Unis en profitent aujourd’hui.

La disparition ou la marginalisation du modèle héroïque est caractéristique du phénomène de la décadence. Pour Heidegger, il faut être en veille pour pouvoir accompagner l’éclaircie de l’être quand elle se produira. Alors, l’homme redeviendra un homme véritable qui tel saint Georges réussira à vaincre le dragon par l’alliance de la force du cœur et de l’élévation de l’esprit.

Héroïsme et philosophie
Les rapports de l’héroïsme et de la philosophie de quatre points de vue : le point de vue du christianisme, le point de vue de l’anthropologie, celui des traditions culturelles et celui de la philosophie de l’être.

Héroïsme et christianisme

Le christianisme est une religion héroïque. Le Christ est la figure héroïque par excellence puisqu’il donne sa vie pour sauver les autres hommes. Sa mère, la Vierge Marie, est héroïque pour avoir accepté le sacrifice de son fils. Beaucoup de saints sont en même temps des héros (mais tous ces héros ne sont pas des saints). Jeanne d’Arc est l’exemple français par excellence. Pour les philosophes existentiels chrétiens comme Pascal et Kierkegaard, le héros chrétien donne du sens à sa vie en se tournant vers l’immortalité. Saint Jean Climaque (VIIe siècle de notre ère) décrit le cheminement héroïque du chrétien qui se rapproche de Dieu. Dans son livre, L’échelle sainte, il décrit la montée de l’échelle qui mène à Dieu par la maitrise des instincts, des passions et de l’intellect. Il y a de l’héroïsme dans ce mysticisme. Plus récemment, on retrouve le thème dans Les sept colonnes de l’héroïsme de Jacques d’Arnoux.

La personne héroïque

Elle est au centre d’une bonne partie de notre littérature et notamment dans les tragédies. Elle fait l’objet du célèbre livre de Carlisle Les Héros. L’anthropologie de Gehlen montre l’importance de la personnalité héroïque dans notre civilisation.

Tradition et héroïsme

Les traditions cultivent l’héroïsme comme le montrent Hayek, Burke, Dumézil ou Ilyine. Les traditions contiennent une sagesse sélectionnée par l’histoire : les peuples qui honorent leurs héros survivent mieux aux épreuves.

L’héroïsme et la philosophie de l’être

Pour ces philosophes, l’authenticité est dans l’héroïsme : Nietzsche propose aux humains qui ont perdu Dieu un succédané sous la forme du Surhomme. Berdiaev voit l’étincelle divine dans l’homme dans sa capacité de création. Soloviev voit dans l’héroïsme la façon de cultiver le bien face à la tentation utilititariste (voir son livre sur La justification du Bien). Heidegger, comme Nietzsche, remonte à la Grèce antique qui a le culte des héros depuis Homère et les Tragiques. Il tire sa vision de l’homme de Sophocle dans Antigone : l’homme est l’être le plus dangereux qui s’aventure partout et qui emploie la violence, technique, pour s’affirmer dans l’histoire face à la justice cosmique. L’homme est le site de l’œuvre qui est risquée mais qui est le signe de sa part de divinité.

En ce sens, l’homme héroïque incarne la plénitude de l’être humain. Le refus de l’héroïsme est un refus d’assumer pleinement la condition humaine sur terre.

L’antihéros contemporain
L’héroïsme n’est plus vraiment enseigné mais son idéal demeure, notamment dans certains films et romans. Mais le monde moderne fabrique un modèle dominant d’antihéros caractérisé par le narcissisme et par la barbarie intérieure.

L’analyse du narcissisme a été notamment bien mise en valeur par le sociologue américain Christopher Lasch dans son ouvrage La Culture du Narcissisme. Les caprices de l’égo sont devenus le cœur du sacré dans notre société, ce sacré prenant une forme juridique autoritaire, voire totalitaire avec « les Droits de l’homme ». Les traditions, les obligations liées à une vision aristocratique de l’homme (noblesse oblige), la capacité de sacrifier sa vie pour sa famille, sa patrie ou son Dieu, tout cela doit plier devant les pulsions de l’égo reptilien. Ce narcissisme fait notamment des ravages dans la jeunesse, centrée sur la satisfaction de ses caprices chaotiques et ne se reconnaissant aucun devoir envers les autres générations, passées ou à venir (les parents comme les enfants sont des gêneurs dans la quête du plaisir immédiat et éphémère).

La personnalité narcissique remplace les obligations morales par la préoccupation thérapeutique. L’homme ne se voit pas en héros créateur et bienfaisant mais comme un égo agressé par la société, par « les autres » et « recherchant des thérapies » pour mieux rééquilibrer son moi égocentré et améliorer sa satisfaction personnelle. La mentalité thérapeutique est une conséquence du narcissisme illimité. La politique elle-même devient narcissique. Le système éducatif régresse en compétence et en apprentissage du sens moral. Le tribalisme resurgit sur le vide du civisme. La fuite devant les sentiments et les engagements à long terme est générale car la raison est mise au service des instincts et les sentiments traditionnels sont éliminés comme « réactionnaires ». Le barrage que la religion formait contre la noyade dans le narcissisme a cédé et l’individu narcissique est mûr pour la barbarie.

Le philosophe Jean-François Mattéi a traité de façon géniale de la barbarie intérieure dans son livre ainsi titré et sous-titré Essai sur l’immonde moderne. L’homme remplace Dieu par le sujet, lui-même soumis à l’animalité des instincts, il devient « creux », sans substance, c’est l’homme du « divertissement » dénoncé par Pascal. Cette démarche le conduit à rejeter le monde et à lui préférer « l’immonde ». Mattéi scrute les ravages de cette barbarie dans l’éducation, la culture contemporaine, la politique moderne de l’Occident. L’homme narcissique circule dans son environnement intérieur et extérieur dominé par « l’immonde ».

Heidegger a appelé cette constellation dans laquelle l’homme est prisonnier par l’utilitarisme et son moi, le « Gestell ». Ce terme allemand est difficile à traduire : c’est la dictature de l’utilitarisme qui est destructrice du bon, du bien et du vrai. Les caprices de l’égo, l’argent, la technique, les masses deviennent les idoles du monde désormais sans Dieu. Plus de place pour l’héroïsme par conséquent. C’est le règne de l’antihéros. La société antihéroïque est alors atteinte de maladie mortelle car elle contrevient aux lois de la vie : la reproduction n’est plus assurée car l’enfant devient un gêneur dans la vie quotidienne. Face aux menaces montantes, terrorisme et immigration, le citoyen (en est-il encore un ou n’est-il plus qu’un consommateur ?) est désarmé. L’Occident est menacé de décadence interne, d’invasion externe, comme le fut autrefois l’Empire romain. Comme disait Marie-France Garaud, « il n’est plus capable ni de tuer ni d’enfanter », donc il est inadapté au monde réel et voué à la disparition.

La société antihéroïque est en réalité une société suicidaire. Elle est tolérante à l’égard des criminels et est d’ailleurs gouvernée par des élites criminelles même si elles n’en ont pas toujours conscience. La déshumanisation de l’homme, transformé en rouage interchangeable pour les besoins de l’économie et de la technique, s’accomplit peu à peu. Encore faut-il poser le diagnostic avant de voir les causes puis les remèdes.

Le retour des héros : l’épreuve incontournable

L’héroïsme renait toujours avec les épreuves conformément à la nature tragique de l’histoire. Les épreuves sont aujourd’hui ce que l’on appelle des « crises ». Voyons les principales crises majeures qui nous attendent désormais, à l’aide de notre méthode aristotélicienne. A chaque étape, on trouvera une coexistence de deux événements graves d’où une catastrophe possible.

Commençons par la cause finale : les peuples disparaissent de la mort de leur Dieux. Les deux événements majeurs en Occident sont : la déchristianisation et la montée de l’islam révolutionnaire. La coexistence des deux crée les conditions des conversions au « radicalisme » (vocabulaire officiel hypocrite) et au terrorisme. Les jeunes sans aucun idéal peuvent se convertir et passer à l‘action. L’immigration crée le terreau nécessaire. La guerre contre l’islam révolutionnaire suscitera des héros comme ce jeune officier russe à Palmyre qui a demandé à l’aviation russe de le bombarder afin de n’être pas capturé vivant et que ses ennemis qui l’encerclent soient aussi éliminés.

La religion a deux dimensions essentielles : spirituelle et morale. La spiritualité n’existe plus guère et Platon voyait là une cause essentielle de la décadence de la Cité. La moralité sans assise religieuse que l’on prétend fonder sur des principes abstraits est illusoire car elle ignore l’énergie du cerveau affectif. On est motivé moralement par des sentiments et non par des principes théoriques. Exemples : Jeanne d’Arc, Alexandre Nevsky, Saint Jacques de Compostelle le Matamore, etc.

Du point de vue de la cause formelle qui concerne l’Etat et la politique, les deux phénomènes dont la coexistence est dramatique sont le culte des droits et non des devoirs, et tout spécialement le culte des droits de l’homme, et l’absence de tout patriotisme enseigné aux jeunes générations. Dans une famille de patriotes comme on en trouve d’innombrables en Russie, pas de danger de se faire convertir pour poser des bombes contre ses compatriotes. Il faut rétablir comme en Russie depuis Poutine l’éducation patriotique et militaire (et non pas une éducation civique froide où les principes tuent les sentiments comme disait Schiller) et le culte des héros de l’histoire de France qui en fait partie. Exemples : Guillaume Tell, Louis XIV, Napoléon, Margareth Thatcher, etc.

Du point de vue de la cause efficiente, donc des valeurs qui font des hommes accomplis, les deux phénomènes mortels sont la superstition rationaliste si bien décrite par le Prix Nobel Hayek et le mépris des traditions et des devoirs qui y sont liés. Une société sans traditions est une société sans repères et sans ressors. On le voit bien avec la dégénérescence de l’art contemporain. Les héros culturels sont surtout d’historiens et hommes de lettre : Lavisse, Renan, Burke, Schiller, Chateaubriand, etc.

Enfin, la cause matérielle correspond aux domaines de la famille et de l’économie. Aujourd’hui, l’économie détruit la famille. Le veau d’or règne et la propriété qui lie l’économie et la famille est détruite par la fiscalité et la montée des « managers » hors sol. La chute démographique accompagnée d’un endettement massif créé les conditions d’une grave crise à terme, renforcée par l’invasion migratoire. Les redresseurs de l’économie sont des économistes (Rueff, Hayek) des hommes politiques (Pinay), etc.

Les héros seuls nous sauveront : car ils sont au-dessus de la vénalité, ils sont les défenseurs des traditions, ils sont patriotes et ne font pas un absolu des droits abstraits, ils ont le sens du sacré (les Soviétiques eux-mêmes appelaient leur guerre contre Hitler, la « guerre sacrée », ce qui n’est pas très matérialiste ni marxiste !).

Au nom des principes moraux, on détruit le spirituel ; au nom du primat de l’économie, on détruit la famille, au nom du droit, on détruit l’armée et son esprit, au nom de la raison, on détruit les traditions.

La primauté de l’économie et du droit, le mépris des traditions et l’indifférence envers la patrie notre mère nous conduisent à la décadence et à la disparition. Mais dans l’épreuve, l’histoire montre l’émergence des héros défenseurs de la vie et de l’existence supérieure. Gardons courage !

Ivan Blot
Source :
Polémia