Institut Iliade

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Colloque « L’univers esthétique des Européens » : entretien de Jean-Yves Le Gallou dans Minute

Nous sommes agressés en permanence par la laideur de la soumission au marché, et, dans le même temps, nous perdons les repères qui devraient entraîner notre légitime révolte.

Colloque « L’univers esthétique des Européens » : entretien de Jean-Yves Le Gallou dans Minute

Samedi 25 avril, l’Institut Iliade organise à Paris un colloque sur « l’univers esthétique des Européens ». Minute a interrogé Jean-Yves Le Gallou, l’un des trois fondateurs, avec les historiens Philippe Conrad et Bernard Lugan, de cet institut voulu par Dominique Venner.

« Minute » : Qu’est-ce que l’Institut Iliade et pourquoi ce nom ?

Jean-Yves Le Gallou : Dominique Venner tenait l’Iliade pour le poème fondateur de la vision du monde des Européens. C’est pourquoi nous avons pris pour nom celui de l’œuvre d’Homère.

Homère ! Mais c’était il y a 2 800 ans…

Justement et c’est toute la problématique actuelle ! L’Institut Iliade part d’un constat : ce qui rend possible le grand remplacement de la population européenne, c’est le grand effacement de la mémoire européenne. C’est cet effacement mémoriel qui rend possible l’acceptation d’une disparition collective. Il faut bien en être conscient : nous en sommes-là ! En conséquence, il est vital que les Européens se réapproprient leur mémoire et leur histoire collectives.

L’institut a donc pour objectifs la formation et la transmission de la mémoire européenne. Son activité première est l’organisation de sessions de formation à destination de jeunes hommes et de jeunes femmes à haut potentiel. La tenue de colloques est, quant à elle, destinée à sensibiliser le plus grand nombre à la nécessité de reposer les bases de notre culture.

D’où le thème choisi, « l’univers esthétique » ?

En effet. Ce n’est apparemment pas un thème facile mais c’est un thème essentiel. Pourquoi ? Parce que la société contemporaine est envahie par la laideur ! Nous subissons, dans tous les actes de notre vie quotidienne, la laideur des entrées de villes, la laideur des grandes surfaces commerciales, la laideur des éoliennes – et elles ne font que commencer à normaliser les paysages de l’Ecosse au Pelopponèse –, la laideur et le non-sens de l’art contemporain. En fait, nous sommes agressés en permanence par la laideur de la soumission au marché, et, dans le même temps, nous perdons les repères qui devraient entraîner notre légitime révolte, en raison du grand effacement de la mémoire.

Ce grand effacement, à quoi est-il dû ?

Ce grand effacement de la mémoire européenne, qui va s’amplifiant et que l’Institut Iliade s’est donné pour mission de stopper en fournissant du sens et des repères, en particulier aux jeunes générations d’Européens démunis face aux événements en cours – et face à eux-mêmes –, est dû à la destruction délibérée de la transmission dans tous les pays européens.

« Délibérée » ?

Chaque réforme de l’Education nationale détruit un peu plus la transmission, à tel point que le mot même de transmission est devenu tabou ! Il y a une volonté idéologique de détruire les savoirs, qui se manifeste par la suppression de l’enseignement des disciplines comme on le voit encore avec la nouvelle réforme des programmes voulue par Madame Vallaud-Belkacem: les cours d’histoire se transforment en réunions participatives « civiques » ou « républicaines » d’où les hauts faits de l’histoire européenne sont évacués, les langues anciennes sont un peu plus marginalisées, toutes les matières essentielles sont maintenant étudiées, si l’on peut encore utiliser ce mot, au prisme de la morale dominante.

Résultat : nos enfants sont appauvris par ce qui leur est inculqué et comme cela dure depuis le début des années 1970, ce sont maintenant les parents, voire les grands-parents, qui sont dans l’incapacité de transmettre quoi que ce soit à leurs enfants ou petits-enfants ! Il nous faut d’urgence recréer le lien avec l’enseignement humaniste qui avait été à la base de notre éducation. La tâche est immense mais il y va de notre survie.

C’est un colloque pour spécialiste ou tous publics ?

Tous publics ! Tout le monde doit prendre conscience qu’il ne suffit pas d’être contre : contre l’immigration, contre la marchandisation, contre l’islamisation, etc. Il ne suffit pas d’être contre. On ne s’oppose efficacement qu’en puisant dans ses racines, en s’affirmant.

Nous subissons l’arrivée massive de populations extra-européennes qui veulent nous imposer leurs propres normes et nous interdire notre vision du monde. Par exemple, certains veulent nous interdire la représentation de leur prophète, soit quand il s’agit de caricatures, soit quand il s’agit de peintures, comme les fresques de la cathédrale de Bologne représentant Mahomet en enfer qui sont menacées de destruction ! Dans un esprit plus proche qu’on ne le croit, les dérives de l’art contemporain, qui est un art qui vise à non-représentation, constitue une menace, et même une attaque, du même ordre contre notre civilisation.

Il nous faut réapprendre à défendre notre vision du monde, qui est une vision qui représente le divin à travers la sculpture, à travers la peinture, etc. De même y a-t-il un gouffre entre la vision du monde de l’Orient islamique et la vision européenne s’agissant de la femme. Sur chaque thème devenu controversé par des pressions exogènes ou internes, nous devons retrouver les fondements de notre civilisation européenne.

Le combat est européen plutôt que français ?

Nous pensons que ce qui est essentiel dans notre identité, c’est notre civilisation. Or celle-ci est européenne, avec toute sa diversité : nous appartenons, en tant que Français, à la civilisation européenne d’expression française, de même que les Espagnols appartiennent à la civilisation européenne d’expression hispanique, etc. Et tous les pays européens sont, à des degrés divers, dans la même situation que la nôtre.

Pour reprendre un terme popularisé par Dominique Venner et récemment repris par Jean Raspail, c’est tout l’esprit européen qui est en dormition et qu’il faut retrouver.

Source : minute-hebdo.fr