L’Europe peut-elle encore échapper au Grand Remplacement ?
« L’histoire est le lieu de l’inattendu » selon l’essayiste Dominique Venner. Un inattendu qui peut rendre possible un renversement radical de l’idéologie dominante.
Jean-Yves Le Gallou prenait la parole le 18 mai 2019 aux États-Unis, au Congrès d’American Renaissance, à l’invitation de Jared Taylor. Voici le texte de son intervention.
Le peuplement européen d’origine est resté stable pendant 5000 ans
1) Le peuplement de l’Europe, tel qu’il est resté sans changement jusqu’au milieu du XXe siècle, remonte à 5000 ans. Lorsque le peuple européen d’origine a entrepris sa dispersion : en quittant les steppes pontiques vers l’est et la Sibérie, vers le sud, la Perse et l’Inde, et surtout vers l’ouest c’est-à-dire l’Europe.
Les hommes et les femmes de la civilisation de la céramique cordée ont occupé progressivement l’Europe occidentale. Une terre vide d’hommes pour l’essentiel à l’exception d’un petit nombre de chasseurs-cueilleurs du néolithique auxquels les conquérants indo-européens se sont unis.
Là est le fondement ethnique du peuple européen.
Là est aussi l’origine de sa civilisation. De ses langues – slaves, germaniques, celtiques, romanes – toutes dérivant d’une origine commune. De leur vocabulaire, de leur syntaxe. Là est aussi la source d’une cosmogonie partagée. Et d’une organisation sociale structurée autour de la hiérarchisation et de la distinction des fonctions de souveraineté (magico-religieuse) de défense (extérieure et intérieure) et de production et de reproduction. Et d’une conception du monde fondée sur la représentation et sur l’incarnation comme sur le respect dû aux femmes.
2) Pour protéger cet espace les Européens ont dû lutter contre le monde extérieur. Il y eut la lutte de l’Orient contre l’Occident. Avec la victoire des libertés grecques contre l’empire perse. La victoire de la raison romaine face à Carthage. La victoire des Romains et de leurs alliés barbares face aux hordes hunniques venus d’Asie. Puis durant quatorze siècles la chrétienté et l’islam s’affrontèrent à travers la Reconquista de la péninsule ibérique, les Croisades et la lutte contre le Grand Turc.
3) Mais ces conflits incessants n’ont pas changé la substance de la population européenne. Ce qu’on appelle les Grandes invasions- du IVe au IXe siècle – ont certes renforcé l’apport germanique et nordique dans le centre et le sud de l’Europe mais sans changer fondamentalement la substance de l’Europe. A l’intérieur de l’espace européen le peuplement est resté européen. La Horde d’or a marqué de son empreinte la Russie mais les Mongols n’ont laissé aucune trace à l’ouest de l’Europe. Les invasions arabes n’ont que très peu modifiés le peuplement des rives de la Méditerranée. Les traces de gènes subsahariens qui en sont les marqueurs sont quasiment absents d’Europe sauf sur certaines côtes du sud de l’Espagne, de la Sicile ou de Calabre.
4) Bref le peuplement de l’Europe est resté exclusivement européen jusqu’en 1960. A partir de là tout a basculé. Les Européens se sont retirés d’Afrique et du monde indo-pakistanais. Mais le monde africain et musulman a commencé à migrer vers l’Europe.
Ce sont les ex-puissances coloniales qui ont été les premières concernées : France, Grande Bretagne, Belgique, Pays-Bas suivis par l’Allemagne et les pays du nord de l’Europe, la Scandinavie et l’Irlande. On peut distinguer les contours d’une Europe envahie. En voici les causes.
Au congrès d’American Renaissance j’ai présenté la carte d’Europe du #GrandRemplacement : en rouge🔺l’Europe envahie, en bleu 💦l’Europe menacée, en vert 📗l’Europe qui résiste 🚧 pic.twitter.com/g4CHWNOG5I
— Jean-Yves Le Gallou (@jylgallou) 18 mai 2019
L’Europe envahie : l’Europe de l’ouest et du nord
5) L’immigration est voulue par de puissantes forces économiques et idéologiques. Le patronat a toujours soutenu l’immigration dans laquelle il voit un moyen efficace de peser à la baisse sur les salaires. De leur côté beaucoup d’immigrés espèrent mieux vivre dans les pays européens que chez eux : soit en y trouvant des emplois et/ou en y accédant à des régimes sociaux généreux.
Ces logiques économiques sont servies par l’idéologie dominante fondée sur le socle des droits de l’homme. Chacun individu d’où qu’il vienne et quelle que soit sa nationalité est censé disposer des mêmes droits. Tout homme indépendamment de ses origines – nationales, ethniques, culturelles, religieuses, civilisationnelles est censé être « remplaçable ».
C’est ce que l’écrivain français Renaud Camus nomme le « remplacisme global ».
Tout ceci constitue la base de la doxa de l’Europe envahie qui s’impose par la propagande médiatique et la tyrannie des juges baptisée « Etat de droit ». Le tout sur fond de repentance et de culpabilisation pour le passé guerrier, colonial et esclavagiste des Européens !
Tous ceux – hommes politiques ou journalistes – qui se sont opposés à cela ont été diabolisés.
Les conséquences en sont terrifiantes.
6) Le nord et l’ouest de l’Europe sont envahis par une immigration massive venue d’Afrique et du monde arabo-musulman. En France plus de 20% de la population n’est plus ni d’origine, ni de civilisation européenne. Pire 38% des nouveaux nés sont dépistés à la drépanocytose, dépistage réservé aux nouveaux nés dont les 2 parents lorsqu’ils sont connus, ne sont pas d’origine européenne. Ce chiffre atteint même 70% en région parisienne. Vous avez bien entendu 70% dans la région de Paris.
En Grande Bretagne 9% de la population est né dans un pays non européen (chiffre qui ne prend en compte ni la deuxième, ni la troisième génération). Selon le think tank Migration watch, la population britannique augmentera de 10 millions dans les 25 prochaines années du fait des futurs migrants et de leurs descendants. Depuis 2016, Sadik Khan, le maire de Londres, est un musulman proche des fondamentalistes. Des gangs pakistanais font régner la terreur dans le nord-ouest de l’Angleterre. D’où Enoch Powell avait lancé son cri d’alarme dans un célèbre discours prononcé à Birmingham le 20 avril 1968. Un discours prémonitoire qui avait ruiné la carrière de cet homme politique conservateur le plus brillant de sa génération.
L’Allemagne a accueilli en 2015, 1 500 000 immigrants. Deux ans auparavant Thilo Sarrazin, ancien ministre des finances socialistes de Berlin et membre démissionné de la Bundesbank, avait publié un livre choc : « l’Allemagne disparaît ».
Thilo Sarrazin observait que depuis 1960 les naissances d’Allemands de souche avaient diminué de 70%. Parallèlement le nombre d’immigrés n’a cessé d’augmenter. Chez les moins de 20 ans le tiers des habitants de l’Allemagne est en lien avec l’immigration.
Une situation comparable se retrouve en Belgique at aux Pays-Bas. A titre d’exemple la population européenne d’origine est devenue minoritaire dans les deux plus grands ports d’Europe, Anvers et Rotterdam.
La Scandinavie est aussi touchée : alors qu’il n’y avait pratiquement pas d’immigrés en Suède, il y a 30 ans, aujourd’hui 25% de la population est issu du monde non européen.
Le Grand Remplacement dénoncé par l’écrivain français Renaud Camus est en cours dans tout le nord et l’ouest de l’Europe.
« L’Europe peut elle encore échapper au #GrandRemplacement « : thème de mon intervention au congrès d’American Renaissance avec Jared Taylor pic.twitter.com/W2QRctrPQo
— Jean-Yves Le Gallou (@jylgallou) 18 mai 2019
Les pays menacés par l’invasion : les pays riverains de la méditerranée et les Balkans
7) À l’exception de la France, les pays riverains de la Méditerranée – Grèce, Italie, Espagne – ont longtemps été épargnés par l’immigration pour trois raisons.
- Ils sont longtemps restés des pays d’émigration à main d’œuvre abondante.
- Avec des structures familiales et claniques puissantes et plutôt fermées.
- Avec des États-providence moins attractifs pour les étrangers que ceux des pays du nord.
8) Mais la pression migratoire s’est brusquement aggravée à partir des années 2005/2010.
Les guerres occidentales en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye ont provoqué des déplacements de population. Et mis à bas des Etats qui protégeaient leurs frontières. L’Europe a été assaillie : depuis la Turquie vers la Grèce et les Balkans ; puis depuis la Libye et le Maroc vers l’Italie et l’Espagne.
Ces assauts ont été accompagnés d’une prise de conscience en Italie et en Espagne. En Italie la Ligue du nord vole de succès électoral en succès électoral depuis que son leader Matteo Salvini montre en tant que ministre de l’Intérieur sa poigne contre l’immigration. En Espagne le parti national et identitaire VOX émerge du néant. Il a lancé sa campagne pour les élections européennes du 23 au 26 mai 2019 depuis Covadonga où les envahisseurs musulmans furent arrêtés en 722.
9) Dans les Balkans – Serbie, Croatie, Bulgarie, Roumanie, Macédoine – sont aussi menacés par l’invasion migratoire moins comme pays d’accueil que comme pays de passage. Avec le risque de voir une partie des populations immigrées restées bloquées chez eux.
Les pays qui résistent à l’invasion : l’Europe de l’est
10) En 2015, le premier ministre hongrois, Victor Orban, a pris une décision historique : bloquer sa frontière avec la Serbie pour marquer un coup d’arrêt à l’invasion migratoire. Une décision qui a choqué les principaux dirigeants européens. Et qui pourtant ne faisaient qu’appliquer les accords de Shengen supprimant les contrôles aux frontières intérieures entre pays européens mais exigeant de chaque pays le contrôle de ses frontières extérieures.
Orban a réuni autour de cette politique de fermeté face à l’invasion migratoire les pays d’Europe centrale réunis dans le groupe de Visegrad : Tchéquie, Slovaquie, Pologne et Hongrie.
C’est là comme en ex-Allemagne de l’est, que se trouve l’Europe préservée.
11) Les raisons en sont nombreuses. Jusqu’en 1989/1990 ces pays étaient dans l’orbite du communisme soviétique. D’où un phénomène de glaciation économique et morale.
Glaciation économique qui s’est traduit par un retard de développement ; et aujourd’hui encore par des salaires plus bas qui rendent moins nécessaire pour le patronat l’appel à une main d’œuvre immigrée bon marché.
Glaciation morale avec le repli sur des structures traditionnelles – église, familles, valeurs – pour échapper à l’emprise de l’Etat communiste. Et dans le même temps mise à l’abri de l’individualisme capitaliste et des méfaits de la société libérale-libertaire.
Tout ceci a permis le maintien de la mémoire historique et culturelle : une mémoire marquée par deux siècles de lutte contre l’envahisseur turc et le souvenir de la bataille de Vienne en 1683.
Un autre phénomène doit être pris en compte : les élites de l’est sont mentalement différentes de celle de l’ouest.
A l’ouest les élites politiques et administratives ont été déculturées par le relativisme moral et broyées par le politiquement correct. Ne survivent que des hommes et des femmes sans conviction et sans saveur.
A l’est les élites politiques restent encore issus de la sélection post soviétique : des hommes et des femmes qui ont connu l’adversité, voire la prison. Et qui font encore de la politique par conviction.
12) Il y a donc une formidable bataille idéologique et politique à l’intérieur de l’Europe. Entre les élites gouvernementales de l’est et les élites de l’ouest. Entre les oligarques de l’est et de l’ouest et les peuples.
De l’issue de cette bataille dépend l’avenir de l’Europe : européenne ou submergée.
Quel avenir pour l’Europe : européenne ou submergée ?
13) Voici les raisons d’être inquiet :
La simple extrapolation des courbes de naissance conduit à craindre qu’entre 2025 et 2040 plus de la moitié des naissances dans « l’Europe envahie » (le nord et l’ouest de l’Europe) ne soient plus d’origine Européenne.
Cela, c’est pour la démographie mais la situation politique est aussi préoccupante.
Les hommes politiques qui se sont élevés contre l’immigration ont été assassinés comme le néerlandais Pym Fortuyn ou diabolisés comme Le britannique Enoch Powell, le français Jean-Marie Le Pen, l’autrichien Jorg Haider où plus près de nous l’italien Mateo Salvini ou le hongrois VictorOrban.
La diabolisation est une technique incapacitante majeure : elle rend impossible la description du phénomène d’invasion migratoire dans toute son ampleur ; elle isole ceux qui en sont l’objet et limite, voire interdit, leur accès aux médias ; elle ralentit la progression et freine, voire rend impossible l’action.
Beaucoup de partis politiques identitaires en ont été victimes et ont souffert de la mise en place d’un « cordon sanitaire » les tenant à l’écart du pouvoir comme le Front National en France, le VlaamsBlok en Belgique, l’AFD en Allemagne, les Démocrates suédois. Démocrates suédois que les partis institutionnels ont exclu par principe du pouvoir jusqu’en …2025.
Et là où ces partis nationaux et identitaires ont été associés au pouvoir – Finlande, Danemark, Autriche – leurs résultats pratiques ont été beaucoup trop modestes.
Quant à l’ensemble du système culturel, médiatique et judiciaire il roule pour le Grand Remplacement ethnique et civilisationnel.
C’est préoccupant. Très préoccupant.
14) Pourtant il y a aussi des raisons d’être optimiste :
Il y a désormais des partis nationaux et identitaires dans tous les pays de l’union européenne à l’exception de 2 sur 27 d’entre-eux, l’Irlande et le Portugal
Ces partis sont en progression électorale partout ; lorsque je siégeais au Parlement européen nous étions 13 – 11 français, 2 flamands – dans la prochaine assemblée européenne il y aura probablement de 200 à 240 députés dissidents de l’immigrationnisme.
Certes pas de quoi construire une majorité dans une assemble de plus de 700 membres mais de quoi changer le rapport de force voire d’établir une minorité de blocage.
Et il y a au moins un homme d’état en Europe qui a une vision complète des enjeux : c’est le Hongrois Orban dont la ligne politique et claire, la défense de l’identité européenne et chrétienne.
« L’histoire est le lieu de l’inattendu » : la condition d’un renversement radical
Alors quelle sera l’issue ? L’Europe peut-elle encore rester européenne ? L’analyse froide ne conduit pas à l’optimisme.
Une triple course de vitesse est engagée.
Entre les courbes démographiques d’une natalité européenne en déclin et d’une surfécondité africaine et arabo-musulmane, y compris chez les immigrés déjà présents en Europe.
Entre le caractère potentiellement inexorable du différentiel démographique entre populations et la prise de conscience des Européens et leur possible réveil.
Entre la révolte croissante des populistes européens et la normalisation idéologique des élites urbaines y compris à l’est.
Mais cette froide analyse ne doit pas faire oublier que « l’histoire est le lieu de l’inattendu » selon l’essayiste Dominique Venner. Un inattendu qui peut rendre possible un renversement radical, oui radical, de l’idéologie dominante. En faisant passer au premier plan le droit des peuples à l’identité et loin derrière les droits individuels de l’homme. En balayant la repentance (au titre de la seconde guerre mondiale, de la colonisation, de l’esclavage) et en retrouvant la fierté de leur mémoire. En rendant possible la remigration et la reconquête de leur territoire par les Européens.
Le réveil européen
C’est le même Dominique Venner qui écrivait dans « Le choc de l’histoire », deux ans avant son geste sacrificiel à Notre Dame de Paris :
« tout montre selon moi [que les Européens] seront contraints d’affronter à l’avenir des défis immenses et des catastrophes redoutables qui ne sont pas seulement celles de l’immigration. Dans ces épreuves, l’occasion leur sera donnée de renaître et de se retrouver eux-mêmes. Je crois aux qualités spécifiques des Européens qui sont provisoirement en dormition. Je crois à leur individualité agissante, à leur inventivité et au réveil de leur énergie. Le réveil viendra. Quand ? Je l’ignore. Mais de ce réveil je ne doute pas. »
Jean-Yves Le Gallou