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Nous, autochtones européens

Regardons de plus près la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Nous, autochtones européens

En ce début de XXIe siècle, les perspectives qui s’offrent aux peuples européens quant à la pérennité de leur existence s’annoncent peu enviables. En première ligne face à une mondialisation destructrice et au péril migratoire, les Européens sont tout simplement menacés de dilution, de substitution, de disparition, en somme, de sortir à jamais de l’Histoire des hommes.

Parmi eux, certains cherchent par tous les moyens à échapper à ce destin que d’autres affirment déjà irréversible. L’Institut Iliade en fait partie. Et si pour cela, tous les moyens sont bons, chercher la solution du côté du droit ne saurait être à négliger. « Mais le droit justement joue contre nous ! » pourrait-on légitimement rétorquer. Rien n’est moins sûr si l’on se donne la peine d’aller regarder les textes les plus reconnus par les tenants du mondialisme, en l’occurrence, ceux de l’Organisation des Nations unies.

Car oui, nous, Européens, – et aussi étonnant que cela puisse paraître – devons savoir qu’en tant que peuples autochtones (emprunté du grec autokhthôn, « issu du sol même, indigène », composé de autos, « même », et khthôn, « terre »), l’Organisation des Nations unies est censée veiller sur nos droits ! Et pas n’importe lesquels : il ne s’agit rien de moins que des droits existentiels permettant à un peuple de continuer à vivre en tant que peuple. Le souhait de tous les peuples de notre Terre mère, en somme.

Regardons de plus près cette déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée le 13 septembre 2007, et notamment ses articles 8, 12 et 31 par lesquels l’ONU :

  • stipule que « les autochtones, peuples et individus, ont le droit de ne pas subir d’assimilation forcée ou de destruction de leur culture ».
  • reconnaît aux États le droit de mettre en place des mécanismes de prévention et de réparation efficaces face à « tout acte ayant pour but ou pour effet de priver les autochtones de leur intégrité en tant que peuples distincts, ou de leurs valeurs culturelles ou leur identité ethnique ; tout acte ayant pour but ou pour effet de les déposséder de leurs terres, territoires ou ressources ; toute forme de transfert forcé de population ayant pour but ou pour effet de violer ou d’éroder l’un quelconque de leurs droits ; toute forme d’assimilation ou d’intégration forcée ; toute forme de propagande dirigée contre eux dans le but d’encourager la discrimination raciale ou ethnique ou d’y inciter ».
  • reconnaît aux peuples autochtones « le droit de manifester, de pratiquer, de promouvoir et d’enseigner leurs traditions, coutumes et rites religieux et spirituels ; le droit d’entretenir et de protéger leurs sites religieux et culturels et d’y avoir accès en privé ».
  • reconnaît aux peuples autochtones « le droit de préserver, de contrôler, de protéger et de développer leur patrimoine culturel, leur savoir traditionnel et leurs expressions culturelles traditionnelles ainsi que les manifestations de leurs sciences, techniques et culture, y compris leurs ressources humaines et génétiques, leurs semences, leur pharmacopée, leur connaissance des propriétés de la faune et de la flore, leurs traditions orales, leur littérature, leur esthétique, leurs sports et leurs jeux traditionnels et leurs arts visuels et du spectacle. Ils ont également le droit de préserver, de contrôler, de protéger et de développer leur propriété intellectuelle collective de ce patrimoine culturel, de ce savoir traditionnel et de ces expressions culturelles traditionnelles ».
  • Encourage les États, en concertation avec les peuples autochtones, à « prendre des mesures efficaces pour reconnaître ces droits et en protéger l’exercice ».

Certes nous n’ignorons nullement que cette déclaration onusienne fut adoptée pour protéger les droits de ceux qu’elle considérait comme des peuples autochtones selon une définition restrictive : à savoir les isolats de peuples ancestraux, ayant des contacts mineurs ou inexistants avec les « populations modernes », que ce soit dans les forêts profondes du continent américain, à proximité des pôles arctiques et antarctiques ou encore dans les îles d’Océanie. Dans les paysages glacés du Nunavut et les collines des Alpes australiennes, dans les jungles et les déserts d’Afrique, au fin fond de la grande forêt d’Amazonie, vivaient et vivent encore, ces peuples « premiers », autochtones appelés ainsi, car ayant conservé leurs modes de vie ancestraux, menacés par l’uniformisation de la mondialisation industrielle et technologique. Jacques Chirac avait d’ailleurs fait de la défense de ces « peuples premiers » l’un de ses engagements, qui s’incarna dans la fondation du musée du Quai Branly.

Pourtant à la lecture de la définition du terme dans le dictionnaire, un autochtone désigne bel et bien celui « qui est originaire du pays qu’il habite, qui n’y est pas venu par immigration[1]. » Pourquoi, dès lors, cette définition ne s’appliquerait-elle pas aux Européens d’aujourd’hui, descendants de ceux qui ont peuplé l’Europe dans les temps les plus anciens ? Peuples qui ont façonné un continent, en ont développé la culture et ont été les acteurs d’une histoire qui se manifeste toujours à travers son patrimoine culturel inestimable.

Malheureusement, comme le souligne justement Thibault Mercier dans son ouvrage Athéna à la borne, les autochtones européens sont non seulement exclus par principe de ces droits du fait de leur statut passé de colonisateur ayant menacé d’autres peuples d’extinction ethno-culturelle. Mais en plus, cette déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones peut également être systématiquement contrebalancée par la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par la même ONU ainsi que ses corollaires : la Convention européenne des droits de l’homme et la précurseur Déclaration des droits de l’homme et du citoyen issues de la Révolution française de 1789. En effet, ces différentes déclarations, plombées par une vision cosmopolite du monde et obsédées par le principe de non-discrimination, ont « universalisé » et « individualisé » les droits de l’homme, privant ainsi les Européens de moyens juridiques adaptés à la défense de leur identité.

À nous, autochtones européens, de nous emparer de cette déclaration de 2007, de la faire notre et de la pousser devant les tribunaux européens, à la tribune des Nations unies, et dans la presse, pour défendre notre droit à la continuité historique.

Romain Sens – Promotion Roi Arthur

Notes

[1] Dictionnaire de l’Académie française, 9e édition