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Notre combat pour l’Europe

Discours de Nicolas Pradines, de la promotion Dante de l'Institut Iliade, prononcé le 11 juin 2022 à Florence.

Notre combat pour l’Europe

« Exister, c’est combattre ce qui me nie » est sans doute la citation de Dominique Venner la plus appropriée à laquelle je peux rattacher mon engagement dans le combat pour notre identité.

Je fais partie de ceux qui, comme beaucoup, se seraient contentés de vivre une vie ordinaire sans se soucier de l’avenir de notre civilisation, s’il n’était pas gravement menacé. Mais l’époque en a voulu autrement. Admiratif depuis mon enfance des grands personnages de notre longue histoire européenne, des valeurs et vertus qu’ils incarnent, je réalisais que le monde nouveau qui se dessinait, voulait effacer ces modèles et tout ce qui a permis la grandeur de notre civilisation.

Écœuré par le reniement général qui frappe notre continent, par la mise en avant de la lâcheté et de la faiblesse, en réaction à cette dystopie, j’ai choisi d’agir en prenant part au combat pour notre identité, comme pour me définir face au monde du laid omniprésent, et répondre à l’appel du devoir, comme tant d’autres de ma génération.

En effet, une part croissante de notre génération est bien consciente du caractère inestimable et sacré de l’héritage civilisationnel commun que nous ont légué nos aïeux, et dont nous sommes de fait dépositaires. Héritage qui nous est donné avec la charge de nous en montrer digne, autant que nous le pouvons, de le conserver et le transmettre aux générations qui nous succéderont.

Pour nous lancer dans cette reconquête de l’identité, il est nécessaire de s’assurer d’avoir les bases théoriques.

C’est là la vocation de la formation proposée par l’Institut Iliade.

Cette formation se déroule sur une année universitaire. Chaque promotion est composée d’une vingtaine d’auditeurs sélectionnés par un entretien, permettant ainsi de rassembler des personnes déjà engagées dans divers mouvements, et qui ont toutes à cœur la défense de ce qui fait ce que nous sommes, de nos valeurs et de nos traditions.

Véritable formation métapolitique, elle est fractionnée en cinq week-ends à thèmes permettant aux auditeurs d’acquérir les bases ou de compléter leurs connaissances sur l’Histoire de l’Europe : les fondements de nos racines grecques et romaines, l’Histoire des idées, la géopolitique, et les pensées non conformes. Les conférences données par les intervenants éminents de l’Institut jettent les principes nécessaires et les références utiles à l’approfondissement personnel.

Chaque promotion commence par élire une figure tutélaire. Notre promotion, la 11ème, a ainsi choisi de se placer sous l’égide de Dante Alighieri, « Il sommo poeta », en hommage à son héritage, pour l’anniversaire des sept siècles de sa disparition. Père de la langue italienne et fondateur de son identité, son engagement fut total, et il nous rappellera sans cesse que la pensée accompagne l’action.

Pour stimuler la cohésion du groupe, l’une des sessions se déroule ainsi en province, à l’initiative des auditeurs, permettant de resserrer les liens au gré d’activités culturelles régionales autour du triptyque cher à l’Institut : la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon.

Au-delà de la formation théorique, c’est un véritable esprit de cohésion qui se crée entre les membres des promotions, et des liens perdureront bien après le calendrier initial. Car la formation n’est pas une fin en soi, mais un moyen permettant de se forger les armes nécessaires au combat culturel que nous souhaitons mener. En prenant exemple sur nos figures tutélaires, il est demandé aux auditeurs de traduire dans l’action leur engagement, en produisant un travail personnel exploitable par l’Institut Iliade, sous forme d’article, d’évènement ou de toute autre initiative personnelle.

Il est en effet important de mettre l’accent sur l’action :

Face aux menaces qui pèsent sur notre civilisation, le temps n’est pas à la complaisance dans un bovarysme confortable, à rêver à la beauté d’un monde disparu, sans participer à la vie de la cité. Nous refusant à être des spectateurs, nous nous inscrivons en tant qu’acteurs de notre Histoire. Rejetant le statut de consommateur, nous aspirons à la création au service de nos valeurs. Sans pour autant vouloir en vain recréer ce qui a existé, mais en retrouvant l’esprit même qui a permis de bâtir ce monde, autour de ce qui a toujours eu et aura toujours de la valeur. Pour que nous n’ayons pas à rougir devant ceux qui nous ont précédés, et que nous puissions dire comme les spartiates : « Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes. »

Il y a maintes façons pour les jeunes Européens de mener leur action. Chacun selon ses talents et ses aspirations peut agir. Le réseau des promotions successives de l’Institut Iliade va ainsi permettre la mise en relation de ces compétences pour travailler en commun. Enfin, gardons l’espérance. Soyons convaincus du réveil des Européens appelé par Dominique Venner, et travaillons à l’amorcer.

Je finirai sur une anecdote relative à l’espérance :

Espérance que j’ai bien failli perdre une fois, un soir de novembre 2018. Nous nous étions rendus, avec le chœur dont je fais partie, sur la crête des Éparges, non loin de Verdun, haut lieu de sacrifice et d’héroïsme dans la Grande Guerre civile européenne.

Ceci afin de rendre hommage à notre poète Maurice Genevoix qui y combattit, et à nos ancêtres qui tombèrent au champ d’honneur, en chantant à nouveau les chants qui avaient été entonnés par eux, un siècle plus tôt, et ainsi raviver leur souvenir.

Après la prestation, regrettant tristement le maigre intérêt qu’avait suscité le centenaire de cette guerre pour nos contemporains et la trentaine de villageois seulement rassemblés, notre hôte m’interrompit : « Mais, ce que vous faites ici, c’est comme une étincelle dans la nuit, et ne vaut-elle pas davantage qu’un feu d’artifice en plein jour ? »

Si notre action ce soir-là, en rendant un bel hommage à nos anciens, a procuré de la ferveur et de la fierté aux habitants des Éparges, ce n’est pas en vain.

Il n’y a pas d’actions inutiles, si elles s’inscrivent dans la ligne de nos valeurs, et chaque étincelle que l’on fera scintiller participera au combat de la reconquête. La beauté, surgissant d’un acte si modeste soit-il, est toujours bonne à saisir. Et dans notre tenue, nos attitudes, en tous lieux, sachons toujours montrer notre enthousiasme dans notre combat.

Nicolas PradinesPromotion Dante