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Les Eparges, sur les traces de ceux de 14

La brièveté du parcours montre combien les combattants furent proches les uns des autres. Ce n’est pas par sa longueur que cet itinéraire est remarquable, mais bien par sa « densité » historique.

Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt
Les Eparges, sur les traces de ceux de 14

« L’argile de ces champs colle à nos semelles, enveloppe nos souliers, peu à peu, d’une gangue énorme qui nous retient au sol. Mais des balles, sifflant par-dessus le ravin, viennent claquer autour de nous, faisant jaillir la boue des flaques. Notre allure s’accélère, les sections s’étirent par les mornes friches, louvoyant à travers les trous d’obus emplis d’eau croupissante. […] A notre droite, le Montgirmont étale ses pentes désolées, où des lignes d’arbres rabougris grelottent. A notre gauche, la crête chauve des Eparges s’estompe dans une poussière d’eau. »
Maurice Genevoix, Ceux de 14, Nuits de guerre.

« La jeune verdure de la forêt luisait dans le matin. Nous suivîmes des sentiers cachés qui serpentaient jusqu’à une gorge étroite, derrière la première ligne […].
Le long de la sente forestière, des coups sourds firent trembler des fourrés sous les sapins ; des branches et de la terre plurent sur nous. »
Ernst Jünger, Orages d’acier, chap. « Les Eparges ».

Pays : France
Région : Lorraine
Modes de déplacement : à pied
Durée du parcours : environ 3 kilomètres, avec de nombreuses haltes : monuments, points stratégiques, etc. De nombreux autres parcours sont tracés et balisés dans les environs.
Difficulté du parcours : facile ; à réaliser avec des enfants (mais sans poussette). La brièveté du parcours montre combien les combattants furent proches les uns des autres. Ce n’est pas par sa longueur que cet itinéraire est remarquable, mais bien par sa « densité » historique.

Périodes possibles

Toute l’année, mais préférez l’automne et l’hiver pour mieux vous imprégner de l’ambiance.

Présentation géographique

Le village des Eparges est situé dans le vallon du Longeau, que dominent, à l’ouest, les forêts d’Amblomville et des Eparges et, à l’est, les hauteurs du Montgirmont et la crête des Eparges.

Les hauteurs des Eparges (alt. 345 m) font partie des « Hauts de Meuse » ; elles forment, vues de l’est, un point très reconnaissable au-dessus de la plaine de la Woëvre. D’où leur intérêt stratégique.

Présentation géographique

Le village des Eparges est situé dans le vallon du Longeau, que dominent, à l’ouest, les forêts d’Amblomville et des Eparges et, à l’est, les hauteurs du Montgirmont et la crête des Eparges.

Les hauteurs des Eparges (alt. 345 m) font partie des « Hauts de Meuse » ; elles forment, vues de l’est, un point très reconnaissable au-dessus de la plaine de la Woëvre. D’où leur intérêt stratégique.

Cadre historique

Les Eparges ont vu deux grandes phases des combats de la Grande Guerre.

Dès septembre 1914, les troupes allemandes cherchent à contourner Verdun en passant par la plaine de la Woëvre. Ils créent un « saillant » à Saint-Mihiel. La crête des Eparges, au sud-est de Verdun, constitue pour les Français un poste d’observation pour leur artillerie. L’avancée est lente. Les Français ne parviennent pas à tenir toute la crête. Les hommes se terrent pour l’hiver dans les tranchées.

Du 17 février au 5 avril 1915, de très violents combats font rage autour du point X. Côté français, c’est la bataille des Eparges. Côté allemand, la bataille de Combres, du nom du village situé au pied des côtes. Bilan : 12.000 pertes (tués, blessés, disparus) pour les deux camps, sur 800 mètres de front.

Pour plus de détails, se référer aux nombreux ouvrages d’histoire de la Grande Guerre.

Description de l’itinéraire

Laissez votre véhicule dans le village des Eparges, sur la place entre l’église et la mairie (place Maurice Genevoix).

Au niveau du calvaire, empruntez la D154 vers le nord. Au premier carrefour, prenez à droite (ne pas suivre le GRP balisé). A la saison, comme les hommes de Genevoix, vous pourrez cueillir des quetsches et des mûres.

Première halte

Le cimetière militaire du Trottoir, qui regroupe une partie des victimes des combats de 1915. Vous chercherez la tombe de Robert Porchon, l’ami de Maurice Genevoix. Ce jeune saint-cyrien de vingt et un ans, sous-lieutenant au 106e régiment d’infanterie, à la tête d’une section de la 7e compagnie, fut tué d’un éclat d’obus dans la poitrine le 20 février 1915, quatrième jour de l’attaque française sur le piton des Eparges. Prenez une sente qui monte à gauche du cimetière et qui évite la route.

Deuxième halte (point 330 sur la carte IGN)

Le monument à la mémoire des soldats du génie. Œuvre de l’architecte messin E. Fragoni, il ne fut inauguré qu’en 1963, alors qu’une souscription avait été lancée dès 1930. Les sept colonnes qui s’élèvent au dessus du socle symbolisent les différents corps du Génie : les aérostiers, les artificiers, les chemins de fer, les électromécaniciens, les pontonniers, les sapeurs-mineurs et les télégraphistes. Le monument et ses abords ont été remis en valeur en septembre 2014.

Troisième halte

Les entonnoirs. Par des galeries souterraines, les sapeurs plaçaient de fortes charges d’explosifs sous les lignes ennemies. La mise à feu provoquait une explosion de très forte puissance, comme en témoigne la profondeur de ces entonnoirs.

Quatrième halte

Le « point X ». Ce point stratégique, tenu par les Allemands, fut l’objet, de février à avril 1915, des combats les plus acharnés. Alors que les Français parvinrent à tenir toute la crête des Eparges, le point X ne fut repris qu’en 1918.

Le monument du Point X a été édifié en 1925. Sous forme d’un mur, il présente un autel sous une croix et des plaques en marbre noir commémoratives. Sur le fronton est écrit en rouge « Les Eparges 1914-1918 ». De l’autre côté, regardant la plaine de la Woëvre, un bas-relief montre un officier menant ses hommes au combat. Il est l’œuvre de la femme sculpteur Louise-Mina Fischer, devenue par son mariage comtesse de Cugnac. Elle avait perdu aux Eparges son fiancé, René Tronquoy. Ce monument est dédié à « ceux qui n’ont pas de tombe », les 10 000 combattants français et allemands disparus, engloutis ou déchiquetés par la guerre des mines.

Le balisage fait emprunter un sentier qui descend dans les vignes jusqu’au village de Combres-sous-les-Côtes (voir § « Art de vivre »).

Vous pouvez rester à flanc de coteau et remonter jusqu’au monument du Coq. Vous croiserez sans doute une casemate en ruine, « l’abri du Kronprinz ».

Cinquième halte

Cet obélisque, surmonté d’un coq gaulois, est le premier monument érigé sur le site des Eparges, en 1924. Il se situe sur le « point C ».

Continuez vers le monument indiqué sur la carte comme « Mon » à l’est du point 327. Vous parcourez la crête elle-même, avec, des deux côtés, plusieurs entonnoirs.

Sixième halte

Le monument du 106e RI dit « des Revenants du 106e R.I. », a été érigé en 1935 par Maxime Real del Sarte (1888-1954), sculpteur et ancien combattant des Eparges où il a perdu un bras ; le maître de l’œuvre, ancien officier au 106e, est Georges Ricome. Ce monument porte côté face : « Je crois » et sur un côté une citation de Maurice Genevoix : « Vous qui avez pris votre vie à deux mains et l’avez portée d’un élan jusqu’aux lèvres de l’entonnoir sous les balles. » Le bas-relief en bronze répond aux critères artistiques des Pietà. Marie y est remplacée par Jeanne d’Arc, symbole de la France, et le Christ par un soldat.

Descendez jusqu’au point 327 (panneau explicatif), puis prenez la route forestière vers le sud-est. Au point 328, vous retrouvez un sentier balisé qui descend le vallon de Larvau et ramène au village des Eparges.

A noter : Sur le versant de Combres, les bois, parfois privés, recèlent quelques vestiges des installations allemandes. Néanmoins, rien n’est balisé.

Bibliographie sommaire

  • Maurice Genevoix, Ceux de 14 – Plusieurs éditions dont : Flammarion, 2013 (avec des documents complémentaires) ou Larousse, coll. Poche, 2012
  • Robert Porchon, Carnet de route, La Table ronde, 2004
  • Ernst Jünger, Orages d’acier, Le Livre de poche, 2002
  • Ernst Jünger, Carnets de guerre 1914-1918, traduit de l’allemand par Julien Hervier, Christian Bourgois Editeur.
  • Nicolas Czubak et Pascal Lejeune, Les Eparges Die Combres-Höhe (1914-1918), Français et Allemands face à face sur les Hauts de Meuse, Editions Dacres, livre réalisé en partenariat avec le Mémorial de Verdun et l’association « L’Esparge ».

Accès

Par l’autoroute de l’Est A4 – A 50, sortie 32. Puis D908, D203.

Matériel spécifique, équipement

Equipement de randonnée, à adapter selon la saison. Le terrain est souvent boueux. Carte et boussole.

Commémorations

Le programme des commémorations du Centenaire est à consulter ici.

Art de vivre

L’austérité des lieux n’invite guère à la gastronomie. Néanmoins, vous pouvez visiter le domaine de Muzy, à Combres-sous-les-Côtes, qui produit des vins bio « Côtes de Meuse », de la Mirabelle de Lorraine, de la poire Williams et du marc des Côtes de Meuse. Jamais la chanson de « La butte rouge » ne nous a paru aussi bien accordée à cette terre martyre.

Cartographie

IGN série bleue, 1/25 000, Vigneulles-les-Hattonchâtel, 3213 E.

Liens

Dans les environs, vous trouverez d’autres sentiers et circuits balisés, notamment autour d’Alain Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes.

Année où cet itinéraire a été parcouru

Automne 2013, automne 2014.

Photos : © Institut Iliade pour la longue mémoire européenne – sauf pour les portraits de Maurice Genevoix et d’Ernst Jünger.

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