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Promotion J.R.R. Tolkien

“Il est des choses qu’il vaut mieux entreprendre que refuser, quand bien même la fin risque d’être sombre”[1].

Promotion Roi Arthur

Lorsque tout semble perdu, que la cité est assiégée, que les cœurs sont en proie au doute et au pessimisme, nombreux sont ceux qui fuiraient pour échapper à un inéluctable et funeste destin. Nous ne sommes pas de ceux-là, nous nous tenons ici, droits et fiers, déterminés à percer les ténèbres et raviver en Europe le feu de l’espoir. Pour ce périple qui s’annonce, les membres de la Xe promotion de l’Institut Iliade ont décidé de se placer sous l’égide de John Ronald Reuel Tolkien.

Choisir Tolkien ce n’est pas s’égarer dans un ailleurs fantasmé, mais s’ancrer profondément au cœur de notre civilisation européenne. Bien au-delà de la fiction, les récits de la Terre du Milieu sont l’incarnation parfaite de ce que nous sommes: des héritiers forgés par nos mythes et légendes ancestrales et les valeurs chevaleresques. La Xe promotion puisera son inspiration dans les valeurs intemporelles de courage, d’abnégation, d’émerveillement et de fidélité à notre longue mémoire européenne qui innervent l’œuvre de l’écrivain.

Invoquer Tolkien c’est prendre la nature comme socle. Son écœurement à l’égard des fumées noires d’Isengard et de l’esprit de métal et de rouages le campe en véritable héraut d’une écologie enracinée. Le philologue anglais ne pardonnera jamais l’industrialisation de sa campagne natale. Face à la mutilation de nos patrimoines régionaux, nous décidons d’en finir avec l’idéologie matérialiste du profit et de la Technique qui voit en toute chose une ressource quantifiable. Renouvelons notre lien fusionnel à la nature que la modernisation à outrance a rompu. Contre la croissance aveugle et une mondialisation sauvage, affirmons l’écologie des peuples comme garantie de la diversité de ce monde. La nature cessera alors d’être un objet de convoitise et redeviendra un héritage, et à l’instar de Sylvebarbe à la tête des Ents de Fangorn, c’est le sabre au clair que nous la défendrons.

Désigner un écrivain comme parrain de promotion c’est aussi reconnaître que la beauté sauvera le monde. Quels récits incarnent mieux ce réenchantement que ceux de la Terre du Milieu ? Puisons dans ce monde préindustriel l’inspiration des chevauchées épiques des Rohirrim, des chants cristallins des Eldars, des pâturages verdoyants des Hobbits ou des forêts envoûtantes de Lothlórien, toutes ces choses qui font que cette épopée parle à notre cœur. Oublions les faux besoins et les frustrations consuméristes, libérons nos imaginaires colonisés. Le théâtre du combat des peuples libres enracinés à leur terre contre les créatures industrieuses soumises à la cadence des machines n’a rien de fantastique. Insufflons de la grâce et de l’authenticité dans notre monde édulcoré par les expériences virtuelles et affadi par l’uniformisation des cultures, sachons garder l’œil émerveillé face aux beautés qui subsistent encore.

Le sacrifice héroïque de Boromir, Aragorn devant la Porte Noire ou Sam au pied du Mont Destin… Quel enseignement plus précieux pouvons-nous tirer de l’œuvre de Tolkien que celui de comprendre que la fidélité constitue la plus haute vertu ? La fidélité à la communauté pour défendre nos valeurs et ceux qui nous sont chers. Proposons une alternative à l’individualisme grandissant pour placer nos traditions, l’abnégation et la loyauté au cœur de ce qui nous définit. Pour reconstruire une société de l’Etre et de la transmission, nous aurons le courage de prôner un destin commun.

Lutter pour ce qui est important, refuser de se borner à revendiquer, mais vivre concrètement comme nous estimons correct de vivre : voilà l’enseignement tiré de la geste tolkienienne. Il nous appartient désormais d’écrire notre grand récit et de renouer les fils du temps, fendons les rangs et parvenons à une fin digne d’un chant !

“Debout, debout, Cavaliers de Théoden !
C’est l’heure des hauts faits, il fait sombre à l’est.
La selle soit montée, le cor soit sonné !
Forth Eorlingas ! En avant !”[2]

Notes

  • [1] J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux, traduit de l’anglais par Daniel Lauzon, Christian Bourgeois, Paris 2014, p.616
  • [2] J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux, traduit de l’anglais par Daniel Lauzon, Christian Bourgeois, Paris 2014, p.709