Lettre ouverte à la jeunesse
Jean Montalte, auditeur de la promotion Leonidas de l’Institut Iliade, développe dans une lettre à la jeunesse, l’intérêt d’une formation militante de qualité pour un jeune Européen : sursaut moral, retour aux racines, camaraderie, cartouches doctrinales afin de lutter pour la civilisation française et européenne…
L’Institut Iliade, par l’intermédiaire de Romain Petitjean, m’a confié une tâche, à l’occasion d’une table ronde au Forum de la jeunesse, organisé par Tenesoun dans le Vaucluse : exposer à cette jeunesse les sérieux avantages conférés par une formation militante et doctrinale de qualité. Je n’ai probablement pas plus de titre qu’un autre pour m’adresser à la jeunesse, d’autant que cet âge de la vie, tout doucement, s’éloigne pour moi. Il n’empêche… Après quelques réflexions, quelques lectures également, je me suis rendu compte que cette question était pour moi tout à fait centrale. Tout concourait à lui conférer ce caractère de centralité, les maîtres que je me suis choisi bien tardivement, les errances qui me privèrent d’une orientation déterminée, le temps perdu irrémédiablement, enfin le redressement intérieur dont Dominique Venner, entre autres figures tutélaires, par ses vertus héroïques, donna l’exemple. Il incarna pour moi, ce que je n’appelais pas encore « l’éthique de la tenue », sur laquelle la formation de l’institut insiste opportunément, eu égard à l’état de délitement de la civilisation européenne.
Il n’est pas rare de se retourner sur le passé et de constater amèrement quel gâchis fut notre jeunesse. C’est un sentiment dont je voudrais contribuer à vous prémunir, en vous invitant à engager toutes les forces dont vous disposez pour mener le bon combat. Celui d’une reconquête, de soi d’abord ; et celui, plus décisif encore, d’une refondation. Les deux versants, l’individuel et le collectif, doivent, en effet, faire l’objet d’un égal souci. Il est illusoire de penser que des événements miraculeux pourraient s’opérer sans nous, dénouant la situation critique à laquelle nous faisons face, sans que nous y prêtions la main. Il faudra agir. Certes, mais quelle direction donnerons-nous à notre action et selon quelles fins ? Avec Maurras, nous devons affirmer sans détour :
« L’action sans règle n’est qu’une agitation. »
La vie individuelle et la société actuelle, ravagées par les assauts combinés de l’immigration, de l’insécurité, du gauchisme, du nihilisme, de la faillite des idéologies politiques alternatives, de la marchandisation et de la technicisation des sociétés, semblent livrées au pur chaos. C’est précisément la raison pour laquelle une formation peut être d’un grand secours, face à ce raz de marée destructeur. Il faut prendre le terme formation au sens fort, métaphysique. Nietzsche ne définissait-il pas la liberté comme la faculté de contraindre le chaos que l’on est à devenir forme ?
Je me permets de reproduire ici le texte de Stéphane Giocanti consacré à Maurras, afin d’illustrer mon propos :
« Héritier et continuateur de la philosophie classique, il affirme que le chaos est à l’origine des choses et ne cesse de les menacer ; cœur impénitent, l’homme ne peut atteindre une situation fiable que par un effort lucide de sa volonté qu’il doit renouveler inlassablement, puisque le moindre édifice qu’il élève est bien près de tomber. Ce que Maurras recherche est moins l’ordre social que la perfection de l’ordre, sur le plan ontologique, l’ordre en tant que conquête sur le chaos et dynamique de la liberté, miracle odysséen et dantesque où fleurit l’être, en contiguïté avec l’élan de la Création. »
Devant les périls qui menacent notre civilisation – et ils sont nombreux – plusieurs attitudes sont possibles. Vous pouvez fermer les yeux, opter pour le déni ou bien jouir sans entraves, sans soucis du lendemain, « jouer du violon pendant que le bateau coule », avec la caution d’un Spengler mal compris. Mais, objecterait Barrès, le si bien nommé prince de la jeunesse :
« La satisfaction du ventre n’est pas un but satisfaisant. »
Vous pouvez, à rebours des compromissions, des petites complicités avec la déliquescence d’une société liquide, avoir un sursaut moral, faire front face à l’adversité, et opposer aux entrepreneurs en démolition la force impérissable qui vous vient de vos ancêtres, de votre identité, de votre culture. Je n’ignore pas que le désespoir mine beaucoup d’esprits lucides. « Le froid augmente avec la clarté » écrivait Thomas Bernhard, l’écrivain autrichien, pessimiste patenté. Je vous répondrai en citant Maurras, encore une fois : « Je comprends qu’un être isolé, n’ayant qu’un cerveau et qu’un cœur, qui s’épuise avec une misérable vitesse, se décourage, et tôt ou tard, désespère du lendemain. Mais une race, une nation, sont des substances sensiblement immortelles ! Elles disposent d’une réserve inépuisable de pensées, de cœurs et de corps. Une espérance collective ne peut donc pas être domptée. »
Face à l’atomisation de la société, ce que Paul Valéry appelait « la multiplication des seuls », rejoindre l’Institut Iliade, c’est aussi rejoindre une communauté, sortir de l’autisme entretenu par les divertissements sans fin, faire l’expérience de la camaraderie, de la solidarité et de l’entraide. C’est lutter contre le nihilisme d’un monde sans joie et sans idéal, contre la déconstruction qui sape les fondements de notre civilisation. C’est, à l’heure où les universités, de plus en plus infestées par le virus idéologique du wokisme, dispensant de moins en moins le savoir pour instiller une propagande infecte, renouer avec ce que l’on nommait les humanités classiques, en conformité avec l’idéal du gentilhomme tel qu’il fut célébré en France et en Europe au XVIIe siècle.
L’institut Iliade vous dispensera une formation intellectuelle, vous fournissant un socle doctrinal qui contribuera à vous donner forme, ordre et consistance. Face à l’adversaire idéologique, dans la rue, les universités, vous ne serez plus démunis, un frêle roseau battu par tous les vents, cois devant les aberrations qu’on déverse pour vous désarmer. Munis de références dûment assimilées, vous aurez tout un arsenal à votre secours. À vous de devenir d’exercés dialecticiens pour mettre à profit tout ce bagage culturel.
Une remarque qui me paraît importante : formation intellectuelle ne veut pas dire catéchisme idéologique. Vous serez initiés à des auteurs, des pensées, parfois profondes et complexes, parfois plus abordables. Vous aurez à charge de les faire vôtres selon l’alchimie personnelle qui vous appartient. Il y a une grande diversité parmi les candidats. Diversité sociologique (artisan, militaire, ouvrier, étudiants, etc.) ; diversité des profils (intellectuel, manuel, sportif, artistique) ; également, diversité politique. Tous ceux qui sont attachés à la civilisation française et européenne s’y trouvent. Il n’en demeure pas moins que la dimension continentale, européenne est absolument fondamentale.
L’Institut Iliade ne vous enseignera pas la nostalgie mais l’énergie. Nous n’avons pas vocation à devenir d’aimables conservateurs passéistes, qui s’évertuent à esthétiser un passé révolu. Si, parmi vous, certains s’offusquent de l’opprobre jeté sur le mot conservateur, je n’ignore pas qu’il peut recouvrir une acception positive si l’on recourt à son étymologie latine. En effet, Conservator signifie « celui qui sauve ». Nonobstant, la muséification du « vieux continent », face à des peuples plus jeunes, dynamiques, est une attitude à proscrire avec la dernière vigueur. Nous n’avons aucune envie de devenir les moines copistes d’une civilisation défunte, dont les témoignages peuvent être touchants, les sonorités élégiaques de ces chants mortuaires ravissantes. Ces attitudes sont impolitiques au suprême degré, par conséquent absolument stériles dans un combat de redressement de la civilisation européenne qui requiert une volonté de bâtir et de vaincre autrement plus énergique. Nous sommes tous lassés d’être les témoins passifs du délabrement en cours. L’Histoire, qui se fait sans nous, doit faire l’objet d’une réorientation de notre part, nous autres Européens, peuple de conquérants s’il en fut.
Guillaume Faye déclarait dans son livre L’archéofuturisme :
« Il ne faut pas être passéiste ni restaurateur ni réactionnaire, puisque le passé des derniers siècles a généré la vérole qui nous ronge. Contre le modernisme, le futurisme. Contre le passéisme, l’archaïsme. »
Nous devons être d’avant-hier et d’après-demain. Renouer avec le plus profond de nous-mêmes et nous projeter dans le lointain. Une assomption transcendantale du temps présent par la force immémoriale de l’Origine. Et Nietzsche, dont il se réclamait volontiers, écrivait :
« La parole du passé est toujours parole d’oracle. Vous ne l’entendrez que si vous êtes les constructeurs de l’avenir et les interprètes du présent. »
Tout ce que je vous souhaite, c’est d’entendre cette parole qui nous vient du fond des âges. Si tel est le cas, nul doute que vous faîtes partie des constructeurs de l’avenir.
Jean Montalte
Auditeur de la promotion Leonidas de l’Institut Iliade