L’honneur avant la vie : L’éloge du duel, de Bernard Lugan
À quoi reconnaît-on la bassesse d’une époque ? À ce qu’elle ne recherche plus l’honneur ! Le monde moderne est confort, consensus et barbarie… Pour mettre fin aux déchaînements barbares, pour renouer avec la responsabilité, et pour allier enfin l’élégance à la virilité, le président de l’Association pour le rétablissement du duel en matière de presse nous propose avec panache et bravade un éloge du duel pour le moins convaincant.
Pourquoi le duel ? Tout simplement parce que le duel est le symbole à la fois d’un art de vivre, d’une esthétique et d’une « vue du monde ». Art proprement européen, il est l’apanage d’une aristocratie des âmes fortes, celle qui préfère l’honneur à la vie et ne vit vraiment qu’en défiant la mort.
Car le duelliste allie les deux qualités que tout homme digne de ce nom doit réunir : « l’amour de la vie et le mépris de la mort » (Ernst Jünger).
D’Alexandre Dumas à François de Vivonne, en passant par Clemenceau, Barbey d’Aurevilly, Édouard Drumont, Maurice Barrès, Charles Maurras, Tixier-Vignancourt, ou encore l’inégalable Julie Maupin, tous les plus grands noms de l’aristocratie, de la littérature et de la politique – masculins et féminins – se sont livrés au duel… certaines duellistes faisant « ravaler leur virilité » aux plus grands escrimeurs ! Les adversaires de ces joutes plus ou moins légales liaient ainsi leur plume à leur sang, le corps à l’esprit, le verbe à l’action.
Poussé à son paroxysme à la fin du XVIe siècle, le duel devient même un enjeu politique et démographique dans un royaume qui voit sa noblesse saignée au nom de toutes les futilités. Il est dès lors restreint, parfois interdit, sous peine de mort… les juges affichant tout de même une clémence non dissimulée pour les récalcitrants qui cultivaient le point d’honneur, et tel d’Artagnan se battaient « d’autant plus que les duels sont défendus et que, par conséquent, il y a deux fois du courage à se battre ».
Temps béni où le juge n’était pas encore la bouche de la loi ! Et ne la faisait pas non plus… mais respectait les lois immémoriales de son peuple : l’honneur et la filiation !
Codifié au cours du temps, le duel pratiqué devant témoins devient un véritable rite de passage et s’élève finalement au rang de pratique artistique, entourée d’un cadre et d’une tenue qui participent à la beauté du geste autant qu’ils renforcent sa symbolique.
Car plus qu’une histoire de vie ou de mort, le duel est une question de sens, de valeur et d’honneur. Il s’oppose en ce sens au règne de l’argent et porte le souffle d’une vision aristocratique face à la civilisation matérialiste.
Il est le symbole d’une tradition pour laquelle l’honneur est dans le sang, où l’on se bat pour l’honneur des siens, où l’on prend pour offense personnelle la souillure faite à sa communauté. Le duel, c’est aussi l’affirmation du tragique de nos vies, l’odeur de la glaise et la quête des forces telluriques.
Bref ! Une pratique ancestrale, gratuite, simple, indifférente à la vie et indifférente à la mort… quoi de plus séduisant ? Au-delà du motif littéraire et de la source d’évasion, l’auteur de cet essai voit aussi dans le duel un symbole de noblesse face au wokisme castrateur. Bourgeoisie ou aristocratie, telle est encore la question… mais pour l’honneur, il n’est qu’une réponse !
S. M. – Promotion Jean Raspail