Sois viril, toi, l’Européen
« Être viril, c’est être primitif », tel est le leitmotiv du féminisme institutionnel, selon lequel la virilité serait associée au machisme, c’est-à-dire à l’idée selon laquelle l’homme domine socialement la femme.
À l’image d’Ulysse retrouvant Ithaque après dix années d’errance, au comble de l’infortune, il appartient au jeune Européen de retrouver son chemin, de se réapproprier cette vertu tant dévoyée qu’est la virilité. Cet essai n’est pas une tribune contre la féminité. Bien au contraire, il s’agit ici de restaurer l’ordre en chassant les prétendants de la pensée unique qui font rimer virilité avec violence et vulgarité, dans le but à peine masqué de briser le socle de notre civilisation, la famille.
« Être viril, c’est être primitif », tel est le leitmotiv du féminisme institutionnel, selon lequel la virilité serait associée au machisme, c’est-à-dire à l’idée selon laquelle l’homme domine socialement la femme. Un féminisme qui progresse depuis son financement dans les années 1930 par l’industrie américaine du tabac, allègrement soutenu par les « bien-pensants » contemporains, celui qui promeut l’exhibition des poitrines pour valoriser l’image de la féminité. Il s’agirait donc de lutter contre le patriarcat qui oppresserait les femmes depuis la nuit des temps.
Il est primordial de souligner que les Antinoos et les Eurymaques d’aujourd’hui courtisent la femme moderne en véhiculant ce message dans l’unique but d’affaiblir et de soumettre la société traditionnelle au diktat du marché et du « progrès ». À défaut de vouloir épouser Pénélope, ils souhaitent la mettre au travail, pour mieux lui faire dépenser son salaire à grand renfort de publicités passionnées. Peu importe la qualité du tissage, du moment que la toile se vend !
Véhiculer ce message, afin d’individualiser encore un peu plus la société occidentale, est d’autant plus aisé qu’il est difficile à un jeune Européen contemporain de définir ce qu’est la virilité.
Serait-ce la capacité d’un homme à collectionner les conquêtes charnelles ? « J’ai foutu trois femmes et tiré quatre coups, dont trois avant le déjeuner, la quatrième après le dessert », se vante le romancier Gustave Flaubert dans sa Correspondance personnelle. Ou encore, le goût de la violence, la « sacralisation de la force, du pouvoir, de l’appétit de conquête et de l’instinct guerrier » (Olivia Gazalé, Le mythe de la virilité, un piège pour les deux sexes, Robert Laffont, 2017) ?
Ce que le jeune Européen contemporain a d’autant plus de mal à entendre, c’est qu’il n’y a pas de rapport de classe entre l’homme et la femme ; ceci est un leurre pour détourner l’opinion des réelles luttes sociales et une volonté de rendre chaque être humain interchangeable. Il n’y a ni supériorité ni égalité entre les sexes, mais bien une complémentarité naturelle. Virilité et féminité ne s’épanouissent pleinement qu’au contact l’une de l’autre, leur expression n’est possible qu’ensemble. Pour comprendre et expliquer cela, il faut s’émanciper de la caricature qui est faite de la virilité.
La caricature, l’arme absolue de la « bien-pensance »
Caricaturée par le cinéma hollywoodien, la société spartiate, plus exactement la cité guerrière de Lacédémone du VIIe au Ier siècle avant J.-C., semble convenir à l’image que l’on se fait de nos jours de la virilité : un frustre hurlant ne vivant que de violence gratuite. Bien loin de ce qu’était cette cité-état hiérarchisée du Péloponnèse, dans laquelle chaque « Semblable » (Spartiate/homoioi) vouait un culte à la patrie, à l’esprit de sacrifice (seul le citoyen mort au combat avait droit à une tombe nominative), au sein de laquelle l’éducation était une priorité, tant pour les garçons (agogé) que pour les filles, puisque faisait foi l’idée selon laquelle une femme forte donne naissance à des enfants en bonne santé.
Une cité dans laquelle les Semblables n’utilisaient ni or ni argent par souci d’égalité mais payaient un impôt mensuel (orge, vin, fromage) pour assurer les repas quotidiens de la communauté, et où le mariage était fortement incité afin de fonder des familles et donner de futurs citoyens.
Tout comme Sparte, la virilité est caricaturée pour mieux être raillée et reléguée au rang de l’archaïsme. Dans nos sociétés matérialistes, la virilité « acceptée » se réduit au culte du corps ou à la réussite financière, c’est-à-dire à l’aspect le plus superficiel de la nature humaine. Il est donc important que le jeune Européen comprenne ce qu’est la virilité afin de retrouver sa place dans la cité, en se gardant de l’indulgence générationnelle pour les futilités et les plaisirs malsains, sources de désordre.
Qu’est-ce-que la virilité ?
Elle est avant tout une vertu physique et morale, à l’origine de nombreuses autres, mais aussi, et surtout, une vertu fondatrice de la civilisation européenne. La virilité n’est en rien personnifiée par la musculature d’un mannequin d’une maison de mode parisienne, mais se traduit par le kalos kagathos, le « beau et bon » des Grecs. Cet idéal antique de l’harmonie du corps (beau) et de l’esprit (bon) s’exprime également dans le célèbre adage de Juvénal : mens sana in corpore sano, « un esprit sain dans un corps sain ».
Le héros homérique et le modèle grec
Comme le rappelle Sylvain Tesson (Un été avec Homère, Éditions des Équateurs, 2018), le héros homérique possède force et beauté, puisqu’il existe un lien inaltérable entre la puissance physique, la valeur morale et la beauté des traits. « Ils ricanent bien, les Argiens aux longues crinières, qui pensaient voir un champion marcher à l’avant de ses lignes en voyant ta beauté, toi qui n’as ni cœur ni courage ! », dit Hector à Pâris (Iliade, III, 39-55).
Chez Homère, la sagesse n’est pas séparable de l’action et de la force. C’est ce qui cause la fin d’Achille mais le retour d’Ulysse. Cette virilité, c’est le ménos homérique, traduit par Dominique Venner comme la « force du cœur ». La virilité, la vraie, celle d’Homère, celle de l’Europe, est mère de vertus : force, sagesse, honneur. C’est celle de la paideia grecque, de la culture de l’excellence et de la vaillance, tant sur le champ de bataille (aristeia) que dans sa vie d’homme. « À son fils Achille, le vieux Pélée recommandait de toujours exceller et de surpasser tous les autres », se souvient Nestor (Iliade, XI, 784).
Rome, la cité virile
Virtus, Clementia, Justitia, Pietas : ces quatre termes sont gravés sur le bouclier honorifique qu’Octave reçoit en 27 av. J.-C., en même temps qu’il devient imperator sous le nom d’Auguste. Ces valeurs, piliers de la société romaine, correspondent parfaitement à la traduction de la virilité, vertu tant morale que physique. En voici le texte complet : « Senatus / populusque romanus / imp Caesari divi F Augusto / cos VIII dedit clupeum / virtutis clementiae / iustitiae pietatis erga Deos / patriamque », « Le sénat et le peuple romain à l’empereur César Auguste, fils du divin consul pour la huitième fois, ont offert ce bouclier pour sa vaillance, sa clémence, son sens de la justice, son sens du devoir envers les dieux et la Patrie ».
La Virtus, qualité propre du vir, le « mâle », est initialement la qualité physique dont l’homme fait preuve au combat. Elle deviendra, sous l’influence des stoïciens, une valeur également morale qui désigne le courage pour accéder à la sagesse.
La Pietas désigne à la fois la dévotion aux Dieux, le devoir à la famille et le sacrifice à la communauté. Cette vertu est illustrée par Corneille dans sa pièce tragique, Horace. C’est ce qu’Horace déclare à Curiace (Corneille, Horace, acte II, scène III) :
« Rome a choisi mon bras, je n’examine rien,
Avec une allégresse aussi pleine et sincère
Que j’épousai la sœur, je combattrai le frère ;
Et pour trancher enfin ces discours superflus,
Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. »
À ces vertus, est liée la Fides (dont l’équivalent grec est Pistis) fille de Jupiter, déesse de la loyauté et de l’honneur, gardienne de l’intégrité et de l’honnêteté. À la fois fidélité et confiance, foi dans la parole donnée, « elle garantissait les relations entre individus, comme celles établies par les liens d’hospitalité ou le mariage que la poignée de main (dextrarum iunctio) venait sanctionner. » (Gérard Freyburger, Fides, Étude sémantique et religieuse depuis les origines jusqu’à l’époque augustéenne, Les Belles Lettres, 2009)
La morale stoïcienne
La virilité est également personnifiée par le stoïcisme ou plus exactement par la conséquence de la morale de Marc Aurèle ou encore d’Epictète. Elle est alors perçue comme le détachement héroïque face à la mort, l’acceptation du sacrifice. Celle que l’on trouve chez Corneille dans le personnage d’Horace, qui a su traverser les âges et qui trouve un écho dans l’histoire de l’Europe. C’est aussi le sens de la dernière lettre qu’Antoine de Saint-Exupéry écrit à son épouse Consuelo avant de quitter New York :
« Des nuits blanches usées contre un travail que les angoisses non-épargnées rendent plus difficiles à réussir que le déplacement d’une montagne.
Je me sens tellement las.
Et je pars quand même, je ne puis supporter d’être loin de ceux qui ont faim, je ne connais qu’un moyen d’être en paix avec ma conscience et c’est de souffrir le plus possible.
Je ne pars pas pour mourir. Je pars pour souffrir et ainsi communier avec les miens.
Je ne désire pas me faire tuer, mais j’accepte bien volontiers de m’endormir ainsi. »
L’on retrouve, dans ces quelques mots de l’auteur de Citadelle, l’esprit viril de l’Europe, bercé de la magnanimité héritée à la fois de l’éthique de Marc Aurèle et des enseignements bibliques qui ont façonné notre civilisation à travers les âges.
Le Christ et la justice virile
Sous l’impulsion des courants les plus modernes de l’Église, le message du Christ a souvent été dénaturé et travesti. Présenté de nos jours comme le prophète de l’amour, symbole du « vivre-ensemble » actuel, complice zélé d’une immigration massive, le Christ est présenté avant tout comme le messager de la justice, le symbole du soulèvement face à un pouvoir corrompu, celui du sacrifice dans un combat juste.
Loin d’ouvrir ici un débat spirituel, il est aussi possible de considérer que Jésus de Nazareth représente le guide viril, celui qui bâtit, protège et transmet, héritier de l’excellence grecque et des valeurs romaines, face à la bassesse d’un pouvoir hégémonique. L’Évangile selon saint Matthieu (23 :23 et suivants) le précise :
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, car vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et vous négligez les choses les plus importantes de la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité.
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, tandis qu’au-dedans vous êtes pleins de rapines et d’intempérances.
« Pharisien aveugle, nettoie premièrement le dedans de la coupe et du plat afin que le dehors en devienne aussi net.
« Serpents, race de vipère, comment éviterez-vous le châtiment de la géhenne ! »
La chevalerie, la virilité au service de la féminité
Façonnée par l’héritage des héros gréco-romains et pétrie de chrétienté, la chevalerie européenne représente également l’idéal viril. Au-delà de l’héritage du millénaire médiéval (Ve au XVe s.), des prémices de l’Europe du pape Pie II dans son texte Europa à la naissance des terroirs, en passant par le développement urbain et l’émergence d’une conscience de la civilisation commune occidentale, et malgré sa légende noire fondée dès la Renaissance, le Moyen-Âge nous laisse également un témoignage de ce qu’est la virilité européenne, et dont la chevalerie est l’incarnation.
Lors de son adoubement, le chevalier prononçait le serment suivant (Léon Gautier, La Chevalerie, Paris H. Welter, 1895, p.62) :
« Tu croiras à tous les enseignements de l’Église et tu observeras ses commandements.
Tu protègeras l’Église.
Tu auras le respect de toutes les faiblesses et t’en constitueras le défenseur.
Tu aimeras le pays ou tu es né. Tu ne fuiras jamais devant l’ennemi.
Tu feras aux infidèles une guerre sans trêve ni merci.
Tu t’acquitteras de tes devoirs féodaux, s’ils ne sont pas contraires à la loi de Dieu.
Tu ne mentiras point et seras fidèle à la parole donnée.
Tu seras libéral et généreux.
Tu seras partout et toujours le champion du Droit et du Bien contre l’injustice et le Mal. »
Valeurs ancestrales d’excellence, d’honneur, de courage et de justice, dans une société bercée d’amour courtois, dans laquelle la Femme cristallise les espoirs du Guerrier, lui inspirant force et audace en le protégeant par son amour.
La virilité se retrouve donc au service de la féminité : le chevalier est prêt à combattre et périr héroïquement pour sa Dame. « Qui aux dames ne porte honneur c’est qu’il n’a point d’honneur au cœur », telle est la leçon de Chrétien de Troyes (Chrétien de Troyes, Le roman de Perceval).
Cette Dame ne jouait pas seulement un rôle « subalterne » comme le voudraient les préjugés contemporains. En effet, jusqu’à la création de l’université de Paris au XIIIe siècle, où les clercs obtiennent le monopole du savoir, les femmes jouent un rôle majeur dans la transmission et l’apprentissage, de Dhuoda de Septimanie et son Manuel pour mon fils, en passant par Herrade de Landsberg, auteur de notre première encyclopédie et des premiers ouvrages de médecine et de sciences naturelles d’Occident. Sans oublier les femmes de pouvoir, dont l’image porte les traits d’Aliénor d’Aquitaine et de Blanche de Castille, ou encore les femmes d’action. Il suffit de citer la célèbre Jeanne d’Arc, qui trouve sa place au panthéon des grands guerriers français. Ce qu’exprime, jusqu’à nos jours, Le Cor, un chant de tradition :
« Dans le soir d’or résonne, résonne,
Dans le soir d’or résonne le cor.
C’est le cor du gai Du Guesclin,
Harcelant sans fin l’anglais qui le craint.
C’est le cor de Jeanne de Lorraine,
Qui sonne et s’égrène dans la nuit sereine.
C’est le cor du preux Bayard,
Qui dans le brouillard rallie les fuyards. »
Cette société virile laissait pleinement place à l’expression de la féminité. Elle trouve également un écho chez les gentilshommes du XVIIe siècle, représentés dans la littérature par le belliqueux Cyrano (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac) :
« Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ?
Un serment fait d’un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui se veut confirmer,
Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer,
C’est un secret qui prend la bouche pour l’oreille,
Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d’un peu se respirer le cœur,
Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme ! »
Nous sommes loin de l’image véhiculée aujourd’hui, héritée de la pensée des « Lumières », de son mépris du passé, de la tradition et de sa négation de l’héroïsme, source des dérives actuelles. N’est-il donc pas temps de renouer avec l’héritage chevaleresque de l’Europe ?
La virilité vertueuse dans une société sans valeurs
« Il vaut mieux se mettre tout le monde à dos que de se mettre à plat ventre », expliquait Dominique Venner. Pour se réapproprier cet esprit chevaleresque de virilité, le jeune Européen doit balayer du revers de la main les courants de réflexion actuels.
Sous l’impulsion de maîtres à penser comme Michel Foucault, considéré comme l’auteur en sciences humaines le plus cité au monde (The Times Higher Education Guide), cosignataire, à ses heures perdues, avec Sartre, Beauvoir, Derrida et d’autres, d’une pétition souhaitant dépénaliser les relations sexuelles avec les mineurs, la société contemporaine promeut l’interchangeabilité de chaque être humain, la théorie du genre et la figure de l’« autre », doctrines mortifères pour le modèle traditionnel et l’équilibre de la civilisation européenne. Il devient donc vital de rester, ou de redevenir, ce que nous sommes, de conserver notre nature et notre statut d’homme et de retrouver notre place dans la cité et le groupe.
La virilité face à la technique
Selon Heidegger, nous sommes dans le quatrième âge, celui de la technique, ce que Dennis Gabor traduit en ces termes : « Tout ce qui est techniquement faisable, possible, sera fait un jour, tôt ou tard. » Une citation souvent mentionnée comme la « loi de Gabor ». Pour illustrer cette pensée, l’on peut citer l’expérience Biosphère II qui eut lieu dans le désert de l’Arizona entre 1987 et 1991, avec pour objectif de recréer l’écosystème terrestre de façon artificielle.
À l’échelle de la vie quotidienne, cette volonté de repousser toujours plus loin les limites de la nature se retrouve dans les plaisirs malsains et le désordre, dans la volonté de transgresser toujours un peu plus la morale, attitudes encouragées par l’individualisme dogmatique, le libéralisme d’un Locke qui place l’être humain au-dessus de tout, et surtout au-dessus du groupe et de la nature. À l’opposé de ce qu’était l’homme grec, symbole de virilité, qui puisait sa liberté dans le droit à participer à la vie publique en votant sur l’agora et en ayant sa place dans la communauté, signe de sa citoyenneté.
Trouvant racine au cœur de la Révolution de 1789, de l’assassinat du roi de France et de la désacralisation de Dieu jusqu’au long processus de soumission de l’Occident par la liquidation du « mâle blanc » et de l’avènement des minorités dans les sociétés européennes contemporaines, la destruction de la figure du Père semble être la source de la folie actuelle et du manque de repères et de cadre qui pousse chaque être humain à se croire unique et donc « libre » d’assouvir ses moindres désirs au détriment de l’ordre de la cité. Être humain qui, à l’ère de la technique, tend à devenir une simple banque de données interchangeable.
Afin d’apprendre le renoncement, gage de longévité pour la civilisation, et de renouer avec la nature, l’homme doit assumer sa propre nature et sa place dans le groupe, préserver la filiation.
La virilité se révèle donc être la force qui permet à l’homme de ne pas tomber dans la folie de ses pulsions et de ses envies, afin de retrouver sa place dans le clan, de renouer avec ses racines et d’échapper au règne de la technique, et demain, au transhumanisme.
La virilité au service de la famille et de la cité
« Table toujours servie au paternel foyer, Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier », évoque Victor Hugo (Ce siècle avait deux ans, Les Feuilles d’automne, 1831). Aujourd’hui, comment faire face aux tentatives toujours plus viles de dénaturer, si ce n’est de détruire, la paternité, et de facto la famille, dans les mœurs contemporaines, à grands renforts de procréation médicalement assistée (GPA) et autre gestation pour autrui (GPA) ?
En effet, le pater familias reste le maillon à abattre par la « bien-pensance » car il reste le symbole de la virilité, de la virilité physique, intellectuelle et morale, plus encore, le pilier de la famille, le refuge de la résistance dans une société occidentale à bout de souffle, subissant la déliquescence idéologique de ses élites et l’oppression grandissante de l’afflux massif de populations extérieures dans un combat démographique qui s’avère désespéré. Face à l’individualisme, au nihilisme, au libertarisme et au Big Data généralisé, le père de famille est le symbole de l’identité, de l’inscription dans une lignée et de la transmission d’un héritage identitaire et idéologique ; il est responsable de la longévité de son sang et de son histoire.
Le père représente l’autorité légitime. À lui d’être l’éducateur et l’exemple, afin de canaliser les pulsions de l’enfant et de l’éduquer selon un idéal imposant la droiture, l’excellence, le kalos kagathos. C’est le moment de citer le célèbre poème programmatique de Rudyard Kipling :
« Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties sans un geste et sans un soupir.
Si tu peux être un amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, pourtant lutter et te défendre.
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles sans mentir toi-même d’un mot.
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi.
Si tu sais méditer, observer et connaître sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur.
Si tu peux être dur sans jamais être en rage. Si tu peux être brave mais jamais imprudent.
Si tu sais être bon, si tu sais être sage, sans jamais être moral ni pédant.
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite et recevoir ces deux menteurs d’un même front.
Si tu peux conserver ton courage et ta tête quand tous les autres les perdront.Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire seront à tout jamais tes esclaves soumis.
Et ce qui vaut mieux que les rois et la gloire,
Tu seras un homme mon fils. »
Le père, et le mari, est aussi et surtout le protecteur. Le rempart face aux dérives les plus sombres d’une société décadente qui promeut, entre autres, la sexualisation de l’enfant et qui laisse ses traditions civilisationnelles se faire bafouer par des doctrines archaïques, avilissant en premier lieu la femme.
La virilité, vertu européenne façonnée par notre histoire, ne s’exprime que lorsque la féminité rayonne ! Rappelons-nous la leçon d’Héraclite : « La nature aime les contraires, c’est ainsi qu’elle produit l’harmonie. »
Être viril, pour l’Européen égaré au royaume de la falsification, de l’artificialité, de la vulgarité et de la laideur, c’est posséder l’arme qui lui servira à demeurer homme, à défendre sa civilisation, sa terre, sa famille et son héritage.