Le droit des Européens à la continuité historique
Intervention de Thibault Mercier, avocat, au colloque « Fiers d’être Européens » le 7 avril 2018.
L’identité des Européens menacée
La continuité historique d’un peuple implique l’existence d’un passé. Passé conjugable au présent permettant ainsi sa transmission aux générations futures. En Europe, une obligation pénitente de repentance, couplée à un enseignement de l’Histoire sans chronologie et qui fait la part belle aux cultures et civilisations étrangères, empêchent notre peuple de convoquer son passé collectif.
Sans possibilité de transmettre ses traditions, l’identité des Européens s’en trouve menacée. Menacée aussi par une vision droit-de-l’hommiste des libertés, par l’Union Européenne et sa politique immigrationniste. Menacée par des dirigeants politiques qui ont oublié que la fonction première d’un Etat était d’assurer la pérennité des citoyens face aux périls extérieurs et aux guerres intestines. Menacée par des nations qui ont perdu toute idée de puissance pour adopter le modèle uniforme de la société de marché. Menacée encore par une mondialisation qui fait de l’homme un simple agent économique fongible, que l’on déplace au gré des besoins économiques. Menacée enfin par le multiculturalisme qui atomise les individus, nie leur culture autochtone et les contraint à la concurrence de tous contre tous.
Pour cette intervention nous proposons donc dans un premier temps une brève analyse critique des dérives actuelles du droit. Droit qui, nous le verrons, puise ses fondements dans une vision ontologique erronée de l’homme.
Dans un deuxième temps nous tenterons de dessiner les contours sociaux, historiques, culturels ou encore civilisationnels de l’homme Européen et de son peuple, pour ainsi nous permettre de proposer une vision juridique enracinée, respectueuse de ces réalités.
Les dérives droits-de-l’hommistes, vers un droit universel et déraciné
Dès les premières années de Faculté de droit, les étudiants se voient majoritairement enseigner la théorie suivante : le droit serait autonome, il existerait en lui-même et par lui-même et, pour éviter les abus du pouvoir en place, il devrait rester neutre de toute ingérence du politique.
Le droit se fonderait donc sur la simple volonté raisonnable de l’individu et il s’agirait ainsi de le délier de toutes réalités politiques, historiques ou encore culturelles. Il serait donc applicable à toute situation, en tout temps, en tout espace.
Quelle est donc cette théorie ? Il s’agit de celle des Droits de l’homme. Cette fiction juridique fût inventée à l’origine comme une arme défensive contre l’absolutisme de la monarchie. Mais c’est surtout à partir de 1945 qu’elle se développa notamment contre le fantôme d’Hitler et les dictatures de tous bords.
Puisant ses fondements dans la Modernité et le rationalisme des Lumières, cette théorie semblait à l’origine s’élever uniquement contre le despotisme. Au final c’est contre toute forme de politique qu’elle s’est déployée. Couplée à la théorie pure du droit de Kelsen, elle a imposé une neutralité axiologique au politique, entraînant tout naturellement le développement d’un relativisme des valeurs. Désarmé politiquement, l’Etat est donc devenu une coquille vide, un simple gestionnaire qui administre des individus qui décident d’eux-mêmes de faire valoir leurs droits subjectifs que ce soit contre la collectivité ou encore les uns contre les autres.
Selon la pensée classique, seules les décisions ordonnées à une fin respectueuse de l’ordre naturel de la Cité étaient reconnues justes et légitimes. Dorénavant le droit ne se déduit plus que de l’homme, par l’exercice de sa Raison. Ces droits subjectifs existent donc indépendamment de toute réalité objective et permettent à l’individu de façonner la réalité selon son désir. Les droits de l’homme tendent donc à s’imposer partout sans considération des appartenances, des traditions et des contextes. Seul le point de vue subjectif du MOI doit prévaloir, les notions de justice et de bien commun s’effacent alors nécessairement. En conséquence, toute légitime défense sociale, toute idée d’intérêt général ou de salut public se trouvent par avance délégitimées (Cf. Alain de Benoist, Au-delà des droits de l’homme).
On voit alors apparaître une des causes du délitement du lien social en Europe occidentale : l’avènement d’une génération composée d’individus qui considèrent que leurs droits individuels prévalent sur l’intérêt général. L’idée d’une appartenance commune rassemblant les citoyens d’un même pays fait place à une juxtaposition d’individus ne se définissant plus que par leur « droit à avoir des droits ».
Dans nos sociétés modernes en effet, le droit est devenu un avantage délié de toute charge ou obligation, un droit de créance sur la collectivité, un « droit à ».
Prenons par exemple le cas du droit d’asile. A l’origine il s’agissait d’un droit reconnu à l’Etat et non à l’individu. Il était l’apanage d’une puissance souveraine qui décidait elle-même d’accueillir ou non les personnes de son choix en fonction de ses intérêts politiques et diplomatiques. Par une révolution copernicienne, ce privilège étatique est désormais devenu un droit créance de l’individu allogène sur la collectivité, une obligation juridique et morale pour chaque pays occidental d’accepter quasiment sans conditions quiconque s’installerait sur son territoire et ainsi subir impuissant une immigration de peuplement.
L’individu émancipé a donc des droits mais plus de devoirs. Sa liberté devient indépendante de toute participation aux affaires politiques, c’est une liberté de l’individu séparée de la liberté de la communauté politique à laquelle il appartient. Désormais chacun cherche à maximiser son intérêt personnel, chacun peut faire plier la nation sous le poids de son désir égoïste. Nous en sommes arrivés à une opposition de principe entre l’individu et la collectivité.
En pratique, que sont encore les droits de l’homme ? Les droits de l’homme c’est la France condamnée par la Cour européenne du même nom pour l’expulsion hâtive d’un djihadiste (CEDH, 1er février 2018, M.A. c. France). Les droits de l’homme c’est le regroupement familial imposé aux Européens sous couvert de droit au respect de la vie privée et familiale (Conseil d’Etat, Ass., 8 décembre 1978, Gisti – invité à cela par le droit international et notamment l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales qui reconnaît également le droit pour chacun au respect de sa vie familiale) – oubliant hypocritement que cette vie familiale peut parfaitement s’exercer dans le pays d’origine. Les droits de l’homme c’est le développement de la gestation pour autrui (CEDH, 26 juin 2014, Mennesson c. France), soit la traite d’êtres humains. C’est aussi le droit de choisir son sexe au détriment de toute réalité biologique (CEDH, 27 mars 1996, Goodwin c. Royaume-Uni et CEDH, 10 mars 2018, Y.Y c. Turquie). Les droits de l’homme c’est l’idée qu’un clandestin, qui séjourne illégalement sur un territoire donné, aurait un droit absolu à y rester au détriment de toute législation nationale, qui, même votée démocratiquement, est vu comme illégitime. Les droits de l’homme c’est encore le droit, pour n’importe quel voyou impénitent, à une créance inconditionnelle vis-à-vis de la Société, c’est-à-dire en pratique à l’encontre des honnêtes gens. C’est le droit pour l’étranger d’imposer ses mœurs et coutumes aux citoyens autochtones. Les droits de l’homme c’est la logique mercantile qui prime sur les intérêts nationaux. Les droits de l’homme c’est, enfin, la tyrannie des minorités.
En effet, dans une société où les identités particulières sont publiquement glorifiées, où il est de bon teint d’afficher une repentance xénophile, nous assistons impuissants à un mouvement incontrôlé de revendications d’individus ou d’associations défendant leurs intérêts catégoriels. SOS Racisme, la LICRA, les associations de défense des LGBTIQ (dont l’acronyme s’allonge un peu plus chaque année), sont autant d’organisations stipendiées qui réclament répressions et persécutions contre toute personne ne respectant pas leur doxa antidiscriminatoire.
Au nom d’un moralisme indépendant de toute théologie ou métaphysique supérieure, l’Occident a sécularisé et judiciarisé la dialectique du Bien et du Mal. Alors que la morale ne doit avoir de sanction que dans la voix de la conscience, celle des droits de l’homme a perverti notre droit qui a désormais pris les signes d’une religion d’Etat – une religion qui a son dogme : l’antiracisme, ses lois réprimant le blasphème : les lois Gayssot et Pleven, ses prêtres et inquisiteurs : les juges et, enfin, ses grenouilles de bénitier : les associations antiracistes.
Selon le Professeur Jean-Louis Harouel, cette religion, obsédée par la non-discrimination, se caractérise par « une détestation obsessionnelle des sociétés occidentales, de ce qui reste de leur ordre social, de ce qui demeure de culture et de savoir vivre dans leurs classes supérieures et moyennes ainsi que de bon sens dans leurs classes populaires, (…) de ce qui subsiste encore dans ces pays d’attachement à leur histoire, à leurs tradition, à leur passé, à leur roman national (Jean-Louis Harouel, Les droits de l’homme contre le peuple).
Désormais les droits de l’homme et ses dérives moralisatrices, compassionnelles et infantilisantes exposent chaque peuple européen à voir des individus mettre à profit ces droits pour travailler à le détruire, pour faire prévaloir leur mode de vie et leurs valeurs, au détriment de ceux de la communauté historique.
Un droit fondé sur une vision erronée de l’homme
Les déclarations des droits de l’homme de 1789 et 1948 ont donné des droits à l’homme mais se sont trouvées incapables de répondre avec précision à cette question fondamentale : « qu’est-ce que l’homme ? ».
Pour les philosophes des Lumières, l’homme existerait préalablement et indépendamment de toute société. Dès lors, il n’y aurait pas d’hommes particuliers mais seulement un Homme – universel – qui serait le même en tout point du globe. Pour émanciper cet individu, il s’agirait alors de briser les liens organiques qui le rattachent à ses collectivités réelles, comme sa famille à sa patrie. Ainsi, l’individu ne serait plus subordonné qu’à une collectivité abstraite : l’humanité.
Mais à trop vouloir promouvoir cette humanité globale et abstraite, nous en sommes finalement arrivés au démantèlement des identités concrètes. La promotion incessante d’un métissage global, qui consiste à rechercher le plus grand dénominateur commun, a eu l’effet pervers d’appauvrir les différences et de rendre l’être humain interchangeable dans une humanité uniforme. « La folie du moment est d’arriver à l’unité des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l’espèce entière » pointait justement Chateaubriand dans ses Mémoires.
L’égalitarisme forcené et le relativisme des Lumières ont eu pour conséquences d’engendrer la création d’un homme pris comme une simple unité au sein d’une masse indifférenciée. Si tous les hommes se valent et s’ils sont fondamentalement les mêmes, il n’est donc plus possible de reconnaître la personnalité unique de chacun. Ils apparaîtront alors, non pas égaux mais semblables, non pas irremplaçables, mais au contraire interchangeables.
En effet, quel est donc l’homme issu de cette philosophie ? C’est un individu fongible et abstrait, pris en dehors de l’histoire, de son passé et de sa patrie. C’est un atome asexué, un homme nouveau dont les pseudo-droits n’expriment plus que les désirs. C’est un homme vidé de sa substance, sans couleur et sans race. Ce n’est plus un homme ni une personne mais un simple matricule de la méga-machine planétaire. Ce n’est plus qu’un agent qui produit et consomme et dont la valeur est indexée sur son utilité marchande.
L’homme est devenu un outil que l’on trimbale d’un pays à un autre au gré du Marché.
Comme l’a montré Julius Evola (Julius Evola, Chevaucher le tigre), l’erreur et l’illusion du libéralisme et du marxisme consiste à penser que la misère existentielle de l’homme se réduit à souffrir de la pauvreté matérielle. En conséquence, seule compterait désormais l’élévation des conditions matérielles d’existence. C’est cette vision erronée de l’homme qui justifie aujourd’hui le droit à la libre circulation des personnes et fonde la logique immigrationniste contemporaine.
L’homme européen et son peuple
Joseph de Maistre déclarait (Joseph de Maistre, Considération sur la France) n’avoir jamais rencontré l’homme de sa vie, mais qu’il avait vu, en revanche, des Français, des Italiens, des Russes ou encore des Persans. En effet, l’homme « en soi » n’existe pas. Nous savons depuis Aristote qu’il est un animal politique, un être historiquement engendré et qui devient humain par son insertion dans une culture. Il n’existe donc que des hommes concrets, fils de leurs pères, d’une terre, d’une époque, d’une histoire et d’une civilisation.
A la notion abstraite d’homme nous opposons celle de personne : différenciée par ses qualités, ses attaches anthropologiques et culturelles, qui le distinguent de tout autre et le rendent fondamentalement inégal et unique. Ses déterminismes ne viennent pas l’asservir mais lui offrent au contraire le bénéfice de nombreuses solidarités naturelles et gratuites et lui l’arment face aux totalitarismes étatique et économique.
De cette conception de la personne découle logiquement la notion de peuple. En effet qu’est-ce qu’un peuple ?
Le peuple n’est pas le laôs que l’on perçoit chez les marxistes et les libéraux, c’est-à-dire la « population présente », assise sur le droit du sol, cette masse déracinée d’individus de toutes provenances et qui rassemble des gens pris au hasard, en les liants par un simple contrat. Cette vision contractuelle du peuple et de la nationalité est bancale : « Ce n’est pas notre volonté qui nous a faits Français (…). On ne choisit pas plus sa patrie – la terre de ses pères – que l’on ne choisit son père et sa mère. » écrivait Maurras (Charles Maurras, Mes idées politiques).
Non ! le peuple, c’est au contraire l’ethnos, une communauté fondée sur l’héritage, la culture et la mémoire. Un groupe d’individu ne devient un peuple que s’il partage les mêmes origines, s’il habite un lieu et ordonne un espace, s’il se donne des directions ainsi qu’une frontière entre l’intérieur et l’extérieur. C’est donc une conception ethnoculturelle du peuple que nous opposons à une conception contractuelle. Selon les propres mots de Dominique Venner, « l’Europe n’est pas née des traités de la fin du XXe siècle. Elle est issue de peuples frères qui, entre la Baltique et l’Egée, sur quelques milliers d’années, donnèrent naissance à une communauté de culture sans égal (Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens). »
Refonder le droit sur les réalités anthropo-culturelles européennes
Et c’est sur ces réalités anthropologiques et culturelles et sur ces conceptions de l’homme et du peuple, que nos libertés publiques doivent s’appuyer. Il est nécessaire de sortir de la logique universaliste des droits de l’homme pour revenir à la notion classique de libertés publiques. Notion qui était d’ailleurs initialement enseignée dans les Facultés de droit.
C’est en effet à l’intérieur d’un cadre donné et d’un système juridique déterminé : la Cité, que peuvent s’exercer nos libertés politiques. A la différence des institutions et des cours de justice internationales, illégitimes et antidémocratiques, seule cette Cité, peut permettre l’effectivité et la sanction de nos libertés. Face à l’idéalisme des droits de l’homme, c’est précisément cette effectivité du droit et sa dimension démocratique que privilégie la notion de “liberté publique”.
Ces libertés publiques sont par ailleurs respectueuses de l’histoire et de la pratique locale. Elles naissent et se développent de façon coutumière. Toute liberté publique n’est point concevable en tout lieu, mais chacune prend sa source dans la terre, l’espace et le temps.
A l’heure d’une mondialisation uniformisatrice, comment faire ressortir cet esprit de Cité ?
A l’international, c’est en défendant un monde multipolaire. Carl Schmitt (Carl Schmitt, Le Nomos de la terre) a bien montré que chaque grande puissance régionale doit pouvoir mettre en œuvre son projet politique. Ces grandes puissances sont celles qui disposent d’un vaste espace géographiquement et historiquement déterminé ainsi que d’une population homogène et porteuse d’une civilisation. Ces grands espaces reposent sur le principe d’inviolabilité des frontières. Il suppose en conséquence le principe de non-intervention, à l’opposé du droit d’ingérence moderne, dont les Etats-Unis usent et abusent.
Au niveau européen, c’est en reprenant conscience de nous-mêmes que nous pourrons protéger notre civilisation. Juridiquement, il est fondamental de revenir à la distinction légitime entre citoyen et étranger – cette discrimination fondatrice de tout ordre politique, nécessairement particulier. En Occident, le combat contre les discriminations ne connaît plus de limites et interdit désormais toute différenciation légitime. Une conséquence parmi tant d’autres est qu’il est désormais impossible pour les nations européennes de se définir et de se préserver face à la menace que représente l’idéologie multiculturaliste.
Il est donc primordial de repenser la notion de discrimination. En effet, qu’est-ce que discriminer ? Selon l’Académie française, c’est l’« action de distinguer une personne, une catégorie de personnes ou un groupe humain en vue d’un traitement différent d’après des critères variables ». A la base de toute pensée et de toute action, il y a une discrimination. Discriminer c’est tracer des frontières et définir des limites. Discriminer c’est préférer, catégoriser et même faire des amalgames. Sans distinction il ne peut exister d’altérité et donc d’identité.
D’ailleurs au nom de quel grand principe un Etat devrait-il garantir sur son territoire les mêmes droits (notamment les mêmes droits-créances) à ses citoyens et aux étrangers ? Donner des droits, sans critères de lien commun, de volonté de vivre ensemble ou de cotisation aux systèmes sociaux, c’est faire sauter toute idée de Nation, c’est faire-fi de toute idée de devoirs. Refuser cette discrimination à un Etat c’est lui interdire de défendre ses citoyens, voire lui imposer de financer des intérêts contraires.
On voit donc apparaître en filigranes la nécessité de mettre en place une préférence nationale, ou, à une époque où la nationalité se résume à une carte d’identité et à un droit de créance sur l’Etat : une préférence de civilisation. Cette dernière ne serait pas fondée sur l’appartenance formelle et juridique à un Etat-Nation, mais à une communauté ethno-culturelle.
Sortir du juridisme
Pour que les Européens puissent retrouver le droit à la continuité historique, il conviendra paradoxalement de sortir de la logique juridique. Comme l’écrivait le doyen Carbonnier (Jean Carbonnier, Droit et passion du droit sous la Ve République), le droit ne doit pas être seul à régler la vie de la société et à imposer aux hommes une certaine unité de conduite. Il existe des règles immatérielles et intangibles qui échappent au droit ainsi qu’au bon vouloir du juge et du législateur.
Le multiculturalisme et l’individualisme semblent nous empêcher de développer ces outils antiques de régulation. Pourtant, ancrée au fond de l’âme européenne, il existe encore une éthique de la force et de la volonté, de la pudeur et de la dignité. Il n’appartient qu’à nous de la convoquer.
Nul besoin de contrat quand l’honneur et le respect de la parole donnée vous enjoignent à remplir vos engagements. Nul besoin de la froide règle du droit qui impose une solidarité forcée quand des liens organiques et culturels vous invitent au don et à la charité du cœur. Nul besoin de lois antiracistes quand le sens de la dignité vous interdit d’exiger un droit à être protégé d’un quelconque propos « haineux ». Jamais un homme digne ne pourrait demander, sans s’étouffer de honte, d’être légalement protégé du rire des autres, de leurs propos désobligeants ou de leur « phobie » supposée.
Cette culture de la victimisation est totalement étrangère à la pudeur helléno-chrétienne. Au XVIIe siècle notamment, on considérait stoïquement que l’étalage de chagrin était une faiblesse ou une disgrâce. Un honnête homme tenait la maîtrise de ses sentiments pour une élégance.
A l’opposé des valeurs contemporaines compassionnelles et pacifistes, c’est au contraire une certaine fermeté et le goût de l’orgueil et de l’honneur, qui sont autant de valeurs dites archaïques, qui pourraient prévaloir dans la crise migratoire. Dans une société culpabilisée par la pénitence et où règne l’égalitarisme, il est nécessaire de revenir aux idées de force et d’autorité. C’est en étant ferme que l’on pourra être juste. L’Europe ne pourra accueillir plus de migrants qu’au prix de sa propre disparition.
Le devoir des Européens à la continuité historique
En conclusion, rappelons qu’un droit ne peut aller sans devoir ni responsabilité. La liberté est indissociable d’une participation active à la vie publique. Nous l’avons montré, un droit n’est pas qu’un pouvoir. Nous ne pouvons réclamer à un droit à notre continuité historique sans également prendre conscience qu’il est de notre devoir d’assurer cette transmission.
C’est une lutte politique noble pour la préservation de l’identité européenne mais également de l’identité des autres peuples. Eux aussi sont menacés par l’idéologie dissolvante du mondialisme. Au sein de ces peuples habitent et vivent des personnes qui parlent chacune une langue, partagent un mode de vie spécifique et une culture qui leur est propre et qui doivent être protégés notamment de par la diversité qu’ils apportent au monde. C’est une écologie des civilisations qu’il s’agit de développer.
Orwell nous a appris que contrôler le passé permettait de contrôler l’avenir. A nous de nous réapproprier notre passé et d’utiliser cette énergie du souvenir pour vivre en Européen et transmettre notre héritage millénaire.
L’Histoire n’est pas écrite d’avance, il n’y a pas de sens de l’Histoire : l’épopée de Jeanne d’Arc, la Reconquista ou l’effondrement du communisme sont autant d’exemples nous interdisant tout défaitisme. Là où il y a une volonté il y a un chemin, il n’appartient qu’à nous de retrouver la fierté et le droit d’être européens.
Thibault Mercier