Institut Iliade

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Présentation de la Promotion Dante

Combattre la société du Même, tenir à distance le laid, et protéger notre enclos civilisationnel. Telle est notre ambition.

Promotion Roi Arthur

Nous, qui nous engageons à l’Institut Iliade, nous n’abandonnons pas toute espérance. Jamais nous n’abaissons la garde, et notre citadelle intérieure demeure inexpugnable. Nous savons le patrimoine européen unitaire et inscrit dans la longue durée. Il fonde ce que nous sommes. Nous ne connaissons que trop bien les luttes quotidiennes dans lesquelles, Européens d’alors, nous sommes engagés. Combattre la société du Même, tenir à distance le laid, et protéger notre enclos civilisationnel. Telle est notre ambition.

Nous, de la XIe promotion Iliade, qui avons choisi Dante pour figure tutélaire, et tenons à honorer son héritage, sept siècles après sa mort. Nous lui sommes redevables d’avoir tâché, toute sa vie durant, de réconcilier ethnos – il a inventé l’identité de son pays, née de la beauté de la langue et de la littérature, bien avant la naissance de l’État italien – et polis – Florence, la Cité au lys rouge, était la ville la plus importante de toute l’Italie à l’époque du Poète, et, partant de tout l’Occident. Son implication dans les conflits florentins opposant guelfes, partisans du pape et gibelins, fidèle à l’empereur germanique, est riche de sens. Dante a incarné en son temps l’engagement absolu, au risque de subir l’exil, d’être condamné à mort. Mais Dante, ainsi qu’il l’a lui-même prophétisé, a mené dans son œuvre littéraire son ultime bataille, et son apothéose posthume a ceint à jamais son front des lauriers de la victoire. Ce grand homme est passé à la postérité ; peut-on en dire autant des ennemis qui ont été les siens ? Cette détermination, cette volonté à ne pas renoncer, incarnée chez l’Européen à travers la triade pensée-parole-action, nous la traduisons par une attitude, une tenue, celle de ne jamais être passif devant notre Histoire, d’en être les acteurs d’aujourd’hui et de demain. Nous nous devons d’y prendre part, de partager un destin commun : « Là où est l’un, il faut amener l’autre, / pour que brille ensemble leur gloire, / puisqu’ils ont combattu le même combat » (Paradis, chant XII, vers 34-36).

Avoir Dante pour nom, c’est se pourvoir – en se plongeant dans la Divine Comédie – d’une imagination visuelle capable de suivre celle du rhapsode dans une admirable vision de l’univers – que seul Botticelli est parvenu à dépeindre –, où la matérialité des lieux, déjà éblouissante, n’est que le support de tout ce que le génie européen a pu suggérer. De là le caractère dantesque de tout ce qu’a pu engendrer l’Europe ancienne et moderne de grandiose et de terrifiant, d’immense et de médiocre, de noble et d’infâme. Mais toujours la lumière des étoiles, chères à Dante, de triompher. Puissent-elles nous guider, comme un fanal dans la nuit où déjà, hélas, rôde le loup déchaîné. Le disciple de Virgile a représenté dans son œuvre un monde puissant, terrible et supraterrestre, un parcours semé d’embûches, comme des épreuves pour notre vie. Nous, stagiaires de l’Institut Iliade, nous suivons les pas de nos pairs, ancêtres et contemporains, car nous éprouvons le besoin de découvrir, de toujours quérir l’aventure, sentiment inhérent à l’homme européen.

Invoquer Dante, c’est pour nous, filles et fils de l’Europe, reconnaître son voyage initiatique depuis les ténèbres vers la lumière comme un cheminement intellectuel et spirituel nécessaire. C’est faire siennes les valeurs déjà courtoises chez Dante, telles qu’elles apparaissent dans la Vita nuova. À l’heure de leur délitement, où la seule ostentation consiste à n’être que jouissance, à éructer sans décence, il nous appartient de recouvrer dans les œuvres de Dante l’expression de l’amour et de l’amitié véritables. À l’heure où sont promus les mous et les lâches, les retors et les cauteleux, autant d’êtres méprisables aux yeux de Dante, il faut penser sa vaillance, car « le courage, dit Euripide dans ses Fragments, n’est rien sans la lucidité ». Ainsi tenons, fermes, contre vents et marées, et accomplissons le destin qui nous a été attribué. L’heure est à la reconquête culturelle. À l’heure où le dernier des hommes, l’œil fou, achève frénétiquement en la campagne l’arbre blanc à grands coups de haches et le remplace par une engeance métallique du dieu des vents, le réenchantement du monde s’impose, après s’être nourri de la Comédie. L’appel de la nature se fait pressant et nous retournerons bientôt aux forêts. À l’heure où le sacré est dévoyé, où l’esprit libre rencontre de vives censures, où l’on se complait dans une lucidité morfondue, l’éveil des « consciences assoupies », ainsi que le disait Dominique Venner, s’avère désormais plus que nécessaire. Puissent les antiques préceptes, et la sagesse de Dante nous guider, alors que gronde déjà le Ragnarök et que les dieux se meurent. L’embrasement du monde sera effroyable, annonciateur de notre fin, si rien n’est entrepris afin de lutter contre. Si sursaut il y a, lors la catastrophe – vision dantesque – passera, car après tout, ainsi que le dit la Völuspá (La Prophétie de la Voyante) : « Le mal de tout sera guéri, Baldr va revenir » (strophe, 62). C’est la lumière que nous éclaire, jeunes Européens enracinés que nous sommes ; elle adviendra certainement depuis les étoiles.