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Présentation de la Promotion Richard Wagner

Prendre pour figure tutélaire le père de l’Anneau du Nibelung, c’est se donner pour modèle l’initiateur d’une vision du monde nouvelle, tranchant avec la conception matérialiste rationaliste et égalitaire, et renouant avec nos mythes éternels.

Promotion Roi Arthur

« Ô Wagner illustre parmi les Hommes, comme les voix de ta légende portent loin, comme ta renommée de musicien est grande ! Et pourtant ils ne savent pas que tu es bien davantage encore »

Dans un monde où règnent l’uniformité, l’immédiateté et le désenchantement, bon nombre d’Européens se voient sombrer dans un marasme nihiliste, pensant se satisfaire par des contentements toujours plus faciles d’accès et abrutissants. Pourtant, nous croyons qu’il est une sortie de cet archipel des Bermudes sociétal – et que la musique peut en sonner le tocsin, participant brillamment au réveil des consciences européennes. « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » écrivait Pascal. Nous lui opposons Musique et Poésie. C’est pour cette raison que nous, XVème promotion de l’Institut Iliade, avons décidé de nous placer sous l’égide de l’éminent poète et compositeur européen Richard Wagner.

Prendre pour figure tutélaire le père de l’Anneau du Nibelung, c’est se donner pour modèle l’initiateur d’une vision du monde nouvelle, tranchant avec la conception matérialiste rationaliste et égalitaire, et renouant avec nos mythes éternels. Car Wagner n’a pas seulement construit une œuvre monumentale par sa densité et sa perfection formelle. C’est à l’intérieur de l’Homme, dans le creuset de la conscience européenne – là où fusionnent les images, les mots et les sons – qu’a lieu sa véritable révolution. Une révolution qui permettra à l’Art d’atteindre une nouvelle dimension ; celle de l’Art total.

L’Allemand bouleverse l’organisation d’un Opéra qu’il sera désormais plus exact de nommer « Drame musical ». Il plonge la salle dans l’obscurité, enterre l’orchestre dans la fosse invisible des spectateurs et repense la musique orchestrale pour lui faire dire ce que la parole humaine ne peut exprimer. Mais surtout, il voit le Drame musical comme un tout indivisible. Seul, il écrit la musique, met en scène, écrit les paroles.

Richard Wagner nous permet de nous plonger comme jamais avant lui dans l’éternité du mythe, de mieux l’appréhender et donc de mieux nous en inspirer.

« Wagner n’est pas seulement musicien, et il n’est pas un musicien comme les autres. Il entend être, il est Wort-Ton-Dichter, « poète par le verbe et par le son » – et par le geste aussi, élément indispensable à la réalisation de l’œuvre d’art total, du Gesamtkunstwerk [1]. »

Initié par une « action de la musique », ce nouveau mythe qualifié de « surhumaniste » par Giorgio Locchi, sera plus tard formulé philosophiquement par Friedrich Nietzsche. Il place l’homme au sein d’une Histoire ouverte, où le passé n’est plus figé, mais continuellement réactualisé, et l’avenir incessamment réimaginé. En effet, la musique illustre parfaitement le fait que le temps n’est pas une simple succession d’instants séparés les uns des autres. C’est ce que rappelle Husserl, décrivant l’écoute musicale comme un continuum, où l’écoute des notes présentes, s’appuyant sur le souvenir des notes précédentes, tend notre conscience vers l’attente des notes futures.

Cette conception ouverte du devenir est l’opportunité pour les Européens de se saisir de leur destin, et de reprendre la plume de leur Histoire propre. Richard Wagner nous en a montré la voie en érigeant, sur sa colline sacrée, un temple entièrement dédié à l’Art total, un temple consacré à sa vision de l’Art comme religion : le palais des festivals de Bayreuth. Les rois et les empereurs, les artistes et les poètes faisaient tous acte de pèlerinage pour l’entendre chez lui, dans son temple, comme s’il était d’une autre essence qu’eux, d’une essence supérieure, surhumaine.

De l’œuvre de Richard Wagner, outre cette continuité soulignée par des leitmotivs, c’est évidemment l’ampleur qui ressort. Cette dernière aura été rendue possible par une extension de l’utilisation des instruments à vent, jusqu’ici groupés par deux dans les orchestres, que Wagner ira jusqu’à doubler, afin qu’ils puissent, non simplement ponctuer le discours musical, mais bien en prendre parfois la tête, tout en démultipliant le potentiel de puissance et d’expression d’un orchestre devant évoquer des thèmes d’une grandeur inégalable.

Tourné vers le devoir d’agir, le héros wagnérien nous rappelle cette citation du Faust de Goethe « Au commencement était l’action ! ». Nous, XVème promotion de l’Institut Iliade, aspirons à prolonger et étendre cette vision du monde surhumaniste, inspirés par notre figure tutélaire Richard Wagner. Elle déterminera le futur des Européens.

Promotion Richard Wagner

Notes

[1] Giorgio Locchi, Wagner Nietzsche et le mythe surhumaniste