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Macron-Créon, Castex, ubuesque

Ce délire autoritariste n’est pas neutre : il sert les intérêts des « dealers » de propagande comme ceux des commerçants à distance : Amazon, Ubereats, Deliveroo et tant d’autres.

Macron-Créon, Castex, ubuesque

Dans la tragédie antique, Antigone s’oppose à Créon. Malgré les ordres, à ses yeux illégitimes, du pouvoir, Antigone rend les derniers honneurs à son frère Polynice parce que les lois divines sont plus importantes que les lois humaines. Depuis Sophocle, l’opposition entre Créon et Antigone est au cœur de la pensée européenne : chez les auteurs latins, chez Dante, Racine et Hölderlin, plus près de nous chez Anouilh, Brecht et Yourcenar.

Tyran sanitaire, Macron est un nouveau Créon. Lors du premier confinement, il a envoyé ses gendarmes interdire à des fils d’accompagner de leur présence des pères mourants. À des femmes de rendre visite à des maris malades. Les honneurs funèbres ont été prohibés. Pour le reconfinement c’est la même philosophie qui prévaut : pas plus de six personnes pour une fête de famille, moins de 30 pour des funérailles et une obscure secrétaire d’État nous en prévient : ce sera un « Noël de combat ». Pas question de fêter dans la joie la naissance du Christ et le retour du soleil. En attendant participer au sacrifice de la messe reste interdit pour les Catholiques. Le virus préférant apparemment contaminer 80 personnes dispersées dans une église que 800 concentrées dans un hypermarché.

C’est que derrière Créon-Macron, il y a Ubu-Castex mettant en œuvre des décisions absurdes. Fermant les commerces de proximité pour le plus grand bénéfice du grand commerce. Puis devant le tollé, interdisant au grand commerce de vendre les « produits non essentiels ». Mais qui les définira ? Des sous-chefs de bureau ? La prédiction de Tocqueville se réalise :

« L’État moderne ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète et il réduit chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger. »

Les buralistes et les kiosquiers restent ouverts mais les librairies sont fermées et les grandes surfaces commerciales affichent fièrement : « la vente de livres est interdite ». Voilà qui fait écho à Ernst Jünger :

« Peut-être distinguera-t-on (…) deux classes d’hommes, les uns formés par la télévision, les autres par la lecture. »

Ce délire autoritariste n’est pas neutre : il sert les intérêts des « dealers » de propagande comme ceux des commerçants à distance : Amazon, Ubereats, Deliveroo et tant d’autres. Comme si l’objectif implicite de Macron-Créon était de supprimer tout lien interpersonnel entre un vendeur et un acheteur, tout lien direct entre un bien et son possible acquéreur pour le remplacer par l’intermédiation d’un robot. La livraison du produit étant assurée par un esclave… Pour préparer un monde d’amazombie dont les habitants seront enfermés derrière des écrans.

Certains biens sûr ne manqueront pas d’objecter qu’il faut bien faire face à la terrible menace du coronavirus. Parlons-en. C’est plus qu’une simple grippette et il y a beaucoup plus de patients hospitalisés et en réanimation que lors de la sévère épidémie de grippe de 2017/2018. En l’état, selon l’INSEE, de l’ordre de 25 000 morts de plus en 2020 qu’en 2019. Pour autant ce n’est pas une grande peste : aucune victime parmi les enfants, très peu de « morts prématurés »  chez les moins de 65 ans. Comme pour le cancer, les maladies cardiovasculaires, les affections neurologiques, les infections virales et bactériennes. La grande faucheuse moissonne surtout chez les plus âgés. Tout au plus le coronavirus est-il une maladie infectieuse de plus qui a pris en partie la place de la grippe, des infections pulmonaires classiques et des gastro-entérites.

L’impact démographique reste à venir : sans doute moins en nombre de morts qu’en chute du nombre de naissances. Cela reste à vérifier (les chiffres des grossesses doivent déjà être connus) mais il est à craindre que la peur de l’avenir pèse sur le désir d’enfant. À terme, il est permis de redouter une cohorte d’enfants 2021 plus étroite que les précédentes et plus atteinte encore par le Grand Remplacement. À suivre.

Allons au-delà de ces considérations, le confinement bureaucratique à la Créon-Macron, Ubu-Castex pose deux questions fondamentales : jusqu’où un homme peut-il renoncer à vivre pour éviter de mourir ? Fin de toute façon inéluctable… Et puis croit–on sérieusement qu’un peuple qu’on maintient dans une trouille permanente mérite et a des chances de survivre ? Comme le dit le philosophe Michel Maffesoli :

« Le danger guettant chaque civilisation ce n’est pas la mort, mais bien la peur de la mort. C’est en acceptant de vivre sa mort de tous les jours que l’on peut mériter de vivre. »

Jean-Yves Le Gallou