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Les nobles voyageurs, de Christopher Gérard

L’objet de ce livre est simple : présenter une recension, « une sorte d’encyclopédie parallèle ou de bréviaire lacunaire, à la subjectivité assumée, avec ses béances et ses partis pris » de nombreux auteurs choisis par goût et non par devoir ou obligation.

Les nobles voyageurs, de Christopher Gérard

Les nobles voyageurs, quel titre fascinant pour une invitation au voyage dans un univers littéraire aussi vaste que peu visité. Dans cet ouvrage récemment édité par la Nouvelle librairie, Christopher Gérard offre à tous une découverte de ses amours littéraires. S’il ne s’agit pas d’une réédition, ce second livre emprunte beaucoup à son premier, Quolibets, s’enrichissant de plus de 50 auteurs ou mécènes de la littérature, et le succès du premier augure de la bonne réception du second.

L’objet de ce livre est simple : présenter une recension, « une sorte d’encyclopédie parallèle ou de bréviaire lacunaire, à la subjectivité assumée, avec ses béances et ses partis pris » de nombreux auteurs choisis par goût et non par devoir ou obligation. Et le classement des auteurs par ordre alphabétique donne à réfléchir et à rire sur la composition éclectique du monde littéraire. Passer de Jacqueline de Romilly (française passionnée de la Grèce) à Joseph Roth (auteur austo-hongrois) ou de Patrice Jean (recommandé par Olivier Maulin) à Ernst Jünger (reconnu par tous) donne un tournis bien normal aux lecteurs d’un style ou d’un autre en particulier. Car il est certain qu’il faut reconnaitre l’immense capacité de Christopher Gérard de passer d’un genre littéraire à un autre sans la moindre difficulté. Ainsi présente-t-il Dimitri, premier éditeur de l’Âge d’Homme, qui se définissait comme « un grand pessimiste, mais qui croit à la transmission de la vie » après avoir donné parole à Luc-Olivier d’Algange « dont l’objectif est toujours de « sauvegarder en soi, contre les ricaneurs, le sens de la tragédie et de la joie » ».

Le style que l’auteur de ces Nobles voyageurs est d’ailleurs très agréable à lire, à picorer. En effet, ce « panthéon d’irréguliers » ayant été écrit pour diverses presses écrites ou numériques, quelques répétitions se révèlent si le lecteur enchaîne nom après nom alors que la délicatesse du ton, les subtilités de la langue française et la variété des personnes rencontrées sont un vrai régal pour l’amoureux des lettres et de la transmission d’un idéal européen. La manière qu’il a de se dévoiler dans ses choix de lectures et dans ses références explique aussi parfaitement le sous-titre de l’œuvre : journal de lectures. L’affirmation de ce qu’il appelle ses « éducateurs d’âmes » révèle aussi la fermeté de caractère de l’auteur. « Matzneff, Jünger, Cioran, auxquels il faut ajouter Jacques Laurent et Alexis Curvers : mes principaux éducateurs de cette époque, à l’influence autrement plus profonde, pérenne que celle des «créatures ministérielles » rencontrées à l’université ou ailleurs.

Et si son livre donne à penser aux ouvrages inégalables de Jean Mabire Que lire ?, la légèreté de ton, qu’un parti pris affirmé permet, fait toute l’originalité des considérations littéraires qui sont livrées ici. Tout un chacun désirant ou recherchant une vaste gamme de lecture peut ici trouver un choix éclairé et varié qui ne peut qu’enrichir une bibliothèque recherchant tour à tour du beau, des réflexions sur le vrai ou le repos du bien.

Sixtine ChatelusPromotion Jean Raspail