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Le carnaval niçois, tradition populaire et multiséculaire

Le premier écrit relatant le carnaval niçois remonte à l'an 1294 par le comte de Provence, Charles II, duc d'Anjou.

Le carnaval niçois, tradition populaire et multiséculaire

Niçoise de naissance et de cœur, Céline Pondard vous propose un tour d’horizon des traditions du comté. Elle vous emmène dans sa ville où le carnaval est une tradition populaire et multiséculaire. Marquant la fin de l’hiver, il célèbre une période où l’imaginaire devient réalité, où petits et grands sont émerveillés. Un joyeux charivari qui nous donne rendez-vous tous les ans avec la tradition niçoise. Entrez dans la farandole de sa majesté !

Origine

« Carnaval » tirerait son origine de carrus navalis faisant référence à la barque sur laquelle Dionysos, dieu du vin, des excès et de la démesure arrivait dans les îles grecques à la fin de l’hiver pour faire revenir le printemps. Pendant les « Dionysiaques », une parade composée de chars, danseurs et chanteurs déguisés déambulaient dans la cité. Si aujourd’hui, de nombreux costumes font référence aux animaux, c’est qu’à l’époque, les hommes se paraient de peaux de bête pour l’occasion. Plus tard, ces fêtes étaient organisées sous l’égide de Bacchus, le pendant romain de Dionysos, sous le nom de Lupercales et Saturnales. Ces fêtes profondément païennes perdurèrent jusqu’au Moyen-Âge. L’Église essaya dans un premier temps de les canaliser sans y parvenir complètement puis choisit de les financer pour garder un œil sur le contenu. C’était alors l’occasion pour la société très codifiée de l’époque d’avoir un véritable défouloir où, l’instant de quelques jours, les rôles pouvaient s’inverser (maître/esclave, homme/femme) ; l’ordre n’était plus puisque tout ou presque y était permis.

Le premier écrit relatant le carnaval niçois remonte à l’an 1294 par le comte de Provence, Charles II, duc d’Anjou. Dès 1873, il se structure et le comité des fêtes de la ville fait appel à des artistes, notamment Gustav-Adolf Mossa afin de créer les chars. Celui-ci, fortement influencé par l’Antiquité gréco-romaine créé les chars royaux. Véritable metteur en scène du carnaval, il lui donne ses lettres de noblesse en mêlant bestiaire fantastique et univers satirique. Aujourd’hui, le carnaval de Nice est le plus grand de France. Il est l’un des trois plus grands carnavals au monde, après ceux de Rio et de Venise. Il est resté une fête populaire dans l’esprit des niçois, mêlant corso et bal masqué même si certains niçoise tendent à en faire à tout prix un spectacle touristique, quitte à le rendre payant et à barricader l’ensemble du circuit du cortège.

Thèmes des chars

Les trois chars en tête du corso sont toujours ceux de sa majesté le roi, puis la reine et, ensuite, Carnavalon leur enfant. Le char du roi arrive sur la place Masséna la veille de l’ouverture du carnaval afin d’annoncer le commencement des festivités en prenant symboliquement les clés de la ville. Depuis 2016, l’ouverture du carnaval s’effectue le même jour. Toute la durée du carnaval (environ 2 semaines), il trônera sur la place Masséna avec la reine, aux côtés de la fontaine d’Apollon. Le dernier jour du carnaval, il est emmené sur la plage afin d’y être brûlé sur un bûcher.

S’inspirant de la politique et des événements de l’actualité, le carnaval a un thème prédéfini chaque année. C’est ainsi qu’en 1912, le « char des gardiens » est tiré par un âne  coiffé de la célèbre tiare de Saïtapharnès, un faux acheté comme authentique par le Louvre en 1896.

L’écrivain Alphonse Karr est à l’origine de la bataille de fleurs que l’on retrouve en marge du carnaval. 90% des fleurs qui constituent les décors des chars ou qui sont jetées lors de ces «  batailles » proviennent des cultures de l’arrière-pays. Elles sont mises en terre dès le mois de novembre. L’ensemble propre à la bataille des fleurs représente quarante-cinq heures de travail sur deux jours et demi pour installer plus de 100 000 fleurs, par un groupe de fleuristes locaux, dix kilogrammes de fil de fer, douze mètres et demi de grillage et environ vingt kilogrammes de mimosa et fleurs coupées lancés depuis les chars par des jeunes femmes. Ce qui était à l’origine une réelle bataille de fleurs où les gens les renvoyaient sur les chars est maintenant l’occasion de les garder et de repartir chez soi avec un bouquet.

Animal grotesque de l’imaginaire niçois, lou babau fait partie intégrante du bestiaire du carnaval. Selon la légende, lorsque cet animal va dans le Paillon, il en fait monter les eaux jusqu’à la crue. En réalité, cette histoire aurait été inventée pour dissuader les petits niçois d’aller jouer dans le lit du fleuve, lors de gros orages, pour éviter les accidents. Sa première apparition dans le carnaval remonte en 1882. Il s’agit là d’un dragon au corps longiligne dont le nom proviendrait d’une onomatopée que l’on fait en bavant. Les carnavaliers aiment à amener sa tête au-dessus de la foule pour les surprendre et créer des réactions.

Un char du corso ainsi que certaines grosses têtes sont, chaque année, dédiés à des personnalités politiques qui ont fait l’actualité dans l’année, notamment les chefs d’État. Figurent également des hommes grimés en femme. L’ambiance se veut bon enfant, populaire, satirique et avec un brin d’humour grivois.

Le paillassou fait lui aussi partie de la fête. Il s’agit d’un mannequin fait de paille, mousse, tissus ou son et qui serait une allégorie de l’homme sauvage, le conducteur des morts qui chasse sur son char. Il est lancé en l’air puis un groupe d’hommes le fait rebondir avec l’aide d’un grand drap.

Vespa

L’un des éléments importants est la fanfare, connue sous le nom de vespa. Ce mot niçois signifie « guêpe » car son vrombissement rappelle celui d’un essaim qui se déplace. La plupart des instruments sont fabriqués dans des cougourdons, ces grosses courges issues de plantes grimpantes que l’on fait sécher et dont on retrouve la culture dans la région et qui peut servir à de multiples utilisations.

Gastronomie

Lors de la période des festivités, il est de coutume de préparer la torta de blea (tourte de blettes), légume semblable à l’épinard et caractéristique de la région. Celle-ci peut être salée ou sucrée. Le deuxième plat phare en cette saison est la ganse. Cette pâtisserie typiquement niçoise qui se prépare spécialement pour le carnaval est de la même famille que les beignets. En réalité, leur origine remonte à la Rome antique. Elles ont une forme de lacet pour représenter les foulards traditionnels portés en cette période et sont frites dans l’huile d’olive puis saupoudrées de sucre glace. Un délice !

Le carnaval se veut enraciné, porteur de traditions et à la fois un lien qui unit des générations de pitchouns. Un événement à protéger donc.

Céline Pondard – Promotion Frédéric Mistral