L’Anaon ou le domaine des morts chez les Bretons
Les folkloristes Anatole Le Braz et Arnold Van Gennep font état dans leurs différents ouvrages de croyances relatives à la mort qui étaient encore très vivaces en Bretagne avant la Seconde Guerre mondiale.
Selon ces croyances, la vie terrestre n’est qu’un passage entre une vie éternelle antérieure et une vie éternelle ultérieure. La conséquence est une absence de séparation entre morts et vivants qui voisinent, au sein de deux sociétés impénétrables mais organisées de façon semblable.
Les membres de la société des morts, appelée « Anaon », habitent le cimetière et y vivent réellement, conservant leurs caractères, leurs sympathies et leurs aversions pour d’autres morts comme pour des vivants qu’ils aident ou harcèlent selon l’amour ou la haine qu’ils leur portent. Ils ouvrent les yeux à minuit et peuvent revenir dans leurs villages pour voir leurs maisons et observer leur famille, mais pas pour les effrayer ni leur demander quoi que ce soit – l’idée de péché à racheter étant ici totalement absente de la vision de l’après-monde.
Les âmes réunies dans l’Anaon se réunissent trois fois par an : la veille de Noël, le soir de la Saint Jean qui correspond au solstice d’été et le soir de la Toussaint, qui coïncide avec la Samain, fête des morts dans la vieille tradition celtique.
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