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Les Cinque Terre

« Et voici qu’à un détour surgit la ligne argentée de la mer ; nos vies anxieuses jettent encore l’ancre. Je l’entends plonger — Adieu, sentier ! À présent je me sens tout fleuri, est-ce d’ailes ou de voiles… » Eugenio Montale, Autres vers et poésies éparses

Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt
Les Cinque Terre

Cinq villages à fleur d’eau au fond d’une crique, ou accrochés à la roche au-dessus des flots forment le site remarquable des « Cinque Terre », classé depuis 1998 au patrimoine de l’humanité. Depuis la nuit des temps, l’homme a sculpté ce territoire pour y vivre de ses récoltes : vigne, olivier, arbres fruitiers, sans oublier la pêche… Un travail sans relâche pour une vie de sacrifices, une vie libre et enracinée.

Pays : Italie
Région : La Riviera ligurienne
Thématique générale du parcours : La rencontre de la mer, de la montagne et d’une végétation préservée le long d’un parcours côtier absolument unique.
Mode de déplacement : A pied, c’est tout simplement superbe. En bateau, seulement quand le temps le permet et la mer est calme (aléatoire). En train, pour raccourcir une étape quand la fatigue se fait sentir.
Durée du parcours : Une quinzaine de kilomètres à peine relient Monterosso à Riomaggiore en suivant « il sentiero Azzurro » (le sentier bleu). Pour les plus sportifs, tout un réseau de sentiers permet de rejoindre les sommets avoisinants. Une grande journée pour le sentier bleu. Pour comprendre l’esprit du lieu, un court séjour de 2 à 3 jours est recommandé.
Difficulté du parcours : Accessible à tout randonneur moyen, aux familles, aux jeunes marcheurs, surtout si l’on reste sur le sentier bleu. Dénivelés : +465 m, – 457 m.
Période possible : La meilleure période reste les mois d’avril et de mai, en évitant les périodes de ponts autant que faire se peut, ainsi que les vacances d’été pour cause de surpopulation.
Précaution : avant le départ, vérifier si le chemin est totalement ouvert.

Présentation géographique

Les « Cinque Terre » (cinq terres, cinq villages) s’étirent au-dessus de la Méditerranée sur la côte de la Riviera du Levant, en Ligurie, au nord-ouest de l’Italie. Le climat est donc plutôt doux, avec quelques coups de vents parfois violents. C’est un ruban de terre assez étroit coincé entre mer et montagne, ce qui lui confère un caractère sauvage et éternel : roches escarpées qui plongent à pic, collines sauvages et odoriférantes, plages cachées à taille humaine. Ici la nature a été façonnée par la main de l’homme, tout en gardant sa force. C’est ce qui en fait un site unique et vivant, où l’on prend encore le temps de vivre.

Cadre historique et culturel

Monterosso al Mare, Vernazza, Corniglia, Manarola, Riomaggiore : ces cinq villages sont restés « dans leur jus », peu touchés par le développement touristique fulgurant des années 1980. La création du parc national des Cinque Terre en 1999 a certainement contribué à conserver l’équilibre écologique en régulant l’accès aux différents lieux.

Ce qui frappe dans ce paysage minéral, c’est la présence d’une végétation riche et luxuriante. La vigne monte à l’assaut du ciel sur les restanques retenues par les murs de pierres sèches patiemment érigées à dos et à main d’hommes depuis le XIe siècle. Des hommesqui doivent lutter sans arrêt contre la pente naturelle et les intempéries, remonter dans des paniers de corde la terre emportée vers le bas de ces terrassements. Aujourd’hui un réseau de wagonnets serpente entre les cultures de vigne, d’oliviers et d’arbres fruitiers pour faciliter le transport des récoltes. Il n’y a pas si longtemps encore, les femmes portaient les charges sur leur tête, ce qui donne aux autochtones, dit-on, un port de tête royal !

La culture des citrons est attestée ici depuis le XVIe siècle. Cet « or des Cinque Terre » donne aujourd’hui de délicieuses confitures, des biscuits et un fameux « limoncino ». On y trouve aussi du miel riche d’essences et délicieux, une huile d’olive extraordinaire produite en quantité limitée, sans oublier les incontournables anchois au sel de Monterosso et le non moins célèbre « vin de paille », vin blanc liquoreux emblématique de la région.

Un tout petit territoire en somme – pas plus de 2 000 ha cultivés – mais sans conteste béni des dieux et soigné par une population agricole laborieuse.

Description de l’itinéraire

Les plus sportifs peuvent emprunter les nombreux itinéraires complémentaires pour s’élever au-dessus de la grande bleue. Lors de ce séjour, nous nous sommes limités au « sentier bleu » (marques bleues sur les pierres et les maisons) qui porte aussi le numéro 2 du CAI (Club alpin italien). Pour aller tranquillement de Monterosso al Mare à Riomaggiore, en traversant tous les villages, nous avons découpé notre itinéraire en quatre parcours à déguster pas à pas, tous sens en éveil. Nous avons ensuite rayonné à pied, et en train pour les retours vers notre camp de base. Le vent étant un peu fort, nous n’avons pas pu voir les villages depuis la mer, aucun bateau ne quittant son port d’attache.

De Monterosso al Mare à Vernazza, 4 km, 2 heures environ

Départ de la place Garibaldi en plein centre historique de Monterosso, pour prendre le chemin qui monte et qui longe la falaise jusqu’à l’hôtel Porto Rocca. C’est tout de suite à droite que l’on trouve le début officiel du sentier. Après un premier pont de pierre nous grimpons un sentier escarpé pour arriver rapidement à… 130 mètres d’altitude. Nous poursuivons notre marche N-O, passons sur un deuxième pont de pierre. Nous avançons sur un faux-plat vers la Costa Linaro et amorçons déjà la descente dans la verdure des oliveraies. Le sentier est bien marqué et, entre vignes et oliviers, nous apercevons déjà la baie de Vernazza. La descente est plutôt raide et caillouteuse, nous arrivons rapidement derrière l’église puis, après quelques gradins, nous débouchons directement sur la place de la bourgade pour une première halte découverte.

Vernazza à Corniglia, 4 km, 2 heures

Depuis la place qui donne sur la mer, nous prenons la rue principale vers le nord, en direction de la chapelle, puis un escalier pour atteindre une vieille tour de guet au sommet du village, où commence le sentier vers Corniglia. Laissant à gauche le sentier qui mène au sanctuaire, nous poursuivons droit devant nous sur un faux-plat qui passe au petit bourg de Lavacci (105 m). Nous attaquons un chemin montant, long et broussailleux vers un autre bourg : Macereto (150 m). Nous entrons dans une oliveraie séculaire, fascinés par les formes fantasmagoriques des vieux troncs. Puis le chemin monte en tournant jusqu’au hameau de Prevo ; encore quelques mètres de montée pour arriver au sommet. Nous passons sous une archivolte, pour prendre un sentier en « chute libre » S-E, jusqu’à un embranchement. À droite vers la plage naturiste, à gauche vers notre destination finale. Encore un petit col, une descente vers un pont en pierre, nous continuons S-E et apercevons Corniglia. Laissant à droite les zones de cultures intensives, nous prenons la route carrossable pour rejoindre la place du village (93 m).

Après notre visite touristique et une pause, nous parcourons les vieilles ruelles vers le point de départ de notre troisième étape.

De Corniglia à Manarola, 3 km, 1 heure

Il faut d’abord emprunter la route carrossable à droite avant de descendre vers la mer par un escalier de 365 marches ! De là nous rejoignons la gare (20 m) et cherchons l’escalier qui passe sous la voie pour atteindre la plage. Après une passerelle, nous longeons la plage caillouteuse de Corniglia jusqu’à l’entrée d’un ancien tunnel. Puis direction Nord, nous continuons sur un faux-plat en direction du S-E, sur un agréable chemin muletier. Nous nous dirigeons vers la pointe de Bonfiglio sur un chemin en surplomb, admirant les jeux du soleil sur la mer omniprésente en contrebas. Nous longeons un joli cimetière puis, par la rue piétonnière de Manarola, nous descendons vers le petit port, devenu hélas un immense « parking à bateaux », 20 m au-dessus de la mer. La beauté du paysage nous fait oublier les laideurs des hommes.

Nous nous perdons dans la via Discovolo et ses nombreuses échoppes avant de continuer notre route.

De Manarola à Riomaggiore par le « chemin des amoureux », 1 km, 30 minutes

Retour à la gare, pour prendre l’escalier plutôt raide qui nous conduira au début de la Via dell’Amore, 50 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nous poursuivons S-E, sur un faux-plat à pic sur la falaise en direction de Riomaggiore. Là encore, le paysage est sublime, le chemin creusé dans le roc suspendu au-dessus des flots. Il faut saluer le courage et l’abnégation des villageois qui, armés de pics et de pioches, ont tracé cette route et ouvert ce passage dans les années 1930 en donnant des journées de travail gratuitement. Est-ce la beauté sauvage du lieu ? l’histoire de sa construction ? la douceur des couchers de soleil ? Le fait est qu’un amoureux a gravé il y a une cinquantaine d’années « questa è la Via dell’Amore », une via devenue (presque) aussi célèbre que le pont des Soupirs.

Retour à la réalité. Après cet endroit de rêve, nous débouchons sur un tunnel bétonné qui protège le sentier des éboulements. En contrebas, sur l’ancienne route abandonnée, la nature reprend ses droits : le maquis méditerranéen se développe. Après le dernier éperon rocheux, nous amorçons la descente en pente douce vers la gare de Riomaggiore. Après une dernière visite, c’est en train que nous regagnons notre ville de départ.

Activités connexes

Dans les villages, de nombreuses églises et chapelles, quelques vestiges de châteaux ou de somptueuses villas, mais surtout de jolies maisons anciennes et colorées, dans des rues étroites et sinueuses. Il se murmure que les marins rentrant chez eux pouvaient ainsi plus facilement repérer leur maison depuis la mer grâce aux magnifiques façades de couleurs vives.

Pourquoi pas profiter de votre séjour en Ligurie pour visiter également Gênes, La Spezia, Luni, ou encore Levanto ?

Cartographie

Carte Michelin Local 352 Liguria

Bibliographie

La beauté brute des lieux a inspiré les poètes et romanciers. Le plus célèbre est sans doute Eugenio Montale (1896 – 1981), prix Nobel de littérature 1975, qui avait sa résidence estivale à Monterosso. Boccace et Pétrarque célébraient déjà la région, suivis, bien plus tard, par Gabriele D’Annunzio.

Accès et données GPS

En train. La gare principale est La Spezia. De là, vous devez prendre un train régional («Regionale») qui s’arrête dans chaque village des Cinque Terre.

En voiture. Pour Monterosso, sortez de l’autoroute A-12 (Genova – Livorno) à Carrodano-Levanto si vous souhaitez commencer votre visite des Cinque Terre par Monterosso; ou à La Spezia-S.Stefano Magra si vous voulez aller à Riomaggiore. Suivez les indications vers les Cinque Terre. Vous trouverez des places de parking payantes, à durée limitée. Service de taxi à Monterosso, Vernazza et Manarola.

Matériel spécifique, équipement

Chaussures de randonnées légères, eau, protection contre le soleil ou la pluie, de quoi se restaurer éventuellement.

Art de vivre

On trouve dans tous les villages de nombreux restaurants simples, agréables et accessibles, à la convivialité bruyante.

Des hôtels, auberges et chambres d’hôtes vous accueillent sur tout le parcours, de Levanto à La Spezia. Développement durable et qualité environnementale obligent, il n’est pas possible d’installer son bivouac sur le parcours.

Liens

Pour les hôtels de la région : cinqueterre-italie.com

Pour le transport en train entre les villages: trenitalia.com. Plusieurs formats de « Cinque Terre CARD » existent: 1, 2, 3 ou 7 jours d’utilisation. Ces cartes s’achètent dans les offices de tourisme et dans les gares.

Pour préparer votre voyage : cinqueterre-italie.com et baladescotieres.com

Un article du Monde de 2009 : « ‘Mamma li Turchi !’ C’était le cri que poussaient, au Moyen Âge, les habitants terrorisés des bords de mer lorsqu’ils apercevaient au loin les navires des pirates. Et lorsqu’il contemple les côtes liguriennes, entre Gênes et La Spezia, le visiteur ne peut s’empêcher de penser aussitôt aux incursions des Sarrasins, qui apportaient dans leur sillage mort et destruction. Les barbaresques ne venaient pas piller des richesses qui, en ces contrées rudes et austères, étaient pratiquement inexistantes. Non, s’ils venaient, c’était surtout pour faire le plein d’esclaves. Car les gens d’ici étaient réputés de vaillants travailleurs et travailleuses qui ne rechignaient pas à la tâche dans ces paysages montagneux qu’ils avaient façonnés de leurs propres mains. »

Année où cet itinéraire a été parcouru

Début octobre 2011, sous un soleil estival.

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