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« L’assiégé », de Renaud Dély : un pamphlet médiocre, bâclé et malhonnête, maquillé en « enquête »

Renaud Dély vient de publier un livre sur Dominique Venner. Habilement et sournoisement, il laisse croire au lecteur qu’il écrit une biographie, alors qu’il agit le plus souvent en faussaire.

« L’assiégé », de Renaud Dély : un pamphlet médiocre, bâclé et malhonnête, maquillé en « enquête »

Le fait d’être journaliste sur France Info autorise-t-il à broder sur la vie et la pensée d’un écrivain en faisant fi de la réalité ? Peut-on sans scrupules et à sa guise mélanger faits et fiction, afin d’induire en erreur son lecteur de manière délibérée ? Il est évidemment plus facile de raconter une histoire, que de tenter d’apporter un regard critique sur une œuvre littéraire et historiographique de plus de 40 ans. Pourquoi avoir agi ainsi ? Ne peut-on imaginer à notre tour que Dély aurait écrit ce livre sur commande du gouvernement ? La description de Dominique Venner dans L’assiégé ressemble étrangement à l’image qui transpire de l’arrêté d’interdiction du colloque anniversaire du 21 mai 2023. Ceux qui ont eu la chance de rencontrer Dominique Venner auront bien du mal à reconnaître le personnage décrit par Dély.

Le procédé utilisé par le journaliste de France Info est foncièrement malhonnête. À partir de quelques faits réels, il laisse libre cours à son imagination, de telle sorte que la part de fiction représente finalement l’essentiel du livre. L’auteur se permet de prêter à son personnage des pensées, des opinions et même des actes imaginaires. Ce procédé est largement utilisé dans les romans historiques, mais il est alors en principe précédé d’un avertissement au lecteur. Ici, Renaud Dély, habilement et sournoisement, laisse croire au lecteur qu’il écrit une biographie, alors qu’il agit le plus souvent en faussaire. Entre chaque date ou fait véridique, il divague. On se croirait dans une mauvaise série historique de Netflix. Dans les pages consacrées à la guerre d’Algérie, il imagine Venner en sous-officier sanguinaire, qui se délecte d’exactions commises sur les rebelles par lui-même, ses hommes ou son chien. Tout n’est qu’élucubrations. L’objectif de Dély n’est malheureusement pas très original : démontrer que Venner était un être cruel et dangereux, et que par conséquent sa pensée l’est nécessairement aussi. Venner serait un ogre en veste de tweed, alors même qu’il a passé les deux tiers de sa vie dans un bureau à écrire. Tout ceci est presque risible.

Dély a manifestement horreur du passé, mais il y passe malgré tout beaucoup de temps. 170 pages sur 220 sont consacrées à des faits qui se sont déroulés il y a plus de 60 ans, dans un monde bien différent du nôtre. Ce sont toujours les mêmes évènements qui sont ressassés, parce qu’ils font peur. Parce qu’en temps de paix relative, la violence politique effraie. En outre, le livre est peu sourcé et semble bâclé. Les notes de bas de page sont disséminées çà et là, donnant l’illusion d’un travail sérieux, ce qui ne trompera pas le lecteur attentif. Le livre est une succession d’inventions, d’approximations. Venner serait un adepte du « racisme biologique », alors que ce concept n’est jamais évoqué dans aucun de ses écrits, et qu’il l’a même âprement dénoncé dans sa critique du national-socialisme exposée notamment dans son ouvrage Le Siècle de 1914. Venner n’a jamais réuni ses amis en cercle dans son jardin après une balade en forêt. Il avait une aversion pour toute forme d’ésotérisme. N’en déplaise au journaliste, il n’a été le gourou de personne. Venner n’aurait écrit que des livres « au parfum de souffre qu’on s’échange sous le manteau ». ! Que dire de la vingtaine de livres et d’essais historiques, toujours édités et disponibles dix ans après sa mort ? Que dire des universitaires de renom et des personnalités intellectuelles de premier plan qui ont contribué aux revues d’histoire qu’il dirigeait ? Que dire de ses ouvrages sur les armes, qui ont été imprimés à plus de 40 000 exemplaires ? Que dire enfin, des nombreux prix littéraires qui lui ont été discernés comme, par exemple : le prix de l’Académie française (Broquette-Gonin) pour Histoire de l’Armée rouge en 1981 ; le prix des Intellectuels Indépendants pour Les Blancs et les Rouges en 1997 ; le prix François Sommer pour Le Dictionnaire amoureux de la chasse en 2001 ?

Le livre de Dély s’inscrit dans une cabale très actuelle, qui vise à dénoncer comme violent tout mouvement de droite non conformiste. On empile de façon aléatoire des faits, des dires, des pensées décriées comme violentes pour tenter de bâillonner ces mouvements d’idées. C’est à se demander si Dély n’agirait pas de concert avec le préfet de police ou son ministre de tutelle. Les pages consacrées à la Guerre d’Algérie et la politique en métropole sont interminables. Les mêmes évènements, pourtant en partie blanchis par une loi d’amnistie, ont été évoqués dans l’arrêté émis par la préfecture de police de Paris pour interdire le colloque anniversaire de la mort de Dominique Venner en 2023. Est-ce une simple coïncidence ?

Venner serait obsédé par l’avenir de son pays et de sa civilisation, son histoire, sa culture, par le destin de ses compatriotes… D’autres comme Dély, sont exclusivement obsédés par une « extrême-droite » fantasmée. Laquelle des deux obsessions est la plus légitime ? Dély ne serait-il pas aussi un « assiégé », qui se sent assailli par « l’extrême-droite » ? Les nombreuses recensions des livres de Venner dépeignent au contraire une personnalité mesurée, réfléchie, avec un authentique talent d’écrivain et une fine appréciation des ressorts complexes de notre histoire.

Au sujet du Cœur rebelle (Les Belles Lettres, 1994), livre dans lequel Venner retrace notamment son expérience en Algérie, André Laurens (ancien directeur de publication du Monde) écrit ceci :

« C’est un témoignage de première main, en même temps qu’un regard lucide, sur les organisations activistes et clandestines de l’époque, de leurs menées et leurs échecs, ainsi que sur leurs acteurs et inspirateurs »[1].

Le grand critique littéraire Pol Vandromme affirmait à propos de Venner :

« L’homme qu’il est, peut regarder en face le jeune homme qu’il fut. Il n’a rien renié de ce qui l’éveilla et l’introduisit à la contrée sauvage que les violents gouvernent ; la vieille tension, épurée de ce qui l’épuisait et la dévoyait, le porte à la maîtrise de soi. »[2]

Au sujet de son maître ouvrage, Le Siècle de 1914 (Pygmalion, 2006), Frédéric Valloire déclarait :

« La réflexion aiguë et pénétrante de Dominique Venner n’est pas un enchainement de concepts. Soutenue par des lectures impressionnantes, elle se nourrit du réel, s’appuie sur des analyses fouillées et précises d’évènements, s’adosse à des interprétations éclairantes des acteurs et des ouvrages qui forgèrent le siècle dernier. Plus qu’une somme, une leçon d’intelligence et de lucidité. »[3]

Enfin, sur le gentilhomme chasseur évoqué d’un ton méprisant par Dély, voici ce qu’écrit Bruno de Cessole suite à la publication du Dictionnaire amoureux de la chasse (Plon, 2000) :

« Notre chasseur-conteur égrène des souvenirs, décline ses références, évoque mythes et légendes, se penche sur les rituels et les traditions, éradique préjugés et idées fausses, avec un constant bonheur d’écriture et une force de persuasion qui devrait sinon convertir, du moins faire réfléchir les plus résolus des ennemis de la chasse notre mère »[4].

Dominique Venner était droit, fidèle et honnête. Il aimait la civilisation européenne. C’était un gentilhomme des lettres. Tout le contraire de M. Renaud Dély, à qui ses méthodes valent tout de même un sobriquet à particule, bien connu des victimes de ses appels à la censure : « Dély d’opinion ».

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Notes

[1] Le Monde, 6-7 novembre 1994.
[2] Le Nouveau Courrier, 24 novembre 1994.
[3] Valeurs Actuelles, 23 juin 2006.
[4] Valeurs Actuelles, 17 novembre 2000.