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Quel avenir pour la souveraineté technologique française ?

Fabien Lanyi, auditeur de la promotion Tolkien de l'Institut Iliade, s’est rendu au deuxième colloque de Souveraine Tech à Saint-Malo. Cette journée a été l’occasion d’interroger la place du savoir-faire technologique français au sein de l’Union européenne et d’aborder l’idée d’un avenir numérique souverain.

Quel avenir pour la souveraineté technologique française ?

Le vendredi 20 septembre 2024, le Palais du Grand Large de Saint-Malo accueillait le deuxième colloque national de Souveraine Tech, intitulé « Marchés et souveraineté ». Souveraine Tech est un média lancé il y a deux ans dans le but de promouvoir, par tous les moyens et sous toutes les formes, auprès de tous les publics, l’idée selon laquelle la France peut et doit retrouver sa souveraineté technologique. La journée d’échanges posait la question générale de l’intérêt, de l’état et des moyens de réenraciner la technologie et le savoir-faire technique français dans des domaines tels que l’agriculture, la défense, l’énergie et le numérique.

La souveraineté technologique est un sujet complexe et constitue un enjeu commun qui doit échapper à toute récupération idéologique ou politicienne. Interroger la souveraineté numérique revient à se questionner sur nos libertés et à construire une pensée critique autour de l’autonomie d’action de nos politiques publiques. Monsieur Bertrand Leblanc-Barbedienne, président fondateur de Souveraine Tech, a ouvert la journée, soulignant que « la notion de souveraineté est profondément actuelle ; même si nous manquons de ressources, nous disposons des moyens pour en acquérir ». Les débats se sont poursuivis tout au long du colloque, alternant réflexions, tables rondes et retours d’expériences, ainsi que des moments d’échanges entre les participants. 

Discuter de la souveraineté et des marchés implique d’adopter une pensée critique et constructive, qui doit ensuite se concrétiser dans l’action. Quelles sont les raisons de notre perte de souveraineté, et dans quelle mesure nos décideurs et les politiques publiques en sont-ils responsables ? Les interventions de madame Claude Revel, présidente du Think Tank SKEMA Publika et ancienne déléguée interministérielle à l’intelligence économique, et de monsieur François Bert, fondateur et administrateur de l’Association des Militaires Entrepreneurs, ont mis en avant la nécessité de « libérer nos esprits du conditionnement et de retrouver notre discernement », conditions essentielles à notre liberté. Ils ont également insisté sur le fait que les lois européennes, bien qu’accumulant un savoir important, ne permettent pas de servir l’intérêt national. Plusieurs intervenants ont illustré ces propos par leurs expériences, mettant en lumière les restrictions subies par l’industrie de la défense en raison des exigences bancaires européennes, la concurrence déloyale en agriculture face à des produits étrangers aux normes différentes, ou encore les politiques énergétiques contraignantes.

Les participants ont tous partagé le même constat : l’Union européenne impose une aliénation juridique qui pousse la France à devenir une « colonie économique des États-Unis », la plongeant ainsi dans un état de servitude volontaire. Ce constat a d’ailleurs été renforcé par l’intervention de monsieur Arnaud Montebourg, invité d’honneur, qui a souligné le poids de nos 163 milliards d’euros de déficit annuel du commerce extérieur. Ce dernier a insisté sur la nécessité de relocaliser entre 50 et 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France pour retrouver une véritable souveraineté industrielle.

À l’ère du numérique où se développent l’intelligence artificielle, le big data, le cloud et le calcul quantique, il est possible de recouvrer une part de notre souveraineté. Comme l’a souligné l’un des intervenants, « celui qui contrôle le cloud contrôle les prix, et la souveraineté d’un pays dépend de sa capacité à se défendre, car en temps de guerre, les fournisseurs étrangers peuvent influencer ou décider ».

La journée a été enrichie par des témoignages d’entrepreneurs ayant réussi à maintenir une production 100 % française. Messieurs Raphaël Angleraux et Émeric Cocault, cofondateurs d’Icodia, une entreprise française spécialisée dans l’hébergement internet, ont ensuite expliqué comment ils étaient restés « maîtres à bord » face à la concurrence étrangère, notamment en s’appuyant sur des certifications nationales, telles que les visas de sécurité français. Des propos qui font échos à l’intervention de Monsieur Thomas Fauré, président fondateur de la plateforme collaborative de transformation numérique Whaller, qui a également évoqué l’importance de certifications comme le Visa sécurité de l’ANSSI pour la qualification SecNumCloud. Enfin, monsieur Sébastien Picardat, directeur général d’Agdatahub, a rappelé l’importance stratégique des données et la nécessité de renforcer nos intermédiaires de gestion de données pour préserver la souveraineté numérique française.

Dans un monde où le numérique redéfinit nos relations sociales, politiques et économiques, il est essentiel de prendre conscience de notre rôle et de nos responsabilités dans la construction d’un avenir numérique souverain, équitable et démocratique. La servitude numérique n’est pas imposée par la force, mais découle de nos propres choix. Le retour vers un marché souverain est en marche.

Fabien Lanyi – Promotion Tolkien