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Sur les falaises de marbre, avec Ernst Jünger

Intervention de Grégoire Gambier, Délégué général de l’Institut Iliade, au premier Jeudi de l’Iliade organisé à la Nouvelle Librairie à Paris le 6 juin 2019.

Sur les falaises de marbre, avec Ernst Jünger

Pourquoi le choix des Falaises de marbre pour cette première édition des Jeudis de l’Iliade ? Outre ses Journaux, de nombreux ouvrages d’Ernst Jünger sont en effet à lire ou à relire.

  • Parmi ses « livres de jeunesse », les écrits de guerre bien sûr : Orages d’acier (1920), La Guerre notre mère (1922), Lieutenant Sturm (1923), Le Boqueteau 125 (1925 – « Un abîme nous sépare de ceux qui se battent pour un bien-être matériel », y écrit notamment Jünger, comme en écho et réponse à la prosaïque actualité du moment, qui a vu la « droite portefeuille », orléaniste, se rallier massivement au « parti de l’ordre » incarné par Emmanuel Macron) ;
  • Parmi ses livres dits « de maturité », l’incontournable Traité du rebelle (ou Le recours aux forêts, 1951), mais aussi Heliopolis (1949, où l’auteur intime de « viser plus haut que le but »), Le Nœud gordien (1953), Traité du sablier (1954) et bien sûr Eumeswil (1977) – pour la Figure de l’Anarque, dont il sera question plus loin.

Pourquoi, donc, Sur les falaises de marbre ?

  • Parce que cet ouvrage est à jointure de ces deux grandes périodes littéraires, et inaugure, dès 1939, les « œuvres de maturité » d’Ernst Jünger ;
  • Parce que c’est un texte court, non didactique, disponible en format poche, donc à plus d’un titre facilement accessible, ce qui constitue la condition sine qua non des ouvrages présentés dans le cadre des Jeudis de l’Iliade en partenariat avec la Nouvelle Librairie ;
  • Parce que c’est l’un de mes préférés et qu’il m’a été offert par ma future épouse il y a près d’un quart de siècle (« Comme le temps passe », dirait un autre auteur qui fera sans doute aussi l’objet d’une présentation dans ce cadre…) ;
  • Enfin et surtout parce que c’est à l’évidence un chef d’œuvre littéraire, dont le sens trouve un écho plus profond encore dans la situation que nous vivons, où il nous faut affronter à l’évidence le risque de l’engloutissement de notre civilisation.

Ernst Jünger, sismographe du « Siècle de 1914 »

Jünger est sans conteste l’écrivain allemand le plus célèbre et le plus lu en France, dont l’œuvre foisonnante et parfois déroutante lui a permis d’être admiré tout à la fois par André Gide, François Mitterrand ou encore Dominique Venner. Pour connaître au mieux sa vie et son œuvre, deux auteurs sont à privilégier :

Pour être beaucoup lu, Jünger n’est pas forcément bien connu. Julien Hervier en propose une biographique succincte en avant-propos de son ouvrage, permettant de se remettre « les idées à l’endroit » à son sujet : « On le voit d’abord comme un guerrier exceptionnel, d’un héroïsme terrifiant et presque fou, qui lui valut à vingt ans la plus haute décoration allemande, l’ordre ‘Pour le Mérite’, créé par Frédéric II et dont il fut le dernier titulaire. Mais s’il passa quinze ans sous les drapeaux, tout le reste de sa vie fut consacré à lire et à écrire, avec un souci de perfection stylistique presque maniaque, flaubertien, qui lui fit proposer huit versions différentes de son premier journal de guerre, ses œuvres en perpétuel travail n’étant fixées que par la mort dans un état définitif.

Incarnation stéréotypée de l’aristocrate prussien pour ceux qui le détestent sans le connaître, il avait un grand-père ouvrier d’usine, un arrière-grand-père cordonnier, un autre aubergiste, et plus en amont tous ses ancêtres étaient issus du monde paysan, de Westphalie et de Bavière. Ce fut la génération immédiatement précédente qui connut, avec le couple de ses parents, une ascension sociale brillante, à l’image de ce qui se produisait aussi en France à la même époque, lorsque les progrès de l’instruction publique permirent à beaucoup de gens d’origine modeste, mais intelligents et actifs, d’accéder à la classe bourgeoise. » (1) Voilà pour la première idée reçue : Jünger n’était pas un Junker. Son attachement à la patrie, il l’avait « à la semelle de ses souliers ».

Sa posture aristocratique et altière n’était pas strictement héréditaire. La seconde idée reçue nécessitant rectification concerne la cohérence de l’œuvre, qui a fait l’objet de nombreux débats. Dominique Venner, s’appuyant d’ailleurs pour une grande part sur Hervier, tranche définitivement la question :

« Récusant l’image compassionnelle tirée de certaines pages des Journaux de guerre ou de La Paix, Julien Hervier estime que, pour Jünger, ‘l’univers repose sur une dialectique de la vie et de la mort où la création naît de la destruction. […] Dans une certaine mesure, il ne cessera de s’identifier à l’essence agonique du monde.’ L’écrivain n’est pas un doctrinaire. Sa pensée et son œuvre ne sont pas guidées par un souci de cohérence logique. A l’occasion d’une lettre à ses amis, il précisait sa propre interprétation de ses évolutions : ‘Je dois avant tout prier mes lecteurs de considérer mon activité d’écrivain comme un ensemble, où l’on peut distinguer des périodes, mais non des contradictions.’ Pour distinguer les deux grandes parts de son œuvre, celle des livres de jeunesse, inaugurée par Orages d’acier, et celle des livres dits de maturité, qu’ouvre Sur les falaises de marbre, Jünger a lui-même usé d’une métaphore biblique, parlant de son Ancien Testament (œuvres de jeunesse) et de son Nouveau testament (œuvres de maturité). ‘Je tiens à souligner, dit-il, que je reste le garant de mon œuvre dans sa totalité, loin de prendre mes distances vis-à-vis de certaines de ses parties.’ Et, dans la même lettre, il spécifiait encore : ‘Seule leur conjugaison déploie la dimension au sein de la quelle je souhaite qu’on me comprenne.’ C’est bien ainsi que nous avons compris l’œuvre en suggérant l’image du sismographe. Les oscillations de ce dernier coïncident avec la pensée de l’écrivain autant qu’avec les époques qu’elle annonce ou éclaire. » (2)

Alain de Benoist enchâsse également les différentes « Figures » ou archétypes qu’aura traité mais également incarné Ernst Jünger : la Figure du Soldat bien sûr, avec son « expérience intérieure » et ses nombreux et fulgurants écrits de guerre ; la Figure du Travailleur, du nom de l’ouvrage éponyme (1932), qui correspond à l’acmé de son engagement militant au sein de ce que l’on appellera la Révolution conservatrice.

Alain de Benoist écrit à ce sujet :

« Soldat et Travailleur ont (…) le même ennemi : le ‘méprisable bourgeois libéral’, ce ‘dernier homme’ annoncé par Nietzsche, qui vénère l’ordre moral, l’utilité et le profit. Heidegger dira que la Figure du Travailleur correspond très précisément à celle de Zarathoustra à l’intérieur de la métaphysique de la Volonté de puissance. Son avènement manifeste la puissance en tant que volonté d’arraisonner le monde, en tant que ‘mobilisation totale’. Le Travail se déploie à l’échelle planétaire au sens de la Volonté de puissance. Dominique Venner a bien montré en quoi le nationalisme ‘prussien’ dont se réclame alors Jünger s’oppose fondamentalement au national-socialisme hitlérien, fondé sur le scientisme raciste et le social-darwinisme : ‘Ernst Jünger avait pressenti que, à la façon du marxisme, l’hitlérisme était une perversion du rationalisme des Lumières, une sorte de folie de la raison.’ Quand il publie Le Travailleur, l’organe du parti nazi, le Völkischer Beobachter, déclare d’ailleurs qu’avec ce livre Jünger s’est rapproché ‘de la zone des balles dans la nuque’. » (3)

Rebelle pour l’ordre

Dès avant la Seconde Guerre mondiale apparaît ainsi une troisième Figure, celle du Rebelle – le Waldgänger ou « coureur des bois » du légendaire germanique qui prône le « recours aux forêts ». Cette notion a donné lieu là aussi à bien des interprétations, parfois contradictoires. Le mieux est de s’en tenir à Jünger, qui écrit à ce sujet :

« Est Rebelle […] quiconque est mis par la loi de sa nature en rapport avec la liberté, relation qui l’entraîne dans le temps à une révolte contre l’automatisme [la Technique, NDLR] et à un refus d’en admettre la conséquence éthique, le fatalisme. »

L’écrivain et historien Philippe d’Hugues, décrivant Jünger comme « rebelle pour l’ordre », parle à ce sujet d’une « attitude » de nature aristocratique, ontologiquement rétive à toute forme de totalitarisme, et discerne comme fil rouge de son œuvre une réflexion autour de deux objets essentiels : la technique et le nihilisme. (4) La dernière Figure de l’œuvre de Jünger apparaît dans le roman Eumeswil : c’est celle de l’Anarque, sans doute la plus ambigüe de toutes, dès lors qu’elle prolonge et entend dépasser le Rebelle. Alain de Benoist en propose l’analyse la plus pertinente :

« Le Rebelle devait se réfugier dans la forêt, parce qu’il était un homme sans pouvoir et que c’est seulement ainsi qu’il pouvait rester libre. L’Anarque lui aussi est sans pouvoir, mais c’est précisément pour cette raison qu’il peut s’affirmer souverain. Alors que l’anarchiste veut faire disparaître le pouvoir, l’Anarque se contente de rompre tout lien avec lui. Il ne cherche pas à s’en emparer, car il n’en a pas besoin pour devenir ce qu’il est. L’Anarque est souverain par lui-même. Il s’adapte à toutes choses, parce que rien ne l’atteint. Ayant franchi le mur du temps, il est dans la position de l’étoile polaire, celle qui reste fixe tandis que la voûte étoilée tourne toute entière autour d’elle. » (5)

En réalité, Jünger n’aura jamais cessé d’être « en même temps » toutes ces Figures à la fois. Dans Le Travailleur, on lit déjà : « Plus nous nous vouons au changement, plus nous devons être intimement persuadés que se cache derrière lui un être calme. » De même, sur les falaises de marbres apparaissent les prémisses du Rebelle et de l’Anarque. Le mouvement d’« émigration intérieure », qui caractérise si bien Ernst Jünger, est entamé avec ce maître livre.

Sur des falaises de marbre…

Ecrit et publié en 1939, au moment où Jünger est de nouveaux « aux Armées », Sur les falaises de marbre a connu très vite un vif succès et a été salué par de nombreux contemporains comme un chef d’œuvre – y compris Julien Gracq dont on estime que l’ouvrage lui a inspiré Le rivage des Syrtes (1951). La première influence de cet ouvrage est d’avoir ainsi contribué à une réflexion contemporaine sur l’avènement de la barbarie, caractérisée par la brutalisation des mœurs mais aussi des institutions politiques dans des pays qui se croient naïvement, et jusqu’au dernier moment, en paix.

De quoi s’agit-il ? Allégorique, le roman ou plutôt le conte se déroule à une époque indéfinie et dans un pays imaginaire, la Marina, menacé au nord par un État barbare, la Maurétanie, où sévit un conquérant aussi brutal que mystérieux, le Grand Forestier. Il règne, à la Marina, une douceur de vivre remarquable et le narrateur et son frère vivent dans un ermitage où ils se consacrent à la botanique. On pense indubitablement à l’auteur et à son frère Friedrich Georg Jünger, dont l’ouvrage La Perfection de la technique (1944) constituera une critique radicale et toujours actuelle de l’arraisonnement technicien. Toujours est-il que la menace les oblige à s’interroger, eux qui sont d’anciens combattants, mais qui préfèrent demeurer à l’écart du monde : ils seront vite rattrapés par les évènements et forcés d’affronter le Grand Forestier, avant la défaite, la dévastation et le repli vers les montagnes de l’Alta Plana, sorte de « royaume de Borée » où se maintiennent les traditions. Avec une certitude forgée dans cette épreuve : « Il existe des armes plus fortes que celles qui transpercent et qui tuent » (Alain de Benoist, op. cit., p. 152). Et un serment que se fait le narrateur : « […) préférer à jamais la solitude et la mort avec les hommes libres au triomphe parmi les esclaves ». (6) L’ouvrage a été immédiatement interprété comme une critique à peine voilée du national-socialisme, et il est vrai qu’il correspond au moment où Ernst Jünger entame son « exil intérieur ». Les « Maurétaniens », décrits comme des « polytechniciens subalternes de la puissance », sont facilement identifiables aux partisans d’Adolf Hitler. Mais si ce n’est ce contexte, l’ouvrage est déjà intemporel. Ce sont toutes les dictatures que dénonce Jünger. Ce qu’il précisera clairement en 1992 :

« À vrai dire, je songeais à un type de dictateur plus puissant encore, plus démoniaque. (…) S’il allait bien à Hitler, l’histoire a montré qu’il pouvait aussi convenir à un personnage de plus grande envergure encore : Staline. Et il pourra correspondre à bien d’autres hommes » (Ernst Jünger – Récits d’un passeur de siècle, éditions du Rocher, 2000).

D’ailleurs, l’hybris dont fait preuve le Grand Forestier, tant en matière de cruauté que de volupté, en fait un personnage bien plus oriental que « teutonique ». Ce qui transparaît cependant, c’est que Jünger « découvre avec effroi l’abîme séparant ses idées de leur travestissement par la pratique politique à l’ère des masses » (Dominique Venner).

« Les révolutions silencieuses sont les plus efficaces »

Ce que nous dit Ernst Jünger, c’est que l’action, et en particulier l’action politique, même nourrie des meilleures intentions, n’est pas seulement le plus souvent inutile : elle est stérile dans la mesure où elle reste à la surface des choses. Jünger en est ainsi revenu et suggère de résister « par la pure puissance de l’esprit », c’est-à-dire à la fois la puissance de la culture et d’une forme non définie de spiritualité. L’expression « je crois aux forces de l’esprit » sera d’ailleurs celle de François Mitterrand à l’approche de la mort… Poétique (Dominique Venner parle de la « beauté sibylline » du texte), l’écriture de Jünger s’attache à la description de ces instants précieux à la Marina, car menacés par tout ce qui monte et grouille dehors : ruine, dévastation, anarchie, pillages et meurtres barbares. Le contraste est volontaire entre l’effet émollient de la civilisation finissante et la violence et la terreur qui s’approchent et déjà s’incrustent.

Le désengagement du monde apparaît dès lors comme une possibilité, puisque l’histoire est un cycle sans cesse recommencé et que la destruction fait partie de la nature de l’homme, au risque du nihilisme. « Ainsi ne cessent de revenir, dans l’histoire humaine, des moments où elle menace de glisser au pur règne du démoniaque. » (7) Parfois considéré comme pessimiste, l’ouvrage est en réalité tragique. Plaçant l’intrigue dans un cadre de nature méditerranéenne, il parle de la destinée de l’homme. Il n’appelle pas au refus du monde, du réel ou du combat (le narrateur et son frère vont se battre) : il suggère d’envisager les meilleures formes de survie face à l’adversité et à l’inéluctable. Il ne préconise pas la fuite : si le narrateur et son frère rejoignent le pays d’Alta Plana, c’est déjà une forme de « recours aux forêts », de retour aux sources.

« Alors nous franchîmes ces grandes portes ouvertes, comme on entre dans la paix de la maison paternelle » : la dernière phrase du livre a donné lieu à de nombreuses interprétations. Le narrateur et son frère sont-ils sauvés, se convertissent-ils à la foi chrétienne, ou bien sont-ils tout simplement morts ? C’est tout le génie de l’auteur que de laisser le lecteur libre de ses interprétations. Profondément stoïcien, Jünger écrit aussi : « Nulle maison n’est bâtie, nul plan n’est tracé, où la perte future ne soit la pierre de base, et ce n’est point dans nos œuvres que vit la part impérissable de nous-mêmes. » (8) Quand Philippe de Villiers défend, à juste titre, les « murs porteurs » de notre civilisation, Jünger semble préférer Saint-Exupéry, sans doute par une sorte de fraternité d’armes universelle : « La Citadelle se construit dans le cœur des hommes » ou encore, toujours dans Citadelle : « L’instinct essentiel est l’instinct de la permanence », écho que l’on retrouve d’ailleurs chez Denoix de Saint Marc : « Les seuls édifices qui tiennent sont intérieurs. Les citadelles de l’esprit restent debout plus longtemps que les murailles de pierre. » (9)

Dernière citation de cet ouvrage qui compte nombre d’aphorismes stimulants : « C’est dans les cœurs nobles que la souffrance du peuple trouve son écho le plus puissant. » (10) L’Institut Iliade avait d’ailleurs retenu cette citation pour manifester son soutien au mouvement des Gilets Jaunes qui, toutes choses égales par ailleurs bien sûr, s’est heurté à la dérive dictatoriale du régime.

Ce que nous dit Jünger

« Sur les falaises de marbre », ce que nous dit finalement Jünger, c’est que toute civilisation est mortelle, dès lors qu’elle entre en décadence, et qu’il existe bien des voies, en paraphrasant Dominique Venner, pour « combattre ce qui nous nie ». Mais qu’il n’existe dès lors qu’un seul moyen de salut, c’est de persévérer dans son être – « être à soi-même sa propre norme, par fidélité à une norme supérieure » (D. Venner). Bref, s’efforcer de rester libre dans un monde qui ne l’est plus, en bâtissant des sanctuaires ou en gagnant des maquis qui résistent à la grande mise au pas, à la « ruche planétaire » (Luc Dellisse), à la babélisation du monde. Barbarie, terreur et dictature restent toujours des possibilités, bien plus proches qu’on ne le croit. C’est pourquoi il faut toujours faire preuve de courage (ne pas s’abandonner à soi-même et au chaos) et défendre la civilisation. En ce qui nous concerne, à l’Institut Iliade, il s’agit d’un combat pour la civilisation européenne. L’« être calme » prôné par Jünger constitue un idéal qui ne sera pas forcément atteint. Les circonstances en décideront.

Grégoire Gambier

Pour aller plus loin

Notes

Les Jeudis de l’ILIADE

Les jeudis de l'ILIADE

La Nouvelle Librairie vous convie au prochain « Jeudi de l’Iliade » le 4 juillet 2019 à 19 heures. Causerie littéraire autour d’Alexandre Soljenitsyne et de son ouvrage Le Déclin du courage (discours de Harvard). Présentation par François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Eléments, directeur de la Nouvelle Librairie, discussions, pot de l’amitié.

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