La péninsule du Péloponèse
À la découverte des vestiges hellènes du Péloponnèse. « L’épaisseur du rempart compte moins que la volonté de le prendre. » Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, Ve siècle av. -C.
« Pleine de bons fruits, d’eaux abondantes provenant de mille ruisseaux, hospitalière pour les animaux petits et grands, ni inhabitable par les vents d’hiver, ni brûlée par le char d’Hélios. »
Euripide, décrivant le Péloponnèse, Ve siècle av. J.-C.
« De là au Cap Matapan arrivasmes
Où le vent frais par proue nous trouvasmes
Mais n’ayant plage où pouvoir repairer
Gaignons vogans sans contraversité
Faisans vertu de la nécessité
Tant que la turme à force de tirer
Gaigna la point et se vint retirer
Oultre le cap au port de Portecaille.
Car là si tost ne sommes arrivez
Que des haultz montz nous voyons derivez
Grecs à foison, descendans les vallées,
Portans barilz pleins de cailles sallées,
Ayant taxé la douzeine à un soul,
C’est aussi là où les sacres legers,
Sasr et Sagartz et sacretz estrangers. »
Poème dans « Le discours du voyage de Constantinople envoyé dudict lieu à une Damoyselle Françoise, par le Seigneur de Borderie », 1546.
« Around 8 ô clock in the evening we arrive, most weary, at Navarino, on the world’s most beautiful bay. »
Heinrich Schliemann, 1874.
Pays : Grèce.
Région : Péninsule du Péloponnèse.
Thématique générale du parcours : Parcourir la péninsule grecque du Péloponnèse en alternant les randonnées, les itinéraires urbains et les sites archéologiques dont regorge la région. Toucher aux racines de la civilisation européenne en traversant les époques grecques (Antiquité, Empire byzantin, Guerre d’indépendance) dans une ambiance mythologique tout en profitant des merveilles de son littoral.
Mode de déplacement : Motorisé entre chaque site et à pied une fois sur les lieux.
Durée du parcours : 8 jours.
Difficulté du parcours : Long de 1400 kilomètres, comptez en moyenne 2 heures et 45 minutes de route par jour. Il est recommandé d’y aller à plusieurs pour répartir les temps de trajets. Les programmes de chaque jour se terminent en fin d’après-midi. Accessible en famille, avec des enfants dès 12 ans.
Périodes possibles : De la fin du mois d’avril jusqu’au début du mois de juin pour éviter l’affluence de touristes dans certains sites et apprécier le beau temps et les baignades tout en échappant aux fortes chaleurs.
Présentation géographique
Située à l’extrémité sud des Balkans, la presqu’île péloponnésienne est séparée du continent par le golfe de Corinthe au nord et l’isthme du même nom au nord-est. En forme de main à quatre doigts avec le pouce à l’est, son climat méditerranéen est propice à la production de vin, continental dans les terres, mais assez chaud et humide au sud pour cultiver l’olivier. Son relief est hétérogène : de hauts massifs s’élèvent au nord, centre et sud-est, et sont dominés par le mont Taygète (2,4 km). Enfin, la péninsule côtoie sur son flanc ouest les îles de Zante, de Céphalonie et d’Ithaque (royaume d’Ulysse), membres de l’idyllique archipel ionien.
Cadre historique et culturel
Tous les sites culturels sont gratuits pour les citoyens de l’Union européenne et de moins de 25 ans. L’écrit suivant énumère dans l’ordre les visites pour chacun des huit jours d’itinéraire et est parsemé de passages historiques et mythologiques du fait de la richesse culturelle de la péninsule, terre de multiples confrontations au cours de l’histoire en raison de sa place stratégique dans le bassin méditerranéen, sa fertilité et son agréable climat. Le but étant, par l’aventure et à travers chaque lieu visité, de faire découvrir ou de remémorer les évènements qui ont façonné l’identité grecque.
Description de l’itinéraire
- Site archéologique de l’ancienne Némée
C’est dans cette région qu’Héraclès, fils de Zeus dans la mythologie grecque, réalisa le premier des douze travaux ordonnés par Eurysthée en triomphant à mains nues du lion de Némée qui terrorisait les locaux. Deux vestiges valent le détour : le temple de Zeus aux neuf colonnes après une récente anastylose et le stade des Jeux néméens, fête et compétition sportive panhellénique célébrée à partir du VIe siècle av. J.-C. qui constituait avec les jeux olympiques, isthmiques et pythiques le cycle quadriennal des olympiades. Ce cycle cessa en 393 apr. J.-C. à la demande de l’évêque Ambroise de Milan pour son caractère païen. Le stade aurait eu une capacité de 40000 spectateurs. Traversez la galerie voûtée longue de 37 mètres menant au stade par laquelle arrivaient les athlètes. - Site archéologique de l’Ancienne Mycènes
Une fois dans le site de l’ancienne Mycènes, entrez tout d’abord par la porte des Lionnes dans la cité antique (1250 av. J.-C.), palais des Atrides, qui, menés par leur roi Agamemnon, prirent Troie dans l’Iliade. Cette sculpture monumentale dans un monolithe pesant vingt tonnes est la plus ancienne d’Europe. Cité majeure de l’âge du bronze, la raison du déclin de Mycènes est cependant un point d’ombre. La visite des vestiges est une boucle à côté de laquelle se trouve le musée archéologique de la civilisation mycénienne regorgeant de sculptures, de monnaies et d’armes très bien conservées. 500 mètres plus bas, sur la route d’accès au site, vous pourrez ensuite vous introduire dans le Trésor d’Atrée, gigantesque tombeau pré-homérique à coupole de 13 mètres de haut, afin d’y ressentir la grandeur d’une de nos civilisations mères. - Nauplie
Pour clore cette première journée, rejoignez la charmante ville portuaire de Nauplie afin d’y passer la nuit. Le soir, prenez le temps de déambuler dans les ruelles de son centre historique.
Deuxième jour : forteresse Palamède, Théâtre d’Épidaure et cité de Mistra.
- Forteresse Palamède
Palamède, fils de l’argonaute Nafplios, fut un protagoniste troyen de la Guerre de Troie. La forteresse qui lui est dédiée domine le port de Nauplie. Construite début XVIIIe par les Vénitiens aidés d’ingénieurs français, c’est en ces lieux il y a deux cents ans que fut emprisonné Theodoros Kolokotronis, général phare de la guerre d’indépendance grecque. Le matin, à l’approche de l’été, le soleil éclaire les eaux bordant la falaise surplombée par la forteresse, ce qui leur donne une teinte turquoise. Depuis l’extrémité sud des remparts, on peut admirer les plaines verdoyantes d’un côté et une magnifique vue sur le golfe Argolique de l’autre. - Théâtre d’Épidaure
Bâti en deux étapes au IVe puis IIe siècle av. J.-C., ce théâtre antique est l’un des mieux conservés au monde. D’une capacité de douze milles personnes, son acoustique est telle que le moindre son se propagera intact vers chacun des 36 gradins. C’est aussi en ce lieu que les indépendantistes grecs se réunirent dans le cadre de la première Assemblée nationale de 1822 pour y proclamer leur affranchissement de l’Empire ottoman et y rédiger une constitution provisoire, marquant le début de la guerre de libération grecque. À quelques pas du théâtre se trouve les ruines du sanctuaire et ancien centre curatif d’Asclépios (fils d’Apollon et dieu gréco-romain de la médecine) dans lequel les malades de contrées parfois lointaines venaient pour recevoir une thérapie alliant médecine, rituels, sports et arts. - Cité de Mistra
La seconde partie de la journée sera consacrée à la visite des vestiges de Mistra. Son histoire est tumultueuse (cf.annexe). La visite de la forteresse est une randonnée escarpée en boucle menant au château, elle vous prendra environ 2h30. Commencez en tournant à droite au niveau du musée archéologique pour visiter la majorité des églises et édifices. Prenez le temps de lire les plateaux descriptifs épars autour du chemin pour découvrir l’organisation de la cité à l’âge d’or byzantin : agora, habitations, canalisations souterraines, codex évangéliques, etc. Une fois au château franc, dirigez-vous à l’extrémité sud pour sa vue imprenable sur la vallée de Laconie. Lors de la descente côté gauche, entrez dans le couvent de la Pantanassa (XVe siècle) pour y rencontrer l’une des cinq bienveillantes moniales qui y vivent encore. Enfin, un peu plus bas vous arriverez à l’église de Péribleptos bâtie dans la roche et décorée des fresques les plus admirables du site.
Troisième jour : Sparte et Monemvasia.
- Ville de Sparte
En cette troisième matinée, trois activités valent le détour à Sparte et se situent dans un rayon de 600 mètres de la Place Centrale : le musée archéologique de Sparte, la statue de Léonidas régulièrement fleurie par les nationalistes et le musée de l’Olive et de l’Huile d’olive grecque. - Statue de Léonidas
Il est inconcevable de passer par Sparte sans se remémorer son ancien roi, le légendaire Léonidas. C’est au « Père de l’Histoire » Hérodote que nous devons le récit de la Bataille des Thermopyles (480 av. J.-C.) lors de laquelle 300 Spartiates menés par Léonidas, et épaulés par 700 soldats de Thespies se sont résignés à combattre en infériorité numérique majeure et jusqu’à la mort l’armée achéménide de Xerxès (estimée à plus de 70 000 Perses) qui les avaient encerclés, protégeant ainsi les 3000 soldats grecs en fuite dans l’espoir que ces derniers puissent ultérieurement repousser l’ennemi. « Viens les prendre », répondit laconiquement Léonidas à la proposition transmise ex ante bellum par Xerxès de rendre leurs armes en échange de la liberté. Leur bravoure ne fut pas vaine, car dans les mois qui suivirent, les victoires de Salamine et Platées, dernières guerres médiques, permirent aux cités-États grecques de repousser définitivement les Perses. - Musée de L’Olive
Il retrace l’impact que ce fruit eut dans la construction de l’identité grecque à travers les siècles par son rôle dans l’économie et l’art et par ses anciens usages dans la vie quotidienne qui l’élevèrent au niveau de symbole dans la mythologie. - Monemvasia
Le programme de l’après-midi est dédié à la merveille grecque de Monemvasia. Cité fortifiée sur une presqu’île rocheuse et abrupte de Laconie, Monemvasia sera, comme Mistra, vénitienne et turque avant de redevenir grecque. Pour son positionnement stratégique, elle fut même occupée pendant la Seconde Guerre mondiale par les Italiens, les Allemands, puis les Britanniques. Une fois les fortifications passées, vous entrez dans un dédale médiéval, encore habité, d’architectures vénitiennes entrecroisant passages voûtés, venelles pavées et anciennes résidences aristocratiques. Après avoir déambulé dans la ville basse, il faut ensuite 10 minutes de montée pour atteindre l’église byzantine Sainte Sophie (Agia Sofia) offrant une vue imprenable sur la baie et sur la cité en contrebas. Depuis l’église, un sentier mène à la pointe sud du rocher. Sortir du sentier pour les derniers mètres et atteindre le bord de la falaise faisant face à l’horizon marin.
Quatrième jour : entrée dans la péninsule du Magne.
Cette journée vous fera traverser le littoral naturel et abrupt du Magne dont la beauté a été préservée par l’absence des hommes.
- Gythio
Petite ville portuaire aux maisons joliment colorées, Gythio se développe dans l’Antiquité grâce à son rôle dans le commerce de teinture pourpre. Cette couleur, très coûteuse à sa découverte, car obtenue via un long processus d’extraction à partir du murex (mollusque), fut portée par les magistrats romains puis les empereurs byzantins et s’est transmise au liseré que portent les évêques de nos jours. - Îlot de Cranae à Gythio
Traversez le port pour atteindre l’îlot de Cranae. Dans l’Iliade, Hélène, fille de Zeus et femme du roi spartiate Ménélas, fut enlevée de Sparte par le prince troyen Pâris et c’est sur cet îlot qu’ils passèrent leur première nuit avant d’embarquer pour Troie. Cet enlèvement provoqua la guerre de Troie. - Musée historique et ethnologique du Magne à Cranae
Petit musée situé au centre de l’îlot, il expose de nombreux manuscrits et cartes issus des expéditions et voyages entrepris par plus de 70 Européens dans le Magne entre le XVe et le XIXe siècle. La salle à l’étage est consacrée à l’Expédition française de Morée de 1828-1829 (cf. annexe historique). La Morée étant le nom que portait le Péloponnèse du Moyen-Âge jusqu’au XIXe et qui viendrait de l’abondance des mûriers dans la région.
Meilleures criques peu fréquentées de la région pour l’après-midi : Chalikia Vatta et Alipa. - Village de Lagia
Rejoignez les hauteurs du Magne en atteignant le village de Lagia. Arrêtez-vous quelques instants sur la place centrale pour admirer le surprenant intérieur polychromatique de son église, un beau panorama se cache aussi derrière elle. - Ville d’Aréopoli
En fin d’après-midi, rejoignez Aréopoli (cf. annexe logistique).
Cinquième jour : Cap Ténare et arrivée en Messénie.
- Vathia
Le bourg de Vathia est sur le chemin du Cap Ténare depuis Aréopoli. Presque abandonné avec une poignée d’habitants l’hiver, prenez quelques instants pour en découvrir les ruines en vous faufilant à travers ses ruelles, car il offre de belles vues sur le littoral. - Pointe du Cap Ténare (village de Kokkinogia)
La dernière portion de route menant au cap est spectaculaire. L’extrémité du cap est accessible par un sentier rocailleux entouré d’une riche végétation jonchant le bras de terre. Comptez une petite demi-heure de traversée. À la pointe a été construit un phare polyédrique faisant face, seul, à une étendue méditerranéenne. Comme tous les phares grecs, il est possédé et utilisé par la Marine nationale et n’est donc pas accessible. Contournez-le : vous vous situez au point le plus austral du continent européen après la Punta de Tarifa espagnole. Dans la mythologie, c’est ici que se situait l’entrée gardée par Cerbère, chien tricéphale légendaire, qui menait au royaume souterrain des morts (i.e. les Enfers ou l’Hadès) dont seuls Orphée, tentant de sauver Eurydice, et Héraclès, venu capturer Cerbère, ont pu ressortir vivants. Devons-nous être surpris que la fosse sous-marine la plus profonde de la méditerranée soit au large du cap Ténare ?
Face à vous, à mille kilomètres, la Libye. À gauche, au large, l’île de Cythère puis celle d’Anticythère et d’aucuns devineront peut-être la côte ouest crétoise. (Courte histoire du mécanisme d’Anticythère en annexe historique). - Plage de Marmari
À cette plage d’eaux claires et de sable fin, vous pourrez avoir l’audace de rejoindre en moins d’une dizaine de minutes à la nage la crique sauvage mitoyenne en longeant les rochers afin d’apprécier la pureté des fonds marins que traversent les rayons solaires. Vous vous apprêtez à quitter la Laconie après trois jours en son sein. Vous aurez sans doute remarqué pléthore de vieilles maisons abandonnées sur votre chemin ces derniers jours. Des raisons historiques expliquent ce phénomène (cf. annexe historique). - Stoupa/Kardamyli
Rapprochez-vous de la Messénie en rejoignant les alentours de Stoupa et Kardamyli le soir (cf. annexe logistique).
Sixième jour : ville de Kalamata et Ancienne Messène
- Ville de Kalamata
Rendez-vous au centre historique de Kalamata, à la Place Othon. Toutes les visites au programme sont dans un rayon de 200 mètres au sein de la vieille ville. Du plus proche au plus lointain par rapport à la place : la petite église des Saints Apôtres, le musée archéologique de Messénie, le musée militaire et l’église Ypapanti (cf. annexe historique). - Musée archéologique de Messénie
Ce musée moderne sera érigé en 2009 sur les ruines des anciennes halles de Kalamata détruites par le tremblement de terre de 1986. L’exposition permanente dispose une muséographie de haut niveau qui présente l’identité culturelle de la Messénie depuis la préhistoire (5e millénaire av. J.-C.) jusqu’à la prise de Constantinople (1453), et répartit les nombreuses trouvailles en respectant les quatre régions qui constituaient la Messénie : Pylie, Kalamata, Triphylie et Messène. - Musée militaire de Kalamata
Ce bâtiment géré par la quatrième division d’infanterie grecque met en lumière l’histoire de guerre hellénique depuis la révolution de 1821 par l’exposition d’une large collection d’uniformes, d’objets d’artillerie, de portraits et de photographies. Une visite guidée vous sera dispensée par l’un des jeunes militaires de garde. Lorsque vous entrez, le décor est planté par une fresque illustrant les nombreuses tortures et humiliations que faisaient subir les Turcs à la population locale : déclaration forte du patriotisme des lieux et des Grecs en général. Le nombre de conflits traités nous rappelle la complexité des rapports de force ayant existés sur le territoire européen. Même si une partie du musée est consacrée à l’implication du pays dans les deux guerres mondiales, vous appréhenderez sous un angle de belligérant la guerre de Macédoine, les guerres balkaniques ou encore la Grande Catastrophe durant laquelle 1,5 million de chrétiens seront expulsés d’Anatolie vers la Grèce. - Ancienne Messène
Le site archéologique se situe au pied du mont Ithomé et donne sur une vallée verdoyante en contrebas. Lorsqu’en 1828, dans le cadre de l’expédition de Morée, l’armée française vint aider les Grecs à se libérer du joug ottoman, elle fut suivie par une commission scientifique : ainsi débutèrent les fouilles archéologiques de l’ancienne Messène, toujours en cours étant donnée la surface du site (muraille circulaire longue de 9 km). Plus de la moitié du terrain reste à être fouillé et c’est grâce aux descriptions du voyageur antique Pausanias que les vestiges actuels ont pu être découverts. Les vestiges principaux sont la Porte d’Arcadie, la Fontaine d’Arsinoé, le stade et son hérôon ainsi que l’ekklesiasterion (cf. annexe historique). Comptez deux heures de visite.
Septième jour : citadelles de Methoni et de Pylos, plage de Voïdokilia et soirée à Olympie
Lors de cette pénultième journée vous traverserez la côte ouest du Péloponnèse pour arriver à Olympie le soir.
- Citadelle de Methoni
La matinée débute par une balade dans les remparts de la citadelle de Methoni, aménagée il y a deux siècles par les troupes de l’armée française qui y établirent leur quartier général lors la guerre d’indépendance grecque. Cette cité aurait été incluse dans la proposition d’Agamemnon pour convaincre Achille de le rejoindre dans ses rangs, et fut libérée de l’emprise des Spartiates par la bataille de Leuctres. L’historien de l’Antiquité tardive Ammianus Marcellinus relate qu’en 365 un séisme survint en Méditerranée et provoqua un raz-de-marée qui détruisit la ville. Il faut attendre le XIIe siècle pour que la sérénissime république de Venise s’en empare puis la fortifie en raison de sa place stratégique sur la route commerciale orientale. Nous pouvons même mentionner don Juan d’Autriche, qui, fort de son succès à Lépante un an plus tôt, lancera une offensive infructueuse sur la ville en 1572 contre les Turcs, possesseurs des lieux depuis 1500 et jusqu’à la révolution grecque (excepté la seconde période d’occupation vénitienne (1686-1715)). L’essor mercantile créé par les Vénitiens sera fortement ralenti par les deux périodes d’occupation ottomane qui ne laisseront de singulier que la tour défensive octogonale faisant face à l’île protégée de Sapienza au sud des remparts. Comptez 1h30 de balade. - Citadelle de Pylos
Ensuite, rendez-vous à la forteresse de Pylos (Néokastro). Bâtie par les Ottomans pour renforcer leurs positions au sud du Péloponnèse deux ans après leur défaite à Lépante, elle sera ironiquement incendiée deux siècles plus tard lorsqu’ils feront fuir les Russes de l’expédition d’Orloff. Aujourd’hui, trois petits musées se trouvent dans l’enceinte. L’un, archéologique, réunit des vestiges du royaume de Nestor mentionné par Homère, place forte de la civilisation mycénienne aux origines de l’actuelle Pylos. Les deux autres sont consacrés aux intrigantes trouvailles sous-marines faites soit au hasard soit par les fructueux programmes de recherches entrepris ces dernières décennies autour des îles bordant la péninsule. - Rade de Navarin – Théâtre d’une bataille navale légendaire
Une fois la visite terminée, descendez sur la place de l’obélisque des Trois Amiraux pour contempler la rade de Navarin, théâtre de la dernière grande bataille navale de l’histoire de la marine à voile, le 20 octobre 1827 (résumé de la bataille dans l’annexe historique). - Plage de Voïdokilia
En début d’après-midi, rendez-vous à l’une des plus belles plages de Grèce. Son nom : Voïdokilia, littéralement « panse de taureau », provient de sa forme qui la protège de tout courant. Avant de partir, longer la plage jusqu’au bout et après avoir surmonté la dune, un petit chemin mène à l’impressionnante grotte de Nestor depuis laquelle la vue sur la baie est fabuleuse.
Huitième jour : visite du site d’Olympie
Cette dernière matinée sera consacrée à la visite du site d’Olympie. Elle se divise en trois parties et vous prendra un peu plus de trois heures. Commencez par le site archéologique, puis rendez-vous au musée archéologique à quelques centaines de mètres et finissez par le musée de l’Histoire des Jeux olympiques antique se situant à l’entrée du site d’Olympie.
- Site archéologique de l’ancienne Olympie
L’histoire d’Olympie commence à l’aube de l’Antiquité avec la création, dans la vallée fertile du fleuve Alphée, du sanctuaire de Zeus : père des Dieux et des Hommes dans la mythologie grecque. Bien que géographiquement isolée, Olympie s’est imposée comme le plus important centre religieux, politique et sportif panhellénique. Ici même naquirent les valeurs de noblesse de conduite, d’esthétisme physique et de rivalité saine ayant façonné notre civilisation occidentale en lui donnant les clés lui permettant d’atteindre sa grandeur. Les principaux vestiges sont le stade, les thermes ainsi que les temples de Zeus et d’Héra (cf. annexe historique). À la fin du IVe siècle, sous l’influence de la morale chrétienne devenue religion officielle de Rome et voulant évincer toute concurrence, les empereurs d’Orient interdisent les Jeux et font incendier les installations d’Olympie. Les sites abandonnés seront achevés par plusieurs tremblements de terre à travers les siècles qui suivront. Le sport, pilier de la civilisation grecque, sera donc la principale victime collatérale du christianisme. - Musée archéologique
De nombreuses sculptures et reconstitutions sont à découvrir au sein du musée archéologique, dont la reconstitution des imposants frontons du temple de Zeus. À noter que les découvertes des premières fouilles réalisées par les Français lors de l’expédition de Morée ont été transportées au Louvre. - Musée de l’Histoire des Jeux olympiques antiques
Riche de détails sur les épreuves qui s’y déroulaient (cf. annexe historique), ce musée retrace aussi bien l’évolution des mœurs que la célébration de ses champions. Devenir olympioníkis (de Niké, victoire) était la distinction suprême pour un mortel, et la sacralisation par le couronnement du rameau d’olivier donnait aux lauréats l’accès à de nombreux privilèges pour le restant de leurs jours comme l’exonération d’impôt, la gratuité des repas et des places aux théâtres et aux compétitions. Vous en apprendrez aussi sur la place des femmes aux Jeux, du culte dans les épreuves et sur la préparation des athlètes. Aujourd’hui, le seul rituel encore perpétué est l’allumage de la flamme olympique dans l’autel d’Héra officialisant le début de chaque nouvelle olympiade.
Activités connexes
- Au sein du Festival d’Athènes et d’Épidaure, des représentations des tragédies d’Euripide, de Sophocle et d’Eschyle ainsi que des spectacles lyriques se tiennent dans le théâtre antique d’Épidaure certains vendredis et samedis de juin à septembre. Le site pour le programme et les réservations : aefestival.gr
- Visite du Temple d’Apollon à Bassæ (1h20 de route dans les terres au sud d’Olympie): Ce mystérieux temple périptère aux colonnes restées presque intactes et perdu au cœur de la péninsule fut découvert par un Français en 1765. Selon le géographe antique Pausanias il aurait été édifié sur la plus haute montagne de la région par ses habitants en l’honneur d’Apollon, dieu guérisseur, après avoir survécu à une épidémie de peste.
Cartographie
- Carte du Péloponnèse au 1/200 000, Terrain Éditions, intitulée « 6 Péloponnèse ».
Bibliographie et littérature
- La Guerre du Péloponnèse, Thucydide. Robert Laffont. Trad. de Jacqueline de Romilly, 1990.
- Mani : Voyages dans le sud du Péloponnèse, Patrick Leigh Fermor. Bartillat. Trad. Marc Monfort, 2018 (version originale datant de 1950).
- Traité signé à Londres le 6 juillet 1827 entre la France, la Grande-Bretagne et la Russie, pour la pacification de la Grèce.
- Combat de Navarin, Eugène Sue. Bibliothèque électronique de Lisieux, 1842.
Art de vivre
Les Péloponnésiens, à la fois Méditerranéens et ruraux, sont très hospitaliers : n’hésitez pas à les solliciter pour trouver votre chemin ou pour le plaisir de la conversation. Quant à la cuisine locale, elle est constituée de viandes ou de poissons frais accompagnés par les nombreux légumes qui poussent dans la région. Certains cépages ancestraux pourront se joindre à vos repas.
Bonnes adresses
- Entre Némée et Mycènes
Dans les environs de Némée et avant de rejoindre Mycènes les amateurs de vins peuvent faire une dégustation dans l’un des multiples vignobles primés des alentours. - Monemvasia
Monemvasia fut aussi connu pour son vin, prisé durant le Moyen-Âge aux banquets des seigneurs européens, et qui transmit son nom au cépage malvoisie aujourd’hui répandue autour de la Méditerranée. Pour les œnophiles il existe un bar connu de dégustation de vins au cœur de la cité et en face de son église orthodoxe principale Christos Elkomenos.
Pour clore la journée, vous pourrez prendre de la hauteur et dîner en terrasse dans la taverne Epidilion (à Foutia, 20 min de Monemvasia en voiture) car elle offre un panorama unique sur la baie et son rocher, le mieux étant d’arrivée lorsque le crépuscule surgit des montagnes. - Chalikia Vatta
À 40 minutes en voiture de Gythio. Pour le déjeuner, la taverne à gauche en arrivant sur la plage propose de beaux poissons grillés, pêchés le matin même dans les environs. - Aréopoli
Vous pourrez vous restaurer en profitant du coucher de soleil dans la taverne de poissons (Ψαροταβέρνα / psarotaverna) directement à gauche en arrivant au port de Limeni (à 10 minutes d’Aréopoli). - Stoupa/Kardamyli
Si le temps vous le permet en fin d’après-midi, vous pourrez faire un saut dans la rue principale du village de Kardamyli dans laquelle se trouve une boutique vendant plusieurs huiles d’olive locales ainsi qu’une épicerie fine du même acabit quelques mètres plus loin. - Kalamata
Sur le chemin du retour, après la visite de l’Ypapanti, à l’angle entre les rues Mpenaki et Papazoglou se trouve une boulangerie traditionnelle qui ne paie pas de mine de l’extérieur mais qui sera parfaite pour vous faire découvrir les modestes gourmandises locales. Avant de quitter Kalamata, installez-vous sur la place de l’église des Saints Apôtres pour déjeuner. - Rejoindre Methoni
Depuis l’Ancienne Messène, rallier le cœur historique de Methoni (près du Kastro, 1h30 de route), près duquel vous passerez la nuit. Les vaillants pourront se rafraîchir dans la mer d’huile entre les deux digues de la plage longeant les remparts avant d’aller dîner à quelques mètres au restaurant du château (Εστιατοριο το Καστρο) dominant la petite colline à l’extrême sud-ouest de la ville et donnant une vue aventureuse sur le Kastro devançant l’île de Sapienza, le tout dans un décor aux couleurs mystiques si vous arrivez pour le coucher de soleil.
Liens
- Site de la ville de Nauplie : cityofnafplio.net
- Site de la cité de Monemvasia : monemvasia.gr
- Musée archéologique d’Olympie : ancientolympiamuseum.com
Année où cet itinéraire a été parcouru
Juin 2023, par Alexandre, auditeur de la promotion Léonard de Vinci.
Annexe historique
Jour 1 : Cité de Mistra
Son histoire est tumultueuse. La cité naît avec la construction de sa forteresse en 1249 par les Francs de Guillaume II de Villehardouin voulant renforcer leurs positions acquises dans la péninsule après le partage de l’empire byzantin dû au détournement de la quatrième croisade. Quelques années plus tard, la ville est cependant reprise par les Byzantins qui l’élèveront au rang de capitale culturelle et deuxième ville de l’Empire après Constantinople, avant qu’elle ne passe aux mains des Turcs en 1460 et jusqu’à la guerre d’indépendance, en incluant une fenêtre d’occupation vénitienne de 1687 à 1715 ! Les Ottomans détruiront partiellement Mistra en représailles avant d’abdiquer.
Jour 4 : L’expédition française de Morée
Aux origines de l’expédition, en juillet 1828, sept ans après le début de la guerre d’indépendance grecque, les trois grandes puissances de l’époque : France, Russie et Grande-Bretagne s’accordent par le protocole de Londres à ce que l’armée française envoie un corps expéditionnaire en Morée afin d’obtenir un cessez-le-feu entre les forces turques et grecques et persuader l’armée égyptienne d’évacuer la péninsule. Les 15000 militaires français du général Maison débarquent à Coron fin août et libère la Morée en deux mois. En novembre, sur recommandation des trois Académies françaises, le ministère des Affaires étrangères décide alors d’envoyer un expédition scientifique en Morée semblable à celle de la campagne d’Égypte menée par Napoléon. Elle se divise en trois sections supervisées respectivement par les trois Académies : Sciences naturelles (Sciences), Archéologie (Inscriptions et Belles-lettres) et Architecture et Sculpture (Beaux-arts). Longue de neuf mois et semée d’embûches, les Français accomplissent tout de même un travail monumental d’un haut niveau scientifique : botanique, cartographie, premières fouilles de l’Ancienne Messène et d’Olympie etc. Cette entreprise constitue la première tentative d’un groupe de scientifiques d’effectuer une prospection systématique de la Grèce.
Jour 5 : Anticythère – visible depuis la pointe du Cap Ténare
Anticythère, île éponyme du plus ancien mécanisme à engrenages connu, qui permettait dès l’an -100, en calculant les positions de la Lune et du Soleil, de prédire les futures éclipses avec une extrême précision (jour, heure et même couleur !). Des officiers de la Marine grecque mirent la main dessus en 1901 après avoir été avertis par des pêcheurs patriotes ayant découvert près de l’île l’épave de la galère romaine qui le contenait. Faite de bronze, cette petite machine est d’une complexité telle pour l’époque que l’homme mettra mille ans avant de recréer des mécanismes aussi ingénieux. Œuvre probable d’Archimède ou de l’un de ses disciples, elle suscita directement l’engouement de la communauté scientifique mais seule la technologie du XXIe siècle en permit une reproduction fidèle. Aujourd’hui encore, le mystérieux calculateur d’Anticythère constitue le plus bel ouvrage des sciences grecques.
Désertion du Magne
Pour mieux comprendre ce phénomène, il faut remonter au milieu du siècle dernier, période à laquelle de nombreux Péloponnésiens voulant fuir la guerre civile ont commencé à émigrer principalement outre-Atlantique et en Australie. Cette tendance migratoire s’est accentuée à travers les décennies notamment à cause de la dictature des colonels (1967-74) puis de la crise de la dette publique grecque à partir de 2008 ayant engendré une précarité économique qui sévit toujours. D’aucuns auront constaté l’absence de jeunes dans la région à laquelle s’ajoute une réelle fuite des cerveaux grecs. Néanmoins, la diaspora grecque reste très proche de sa culture et de ses traditions : parmi les 430 000 Australiens d’origine grecque, 91% sont membres de l’Église orthodoxe grecque et 88% parle le grec. Leur religion orthodoxe qui survécut près de quatre siècles malgré l’occupation ottomane reste un symbole fort de l’identité des Grecs. En témoigne dans la Péninsule la présence, la présence du drapeau jaune représentant l’Aigle bicéphale de l’Église orthodoxe grecque accompagnant systématiquement le drapeau national.
Jour 6 : Petite église des Saints Apôtres
Ceinturée de bars et de commerces, cette église fondée au XIVe siècle avant d’être dotée d’un dôme basilical par les Vénitiens a résisté au tremblement de terre qui frappa la région en 1986 et est liée à l’histoire de l’État grec moderne. Au matin du 23 mars 1821 les forces révolutionnaires irrégulières klepthe, maniote et messénienne réunissent 2500 hommes pour assiéger la ville provoquant la reddition instantanée de la garnison ottomane. Kalamata fut la première grande ville libérée. À midi, les pionniers de cette libération (Kolokotronis, Petrobey, Nikitaras et Papaflessas) arrivent devant l’église et y organisent une doxologie durant laquelle ils jurent d’avoir foi en la révolution. Chaque année en ce jour a lieu une représentation de ce moment charnière.
Église métropolitaine d’Ypapanti
Sa particularité est d’avoir été reconstruite à quatre reprises depuis la fin du 18ème ! À l’intérieur est préservée une icône miraculée de la Vierge (Panagia en grec, de pan – tout et agios – saint), car entièrement brûlée au dos alors qu’intacte de face. Trouvée par un palefrenier dans une étable ottomane, cette icône est encore vénérée localement car elle aurait sauvé ses habitants de la peste qui foudroya la ville en 1841 : dans les faits, les survivants désespérés entreprirent une procession guidée par l’icône accompagnée d’un jeûne de trois jours et la peste disparut aussitôt.
Ancienne Messène
Aux origines de l’Ancienne Messène se trouve la bataille de Leuctres (371 av. J.-C.) durant laquelle Épaminondas, général de Thèbes, vainquit les Spartiates qui avaient asservi les Hilotes du sud du Péloponnèse et mit ainsi fin à deux siècles de suprématie spartiate dans la région. Épaminondas et les Hilotes libérés bâtirent la ville fortifiée de Messène, nouvelle capitale de la région éponyme portant le nom de sa première reine mythologique (Messèné) à laquelle fut consacré un culte à mystères proche des Mystères d’Éleusis. Après une hégémonie au cours de l’époque romaine et à la mort de Théodose en 395 (dernier empereur de Rome unifiée), Messène fut ravagée par les Goths fuyant la région du Danube qui venait d’être envahie par les Huns
Jour 7 : de passage à Pylos. Résumé de la bataille de Navarin (20 octobre 1827)
Situons le contexte. Après sept années de lutte acharnée entre insurgés grecs et Ottomans, les massacres de part et d’autre commencent à tracasser certains diplomates de la Sainte-Alliance. La Russie voudrait apaiser les tensions par fraternité orthodoxe et s’emparer des deux détroits de la mer de Marmara, tandis que la France et la Grande-Bretagne veulent respectivement défendre le libéralisme des Chrétiens grecs et conserver la lucrative route commerciale menant aux Indes. Il fallut plusieurs mois de négociations et d’amendements aux trois puissances pour établir le champ d’actions par traité : une imposante flotte tripartite sera envoyée en Grèce sous le commandement d’un amiral par pays (pilotée par l’Anglais Codrington) et qui aura pour missions de bloquer tout renfort naval aux Ottomans, de prévenir toute nouvelle tentative de soulèvement grecque, et d’encourager les flottes turques à rentrer dans leur port d’attache. Les puissances, n’étant pas en guerre avec l’Empire, devaient éviter au possible toute échauffourée mais « courir les risques inhérents à la guerre » en cas de refus d’obtempérer. Deux semaines avant la bataille, les Britanniques de l’amiral Codrington interceptent la flotte d’Ibrahim Pacha, la pourchassent trois jours durant, les forçant à rallier l’étau stratégique de Navarin. Après que les flottes britanniques eurent été rejointes par celles russes de Geiden et celles françaises de Rigny, les trois amiraux s’accordèrent, conformément à leurs directives, à entrer dans Navarin et réitérer leur proposition d’évacuation pacifique à Ibrahim Pacha. Attendues par une flotte ottomane, renforcée de frégates égyptiennes et algériennes, inquiète et ayant misé sur un agencement dissuasif en U et comptant 60 navires de guerres, 2000 canons et 22000 hommes, les trois puissances entrèrent dans la baie avec moitié moins de navires, mais plus puissants, 1300 canons, mais mieux coordonnés, et trois fois moins d’hommes, mais bien mieux formés. Les échanges n’aboutirent pas. Un coup de feu fut tiré d’une corvette égyptienne. Ce qui devait arriver arriva : cinq heures de lutte à bout portant dans un péril imminent. Les artilleurs européens des vaisseaux de lignes ancrés brisèrent la flotte impériale pendant que les goélettes mobiles annihilèrent leurs redoutables brûlots. Le feu cessa la nuit tombant. Victoire écrasante : soixante navires impériaux détruits contre zéro (même si de nombreux étaient bien endommagés), 6000 pertes contre 200 et 4000 blessés contre 500.
La bataille de Navarin fit perdre à l’Empire son ascendant psychologique. Ce qu’il restait de ses navires quittèrent la Grèce tandis que les troupes de Pacha fuirent par la terre et se barricadèrent dans les citadelles de la péninsule. L’indépendance n’était pas encore acquise. Cette victoire servit de prélude à l’expédition de Morée et à la neuvième guerre russo-turque qui donnèrent par le traité de Constantinople de 1832 leur indépendance à l’État grec après près de 400 ans d’asservissement aux Ottomans !
Jour 8 : site archéologique de l’Ancienne Olympie
Le sanctuaire, dont les premières traces datent du Xème siècle av. J.-C. (la zone étant habitée depuis le troisième millénaire av. J.-C.), était consacré au culte de Zeus et s’est largement agrandi vers le VIème siècle av. J.-C. grâce à un prosélytisme zélé (construction du temple d’Héra) et à l’attractivité croissante des Jeux Olympiques (dès -776) avant d’atteindre son apogée deux siècles plus tard. Autour du sanctuaire se trouvaient les installations d’accueil où les pèlerins et les athlètes séjournaient : résidences, thermes et gymnases d’entraînement, dont vous parcourrez les vestiges à travers le site archéologique. Avant l’entrée du stade étaient alignées des statues de Zeus en bronze servant d’avertissement aux athlètes. Leur construction était financée par les amendes des tricheurs attrapés et sur leur base étaient gravés leur nom ainsi que leur stratagème ! N’oublions pas de mentionner que dans le temple de Zeus le sculpteur Phidias avait érigé l’immense statue chryséléphantine de Zeus : 12 mètres d’or, d’ivoire et de pierres précieuses et troisième Merveille du monde antique.
Musée de l’Histoire des Jeux olympiques antiques
On y apprend par exemple qu’il existait une épreuve de javelot de précision durant laquelle les athlètes à cheval visaient une cible au galop. La longueur du stade d’Olympie (environ 200 mètres) qui était parcourue une fois (stadion), deux fois (diavlos) ou quatre fois (hippios) lors de ces épreuves appréciées des Jeux a donné les épreuves actuelles du 200, 400 et 800 mètres. Les épreuves favorites des spectateurs étaient les combats : lutte, pugilat ou encore pancrace avait chacun leurs propres règles et techniques et sont à l’origine des disciplines modernes.
D’Olympie à Athènes : Le golfe de Patras – anciennement golfe de Lépante
Vous passerez par le golfe de Patras, ancien golfe de Lépante, théâtre de la bataille du même nom qui, en 1571, vit s’imposer les galéasses de la Sainte-Ligue commandées par don Juan d’Autriche face aux galères ottomanes de Sélim II, fils de Soliman le Magnifique. Cet affrontement d’une ampleur colossale tant par le nombre de navires mobilisés que de pertes humaines rompit l’expansionnisme turc en Méditerranée occidentale.