Drieu la Rochelle. L’Europe avant tout !
Lorsqu’on parcourt les écrits de Drieu, on s’aperçoit que l’Europe constitue en quelque sorte sa colonne vertébrale, celle qui mène l’intégralité de son cheminement personnel, intellectuel et idéologique.
Dans L’Europe avant tout !, ouvrage publié aux éditions de La Nouvelle Librairie, Thomas Gerber livre une étude détaillée du parcours politique de Drieu la Rochelle. L’écrivain maudit, chantre de l’Europe, est plus que jamais à lire.
Drieu, auteur maudit, Drieu collabo, Drieu fasciste, Drieu nazi aussi parfois… Pierre Drieu la Rochelle fait partie de ces bêtes noires de la littérature française, dont on ne doit ni prononcer le nom ni lire les ouvrages. Belle façon d’entretenir le mythe d’une figure détestable, et que l’on connaît souvent bien peu ! Car qui a vraiment lu Drieu sait bien que sa principale préoccupation, c’est l’Europe ! Dans son dernier ouvrage paru aux éditions de la Nouvelle Librairie, Thomas Gerber revient sur le parcours – non sans embûches – d’un homme dont l’œuvre tout entière a été tournée vers ce destin continental.
« Mon but essentiel a été, est et sera toujours la constitution des États-Unis d’Europe. »
Pierre Drieu la Rochelle
Telle est, s’il n’en est qu’une, la citation qu’il faudrait retenir de Pierre Drieu la Rochelle afin de synthétiser son œuvre. À rebours de la plupart des auteurs, Thomas Gerber fait ici le choix de partir des textes pour comprendre l’écrivain… grande créativité, mais encore fallait-il le faire ! Et rares sont les détracteurs de Drieu qui partent de ses textes ; l’analyse psychologique – libre de toute réalité – est bien plus simple !
Lorsqu’on parcourt les écrits de Drieu, on s’aperçoit que l’Europe constitue en quelque sorte sa colonne vertébrale, celle qui mène l’intégralité de son cheminement personnel, intellectuel et idéologique, qui lui indique les voies successives de son destin, fussent-elles en apparence opposées. Ce n’est qu’armé de cet ancrage qu’il condamne la mondialisation – destructrice des particularismes identitaires –et le capitalisme qui ont su placer des tourniquets à l’entrée des cathédrales afin que des touristes chinois paient pour « voir mourir notre âme », ou encore les deux guerres mondiales, qui voient se déchirer des peuples frères. À l’heure du déchirement dans l’est de l’Europe, on serait bien tentés de relire l’épilogue de L’Europe contre les patries. L’auteur y fait le pari – évidemment critiquable – du désengagement… seul moyen selon lui de ne pas « trahir l’espèce ».
Cette espèce dont il se réclame est celle qui peuple notre continent et qui appartient à cet ensemble civilisationnel qu’est l’Europe. À rebours des nationalistes de son temps, Drieu revendique l’unité et ne manque pas de comparaisons à cet effet. Si nous voyons le monde asiatique comme un grand ensemble malgré ses milliers de nuances, eux nous voient aussi comme un grand bloc. Car malgré nos particularismes locaux, nos préférences et nos folklores, nous mangeons tous de la même façon, avons les mêmes visages, les mêmes religions et les mêmes rites. La grande culture européenne est bien une et identifiée !
Aujourd’hui comme aux temps de Drieu, cette culture est en crise, prise entre deux mondes. Hier le « super-capital » et le « super-socialisme ». Aujourd’hui le « super-capital » et le « super-migrant », qui dans un cas comme dans l’autre ne sont finalement que les deux pendants d’un même problème. Pour survivre, l’Europe doit renouer avec l’impératif de puissance : retrouver une « formule vitale et originale », mais surtout active car l’action seule est salvatrice. Il n’y a qu’en réfléchissant ainsi que l’on peut comprendre les différents engagements de Drieu la Rochelle.
Et dans les temps troublés que nous vivons, il serait grand temps de reprendre les leçons d’un homme qui toute sa vie a réfléchi en Européen, voyant déjà la crise civilisationnelle et le déclin de l’Occident. En tâtonnant, en chutant parfois mais en ne s’arrêtant jamais. Nous avons le droit de réfléchir, nous avons le droit de douter, mais pas de nous arrêter.
Face à ce constat, la lecture de Drieu s’impose, car la réflexion européenne est plus que jamais nécessaire. Si l’Occident s’effondre réellement, réjouissons-nous car il n’est pas le monde que nous portons. Mais sachons construire à sa place une Europe nouvelle, sur l’héritage d’une identité vieille de 3000 ans.
Comme Drieu, nous serons donc des maudits, condamnés à ce titre dont il nous faut être fiers car il est notre raison d’être dans un monde que nous rejetons.
« Européens conscients et fiers de l’être, nous voilà pour ainsi dire condamnés à être insoumis, dissidents et rebelles. Insoumis à l’injonction du “vivre ensemble” au sein de sociétés multiculturelles, en voie d’africanisation et d’islamisation accélérées. Dissidents du nouvel ordre mondial marchand, de la pensée conforme et du caquetage médiatique. Rebelles enfin, aujourd’hui comme hier, à toute forme de totalitarisme. Rebelles par fidélité. »
Grégoire Gambier
Conclusion à Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne, Philippe Conrad dir., édition Institut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018
S. M. – Promotion Jean Raspail
Thomas Gerber, Drieu la Rochelle. L’Europe avant tout !, éditions de La Nouvelle Librairie, 2022, 208 pages, 16,20 €