Institut ILIADE
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Brocéliande

"La forêt de Brocéliande, pleine de rumeurs et de feux follets, où Merlin par les jours d’orage gémit encore dans sa fontaine." Maurice Barrès, La Colline inspirée

Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt
Brocéliande
Pays : France
Région : Bretagne
Modes de déplacement : Randonnées à pied, à cheval ou à bicyclette (VTT). Il est possible de visiter les sites en voiture en stationnant son véhicule sur les grands parkings situés à proximité des sites mais force est de reconnaître que le charme opère moins : c’est par la forêt que l’on doit entrer dans Brocéliande.
Durée des parcours : De la promenade d’une heure et demie à la semaine de randonnée.
Difficulté des parcours : Promenade familiale. Certaines parties de la forêt présentent quelques vallonnements, cependant sans aucune difficulté.

Périodes

Le syndicat de pays de Brocéliande a souhaité développer fortement le tourisme à Brocéliande, ce qui a entraîné une forte hausse de la fréquentation estivale. Si la plupart des visiteurs ignorent le cœur de la forêt, les sites importants sont sur-fréquentés durant l’été. Les meilleures périodes pour visiter Brocéliande se situent donc au printemps (en évitant les ponts du mois de mai…) et à l’automne. Cependant la forêt est un domaine privé sur 90 % de son territoire, dont une forte partie est interdite au public du 1er octobre au 31 mars. En dehors de cette période de fermeture, elle est ouverte sur les sentiers pédestres ayant fait l’objet d’une convention de passage entre l’Association Forestière de Paimpont, le Conseil Général, la commune de Paimpont et la Fédération Française de la Randonnée Pédestre (FRPP). Toutefois, d’expérience, les promeneurs y sont tolérés l’hiver, le principal risque à appréhender étant les chasses en battues.

Si, malgré cet avertissement, vos pas vous portent tout de même à Brocéliande en été, afin d’éviter la cohue touristique, c’est au crépuscule ou à l’aube qu’il faut aller découvrir le Val sans retour, la fontaine de Barenton, l’étang du Pas du Houx et les autres hauts lieux de la forêt. Et lorsque le soleil commence à monter dans le ciel, il est alors temps de se retrancher dans le secret des halliers.

Présentation géographique

Brocéliande correspond à la forêt de Paimpont, qui couvre 9 000 ha à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Rennes en Haute-Bretagne. Située sur le point culminant du département d’Ille-et-Vilaine (258 m.), elle fait partie d’un massif forestier qui s’étend sur près de 15 000 ha, dont une bonne partie est occupée par le camp militaire de Saint-Cyr-Cöetquidan. Elle constitue les lambeaux de l’immense forêt de 200 000 ha qui couvrait le centre de la Bretagne au Haut Moyen-Âge. La forêt actuelle de Paimpont est séparée en deux parties, la haute et la basse forêt, avec, en son centre, le village de Paimpont, son abbatiale et son étang. L’industrie des forges aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles entraîna une surexploitation de la forêt qui, de futaie, devint landes et taillis. Paimpont devint ensuite forêt d’exploitation avec la plantation de résineux, particulièrement en Haute-Forêt dont le centre est assez monotone avec de longues allées se croisant à angle droit. L’eau, utile également à l’industrie des forges, est omniprésente à Brocéliande avec de nombreux étangs : le Pas du Houx (le plus vaste ; 75 ha), les étangs de Paimpont, de Comper, des Forges, etc.

Cadre historique et culturel

Les premières traces de présence humaine sont attestés au néolithique avec de nombreux ensembles mégalithiques aux lisières de la forêt.

A l’aube du Moyen Age, lors de l’arrivée des Bretons quittant la Grande Bretagne menacée par les invasions, Brocéliande fait partie de la Domnonée, dont le roi Judicaël aurait vécu près de Paimpont. D’autres rois de Bretagne auraient eu leur résidence aux alentours de la forêt comme le roi Salomon, installé à Plélan-le-Grand au IXe siècle.

Au XIe siècle, les seigneuries de Gaël, Montfort et Brécilien se partagent la forêt. La région est sur une ligne de conflits près des Marches où Bretons, Francs et Normands bataillent.

C’est avec les Plantagenêt que la légende arthurienne s’enracine dans la région. Le Roman de Rou, écrit au XIIe siècle par l’écrivain normand Robert Wace sur une commande d’Henri II Plantagenêt, évoque une forêt de Bréchéliant et une fontaine de Béranton ayant des caractères merveilleux, notamment d’obtenir de la pluie en versant de l’eau sur son perron :

« Parmi une forêt épaise
Sont maintes voies félonesses
De racines et d’épines pleines.
Or c’est Brocéliande
Une forêt en une lande
Une forêt mult longue et lée
Qui en Bretagne est mult louée.
La fontaine de Barenton
Sort d’une part près le perron…
Là il est beau voir les fées
Et plusieurs autres merveilles…
Quand viennent les chasseurs
à Barenton par grande chaleur
Avec leur cor d’eau puiser
Et le perron dessus mouilléer
On voit de suite la pluie tomber…»

L’invention de Brocéliande en Bretagne continentale doit ainsi être replacée dans un cadre autant historique que culturel. En effet, le roi Arthur est une pièce maîtresse de la politique des Plantagenêt pour asseoir leur légitimité historique en grande et en petite Bretagne.

Tout au long des XIIe et XIIIe siècles, Chrestien de Troyes, Robert de Boron, vivant dans la suite des Plantagenêt, suivi en Angleterre par Thomas Malory et en Allemagne par Wolfram von Eschenbach ont contribué au développement de la Geste arthurienne et du légendaire de la Table ronde qui deviendra ainsi un mythe majeur de l’Europe.

Mais c’est surtout au XIXe siècle, avec l’essor du romantisme, que l’imaginaire de la Table ronde connut un regain d’enthousiasme et que la forêt de Paimpont conquit définitivement le titre de Brocéliande avec le Val sans Retour, la fontaine de Barenton, le tombeau de Merlin, etc.

Description des itinéraires

La vallée offre 300 kilomètres de sentiers entretenus et balisés, avec indication de temps. Il est recommandé de se procurer le topoguide de la FRPP indiqué dans la bibliographie qui offre toutes les indications utiles pour ceux qui ne connaissent pas la forêt. Le GR 37 de la Rance à l’Oust traverse également la forêt.

De Tréhorenteuc à Trécesson (boucle de 10 km environ)

Le petit village de Tréhorenteuc est situé à l’extrême ouest, en lisière de la forêt. Il faut d’abord y visiter l’étrange église de l’abbé Gillard qui, de 1942 à 1962, transforma l’édifice du culte en temple à la gloire de la légende arthurienne, abritant en son sein un prodigieux décor, vitraux et peintures murales, où trône en majesté dans le chœur de l’église un grand cerf blanc et où la fée Morgane assiste à la Passion du Christ…

Le sentier qui conduit vers Trécesson suit en partie le GR37, laissant sur sa gauche le Val sans retour pour grimper au travers des landes de Rohan, d’où l’on s’attend à voir surgir quelques korrigans. Au lieu-dit la Croix Lucas (dont la présence est attestée dès le XVe siècle marquant la limite Est de la seigneurie de Brécilien), on peut rejoindre à 300 m le tombeau du Géant, monument mégalithique. Après avoir contourné la butte du Tiot, on rejoint le magnifique château de Trécesson (XVe siècle), dont la fière silhouette se mire dans les larges douves où baignent ses murailles. Du château, continuer sur le GR37 qui longe le camp militaire de Coëtquidan et passer devant la petite chapelle Saint-Jean. A 150 m de celle-ci se trouve une fontaine où l’on baptisait autrefois les nouveaux nés. Il faut ensuite passer par la Touche Guérin, puis, avant de rejoindre Tréhorenteuc on peut saluer la fée Viviane en visitant son « Hôtié » (sa maison) qui s’avère être une sépulture, sous forme d’un cromlech de pierres.

Pour s’imprégner de l’esprit des lieux, c’est une balade à effectuer par temps gris, lorsque le ciel est bas et que souffle le vent : on peut alors appréhender toute la mélancolie de la lande bretonne.

De Tréhorenteuc au Val sans retour

Le Val sans retour, c’est le domaine de la fée Morgane, qui y enferme les amants infidèles. Mais attention, le Val sans retour représente également le site touristique phare de Brocéliande… La présence à proximité des immenses parkings avec baraque à frites laisse augurer de la surpopulation qui affecte le site lors des longs week-ends de mai… à ce titre, la visite du Val sans retour est à proscrire impérativement aux jours et heures où se pressent les cohortes débraillées et bruyantes du tourisme de masse ! C’est au crépuscule qu’il faut découvrir le Val sans retour, le silence est alors revenu sur les landes et le soleil couchant enflamme magnifiquement les rochers de schiste rouge qui affleurent entre genêts, bruyères et ajoncs de cette étroite vallée encaissée. Il faut découvrir le val par le fond de la vallée en suivant le petit ruisseau du Rauco qui serpente dans les sous-bois avant d’alimenter l’étang du Miroir aux Fées, dont une légende raconte qu’autrefois, sept fées, sept sœurs, y vivaient et aimaient à observer leur reflet dans l’eau. Il faut ensuite monter sur les crêtes où souffle le vent d’Ouest et où s’ouvrent des vues magnifiques sur la vallée, les landes alentours et la masse sombre de la forêt au loin.

Bibliographie

  • Brocéliande ou l’obscur des forêts, Editions Artus
  • Claudine Glot et Marie Tanneux, Contes et légendes de Brocéliande, Editions Ouest-France
  • Jean Markale, Brocéliande et l’énigme du Graal
  • Claudine Glot, Les Hauts-Lieux de Brocéliande, Editions Ouest-France

Pour les enfants

  • Claudine Glot, La légende de Merlin, Editions Ouest-France

Accès et données GPS

Paimpont, situé au centre de la forêt, est à environ 30 mn de route de Rennes par la voie express (direction Lorient). La seule gare ferroviaire est située à Montfort-sur-Meu (liaisons régulières par TER au départ de Rennes) à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Brocéliande. Au sortir de la gare, on peut rejoindre immédiatement le GR du grand tour de Brocéliande (142 km). Cette partie méconnue offre de magnifiques balades sur des landes désolées et battues par les vents.

Matériel spécifique, équipement

De bonnes chaussures de randonnée.

Art de vivre

C’est à la « saison mouillée », avec le reflux des masses touristiques, que l’on découvre l’âme du pays de Brocéliande, les « autochtones » se retrouvent de nouveau entre eux. L’exploitation forestière et la chasse retrouvent alors leur statut de principales activités du pays, accueillant chasse à courre au cerf (le rallye Bretagne créé en 1925 découple régulièrement en forêt), battues aux sangliers, chasses aux canards dans les nombreux étangs de la forêt.

Bien que la forêt soit située en pays gallo (on n’y parle pas le breton), la culture bretonne, est bien présente et les fest-noz sont fréquentes dans les villages alentours.

On ne peut aller à Brocéliande sans visiter le Centre de l’Imaginaire Arthurien, installé au château de Comper à Concoret, animé par des passionnés de la légende arthurienne. Le château est ouvert du 30 avril au 30 septembre et organise chaque année des expositions thématiques sur la geste arthurienne ainsi que des visites guidées de la forêt et diverses animations médiévales.

Cartographie

Liens

Années où ces itinéraires ont été parcourus

Etés 2001 et 2010 – Printemps 2012