Institut ILIADE
Institut Iliade

Accueil | Itinéraires européens | L’aqueduc romain d’Uzès à Nîmes

L’aqueduc romain d’Uzès à Nîmes

« Et au chemin fist le pont du Guard en moins de troys heures :
qui toutesfois semble œuvre plus divine que humaine. »
François Rabelais, Pantagruel

L’aqueduc romain d’Uzès à Nîmes
Pays : France
Région : Provence
Thématique générale du parcours : Sur les traces des Romains bâtisseurs.
Mode de déplacement : À pied, à cheval ou à vélo (VTT).
Durée du parcours : 30 km environ en deux jours : 8 à 10 heures le premier jour, et trois heures le second. Prévoir deux véhicules, l’itinéraire étant linéaire.
Difficulté du parcours : Facile et accessible en famille. GR 63 sur 20 kilomètres, puis GR 6 sur 9 kilomètres. 20 mètres de dénivelé (positif ou négatif selon le sens de la marche) entre Uzès et le pont du Gard, et 10 mètres entre le pont du Gard et Sernhac.
Équipement : Chaussures de randonnée, carte et boussole. Eau et ravitaillement. Bien repérer le circuit auparavant sur la carte.
Périodes possibles : En toutes saisons. En été, penser à prendre un chapeau à larges bords, car il fait très chaud dans le Gard. Le maillot de bain reste utile en toute saison.

Présentation géographique

L’aqueduc romain transportait l’eau captée près d’Uzès, sur les contreforts des Cévennes, jusqu’à Nîmes, dans la plaine – mais le long d’une courbe de niveau quasiment horizontale. Les sources d’Eure sont des sources pérennes, d’origine karstique. Leur débit moyen est de 500 l/s soit 45 000 m3/jour. L’eau était réputée de bonne qualité dès l’Antiquité : les riverains comme leur bétail la buvaient sans effets nocifs. L’écoulement gravitaire permettait de desservir les fontaines, les thermes et les égouts de Nîmes, également alimentés par des puits et des sources plus proches.

Cadre historique et culturel

C’est environ en 50 après J.-C., sous le règne de l’empereur Claude (ou peut-être celui de Néron) que les édiles nîmois décidèrent la construction de cet ouvrage. Les travaux durèrent de dix à quinze ans, et l’aqueduc resta en activité pendant cinq siècles. L’eau mettait vingt-quatre heures pour parcourir les 50 kilomètres qui séparent Uzès de Nîmes, selon une pente de 0,0248 %. Le pont du Gard, qui permet à l’aqueduc de franchir le Gardon, reste le plus haut pont romain d’Europe.

Description de l’itinéraire

Cette superbe randonnée, entre Uzès et Nîmes, longe l’ancien aqueduc romain qui amenait l’eau des sources de l’Eure aux citoyens nîmois qui, en bons Romains, aimaient à prendre des bains. Son point central est le superbe pont du Gard, qui enjambe le Gardon.

L’itinéraire total fait cinquante kilomètres, mais la partie intéressante en fait un peu moins de trente. On peut forcer un peu le pas, et viser à le parcourir en une journée, mais je recommande de prendre deux jours car, franchement, vous aurez, selon l’expression bourguignonne chère à Henri Vincenot, trébun de raisons de vous arrêter en chemin, et s’il fait chaud, de boire un coup.

Première étape

La randonnée commence à Uzès à côté du domaine privé de Plantéry. En venant d’Uzès, sur la D 982, après le rocher de Serre Bonnet, prenez la première route à droite juste avant la rivière Alzon. Cent cinquante mètres plus loin, un parking vous permet de garer votre voiture à l’ombre. En revanche, je vous conseille de laisser aussi un autre véhicule au pont du Gard. Attention : les parkings du site historique font payer au nombre de visiteurs qui se présentent au guichet du musée, et pas au temps écoulé dans le parking. Soyez donc malin.

Du parking de Plantéry vous prenez le petit pont qui enjambe l’Alzon, pour découvrir la source de l’Eure, dans son bassin romain, derrière une grosse maison carrée. C’est un domaine privé, donc à moins de réussir à convaincre le propriétaire d’ouvrir la barrière, il faudra vous contenter de regarder la vasque romaine à travers celle-ci.

Mettez-vous en route vers le sud, sur le chemin sportif qui, sur 900 mètres environ, longe par la droite les restes de l’aqueduc. Puis le chemin oblique doucement vers l’est et l’on croise encore un morceau semi enterré de l’aqueduc et un bassin régulateur avant d’arriver à une propriété privée que vous traverserez avec les précautions d’usage : les femmes devant pour attirer les chiens et les « cochons ».

À la sortie de la propriété privée, à hauteur du château Bérard (il y a du « Château de ma mère » dans cette bâtisse) commence le GR 63 qui vous conduira jusqu’au pont du Gard en passant par Saint-Maximin, Argilliers et Vers-Pont-du-Gard, autant d’adorables villages provençaux qui méritent bien plus qu’un passage rapide. Cerise sur le gâteau, à Carrignargues, le GR vous fait passer à côté d’une borie de toute beauté et en parfait état, que l’on appelle « capitelle » sur cette rive droite du Rhône.

Vous noterez en passant devant le château Bérard les marques des différentes crues, et franchement en voyant le filet d’eau qu’est l’Alzon en été ou en automne, on a du mal à imaginer que le flot, parfois, monte de plusieurs mètres.

Tout au long de ce parcours de 20 kilomètres on peut observer des restes de l’aqueduc : segments de conduits, regards et même un petit pont qui passe au-dessus du val de Bordnègre. Enfin, cinq kilomètres avant le pont du Gard, juste après la carrière de Roc Plan d’où furent tirées les pierres de l’aqueduc, celui-ci s’élève doucement (en fait c’est la pente qui s’accroît, et comme la pente de l’aqueduc est constante (moins de 1 m par km), les Romains ont construit des ouvrages d’art pour corriger les variations du terrain.  On suit donc, admiratif, les ponts de la Lône (39 arches), du Rou (37 arches) ou encore de Valives (50 arches).

Après un dernier virage, on arrive devant le pont du Gard lui-même, et on réalise l’immensité du travail, l’aqueduc passant 20 mètres au-dessus du Gardon. En été, vous apprécierez certainement un bain, même au milieu des Hollandais et autres touristes. En novembre, l’eau est encore bonne (15°C).

Il ne vous reste alors qu’à reprendre votre voiture, aller chercher celle laissée à Uzès, et vous préparer à revenir un autre jour.

Seconde étape

La seconde étape est beaucoup plus courte : 9 kilomètres seulement. Avant de partir, sachez qu’il est possible, sur inscription, de traverser le pont au niveau du 3e étage, en passant dans l’ancienne canalisation. Le musée du site (compter une heure ou plus) est plus riche en maquettes et explications techniques qu’en trouvailles archéologiques.

La randonnée part du pont du Gard sur la rive Sud et chemine à travers la superbe campagne gardoise jusqu’à Sernhac. Après avoir réparti vos voitures au départ et à l’arrivée comme la veille, vous partirez donc du haut du pont sur la rive droite en suivant le GR 6.

Juste après le pont du Gard, vous verrez le pont à une arche de la combe Valmale, puis vers Remoulins encore d’autres vestiges de l’aqueduc. Attention, le GR 6 vous entraîne plus directement vers l’ouest, il faut donc éviter de le suivre juste après le pont. Comme la veille, vous baguenaudez à travers la campagne gardoise, et c’est une très jolie marche jusqu’à Sernhac où les Romains avaient, cette fois, creusé de longs tunnels dans la montagne. La mairie de Sernhac a installé un parcours découverte fort utile.

En automne, les couleurs des platanes mélangeaient les rouges, les ocres, les jaunes et les verts grisés. Un véritable tableau impressionniste. En été, vous aurez les grillons.

La suite de l’aqueduc est sans intérêt. Non seulement il est enterré mais, de plus, si vous décidez de poursuivre à pied, vous serez coincés entre l’autoroute A8 et le chemin de fer. Prenez votre voiture pour rejoindre Nîmes. Le Castellum, qui distribuait entre les différents quartiers de la ville les 40 000 tonnes que l’aqueduc acheminait quotidiennement, est visible rue de la Palestre. La Maison Carrée n’est qu’à quelques centaines de mètres, ainsi que la maison Villaret qui sert de délicieux croquants depuis 1775…

Mais tout ceci, Sahib, est une autre histoire…

Cartographie

Carte IGN 2941OT – Uzès / Remoulins / Pont du Gard. Vous pouvez faire réaliser par l’IGN des cartes personnalisées au 1/15 000 (1cm = 150 m) Pour ce parcours : une de Uzès à Remoulins, et une autre de Remoulins à Nîmes.

Bibliographie

  • Jean-Pierre Beaumont, L’aqueduc romain de Nîmes, Presses de l’Hexagone, 2005.
  • Jean-Luc Fiches, Le pont du Gard, Collections Itinéraires. Editions du Patrimoine, 2001.
  • Boris Johnson, The Dream of Rome, Harper Perenial, 2007. Une critique très malhonnête mais très drôle de la Communauté Européenne par « Bojo » au moyen d’une comparaison avec l’Empire Romain, son expansion et son mode de vie. Lire le chapitre 10 sur Nîmes et l’aqueduc du Pont du Gard.

Liens

Accès

La randonnée part d’Uzès et se termine à Sernhac. Ces villages sont facilement accessibles par l’autoroute A9.

Art de vivre

L’évocation de la Provence fait frétiller les papilles : olives, saucissettes, bœuf gardian, caillettes… Le tout avec un bon verre de Gigondas, de Châteauneuf-du-Pape, ou en été de rosé de Tavel. Comme partout en France, la gastronomie est indissociable du terroir et de la vie des Provençaux.

La maison Villaret, 13 rue de la Madeleine à Nîmes, sert de délicieux croquants depuis 1775.

Itinéraire parcouru à l’automne 2021 par Augusto et Augustine von Pickendorf. Photos des mêmes, agrémentées de photos prises par Anne-Laure Blanc à l’automne 2020.