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Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt

Le mont Beuvray répond à la description suivante : « c’est une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouvert par une forêt… ». Il y a un peu plus de vingt siècles, la colline était occupée par une importante cité gauloise : Bibracte.

Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt
Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt

« Si l’on veut essayer de retrouver quelque chose des Gaulois, j’entends quelque chose que le paysage porte encore, même après tant de siècles, c’est à Bibracte qu’il faut aller, sur ce mont Beuvray dominant les plateaux du Morvan. »
Jacques Lacarrière

Pays : France
Région : Bourgogne, au sein du parc naturel régional du Morvan.
Modes de déplacement : Randonnées à pied, à bicyclette (VTT), à cheval.
Durée des parcours : Environ deux heures de marche pour le tour des remparts de Bibracte. Une demi- journée depuis Saint-Léger-sous-Beuvray.
Difficulté des parcours : Les itinéraires proposés sont à la portée de tous, il s’agit de marches en forêt avec quelques montées sans difficulté.

« On monte au Beuvray parce que cela s’est toujours fait ; on accomplit ce rite pour la raison obscure que depuis plus de deux mille ans il y a là une ville qui a disparu et une foi qui est restée. »
Johannès Thomasset

Périodes

Le mont Beuvray n’est pas le mont Saint-Michel et ne souffre pas de la surfréquentation habituelle aux grands sites touristiques. Si l’on compte près de 80 000 visiteurs sur le mont Beuvray chaque année, le site est vaste, couvrant près de 1 000 ha, et les touristes se concentrent essentiellement sur les chantiers de fouilles et sur le belvédère. Pour qui veut entendre souffler l’esprit des lieux, il est donc facile de s’éloigner un peu sous les grands arbres… Le mont Beuvray, c’est d’abord une forêt : selon les saisons, les atmosphères et les couleurs sont différentes et sauront répondre à la sensibilité de chacun. Notez enfin que le climat est particulièrement humide et la région est parfois fortement enneigée en hiver.

 

Présentation géographique

Le mont Beuvray se situe au sud du massif du Morvan, dans le département de la Nièvre, à cheval sur les communes de Saint-Léger-sous-Beuvray et Glux-en-Glenne. D’une altitude de 821 m, il ne représente pas le point culminant du massif morvandiau mais domine néanmoins les paysages environnants. Depuis son sommet, le panorama s’étend jusqu’au Jura et par grand beau temps on aperçoit le mont Blanc. La silhouette du mont Beuvray est caractéristique : boisé sur ses flancs (la forêt est majoritairement composée de hêtres et de résineux), son sommet est dénudé, formant un « chaume », c’est-à-dire une prairie d’altitude.

Le climat du Beuvray est caractérisé par des précipitations abondantes (avec une pluviométrie de 1 800 mm/an). Cette présence de l’eau se caractérise par une végétation abondante et par la présence de nombreuses sources et fontaines sur le massif (fontaines de Saint-Pierre, de Saint Martin, du Grenouillat, etc.).

Cadre historique et culturel

Le mont Beuvray répond à la description suivante : « c’est une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouvert par une forêt… ». Il y a un peu plus de vingt siècles, la colline était occupée par une importante cité gauloise, Bibracte, capitale des Eduens, puissant peuple celtique qui occupait aux IIe et Ier siècles avant J.-C. un vaste territoire entre la Saône et l’Allier.

Jules César a séjourné deux fois à Bibracte et souligné son importance comme oppidum des Eduens. Lors de son second séjour, en 52 avant J.-C., il y rédigea les sept premiers livres de ses commentaires sur la Guerre des Gaules, le Bellum Gallicum. Quelques mois plus tôt, c’est à Bibracte également que Vercingétorix fut proclamé chef de l’armée coalisée lors du soulèvement gaulois.

La cité éduenne a connu une existence riche mais courte : fondée vers 100 avant J.-C., elle est abandonnée seulement un siècle plus tard.

Sur ce vaste site de 200 ha, protégé par un puissant rempart, toute une agglomération va grandir et prospérer, rassemblant une population estimée entre 5 000 et 10 000 habitants. Le motif de cette installation sur cette montagne isolée au climat rude reste encore obscur. Bibracte matérialisait sans doute un centre de rassemblement politique et religieux au cœur du territoire éduen.

La ville s’étalait alors au sommet de la montagne, l’agriculture occupait les versants, la forêt se cantonnant aux pentes les plus fortes. C’était une importante place commerciale et un centre industriel actif où se concentraient de très nombreux ateliers de bronziers, forgerons et orfèvres. Sur le site cohabitaient la cité gauloise, dont il reste peu de traces (habitat essentiellement en bois) et une ville romaine avec ses bâtiments publics, son forum et ses domus.

Après la conquête romaine, le développement d’Augustodunum (Autun, la ville d’Auguste) à une trentaine de kilomètres de là, située au croisement de routes importantes et sur un terrain plus propice que les pentes du Beuvray, a entraîné la disparition rapide de Bibracte qui s’est vidée peu à peu de ses habitants vers l’an 10 après J.-C.

La vie ne s’est pourtant pas totalement retirée du mont Beuvray. Deux lieux, à la chapelle Saint-Martin et à la fontaine Saint-Pierre, restent actifs durant toute l’Antiquité. Puis au cours du Moyen-Age, une grange monastique dépendante d’une abbaye d’Autun est fondée et sera occupée du XVe au XVIIe siècle par un couvent de franciscains. Du XIIIe au XIXe siècle, une grande foire annuelle perpétue la tradition commerciale et économique de l’ancienne cité. Au XIXe siècle, le sommet est occupé par des prairies où viennent paître les troupeaux à la belle saison. Les vestiges de haies plessées (appelées queules ou pians) témoignent encore de ce passé pastoral et participent au pittoresque d’aujourd’hui. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, conséquence de la déprise agricole, la forêt reconquit l’ensemble du massif. L’établissement public de Bibracte, propriétaire du site, entreprend de rétablir les chaumes de jadis et de limiter l’enrésinement de la forêt.

À la différence des sites gaulois enfouis sous des villes contemporaines, Bibracte s’est endormie sous la forêt. On peut donc y conduire de vastes chantiers pour y comprendre le développement du fait urbain chez les Gaulois, encore très méconnu. Les fouilles menées sur le site au XIXe siècle ont servi à caractériser la « civilisation des oppida » de la fin de l’âge du Fer. Outre le musée de la Civilisation celtique, Bibracte accueille sur la commune voisine de Glux-en-Glenne un centre archéologique de recherche européen, à 4 km du musée. Librement accessible au public – sur rendez-vous -, le centre offre notamment une bibliothèque de plus de 20 000 volumes et de plus d’une dizaine de fonds d’archives et de documentation thématique, c’est une des plus complètes de France pour la période de la protohistoire européenne. Le site fait l’objet de fouilles permanentes, sous les yeux des visiteurs, ce qui en fait son originalité.

C’est Jacques-Gabriel Bulliot, érudit de la Société éduenne d’Autun qui a redécouvert le site de l’antique Bibracte au milieu du XIXe siècle et en a supervisé les fouilles pendant trente ans. Puis c’est sous l’impulsion de François Mitterrand que les premières fouilles archéologiques du XXe siècle sont lancées en 1984. Les 135 ha de la ville antique sont classés « Monument historique » en 1984. Le site est proclamé grand site national en 1985 et inscrit sur la liste des Grands Travaux en 1989. L’ancienne cité de Bibracte fait depuis l’objet de fouilles permanentes.

Description des itinéraires

Construit en 1995, le musée de la Civilisation celtique constitue la porte d’entrée obligatoire de Bibracte. Immergé sous les hêtres, il s’intègre parfaitement dans le cadre naturel des pentes boisées du mont Beuvray.

Il est à la fois l’introduction à la visite du site, libre ou guidée, qui permet de découvrir chantiers de fouille, fortifications et autres vestiges de l’ancienne capitale des Eduens. C’est aussi la vitrine des recherches archéologiques menées par des équipes internationales sur le site de Bibracte. Le nouveau parcours ouvert en 2013 propose un panorama de l’Europe de la fin de l’âge du Fer, expliquant en détail le phénomène urbain original se traduisant par l’apparition subite de quelque deux cents oppida couvrant l’Europe, de l’Atlantique aux Carpates, vers la fin du IIe siècle avant notre ère. La présentation mobilise des objets et des documents issus d’une demi-douzaine de pays européens au moyen d’une scénographie très diversifiée et couvre l’ensemble des méthodes mises en œuvre par les archéologues ou des approches particulières : archéobotanique, archéozoologie, numismatique, etc.

Le parking du musée constitue également un lieu de départ idéal pour arpenter sentes et chemins à la découverte du mont Beuvray.

Tour du mont Beuvray (Départ du parking du musée de la Civilisation celtique) – 2 heures de marche environ.

Le sentier s’appuie sur la seconde ligne de fortifications qui protégeait Bibracte et dont le talus forme une chaussée massive courant dans les bois. Du musée, il faut emprunter la RD 274 qui monte à travers bois vers le sommet du mont Beuvray. Au niveau du virage en épingle à cheveux, on croise le chemin du GR 13 qui suit la première et plus ancienne ligne (IIe siècle av. J.-C.) de fortifications du Beuvray longue de 7 km qui ceinture une surface de 200 ha., la route débouche sur la porte du Rebout avec une portion reconstituée de la deuxième ligne de rempart de l’oppidum, long de 5,2 km et délimitant une superficie de 135 ha. On peut contempler une reconstitution du massif murus gallicus, épais rempart quasi-indestructible constitué de terre, de pierres et de bois qui protégeait la cité éduenne.

Passée la porte du Rebout, il faut longer un important chantier de fouilles archéologiques présentant les vestiges de la Pâture du couvent qui constitue le centre monumental de Bibracte avec notamment la présence d’un bassin monumental sous forme d’une mandorle, situé dans l’axe principal de la cité, qui pourrait être assimilé à l’omphalos du territoire éduen. On peut également y contempler les restes d’une grande villa romaine, protégée par un abri. Il faut alors reprendre le sentier qui longe la forêt pour ensuite suivre l’ancien talus des remparts de l’oppidum qui conduit au belvédère de la Chaume, espace le plus fréquenté en été d’où on admire un large et lointain panorama. Il faut ensuite retrouver la ligne de fortification en rejoignant la chapelle Saint-Martin. Le sentier à flanc de coteau sous une magnifique voûte de hêtres et d’épicéas suit les courbes de la montagne, le rempart passe à proximité de la « Roche Salvée », bloc de pierre qui mesure environ 5 m pour une circonférence de 20 m. À son sommet, on trouve une cavité généralement remplie d’eau. En poursuivant son chemin, on arrive ensuite au « Teureau de la Wivre » (Theurot de la Vouivre), l’un des trois sommets du Beuvray, surmonté d’une pierre d’origine volcanique, qui semble jaillir du plus profond du Beuvray. La Wivre, créature traditionnelle des contes de Bourgogne et de Franche-Comté, souvent citée par Henri Vincenot, est une divinité chtonienne mi-femme mi-serpent. Elle cache dans son antre des trésors dérobés : or, pierres précieuses… qu’elle ouvrirait et étalerait au soleil le jour de Noël. Depuis le XIXe siècle, on veut également y voir le lieu où Vercingétorix fédéra les peuples gaulois. De là, le chemin poursuit le tour des remparts avant de rejoindre la RD 274 qui reconduit au musée.

Grand tour du mont Beuvray au départ de Saint-Léger-sous-Beuvray – (environ une demi-journée de marche)

Au départ de la place principale du petit village de Saint-Léger, il faut récupérer le GR 131, au lieu-dit La Boutière, à la sortie du bourg, en direction de Saint-Prix (par la RD 179). Le GR nous conduit ensuite jusqu’au belvédère du mont Beuvray d’où il est ensuite possible de faire le tour des remparts de Bibracte (cf. itinéraire précédent). Pour le retour, au niveau du parking du musée, de l’autre côté de la RD 174, il faut prendre la variante du GR 13 qui s’enfonce dans la forêt et vous ramène jusqu’au village de Saint-Léger-sous-Beuvray. Cet itinéraire offre une très agréable ballade à travers les forêts et collines du Morvan et présente un fort dénivelé pour monter à travers bois jusqu’au belvédère du mont Beuvray.

Bibliographie

Venceslas Kruta, Les Celtes, Robert Laffont, Bouquins, 2000

Camille Jullian, Vercingétorix, Tallandier, 1977

Accès

En train : Gare TGV du Creusot-Montceau, puis navette de bus jusqu’à Autun, puis taxi.

En voiture, pour se rendre au mont Beuvray :
– par Autun, direction Moulins (D 973) puis Saint-Léger-sous-Beuvray (D 3) et Bibracte-mont Beuvray
– par Château-Chinon, direction Autun (D 978) puis Glux-en-Glenne puis St-Léger-sous-Beuvray et Bibracte-mont Beuvray (D 3)

Matériel spécifique, équipement

De bonnes chaussures de marche suffisent. Compte tenu d’une météorologie instable, prévoir au besoin des vêtements de pluie.

Festivités

Chaque année, en octobre, le village de Saint-Léger-sous-Beuvray organise une importante foire aux châtaignes.

Cartographie

Carte IGN 1/25 000 – Saint-Léger-sous-Beuvray réf. 2825 O
Carte IGN 1/25 000 – Mont Beuvray/Haut-Folin/PNR du Morvan (Gps) réf. 2825 OT

Liens

Pour préparer votre séjour :
bibracte.frtourisme.parcdumorvan.org

« Bibracte, une ville gauloise dans le Morvan » : youtube.com/watch?v=3wEUsr4io9E

Année où ces itinéraires ont été parcourus

1998 – 2000

Billetterie 2024