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Dolomites occidentales du Tyrol du Sud

A mes montagnes, reconnaissant, infiniment, pour le bien-être intérieur que ma jeunesse a retiré de leur sévère école. Walter Bonatti

Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt
Dolomites occidentales du Tyrol du Sud
Pays : Italie.
Région : Tyrol du Sud (ou Trentin/Haut-Adige).
Thématique générale du parcours : Randonnée d’altitude.
Mode de déplacement : A pied avec des transferts en bus ou taxis et des remontées mécaniques.
Durée du parcours : 8 jours en traversée.
Difficulté du parcours : Pour randonneurs aguerris. 5 à 8 heures de marche par jour. Dénivelés positifs de 300 à 900 m par jour. Nombreux refuges d’altitude. Quelques rares passages peuvent être encombrés en haute saison. Le balisage est soigné.
Période possible : Eté, de fin juin à septembre. Attention à l’enneigement qui peut être tardif. Le temps est très changeant dans les Dolomites. Il convient donc de s’équiper en conséquence. L’itinéraire évolue en altitude, le plus souvent au-dessus de 2200 m.

Présentation géographique

Le circuit permet de découvrir le massif de l’Odles, les hauteurs du Val Gardena (Grödnertal), les massifs du Sella, du Plattkoffel et du Rosengarten. Les Monti Pallidi, ou Monts Pâles, ont été appelés Dolomites vers 1876, en l’honneur du géologue et minéralogiste français Déodat Gratet de Dolomieu (1750 – 1801). Le paysage est caractérisé par des vallées verdoyantes (et humides) d’où surgissent des bastions calcaires à la verticalité très marquée. Ces parois sont le paradis des grimpeurs ; elles sont aussi souvent équipées de via ferrata. Le randonneur utilisera au mieux les passages de cols et les sentiers balcons pour passer d’une vallée à l’autre.

De hauts plateaux calcaires arides contrastent avec de riches alpages mis en valeur depuis le Moyen Age, tel l’Alpe di Siusi (ou Seiser Alm), le plus haut d’Europe. Climatiquement parlant, les Dolomites sont très arrosées en été ; orages violents, pluies fines et persistantes, brouillard ne sont pas rares.

Les ressources sont dues à l’agriculture (vergers, vignes, élevage), à l’énergie hydroélectrique, à de petites industries (brasseries) dans les villes et surtout au tourisme. Le val Gardena est devenu un centre touristique huppé, qu’il vaut mieux éviter.

Cadre historique et culturel

Südtirol ou Alto Adige ? Tyrol du Sud ou Haut-Adige ? La Constitution de l’Italie (art. 116) reconnaît officiellement, pour nommer la province autonome de Bolzano/Bozen, les deux versions Alto-Adige/Südtirol. Sans oublier les vallées où le ladin est encore parlé.

La région est fréquentée dès le mésolithique. On y a découvert de nombreux sites du VIIe au IVe siècle av. J.-C., la personnalité la plus marquante étant sans conteste Ötzi, momie de l’âge du Bronze retrouvée au bord d’un glacier de l’Ötztal.

Durant cinq siècles, le Haut-Adige/Tyrol du Sud a fait partie de l’Empire romain ; à la chute de ce dernier, la région est entrée dans une aire linguistique et culturelle essentiellement germanique. A partir de 1248, elle est désignée sous le nom de Tyrol, du patronyme des comtes qui y détenaient le pouvoir. Entre 1802 et 1918, dans le cadre de l’Empire austro-hongrois, elle a été intégrée au Tyrol autrichien.

En 1910, 90 % de la population du Tyrol du Sud était germanophone. Pourtant le Tyrol du Sud fut rattaché à l’Italie en 1919 au traité de Saint-Germain-en-Laye. Inscrivant sa politique dans une logique jacobine, le gouvernement fasciste italianisa alors le Tyrol du Sud, notamment en y installant des Italiens du Sud. Potentielle source de discorde entre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, le Tyrol du Sud fit l’objet d’un compromis entre Hitler et Mussolini. Le choix suivant fut proposé aux habitants : rester sur leurs terres ancestrales (Dableiber) mais accepter d’être italianisés ou privilégier la fidélité à leur culture mais émigrer en Allemagne (Optanten). Ce cruel dilemme divisa la population sud-tyrolienne.

À l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, les Alliés imposèrent à l’Italie un statut d’autonomie au Tyrol du Sud mais Alcide De Gasperi étendit cette autonomie à la province de Trente, ce qui plaça à nouveau les germanophones dans une position minoritaire au sein de la province du Trentin-Haut-Adige. Cet état de fait, aggravé par l’arrivée de nouveaux immigrés italiens, déboucha sur un conflit. Un mouvement de résistance sud-tyrolien, militant pour le rattachement à l’Autriche, se développa et attaqua les symboles de l’Etat italien. Le conflit déboucha dans les années 1960 sur une vingtaine de morts côté carabiniers et côté résistants.

En 1972, une solution pacifique fut trouvée en séparant le Tyrol du Sud de Trente, comme l’avait demandé dès 1957 Silvius Magnago devant 35 000 personnes réunies devant le château de Sigmundskron à Bozen. Aujourd’hui, le Tyrol du Sud bénéficie au sein de l’Etat italien d’une très large autonomie : langue, école, médias sont en langue allemande et 90 % des recettes fiscales sont gérées par la province autonome. C’est un modèle de règlement pacifique d’un conflit et de respect des particularités culturelles entre peuple européens.

En 2001, 69,41 % de la population du Tyrol du Sud est germanophone (Hochsprache et Südbairisch), surtout dans les campagnes et dans les vallées montagneuses, 26,06 % est italophone, en majorité dans les centres urbains, et 4,53 % appartient au groupe de langue ladine, concentré principalement dans le val Badia et le val Gardena. La toponymie n’est donc pas des plus simples, chaque col, vallée, sommet, village ayant deux ou trois noms, qui ne sont pas toujours la traduction l’un de l’autre.

Présentation géographique

Le circuit permet de découvrir le massif de l’Odles, les hauteurs du Val Gardena (Grödnertal), les massifs du Sella, du Plattkoffel et du Rosengarten. Les Monti Pallidi, ou Monts Pâles, ont été appelés Dolomites vers 1876, en l’honneur du géologue et minéralogiste français Déodat Gratet de Dolomieu (1750 – 1801). Le paysage est caractérisé par des vallées verdoyantes (et humides) d’où surgissent des bastions calcaires à la verticalité très marquée. Ces parois sont le paradis des grimpeurs ; elles sont aussi souvent équipées de via ferrata. Le randonneur utilisera au mieux les passages de cols et les sentiers balcons pour passer d’une vallée à l’autre.

De hauts plateaux calcaires arides contrastent avec de riches alpages mis en valeur depuis le Moyen Age, tel l’Alpe di Siusi (ou Seiser Alm), le plus haut d’Europe. Climatiquement parlant, les Dolomites sont très arrosées en été ; orages violents, pluies fines et persistantes, brouillard ne sont pas rares.

Les ressources sont dues à l’agriculture (vergers, vignes, élevage), à l’énergie hydroélectrique, à de petites industries (brasseries) dans les villes et surtout au tourisme. Le val Gardena est devenu un centre touristique huppé, qu’il vaut mieux éviter.

Cadre historique et culturel

Südtirol ou Alto Adige ? Tyrol du Sud ou Haut-Adige ? La Constitution de l’Italie (art. 116) reconnaît officiellement, pour nommer la province autonome de Bolzano/Bozen, les deux versions Alto-Adige/Südtirol. Sans oublier les vallées où le ladin est encore parlé.

La région est fréquentée dès le mésolithique. On y a découvert de nombreux sites du VIIe au IVe siècle av. J.-C., la personnalité la plus marquante étant sans conteste Ötzi, momie de l’âge du Bronze retrouvée au bord d’un glacier de l’Ötztal.

Durant cinq siècles, le Haut-Adige/Tyrol du Sud a fait partie de l’Empire romain ; à la chute de ce dernier, la région est entrée dans une aire linguistique et culturelle essentiellement germanique. A partir de 1248, elle est désignée sous le nom de Tyrol, du patronyme des comtes qui y détenaient le pouvoir. Entre 1802 et 1918, dans le cadre de l’Empire austro-hongrois, elle a été intégrée au Tyrol autrichien.

En 1910, 90 % de la population du Tyrol du Sud était germanophone. Pourtant le Tyrol du Sud fut rattaché à l’Italie en 1919 au traité de Saint-Germain-en-Laye. Inscrivant sa politique dans une logique jacobine, le gouvernement fasciste italianisa alors le Tyrol du Sud, notamment en y installant des Italiens du Sud. Potentielle source de discorde entre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, le Tyrol du Sud fit l’objet d’un compromis entre Hitler et Mussolini. Le choix suivant fut proposé aux habitants : rester sur leurs terres ancestrales (Dableiber) mais accepter d’être italianisés ou privilégier la fidélité à leur culture mais émigrer en Allemagne (Optanten). Ce cruel dilemme divisa la population sud-tyrolienne.

À l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, les Alliés imposèrent à l’Italie un statut d’autonomie au Tyrol du Sud mais Alcide De Gasperi étendit cette autonomie à la province de Trente, ce qui plaça à nouveau les germanophones dans une position minoritaire au sein de la province du Trentin-Haut-Adige. Cet état de fait, aggravé par l’arrivée de nouveaux immigrés italiens, déboucha sur un conflit. Un mouvement de résistance sud-tyrolien, militant pour le rattachement à l’Autriche, se développa et attaqua les symboles de l’Etat italien. Le conflit déboucha dans les années 1960 sur une vingtaine de morts côté carabiniers et côté résistants.

En 1972, une solution pacifique fut trouvée en séparant le Tyrol du Sud de Trente, comme l’avait demandé dès 1957 Silvius Magnago devant 35 000 personnes réunies devant le château de Sigmundskron à Bozen. Aujourd’hui, le Tyrol du Sud bénéficie au sein de l’Etat italien d’une très large autonomie : langue, école, médias sont en langue allemande et 90 % des recettes fiscales sont gérées par la province autonome. C’est un modèle de règlement pacifique d’un conflit et de respect des particularités culturelles entre peuple européens.

En 2001, 69,41 % de la population du Tyrol du Sud est germanophone (Hochsprache et Südbairisch), surtout dans les campagnes et dans les vallées montagneuses, 26,06 % est italophone, en majorité dans les centres urbains, et 4,53 % appartient au groupe de langue ladine, concentré principalement dans le val Badia et le val Gardena. La toponymie n’est donc pas des plus simples, chaque col, vallée, sommet, village ayant deux ou trois noms, qui ne sont pas toujours la traduction l’un de l’autre.

Description de l’itinéraire

Les sentiers de randonnée sont nombreux, bien répertoriés et balisés. Ils permettent de nombreuses variantes, selon les conditions physiques et climatiques. Ce circuit est donc une proposition parmi d’autres.

Jour 1

De Brixen ou de Bozen, approche en bus ou en voiture dans la vallée de Vilnöss. Départ de Zanser Alm (1685 m). Montée à l’auberge de montagne de Glatschalm (1902 m) au pied des Odle Geisler.

Jour 2

(+ 900 m, – 400 m) Montée au Kreuzjoch (col, 2293 m). Sentier balcon jusqu’au col Furcl. dla Roa (2815 m) où l’on rejoint la haute route des Dolomites n° 2 ; passage au col Forces de Sieles. Étape : refuge Puez (2475 m). Ce refuge a été construit dès 1889 par le club alpin germano-autrichien ; passé au club alpin italien après la Première Guerre mondiale, il a été agrandi et modernisé à de nombreuses reprises.

Jour 3

(+ 500 m, – 300 m) Traversée du haut plateau. Sentier balcon jusqu’au col Forcl de Ciamper (2366 m). Deux possibilités : monter au Sas Ciampac (2672 m) ou garder la haute route qui passe en contrebas ; les deux sentiers se rejoignent au col de Crespeina (2528 m). Passage au col Cier (2515 m). Descente sur le col routier Gardena / Grödnerjoch (au besoin, vérifier si les remontées mécaniques fonctionnent en été). Déjeuner possible dans une auberge du col. Continuer la haute route n° 2 (sentier aussi balisé 666) par un sentier facile équipé de câbles et d’étriers. Étape : Refuge Cavazza Franco al Pisciadù (2587 m).

Jour 4

(+ 600 m, – 700 m) Traversée du massif du Sella. Passage au refuge Boe (Bambergerhütte). Ascension du Piz Boe (3152 m). Déjeuner possible à la Capanna Fassa, au sommet. Descente sur le col de Pordoi (2938 m), puis remontée au Sas de Pordoi, pour une descente en télécabine. Étape au col de Pordoi (par ex. Hotel Pordoi).

Jour 5

(Peu de dénivelés, en balcon) Court transfert en bus ou en taxi vers le Sellajoch (2180 m). Deux sentiers balcon permettent de contourner le massif du Langkoffel, par le nord ou par le sud. Étape : refuge Plattkofel (2300 m).

Jour 6

(+ 800 m – 800 m) Le matin, l’ascension du Plattkoffel (2958 m) offre une vue panoramique sur les différents massifs (sentier bien marqué dans les éboulis). Redescente sur le refuge Plattkoffel. Le sentier surplombe le plus vaste alpage d’Europe, le Seiser Alm. Traversée vers le refuge de Tierser Alpl (2400 m), étape de la soirée.

Jour 7

(+ 300 m, – 300 m) Le sentier passe par le pas de Molignon (2598 m), puis, par une combe d’éboulis, rejoint le col de Grasleiten (ou Passo Principe, 2599 m) Cette journée plus courte permet d’admirer les célèbres tours de Vajolet. Découverte du Rosengarten, la « roseraie » du légendaire roi Laurin. Étape au refuge Vajolet ou au refuge Preuss (2243 m). Le refuge Preuss, de petite capacité, a été construit par le guide de montagne Tita Piaz (1879 – 1948). Il porte le nom de Paul Preuss (1886 – 1913), précurseur de l’escalade libre en solitaire, sans corde ni piton et pionnier du ski de montagne.

Jour 8

(+ 300 m, – 400 m ou – 900 m) Le sentier longe les parois du Rosengarten. Passage du col de Zigolade (2550 m). Descente sur Karersee (1600 m ; télésiège). Retour en bus vers la vallée principale.

Activités connexes

Musée archéologique du Süd Tirol, à Bozen, où repose la dépouille d’Ötzi : iceman.it/de Tous les musées de Bozen/Bolzano : bolzano-bozen.it/de/museen-bozen.htm Les musées de la fondation Reinhold Messner, et en particulier celui du Monte Rite : messner-mountain-museum.it

Cartographie

Feuilles 05 et 029 de la « Carta topographica per escursionisti » au 1 :25 000, chez Tabacco (on les trouve au Vieux Campeur). Grosser Wander-Atlas Dolomiten, ed Kompass (www.kompass.at) avec la description de 110 itinéraires (en allemand). Martin Collins et Gillian Price, Treks in the Dolomites, Alte Vie 1 and 2, A Cicerone Guide ; en anglais.

Bibliographie, filmographie

Voir ou revoir les films de Luis Trenker (1892 – 1990). L’un des thèmes principaux de l’œuvre de Trenker est l’idéalisation de la petite patrie. Ce sont les « Heimatfilme » les plus réussis de l’époque. Il y oppose la vie pure des montagnes à la décadence urbaine. Tita Piaz, Le Diable des Dolomites, Ed Arthaud, 1963 (d’occasion). Gilles Modica, Vertiges, Editions Guérin, 2013 (pour les portraits de Tita Piaz et de Paul Preuss, notamment) – version papier ou numérique.

Accès et données GPS

La gare et la sortie d’autoroute les plus proches sont Brixen / Bressanone. On peut aussi passer par Bozen / Bolzano. L’autoroute du Brenner est régulièrement très encombrée.

Matériel spécifique, équipement

Chaussures de randonnée à semelles crantées supportant des passages tout-terrain, les éboulis et la pluie (Vibram ou autre), donc ni Pataugas ni baskets. Equipement classique de randonnée estivale en montagne, entre 1500 et 2800 m. Tenir compte du fait que les Dolomites sont très arrosées.

Art de vivre

Les auberges et refuges (Rifugio ou Hütte) de montagne sont très confortables et bien équipés. La cuisine mêle les traditions allemandes et italiennes. Le meilleur exemple en sont les knödels aux épinards et parmesan de la Plattkofelhütte. Expressos et bières pression.

Liens

Auberge de Glatschalm : glatschalm.com Refuge Puez : rifugiopuez.it Refuge Pisciadu F. Cavazza : pas de site internet – Tél.: +39 (0)471 836 292 RefugeSasso Piatto, ou Plattkofel : plattkofel.com Refuge de Tierser Alpl : tierseralpl.com Refuge Vaiolet : rifugiovajolet.com Refuge Preuss : rifugiopaulpreuss.com Les réservations dans les refuges sont obligatoires.

Année où cet itinéraire a été parcouru

2010

La légende du roi Laurin

Parmi les nombreux massifs de l’immense chaîne des Dolomites, il en est un, fort étrange, qui porte le nom de Rosengarten, la Roseraie. Voyez, là-haut, cette petite combe sauvage : c’est bien là que le roi Laurin cultivait autrefois une magnifique roseraie. Aujourd’hui, les rochers et les éboulis y sont encore plus gris et plus désolés qu’ailleurs… Écoutez donc pourquoi.

Le roi Laurin régnait sur tout un petit peuple de nains. Que faisaient-ils là-haut, dans la montagne ? Ils creusaient et creusaient, à longueur d’année, à la recherche d’or, d’argent et de pierres précieuses. Laurin vivait dans un palais souterrain fait du cristal de roche le plus pur. Mais plus encore que de son château, il était fier de son grand jardin. Devant le pont-levis fleurissaient des milliers de roses parfumées. Malheur à qui aurait osé en cueillir une seule ! Le roi des nains lui aurait tranché la main gauche et le pied droit. Laurin avait entouré sa roseraie d’un simple fil de soie doré. Main gauche et pied droit : celui qui aurait coupé le fil de soie aurait subi la même punition ! Laurin, tout nain qu’il était, ne doutait pas de sa force. Il aurait pu se battre contre n’importe qui, même contre les chevaliers les plus courageux. Car il possédait deux objets magiques. Une ceinture, qui lui donnait la force de douze hommes, et une cape, qui le rendait invisible. Cela dit, Laurin s’ennuyait : il avait un superbe palais et un jardin merveilleux, mais il lui manquait… une épouse. Dans la vallée, coulait un large fleuve, l’Adige. Or, un jour, Laurin apprit que le roi de cette contrée souhaitait marier sa fille Similde, qui était fort belle. Tous les célibataires furent invités à venir fêter le joli mois de mai. Quelle aubaine ! Laurin était bien décidé à accepter l’invitation et à demander la main de Similde ! Mais les jours passaient et aucun messager du roi ne montait jusqu’au château de Laurin.

Celui-ci commença à s’énerver. « Comment ça ? Je ne suis pas convié à danser autour de l’arbre de mai ? On va voir ce qu’on va voir ! » Et il décida d’y aller quand même. Il prit soin de revêtir sa cape pour se rendre invisible. On ne sait jamais… Le roi de la vallée avait organisé un grand tournoi sur le pré, devant son château. C’était la meilleure manière de départager les prétendants. En effet, celui qui serait déclaré vainqueur, tant à pied qu’à cheval, gagnerait le prix le plus précieux : le roi lui donnerait Similde, la fiancée de Mai. Le tournoi dura sept longues journées. A la fin de la semaine, il ne restait plus que deux chevaliers en lice. Hartwig, dont l’écu était orné d’un lys, et Wittich, qui avait pour emblème un serpent. Qui allait gagner la main de la belle Similde ? Les deux chevaliers se valaient, et le duel fut longtemps hésitant. On approchait de l’heure fixée pour la fin du tournoi. Le soleil allait se coucher. Le roi était prêt à déclarer le nom du vainqueur quand il se fit un grand bruit. Des cris retentirent de partout : « Similde a disparu ! Similde a été enlevée ! » Il était bien tard pour s’apercevoir que la fille du roi avait disparu ! Le roi Laurin était déjà loin. Personne ne pourrait le rattraper ! Sa cape les rendait invisibles, lui, la fille du roi et même son cheval ! En effet, Laurin, en grand secret, avait assisté au tournoi. Il avait été fasciné par la grâce et la beauté de la princesse. Tant et si bien qu’il n’avait pas eu la patience d’attendre la fin des épreuves et de savoir qui serait son fiancé. Il avait décidé d’enlever la jeune fille et de la conduire dans son royaume, là-haut dans les montagnes. Mais Hartwig et Wittich en étaient bien d’accord : pas question de se laisser humilier par le roi des nains ! Ils avaient tout de suite compris que c’était un coup de Laurin. Lui seul était capable d’enlever Similde.

Ils décidèrent donc d’aller la rechercher. Ils savaient ce qui les attendait. Non seulement Laurin possédait sa ceinture de force et sa cape d’invisibilité, mais plusieurs milliers de nains étaient prêts à se battre à ses côtés… C’est pourquoi ils allèrent voir un prince puissant et célèbre, pour lui demander son aide. Dietrich de Vérone, puisque c’était lui, leur répondit qu’Hildebrand, son vieux maître d’armes, l’avait maintes fois mis en garde contre les forces magiques du roi des nains. Ils partirent donc en nombre pour la forteresse du roi des nains : Dietrich de Vérone, Hildebrand, Hartwig et Wittich, Wolfhart, accompagnés de valeureux chevaliers. Ils arrivèrent bientôt en vue de la superbe roseraie du roi Laurin. Et les voilà sidérés par la beauté de ces roses, toutes fleuries et si parfumées ! Dietrich et ses compagnons décidèrent de ne pas couper le fil de soie et d’appeler le roi à venir discuter avec eux. Ils pensaient, par la persuasion, amener Laurin à leur rendre Similde. Mais voilà que Wittich, celui qui a un serpent sur son bouclier, s’impatiente. Il saute de son cheval, déchire le fil de soie et piétine les roses les plus proches. Et qui voilà, juste à ce moment-là ? Laurin, sur son petit cheval. Il a coiffé sa petite couronne d’or et porte une épée brillante dans la main droite. Il s’approche de Wittich et lui réclame et sa main et son pied.

Wittich, lui, se moque du petit cavalier : « Viens donc, petit nain, que je t’attrape par les pieds et que je te jette dans la paroi ! » Avant qu’il ait le temps de dire ouf, Laurin, qui porte sa ceinture magique, l’a mis à terre et veut lui trancher et la main et le pied. Pas question de le laisser faire ! Dietrich de Vérone arrive vite à la rescousse : il faut empêcher Laurin d’infliger cette horrible punition à Wittich ! Mais Laurin le repousse. Voilà que les deux rois se battent en duel : le petit roi des nains et le gigantesque chevalier de Vérone ! Avec la force de douze hommes que lui donne sa ceinture magique, le roi des nains malmène celui de Vérone et lui inflige mille blessures ! Bientôt, Dietrich est à bout. Le duel s’éternise. Les chevaliers s’étonnent de la force et de l’agilité du petit roi. Ne va-t-il pas s’avouer vaincu ? Et voilà que Laurin revêt sa cape et disparaît. Il a maintenant l’avantage : à chaque coup, il touche son adversaire, alors que Dietrich de Vérone, lui, combat à l’aveuglette. Hildebrand, le vieux maître d’armes, lui crie alors : « Sa ceinture ! Dégrafe-lui donc sa ceinture ! » Plus facile à dire qu’à faire : le roi des nains reste invisible. Impossible de l’atteindre. Mais Hildebrand a une idée : « Regarde bien l’herbe ! Là ! Elle bouge sous les pas du nain ! » En effet, Dietrich se précipite sur Laurin, le prend sous le bras et dégrafe sa ceinture. Le roi des nains tombe. Hildebrand l’attrape. Le combat est vite terminé.

Mais voilà que les nains se mettent à hurler. Leur roi est vaincu par le roi de Vérone. Plus de cape, plus d’armes, on lui enlève tout… Dietrich et ses hommes se demandent ce qu’ils vont faire du roi des nains. Ils n’ont encore rien décidé qu’une porte s’ouvre dans le rocher. Personne ne l’avait remarquée car elle était invisible. Et qui sort par cette porte ? Similde, accompagnée de ses servantes. Elle remercie Dietrich et ses chevaliers de l’avoir libérée. Elle leur raconte qu’elle a toujours été bien traitée par Laurin, comme il convient à une reine. Ces paroles réconfortent Dietrich, qui tend la main à Laurin pour faire la paix.

Laurin la prend, puis invite le prince et sa suite dans son palais souterrain : « Venez voir mes trésors ! Que l’on organise un banquet en votre honneur ! » Les chevaliers acceptent l’invitation et entrent dans la caverne. Quel étonnement, quand ils voient les richesses du roi des nains ! Ils arrivent enfin dans une grande salle. Laurin et ses hôtes prennent place autour d’une table chargée de victuailles. Les nains les traitent du mieux possible ; ils animent le festin avec des chants et des jeux. Tard dans la soirée, quand la fête est finie, les chevaliers s’aperçoivent soudain que les nains les ont enchaînés. Les voilà enfermés au fin fond d’une cave. Prisonniers d’un traître ! Imaginez la colère de Dietrich et de sa suite ! Ils jurent de se venger du roi des nains, ce fourbe ! La colère redouble les forces du prince de Vérone : il rompt ses chaînes et libère ses compagnons. Ils démolissent la porte de leur prison, tombent à bras raccourcis sur les nains et se saisissent enfin du roi Laurin. Hartwig, le chevalier au lys, aide Similde à sortir de la montagne, va chercher son cheval et assied la princesse devant lui. Les voilà qui chevauchent vers le château de son père, le roi de la vallée.

Quel bonheur pour lui de voir revenir sa fille ! Il prend Hartwig et Similde par la main : le temps est venu de les fiancer. Après quoi Dietrich et sa suite repartent pour Vérone. Avec un prisonnier : le roi des nains, le fourbe, qui n’a pas tenu sa parole quand il promettait la paix. Ils vont le jeter au fin fond des cachots de Vérone. Le roi Laurin ne devait jamais revoir sa forteresse. Avant de quitter son royaume, enchaîné, prisonnier, il avait encore chuchoté ces mots amers : « Ces roses m’ont trahi ! Si les chevaliers ne les avaient pas vues, ils ne seraient pas montés jusque dans mon royaume ! » Maudissant toute la roseraie, il avait prononcé un enchantement : « Que personne ne les voie plus, ni le jour, ni la nuit ! » Le cœur gros, Laurin avait quitté son royaume et suivi les chevaliers jusqu’à Vérone, où il termina sa vie en prison. Mais, dans sa malédiction, il avait oublié le crépuscule ! Et c’est pourquoi, au coucher du soleil, on peut voir parfois la roseraie enchantée briller de tous ses feux. Toute la montagne s’illumine alors d’une lueur rose orangée, en souvenir du malheureux roi Laurin et de sa roseraie.

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