Dans une longue nouvelle écrite au début des années soixante-dix, La Fête de Nuit, essai romanesque autant que pamphlet et art poétique, Xavier Grall exprimait ainsi les raisons de son combat pour la Bretagne :
« Défini par la complainte des talus et la colère des vagues, traînant dans mes veines une sève paysanne barattée de noroîts, j’avais voulu m’identifier avec mon pays contre le temps de la technique et de l’anonymat. Chantant ma patrie, je m’étais chanté. »
Chrétien libre et non-conformiste, Grall contestait les dogmes idéologiques de son époque, refusant les impasses totalitaires aussi bien que les mesquines et bourgeoises démocraties. Il se battait « pour un certain type d’homme, une certaine race, une certaine façon d’être et de sentir ». Son œuvre croisait le cantique et l’imprécation, charriait des vents de Manche et d’Atlantique, un souffle, une folie et une foi. Xavier Grall rêvait d’un romantisme nouveau et de noces entre l’esprit des anciens Celtes, le catholicisme populaire des pardons de Bretagne et les formes les plus aventureuses : le mariage de la Beat Generation et de la gwerz bretonne, la rencontre du Christ des calvaires et de Rimbaud sur les chemins des monts d’Arrée, un Barzaz Breizh réécrit avec la langue de Louis-Ferdinand Céline et les rythmes d’Ezra Pound. Le poète et polémiste breton reste aujourd’hui un éveilleur pour tous ceux qui rêvent de nouveaux horizons spirituels et révolutionnaires et cherchent à dépasser ceux de de la technique et de l’anonymat…
Olivier François est éditorialiste à la revue Éléments et critique littéraire.