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Carl Gustav Jung, un psychanalyste au chevet du divin

L’œuvre de Carl Jung nous enseigne que le sacré et plus généralement le phénomène religieux ne sont pas des constructions intellectuelles creuses, mais que la psyché est le lieu où se rencontrent le profane et le sacré, où l’être humain se trouve en contact direct avec les forces transcendantes qui gouvernent l’existence.

Carl Gustav Jung, un psychanalyste au chevet du divin

« Vocatus atque non vocatus deus aderit. »1
Formule gravée au-dessus de la porte de sa maison

L’œuvre de Carl Gustav Jung constitue une contribution majeure à la compréhension de l’âme humaine au vingtième siècle. Dans une Europe post-chrétienne et matérialiste, sa pensée novatrice ouvre un canal entre le domaine du monde physique et ceux du sacré et du divin. Né en 1875 à Kesswil en Suisse, dans un environnement culturel empreint des traditions alpines et germaniques, Carl Gustav Jung se montre très tôt fasciné par les mystères de l’âme et les légendes mythologiques qui traversaient l’Europe. Sa formation initiale en médecine, suivie de spécialisation en psychiatrie, domaine en pleine expansion à cette époque, lui permet d’aborder les affections psychiques avec rigueur scientifique tout en demeurant ouvert, grâce à son immense culture, aux dimensions symboliques et spirituelles de l’existence humaine.

En 1907, il rencontre Freud, qui finira par le désigner fils et héritier scientifique. Pourtant Jung restait sceptique sur divers points de la théorie freudienne notamment sur la prépondérance de la sexualité dans l’économie psychique. Leur rupture surviendra quelques années après, suivant la publication de son livre Métamorphoses et symboles de la libido2 et Jung finira par donner à son approche le nom de psychologie analytique pour se distinguer de la psychanalyse de Freud, quoique de nos jours on parle d’usage de psychologie ou psychanalyse jungienne.

L’exploration d’une nouvelle terra incognita

Nietzsche considérait la psychologie comme la reine des sciences, le chemin qui mènerait aux problèmes fondamentaux3. Mais si les hommes se sont toujours intéressés à leur psychisme, la psychologie en tant que science n’est arrivée à maturation que vers la fin du dix-neuvième siècle lorsque Freud a développé une nouvelle approche et a inventé de nouvelles techniques thérapeutiques en montrant de manière scientifique l’existence de l’inconscient. À la différence de toutes les autres sciences qui ont pour objet d’étude le monde physique, extérieur à notre conscience, la psychologie étudie le fonctionnement du monde intérieur de l’homme, ses émotions, ses croyances et ses motivations. Au vingtième siècle, il est devenu de plus en plus clair que le problème avec la phrase cartésienne « je pense donc je suis » est que ce « je » est une fonction humaine qui s’est développée sur des milliers de générations pour arriver au stade qu’on lui connaît aujourd’hui. L’intellect humain, qui fait notre fierté et qui domine notre fonctionnement depuis le siècle dit « des Lumières », n’en reste pas moins soutenu par des fondations psychiques autonomes et très puissantes.

L’inconscient, concept central dans la pensée psychanalytique, désigne l’ensemble des processus mentaux et des contenus psychiques qui échappent à notre conscience. On associe habituellement ce concept à Freud, pourtant l’idée n’est pas nouvelle. Les hommes semblent s’être toujours intéressés au monde intérieur4 qui s’est manifesté à travers les rêves, les visions, les productions artistiques et, comme Jung l’a bien montré, la religion. À l’époque moderne, l’inconscient fut initialement suggéré par Leibniz dans son œuvre majeure Monadologie, puis par Kant dans sa Critique de la raison pure (une connaissance est définie comme a priori, si elle est indépendante de l’expérience). Novalis a inventé le terme Umbewusste et puis la notion fut développée par Schopenhauer sous le vocable de volonté aveugle, elle-même largement héritée de la volonté Willen et du désir Wunsch d’après Jakob Boehme. La neurophysiologie du XIX siècle utilisait le terme d’inconscient cérébral dont Freud à travers l’œuvre de Lipps, sera l’héritier en réunissant ces deux courants5.

Pourtant, si Freud a été le pionnier de l’exploration scientifique de l’inconscient, sa conception reste ancrée dans la répression des désirs et des pulsions indésirables, surtout de nature sexuelle et agressive. Pour Freud, l’inconscient se présente comme une vaste zone de conflit, dans laquelle se dissimulent des traumatismes, des fantasmes et des désirs interdits. Notons au passage que cette notion n’est pas facile à accepter. L’homme moderne est si attaché à la croyance de la toute-puissance de sa rationalité et de sa volonté, que l’idée même qu’il puisse être déterminé par des forces hors de son contrôle le révulse.

La notion d’inconscient collectif

Jung élargit considérablement la notion d’inconscient en introduisant la dimension collective. Il a simplifié d’une certaine manière le modèle topographique de Freud tout en l’étendant pour inclure la notion de l’inconscient collectif. Chez lui, on retrouve toujours l’inconscient personnel, unique pour chaque individu et formé pour l’essentiel les premières années de la vie, qu’il a appelé Ombre. À cela s’ajoutent l’Animus et l’Anima, réflexions psychiques de l’adaptation évolutionnaire mutuelle des deux sexes, la Persona, adaptation du Moi au monde extérieur et le Soi, centre archétypique de la personnalité totale. Sa contribution la plus significative fut incontestablement celle de l’inconscient collectif (transpersonnel), appelée aussi psyché objective dans ses écrits tardifs. La psyché objective est commune à tous les êtres humains6 car elle constitue la structure même du cerveau, héritage évolutionnaire de notre espèce, et en tant que telle est « omnisciente » et « omniprésente »7. Si l’on voulait schématiser (de manière assez sommaire) la différence entre le modèle de Freud et celui de Jung, on dirait que le premier attribue à l’inconscient un rôle annexe, un endroit d’enfouissement de tout ce qui est négatif alors que le second, sans nier ses aspects médicaux et la partie personnelle, considère l’inconscient comme la matrice génératrice à partir laquelle la conscience s’est détachée suivant un effort humain considérable au fil d’un long processus évolutionnaire.

Le concept d’archétype quant à lui, est l’élément central qui constitue la charpente de l’inconscient collectif et qui nous permettra de comprendre le lien avec le sacré. Les archétypes sont des modèles de comportement inhérents à notre espèce, des possibilités innées de représentation comparables aux catégories kantiennes. Ils sont des structures psychiques préexistantes qui servent de matrices génératrices de certains types d’images, d’idées, d’émotions et de comportements. L’hypothèse de Jung est que tout au long de l’évolution de notre espèce des schémas de comportement fixes se sont formés pour répondre aux besoins de survie et de reproduction, comme c’est le cas des autres formes du vivant. Un archétype en soi n’est pas susceptible de devenir conscient comme c’est le cas des contenus refoulés de la sphère personnelle. Jung l’a souvent comparé avec un vieux cours d’eau le long duquel l’eau de la vie a coulé pendant des siècles, se creusant un canal profond. Plus elle a coulé longtemps dans ce canal, plus il est probable que, tôt ou tard, l’eau retournera dans son ancien lit. Lorsqu’un archétype s’active, l’eau se met à couler et sa forme se manifeste à travers des images symboliques, des motifs récurrents et des récits mythologiques présents dans chaque culture, servant de modèle qui conditionne notre comportement collectif. Un travail psychothérapeutique ne pourrait jamais aider un patient à prendre conscience d’un archétype en soi comme c’est le cas des contenus de l’inconscient personnel. L’essence proprement dite de l’archétype est transcendante (en dehors du champ du connu)8.

Les archétypes ne doivent pas être considérés comme des idées abstraites ou de simples constructions culturelles. Ils détiennent de l’énergie psychique9 qui peut être libérée sous certaines conditions. L’activation d’un archétype chez l’individu déclenche toujours une transformation profonde et durable. Leur intensité énergétique est telle qu’elles peuvent entraîner des phénomènes de fascination voire de possession. S’y trouver confronté est une expérience intense et effrayante qui marque durablement l’individu.

Un exemple classique de ces images archétypiques est celle du dragon qui condense pour l’essentiel les caractéristiques des grands prédateurs du royaume animal. Les écailles renvoient aux reptiles10, les ailes aux grands oiseaux de proie, les dents aux animaux carnivores et le feu qui lorsqu’il échappe au contrôle de l’homme a toujours représenté l’une de ses plus grandes menaces. L’image du dragon ainsi que celle du héros le terrassant qui lui est associée, est une des plus anciennes images que l’on trouve sous une forme ou sous une autre dans toutes les civilisations. Que ce soit Horus terrassant l’hippopotame ou le crocodile,Héraclès tuant l’Hydre de Lerne, ou encore Saint Georges et le dragon, c’est toujours le même modèle archétypique qui donne naissance à ces images. L’archétype du héros peut s’activer dans chaque être humain quand il se trouve face à une situation insurmontable et dangereuse, pour lui permettre de mobiliser les ressources émotionnelles qui l’aideront à s’en sortir. George Lucas, comme bon nombre de réalisateurs et d’écrivains, s‘est inspiré du voyage du héros11, qui est ainsi devenu un motif récurrent dans le cinéma depuis la saga Star Wars.

Le sacré comme phénomène psychique

Le bref résumé des notions de l’inconscient et de l’Archétype que nous venons d’esquisser ne répond pas à la question du rapport avec le divin. La clé pour comprendre le lien de ces contenus psychiques avec le phénomène religieux se trouve dans le rapprochement avec les travaux de Rudolf Otto. Dans son ouvrage majeur sur la phénoménologie du sacré12, ce dernier définit l’expérience du sacré comme une rencontre avec le « numineux »13, une présence mystérieuse et ineffable qui suscite à la fois crainte et fascination (mysterium fascinans). Le numineux se caractérise par un mélange d’effroi mystique (tremendum) et d’une supériorité absolue de puissance (majestas) qui transcende le quotidien et induit chez l’individu un sentiment d’état de créature. Cette expérience, difficilement communicable par la parole, n’est pas donnée à tout un chacun, « ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court »14. Ce phénomène numineux se trouve à l’origine de grandes transformations spirituelles, comme la conversion de saint Paul sur la route de Damas ou celle de saint Augustin, bouleversé par un appel intérieur décisif. On en retrouve aussi des traces, dans une moindre mesure, dans certaines conversions et guérisons survenues à Lourdes que Jung considérait comme des lieux objectivement porteurs du sacré. Le sacré se manifeste toujours comme une réalité d’un tout autre ordre que les réalités du monde physique perçus par l’intellect. Pour citer Mircea Eliade, « le langage peut exprimer naïvement le Tremendum, ou la Majestas, ou le Mysterium Fascinans par des termes empruntés au domaine naturel ou à la vie spirituelle profane de l’homme. Mais cette terminologie analogique est due justement à l’incapacité humaine d’exprimer le ganz andere (le tout autre) : le langage est réduit à suggérer tout ce qui dépasse l’expérience naturelle de l’homme par des termes empruntés à celle-ci même »15.

La pensée de Jung trouve un écho remarquable dans cette conception du sacré qui permet d’articuler le lien entre l’inconscient et le divin. Les archétypes incarnent des forces primordiales qui se rapprochent de l’expérience numineuse décrite par Otto. Lorsqu’un archétype s’active chez un être humain, il ne s’agit pas simplement d’une émotion ou d’une pensée, mais d’une expérience du divin qui saisit l’individu dans sa dimension la plus intime et peut s’accompagner d’un sentiment de transcendance, d’un frisson mystique en adéquation avec les attributs du sacré. Jung donne souvent pour exemple la rencontre avec un animal sauvage ; penser ou visualiser un tigre est sans commune mesure avec le fait de voir un tigre devant soi en chair et en os prêt à passer à l’attaque. Cette perspective ouvre la voie à une compréhension de la psyché comme le lieu où se rencontrent le profane et le sacré, où l’humain se trouve en contact direct avec les forces transcendantes qui gouvernent l’existence. Par conséquent, l’œuvre de Jung, offre une synthèse entre la psychologie et la théologie, montrant que l’expérience du divin n’est pas l’apanage d’un culte religieux, mais une réalité psychique accessible à chaque être humain.

Un autre exemple très parlant d’archétype, qui occupe une place particulière dans le panorama de la vie psychique européenne, est celui de Wotan. Figure mythique issue de la tradition germanique (assimilé à Odin dans la mythologie nordique), Wotan a de multiples facettes. Il est le dieu de la guerre, de la victoire, des morts, du vent et de la magie entre autres. Son personnage ne correspond pas à un dieu romain ou grec, bien qu’il y ait certaines ressemblances avec celui de Mercure. Pour une étude de son caractère, il faut remonter à l’époque des mythes, qui n’expliquaient pas tout en fonction de l’homme et de ses capacités limitées, mais cherchaient la cause profonde dans la psyché et ses pouvoirs autonomes. Dans cette optique, les premières intuitions de l’homme personnifiaient ces puissances sous la forme de dieux, et les ont décrites dans les mythes comme l’Edda avec beaucoup de soin et de circonstance. Parce que le comportement d’une population prend sa spécificité dans les images qui la sous-tendent, on peut parler d’un archétype « Wotan »16. Nietzsche, comme nombre d’autres écrivains, a aussi senti ce phénomène. Zarathoustra rencontre ce dieu inconnu qui l’aborde tantôt comme un ennemi, tantôt déguisé en Zarathoustra lui-même. En bon philologue il l’a nommé Dionysos, mais Wotan est, selon Jung, une caractérisation plus correcte de cette force activée dans le psychisme allemand.

Pour comprendre son influence sur l’histoire européenne et les deux grandes guerres qui ont ébranlé notre continent, il est nécessaire de se replacer dans le contexte de l’époque. Au fil du dix-neuvième siècle, dans un laps de temps qui correspond à deux ou trois générations, l’Allemagne est passée d’une mosaïque de trois cent quarante-trois principautés, républiques et villes libres17, à un état unifié et centralisé. En même temps elle est passée, comme nombre de pays européens, d’une économie essentiellement agricole à l’état le plus industrialisé du continent. Ce grand bouleversement politique, économique et social a eu naturellement des répercussions psychologiques majeures. Jung, dans son essai sur Wotan publié en 1936, formule la thèse selon laquelle ce facteur inconscient, ce dieu propre aux peuples germaniques, s’est réactivé après des siècles d’hibernation et a contribué, à côté des autres facteurs politiques et économiques, à la grande catastrophe qui frappa l’Europe entre 1914 et 1945.

L’archétype personnifié par Wotan est, comme nous avons vu, un facteur psychique autonome qui, saisit (ergriffenheit) les individus, et influence ainsi la vie de tout un peuple. « Il est un attribut fondamental de la psyché allemande, un facteur psychique irrationnel qui agit sur la civilisation comme un cyclone et l’emporte. La vie de l’individu en tant que membre de la société peut être réglée comme un canal, mais la vie des nations est un grand fleuve impétueux qui échappe totalement au contrôle de l’homme entre les mains de Celui qui a toujours été plus fort que les hommes »18. « Tout contrôle humain prend fin lorsque l’individu est pris dans un mouvement de masse […] Les archétypes commencent alors à fonctionner, comme cela se produit également dans la vie des individus lorsqu’ils sont confrontés à des situations impossibles à gérer, qui ne peuvent pas être traitées de la manière habituelle » 19. C’est ainsi qu’un individu, lui-même saisi par cette force, est à même de contaminer psychiquement une foule, entraînant des comportements irraisonnés comme celles décrites par Gustave Le Bon et Freud 20.  La découverte de ce substrat psychique vient corroborer leurs idées et jeter de la lumière sur les causes profondes de ce grand mouvement historique si préjudiciable à notre continent.

Conclusion

La description des rapports de l’inconscient collectif et des archétypes avec le christianisme, qui occupe une grande partie de l’œuvre de Jung, dépasse, malheureusement, les objectifs du présent article. Néanmoins nous avons montré que le sacré et plus généralement le phénomène religieux ne sont pas des constructions intellectuelles creuses, encore moins des illusions selon certaines opinions courantes. Bien au contraire, Carl Jung nous enseigne que le mot « dieu » se réfère à une fonction de l’âme, une dominante de notre psychisme omniprésente, socle de granit auquel notre conscience est étroitement et constamment liée. Son œuvre demeure aujourd’hui une source d’inspiration pour tous ceux qui cherchent à comprendre non seulement les mécanismes de l’inconscient, mais également la dimension mystique qui habite notre existence. À l’heure où la modernité tend à fragmenter les savoirs et à arracher l’être humain à son ancrage spirituel, la psychologie analytique taille une brèche dans la camisole de force du matérialisme et offre un contrepoint puissant en rappelant que l’homme, en tant qu’être spirituel, porte en lui les germes d’un divin universel. C’est dans ce dialogue entre le visible et l’invisible que se révèle le chemin de transformation personnelle et collective, susceptible d’ouvrir la voie à une Europe réconciliée avec son histoire et avec le divin.

Philippe André – Promotion Charlemagne

Orientations bibliographiques

Pour le lecteur qui souhaite aller plus loin et se familiariser avec l’œuvre de Jung, quelques mises en garde s’imposent. Son œuvre est immense et à cela vient s’ajouter une difficulté structurelle : il n’y a pas de fil conducteur ni d’organisation globale parmi ses ouvrages comme c’est plus ou moins le cas de l’œuvre de Freud. Jung, étant un écrivain très créatif, sortait des chemins battus et avançait toujours vers de nouveaux horizons avec pour but d’étendre nos connaissances de l’inconscient. Ainsi, certaines notions se trouvent sous une forme initiale dans ses écrits de la première période, puis une forme plus évoluée dans ses ouvrages tardifs ce qui, d’ailleurs, lui a souvent valu des critiques de contradicteurs plus ou moins bien intentionnés. Mais ça ne s’arrête pas là : plusieurs termes utilisés au début du mouvement psychanalytique ont évolué et ne s’utilisent plus pour désigner la même chose aujourd’hui. Par exemple, les conditions cliniques désignées sous le terme de démence précoce (dementia praecox) au début du vingtième siècle sont aujourd’hui classifiées sous le terme de schizophrénie alors que le terme initial désigne de nos jours des états de dégradation de plusieurs fonctions cognitives avant l’âge de 65 ans. Si à tout ça on ajoute la multitude de références scientifiques, médicales, historiques, philosophiques, théologiques et mythologiques depuis la plus haute antiquité jusqu’à nos jours, ainsi que la profusion de termes grecs et latins qui émaillent ses écrits de bout en bout, le lecteur peut vite se retrouver perdu et découragé. Au vu de tout cela, il serait plus avisé de commencer par certains ouvrages introductifs et une partie de sa correspondance afin d’acquérir une solide base des connaissances fondamentales avant de s’attaquer aux ouvrages plus techniques et dont certains sont assez difficiles d’accès pour le non-spécialiste :

  • L’homme et ses symboles (Robert Laffont) et L’homme à la découverte de son âme (Albin Michel), livres spécialement écrits pour le profane, et les deux conférences Sur les fondements de la psychologie analytique – Les conférences de Tavistock ainsi que l’Introduction à la psychologie jungienne – Le séminaire de la psychologie analytique 1925 constituent la meilleure introduction à l’œuvre de Jung. Ces quatre livres offre un aperçu global des idées et des notions de la psychologie analytique sans lesquelles on ne saurait aller plus loin.
  • L’autobiographie de Jung Ma vie, Souvenirs, rêves et pensées, qui a influencé bon nombre de psychologues en suscitant des vocations, est un témoignage très personnel qui éclaire beaucoup sur ses motivations personnelles et les expériences qui ont influencé son œuvre.
  • Les conférences Psychologie et Philosophie – Conférences de Zofingia (Albin Michel) nous renseignent sur les racines philosophiques de l’œuvre de Jung.
  • Le divin dans l’homme, Lettres sur les religions choisies et présentées par Michel Cazenave (Albin Michel) est une anthologie tirée de sa correspondance qui illustre bien ses idées sur le divin et la religion.
  • L’âme et la vie, extraits de l’œuvre de Jung, bâti et ordonné par Jolande Jacobi, une de ses plus proches collaboratrices est un excellent résumé de sa première période.
  • Enfin, la publication récente L’inconscient collectif (La Fontaine de Pierre) contient certains textes et interviews très intéressants non seulement sur l’inconscient collectif mais aussi ses points de vue sur les événements historiques majeurs du vingtième siècle.

Sources YouTube de qualité

  1. Interview de Jung à l’émission Face to Face de la BBC de 1959 (en anglais)
  2. Toutes les conférences et interviews de Michel Cazenave
  3. This Jungian Life, chaîne (en anglais) créée par trois psychanalystes jungiens aux US qui traitent divers sujets
  4. The way of the dream, Marie-Louise von Franz & Marion Woodman, documentaire en anglais (~10h)
  5. A matter of heart, film biographique sur Jung (en anglais)

Notes et références

  1. Appelé ou non appelé, Dieu sera présent. Jung avait découvert cette citation dans une collection d’anciens adages grecs et latins, qui a été compilée durant la Renaissance par Érasme. Tirée de Thucydide, dans son récit de la Guerre du Péloponnèse quand les Spartiates ont consulté l’oracle de Delphes, avant de partir à la guerre (1.118.3).
  2. Titre original en allemand : Symbole der Wandlung, aujourd’hui édité en français sous le titre Les Métamorphoses de l’âme et ses symboles.
  3. Friedrich Nietzsche, Par delà bien et mal, Flammarion, coll. Mille et une pages, p. 647
  4. Henri F. Ellenberger, Histoire de la découverte de l’inconscient (Fayard)
  5. Dictionnaire Jung (sous la direction de Aimé Agnel), Ellipses 2008.
  6. Ne pas confondre avec le conscient collectif : traditions, mœurs, et mémoires collectives, propres à un peuple, une ethnie, ou un groupe en particulier.
  7. C. G. Jung, Inconscient Collectif, La Fontaine de Pierre, 2025, p.20
  8. Dictionnaire Jung, sous la direction de Aimé Agnel), Ellipses 2008.
  9. Libido, voir Jean Laplanche, Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse et Dictionnaire Jung, sous la direction de Aimé Agnel), Ellipses 2008.
  10. Les estimations des morts causées par morsure de serpents s’élèvent encore aujourd’hui à plusieurs dizaines de milliers par an, Wikipedia, Epidemiology of snakebites.
  11. Joseph Campbell, Le héros aux mille visages, J’AI LU 2013. Campbell s’est inspiré directement des travaux de Jung.
  12. Rudolph Otto, Le Sacré, Petite bibliothèque Payot, 2015
  13. Par analogie : lumen/lumineux, numen : majesté, volonté de dieu, puissance des dieux et par métonymie divinité, dieu, déesse, génie (grand-dictionnaire-latin.com). En grec Θείον.
  14. Romains 9:16
  15. Mircea Eliade, Le sacré et le profane, Gallimard, 1965, p.16
  16. Wotan in Essays on contemporary events (Trans. by Barbara Hannah), London, 1947, non édité en français.
  17. Jacques Bainville, Histoire de France, Ch.11.
  18. Wotan in Essays on contemporary events (Trans. by Barbara Hannah), London, 1947, non édité en français.
  19. Ibid.
  20. Voir Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Fayard/Pluriel 2023, S. Freud, Psychologie des masses et analyse du moi, PUF 2010. Aussi sur la contamination psychologique Luigi Zoja, Paranoïa, Les belles lettres 2018.