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La vallée de l’Epte, de Gisors à la Roche-Guyon

« Celui qui reçoit un tel don, lui disaient les évêques, doit baiser le pied du Roi. Jamais, répondit [Rollon], je ne fléchirai le genou devant quelqu’un, ni ne baiserai son pied. Cependant, poussé par les prières des Francs, il ordonna à l’un de ses guerriers de le faire à sa place, Celui-ci saisit le pied du Roi et le porta à sa bouche, mais il le baisa sans s’incliner et fit tomber le Roi à la renverse. De là de grands éclats de rire, un grand tumulte dans la foule.... » Chronique anonyme relatant la signature du traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911

La vallée de l'Epte, de Gisors à la Roche-Guyon
Pays : France
Région : Normandie et Ile-de-France, Vexin normand et Vexin français
Thématique générale du parcours : Le circuit suit le cours de l’Epte, ancienne frontière entre le royaume de France et le duché de Normandie, et permet de découvrir les différents sites et châteaux fortifiés.
Mode de déplacement : A bicyclette, VTT ou VTC. Pour la randonnée à pied, choisissez l’un ou l’autre des nombreux itinéraires en boucle. Voir les liens dans la rubrique « Activités connexes ». L’Epte se parcourt en canoë, de Dangu à Bray-et-Lû. Néanmoins ce mode de transport n’est pas adapté à la visite des sites situés en hauteur.
Durée du parcours : Deux jours pour visiter tous les sites. En une journée, il faut effectuer une sélection. Le parcours est décrit dans un seul sens : attention au retour !
Difficulté du parcours : Facile, mais avec des côtes un peu raides du fond de la vallée vers les villages. En famille avec des adolescents. La voie verte Gisors – Gagny est longue de 28 km ; en enrobé, elle est ouverte aux usagers pédestres, aux personnes en fauteuil roulant, aux cyclistes et aux rollers. Elle fait partie de l’itinéraire « Avenue verte » qui relie Paris à Londres en 520 km.
Période possible : Toute l’année. Attention en période de chasse.

Présentation géographique

L’Epte prend sa source dans le pays de Bray (Seine-Maritime) à 192 m d’altitude et rejoint la Seine près de Giverny (Eure) à 19 m d’altitude. Longue de 113 kilomètres, elle a un débit régulier et assez calme qui permet la pratique du canoë. Le fond de la vallée étant souvent marécageux et inondable, les villages se sont groupés sur le piémont des coteaux, au débouché des petits talwegs formés par les affluents de l’Epte. Large de 2 kilomètres environ, la vallée a permis la culture du peuplier et d’arbres fruitiers. Les coteaux raides sont boisés ou en friches, les coteaux plus doux sont cultivés. A dominante rurale, la vallée connaît néanmoins une urbanisation liée à l’expansion démographique de l’Ile-de-France.

Cadre historique et culturel

Depuis le traité de Saint-Clair-sur-Epte, signé en 911 par Charles III le Simple, roi de France, et Rollon, « jarl » viking, l’Epte est avant tout la frontière historique entre la Normandie et la France. Devenu comte de Rouen, Rollon s’engageait à protéger la province des incursions des « hommes du Nord ». Ce traité est considéré comme l’acte de naissance du futur duché de Normandie.

Quelques générations plus tard, Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, devient roi d’Angleterre en 1066. La frontière de l’Epte est couverte de châteaux : les simples « mottes » encloses de levées de terre deviennent de véritables châteaux forts. Deux lignes se font face : côté normand, Gournay-en-Bray, Neuf-Marché, Gisors, Neaufles-Saint-Martin, Dangu, Château-sur-Epte, Baudémont, Gagny. Côté français, Gerberoy, Trie-Château, Chaumont-en-Vexin, Courcelles-lès-Gisors, Boury-en-Vexin, Saint-Clair-sur-Epte et La Roche-Guyon.

Aux XIe et XIIe siècles, des conflits incessants ravagent la région. Le château de Gisors, notamment, est au cœur des conflits territoriaux entre le roi de France et le roi d’Angleterre du XIe au XVe siècle. En 1204, Philippe Auguste annexe la Normandie.

Description de l’itinéraire

L’itinéraire débute à Gisors. La forteresse, un des plus beaux exemples d’architecture médiévale du XIIe siècle, occupe un point haut de la ville. La motte castrale a été édifiée dès 1097. Sur la plate-forme, se dresse un donjon octogonal (inaccessible en 2015). Cette première structure défensive anglo-normande est renforcée par une enceinte flanquée de tours, elle-même doublée au XVIe siècle d’un « boulevard d’artillerie ». Le château est démantelé en 1605 par Sully.

Le second édifice à visiter est l’église Saint-Gervais Saint-Protais (XIIe – XVIe siècles), aux allures de cathédrale, mélange d’arts gothique et Renaissance. Elle abrite un escalier monumental, des peintures murales, des vitraux et de nombreuses sculptures, dont un impressionnant Arbre de Jessé.

Sortez de Gisors par l’ouest afin de rejoindre, près des étangs des Ballastières, la « Voie verte » qui a repris le tracé d’une ancienne voie ferrée. Cette piste cyclable, plus confortable que la D146, sera l’épine dorsale de cet itinéraire ; il faudra s’en écarter pour accéder aux sites intéressants, notamment les mottes castrales normandes.

Le château de Neaufles-Saint-Martin (alt. 94 m) figure sur la carte IGN. Pour apercevoir le donjon sur sa motte, il faut traverser le village, quitter le GR 125, et aller tout au bout de la rue de la Tour. La prairie est privée.

Au premier château en bois de Dangu, édifié sur une motte au Xe siècle, a succédé au XIIe siècle une forteresse composée d’un donjon et d’une double enceinte. Comme celui de Gisors, le château est pris tour à tour par les Anglais de Richard Cœur de Lion et par les Français de Philippe Auguste. Pendant et après la guerre de Cent Ans, puis du XVIe au XVIIIe siècle, les embellissements succèdent aux dévastations. L’actuel château de Dangu, privé et dévolu aux réceptions, date du XVIIIe siècle. Il n’est autre que le château de Montretout (Saint-Cloud), démonté et transporté sur ce site en 1896 par son propriétaire, le duc Pozzo di Borgo.

Aux Bordeaux de Saint-Clair, quittez la piste et rejoignez le village de Saint-Clair-sur-Epte, où fut signé le fameux traité de 911. Une plaque « aux ancêtres par les Normands reconnaissants », posée en 1911, commémore cet événement.

La fontaine miraculeuse de saint Clair était réputée pour guérir les maux d’yeux. Située à proximité de l’ermitage du saint, elle abrite sa statue dans une niche. Saint Clair était célébré en juillet lors d’un pèlerinage : messe, procession et « feux de Saint-Clair ». En revanche, du château de Saint-Clair ne reste qu’une tour ruinée.

Reprenez la piste cyclable, puis quittez-la pour monter à Château-sur-Epte. Le site, sur son piton, offre de beaux restes du château fort édifié par Guillaume le Roux : la motte est bien visible, surmontée du donjon entouré d’une « chemise ». La route fait le tour de la basse cour, et permet de voir les ruines de deux tours portes. L’ensemble est privé.

Empruntez alors vers l’ouest, en direction du Bois de Cabut, une petite route qui devient une piste agricole. Quand elle entre dans le bois, prenez à gauche en direction de Molincourt. A votre arrivée dans le village, au pied de la croix, la charmante statue de Vierge à l’Enfant date du XIe siècle. Continuez à droite par la D8 (au bas du village, petit manoir de brique) puis par la D170 en direction d’Aveny.

Dans la descente, ne manquez pas sur votre gauche le panneau « Allée couverte ». Grimpez le chemin empierré, assez raide, dans la forêt, puis, arrivés dans une zone moins escarpée, repérez un balisage discret sur votre gauche, que vous suivez sur 100 m environ. L’allée couverte de Dampsmesnil est un mégalithe funéraire construit entre 2500 et 2000 avant J.-C. par les premiers agriculteurs. Une des pierres verticales de l’entrée porte une sculpture remarquable : des signes ovales symbolisent une déesse funéraire ou une déesse de la fécondité.

Revenez sur vos pas pour continuer votre descente vers Aveny, dont le château (privé) date du XVIIIe siècle. Le pont d’Aveny est aujourd’hui l’unique ouvrage du XVIIIe siècle enjambant l’Epte. Construit en pierre de taille, il se compose de trois arches permettant de briser le courant de la rivière.

Rejoignez le hameau de Copierres par la D37, puis empruntez la petite route qui monte sur votre droite. Arrivés sur le plateau, prenez la piste agricole qui part sur votre droite sur environ 450 m. L’allée couverte de Copierres (alt. 118 m), mise au jour en 1886, est située au beau milieu d’un champ cultivé et donc peu visible (selon les saisons, labours ou cultures…). Bâtie entièrement en blocs de calcaire, elle s’étend sur 15 mètres de long.

Revenez sur vos pas pour reprendre la piste cyclable jusqu’à Bray-et-Lû. Quittez-la à nouveau au rond-point devant l’usine pour monter vers Baudemont.

La butte castrale de Baudemont (XIe siècle) se discerne derrière un grillage et une haie (en face de l’arrêt d’autocar). Le rempart de la basse cour (arrasé), une tour ainsi que le fossé sec demeurent visibles, surtout en hiver. La propriété privée ne se visite pas.

Redescendez vers Fourges, laissez la piste cyclable continuer vers Gasny, et prenez la direction du moulin. Bâti en 1750, peint par les impressionnistes, toujours en fonctionnement, c’est aujourd’hui un restaurant touristique dans un site préservé quoiqu’un peu artificiel. La petite route rejoint la D37 que vous suivez jusqu’à Amenucourt. Au carrefour de la route de Chérence (au transformateur), prenez la piste agricole plein sud en direction de la forêt. Cette piste traverse l’arboretum de La Roche-Guyon (attention, l’arboretum est fermé depuis 2014 pour des « raisons financières ». Renseignez-vous avant votre départ. Dans ce cas, continuez la D37 jusqu’à Roconval, puis tournez à gauche pour rejoindre la D100). Elle continue tout droit jusqu’à la D100, qu’il faut emprunter à droite sur environ 200 m. Une petite route pittoresque descend alors « tout schuss » vers La Roche-Guyon, ses troglodytes et ses châteaux. Attention : l’accès au donjon n’est possible que depuis le château du bas.

Ensemble architectural unique en Ile-de-France, le château de La Roche-Guyon traverse dix siècles d’histoire : du donjon féodal du XIIe siècle aux écuries du XVIIIe siècle, des premières habitations troglodytiques au potager des Lumières, des salons d’apparat aux casemates aménagées par Rommel durant la Seconde Guerre mondiale. Les aménagements troglodytiques de ce château s’étendent sur 1200m2 et se superposent sur 4 niveaux. Des « bôves », cavités ou abris creusés dans la roche tendre, sont encore visibles dans le village. Le château et le village ont inspiré Edgar P. Jacobs, qui y situe l’action du Piège diabolique. Qui sait ? Le Chronoscaphe vous fera peut-être remonter le temps et rencontrer Philip Mortimer ou damoiselle Agnès…

Activités connexes

Diverses brochures téléchargeables ou disponibles à l’office de tourisme de Gisors décrivent les boucles de randonnée et les itinéraires cyclables.

Circuits accompagnés ou non, proposés sur le site de l’Office de tourisme de Gisors : tourisme-gisors.fr

Circuits proposés sur le site de la Fédération française de randonnée Val d’Oise : cdrp95.com

Cartographie

IGN 2112 E, Gisors, 1 :25 000

IGN 2113 ET, Mantes-la-Jolie, Boucles de la Seine, 1 :25 000

Bibliographie

  • Jean Mabire et Jean-Robert Ragache, Histoire de la Normandie, France Empire, 1998
  • Jean Mabire, Guillaume le Conquérant, Art et Histoire d’Europe, 1987
  • Jean Mabire, Les Ducs de Normandie, Lavauzelle, collection « destins », 1987
  • Les amis du Vexin français, Guide du Vexin français, Editions du Valhermeil, 1991, épuisé
  • Edgar P. Jacobs, Le Piège diabolique, Editions du Lombard, 1962

Accès

En voiture ou en train. Un service d’autocars relie les différents villages. Certains taxis acceptent de charger les bicyclettes sans supplément. Informations sur tourisme-gisors.fr

Matériel spécifique, équipement

VTT ou VTC. Lampe de poche, boussole, cartes IGN au 1 :25 000.

Art de vivre

Selon les saisons, restauration dans les villages ou au bord des étangs de pêche.

Liens

La géographie de la vallée de l’Epte : atlaspaysages.hautenormandie.fr

Le château de Gisors : tourisme-gisors.fr/chateau-fort/

L’église Saint-Gervais Saint-Protais de Gisors : tourisme-gisors.fr/l-eglise-saint-gervais-saint-protais/

L’allée couverte de Copierres : montreuil-sur-epte.fr

Château de La Roche Guyon : http://www.chateaudelarocheguyon.fr

Année où cet itinéraire a été parcouru

Automne 2015

Billetterie 2024