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Africains dépigmentés, ascendances sarrasines : l’obsession de l’ailleurs

Selon certaines autorités archéologiques, nous serions des “Africains dépigmentés” alors que des historiens soucieux de conjurer toute tentation “identitaire” nous attribuent des ascendances “sarrasines”. Un discours qui n’est pas sans lien avec le militantisme idéologique actuellement en vogue dans divers milieux académiques et médiatiques. Source : La Nouvelle Revue d'Histoire, hors-série n°11, automne 2015.

Africains dépigmentés, ascendances sarrasines : l'obsession de l’ailleurs

Nous sommes en classe de sixième. Un grand préhistorien fait son cours devant des petites têtes blondes. « Avec ce que l’on sait, “on” est resté cinq millions d’années en Afrique. Et on peut donc dire que nous sommes tous des Africains, ce n’est pas un abus de langage. La plus grande partie de “notre” histoire, on avait la peau brune, comme ces jeunes gens », affirme-t-il en montrant un jeune Noir (vu dans l’émission « Brunet/Coppens, duel aux origines de l’homme », France 5, diffusé le 30 avril 2015).

Dans la salle, les petits Blancs stupéfaits regardent leurs camarades d’origine immigrée d’un autre œil… Celui qui prononce ces mots avec tant d’assurance dans des conférences scolaires n’est autre que Michel Brunet, l’homme qui a découvert les restes du plus vieux crâne d’hominidé connu. Dénommé Toumaï, le mammifère probablement bipède aurait fait 1,20 mètre de haut et son volume crânien n’excédait pas, selon notre spécialiste, 360 cm3. Des chiffres à comparer avec des niveaux moyens actuels de 1,75 mètre et de 1400 cm2. Impossible, évidemment, de faire de Toumaï un représentant de la lignée des hommes modernes, encore moins un Africain ou un humain de type noir. Cela n’empêche pas notre expert de décrire les Européens comme de simples descendants de ceux qui habitaient il y a des centaines de milliers d’années, voire plusieurs millions dans le cas cité, le continent africain. Un raccourci pour le moins hardi, régulièrement relayé par les médias officiels.

Des anachronismes suspects

Dans La France préhistorique (Gallimard, 2010), une passionnante synthèse des dernières recherches effectuées dans le pays, le professeur Jean Clottes assure dans l’avant-propos : « Citant mon ami et collègue le généticien André Langaney, j’ai parfois rappelé une évidence à propos de nos plus lointaines origines, à savoir que nous sommes tous des Africains dépigmentés ». Au-delà de l’anachronisme énorme du propos reste le questionnement. En effet, aucune « évidence » de ce type n’est lisible dans les chapitres du livre qu’il dirige. Au contraire, la présentation des riches trouvailles en industrie lithique sur ce qui est aujourd’hui le territoire français montre une évolution sans à coups majeurs sur plusieurs centaines de milliers d’années et militerait au contraire pour une remarquable continuité du peuplement de l’Hexagone. La référence à la génétique n’a pas plus l’avantage de l’évidence: en matière de préhistoire, cette science toute neuve donne aujourd’hui des résultats contradictoires d’une année sur l’autre (en 2008, le célèbre Institut Max Planck de Leipzig affirmait après analyse de l’ADN mitochondrial d’un Néandertalien que l’homme moderne ne partageait aucun gène commun avec celui-ci. Deux ans plus tard, il infirmait son point de vue, estimant que les Européens pourraient partager 4 % du génome nucléaire des Néandertaliens, et que ces gènes ne se retrouvaient pas du tout chez les Africains. En 2014, une étude internationale supposait que 20 % du capital génétique de Neandertal se retrouvait dans les populations actuelles de l’Eurasie, selon des intensités très variables).

Mais ces anachronismes bien dans l’air du temps pourraient s’expliquer. Le généticien André Langaney, « ami » de Jean Clottes, nous fournit une piste. Dans La plus belle histoire de l’homme – comment la Terre devint humaine (Éd. du Seuil, 1998.), le savant y affirmait qu’il existait une « responsabilité de ceux qui détiennent le savoir scientifique ». Le chapitre qui concluait cet essai était titré « Le mélange, c’est la diversité ». Décidément dans l’air du temps…

Existe-t-il un militantisme idéologique dans la recherche anthropologique et préhistorique française ? On peut s’étonner en tout cas de voir le prestigieux musée de l’Homme organiser en avril 2014 un débat ouvert au public sur le thème : « Races : pour en finir avec les fantasmes racistes ! ». De qui est dépendant le musée de l’homme ? Du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Tous les chemins mènent à la rue Descartes…

Autre préhistorienne du musée de l’Homme, considérée comme l’un des meilleurs connaisseurs de Neandertal, Marylène Patou-Mathis aime opérer des digressions dans ses présentations destinées au grand public, aux étudiants ou aux spécialistes. Le 18 septembre 2014, devant l’auditorium plein du muséum national d’Histoire naturelle, elle affirmait ainsi que la violence était « une question de valeurs » et rapportait expressément des exemples de… la colonisation. L’intitulé de sa conférence ? « Les traces de violence au paléolithique » (le paléolithique désigne l’âge de la pierre taillée). C’est ce qui s’appelle de l’actualisation… Adepte du hors sujet, la spécialiste attaquait alors l’œuvre de l’académicien René Girard, coupable d’avoir dévoilé les mécanismes de la violence mimétique et du bouc émissaire et d’avoir montré en quoi le christianisme révélait lesdits phénomènes. En mai2015, dans un colloque sur les Pensées symboliques et actes créateurs chez les hominidés au sein du prestigieux Institut de paléontologie humaine, Marylène Patou-Mathis récidivait dans les digressions, affirmant ici que « les Sapiens [la lignée des hommes anatomiquement modernes] qui ont peuplé l’Europe, avaient la peau sombre » ou là que « les peuples migrants sont plus forts ; ça fait peur à tout le monde quand je le dis ». La science est entre de bonnes mains…

Si la question des origines raciales et identitaires des Européens est devenue taboue au musée de l’Homme, elle l’est également à l’Institut national de la recherche archéologique préventive (Inrap), établissement institué en 2001 et dépendant également du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Sous la présidence de Jean-Paul Demoule, entre 2001 et 2008, l’institut a orienté sa communication. Dans La Révolution néolithique (Éd. La Découverte, 2007), rédigé sous sa direction, il est ainsi affirmé à plusieurs reprises – et en dépit de preuves – que la lente expansion des techniques agraires et de l’élevage en Europe sont le résultat d’une «colonisation» démographique orientale. Jean-Paul Demoule s’est efforcé par la suite de nier toute origine aux Européens et aux Français : dans l’introduction à son livre On a retrouvé l’histoire de France (Robert Laffont, 2012), il mettait en garde son lecteur contre toute tentative de quête d’ascendance identitaire et affirmait que la France avait été de tous temps une terre d’immigration et de métissage. Puis il dénonçait dans Où sont passés les Indo-européens ? (Le Seuil, 2014) un supposé « mythe des origines ». En 2014, l’Inrap allait plus loin en coproduisant un DVD intitulé « Nos ancêtres les Sarrasins ». Étrange coïncidence, le ministre de l’Intérieur en personne a repris l’idée de supposées origines arabo-musulmanes de la France, le 15 juin 2015, lors d’une grande réunion avec des représentants musulmans, dans la droite ligne des conseils du think tank Terra Nova.

« Nous sommes tous Africains », « Nos ancêtres les Sarrasins »… Si ce sont les autorités scientifiques qui le disent… Et ce n’est pas tout : si les Blancs viennent d’ailleurs, ils seront demain tous Brésiliens. C’est que qu’affirmait la préhistorienne du musée de l’Homme Marylène Patou-Mathis, dans une conférence publique donnée le 18 septembre 2014. « Comment sera-t-on dans 100000 ans ? Peut-être des post-humains, on parle pas mal de ça en ce moment » assurait-elle avec une pointe d’humour. « Certains pensent que l’espèce humaine pourrait se mélanger, et que le type universel serait celui du Brésilien…», relançait-t-elle beaucoup plus sérieusement. Grâce aux salariés du ministère de l’enseignement, on connaît désormais l’Évolution en avance !

LG. Source : la-nrh.fr

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