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L’art européen et le sentiment de la Nature

Ecrivain suisse d’origine serbe, Slobodan Despot est le cofondateur et le directeur des Editions Xenia, il est aussi journaliste et écrivain, auteur notamment du « Valais mystique », livre pour lequel Jean Raspail écrira « n’avoir jamais lu un ouvrage contemporain d’une telle force et d’une telle hauteur de conviction ». Son premier roman, plusieurs fois primés par les lecteurs, « Le Miel » est paru en 2014 aux éditions Gallimard. Slobodan Despot évoque pour nous l’Art européen et le sentiment de la nature.

L’art européen et le sentiment de la Nature

L’Europe est le lieu où l’art a connu ses aboutissements extrêmes. Ceci dans ses deux acceptions : à la fois comme technè, maîtrise de la matière, et comme célébration de la beauté. L’une débouche sur la pensée scientifique, l’arraisonnement du monde et l’ambition démiurgique. L’autre donne une floraison de formes de représentations d’une liberté et d’une inventivité sans équivalent dans l’histoire humaine.

Sous l’aspect du rapport à la nature, les deux courants se rejoignent et s’opposent tour à tour. Ils se rejoignent dans le projet de substitution de la réalité naturelle par une réalité artificielle, créée et régie par l’homme. Ils s’opposent lorsque l’art-beauté recourt à la nature comme altérité radicale et transcendance face à l’immanentisme de l’art-technè.

D’une certaine façon, l’histoire des idées en Europe peut se résumer à une lutte de la transcendance et de l’immanence, et celle-ci, en grande partie, à la lutte du réalisme et du nominalisme. Le sentiment de la nature dans la grande tradition artistique européenne, en particulier depuis la Renaissance, constitue un refuge face au vase clos d’un univers nominaliste conçu et régi par l’ingéniérie, où la matière physique, mais également le matériau humain, n’est que la pâte malléable d’une «re-création» de la réalité par la volonté de puissance infinie de l’homme sans Dieu, incarnée par l’élite scientifico-politique.

Ce que Heidegger appelait le Gestell — arraisonnement, mise à disposition — est à la fois un développement logique du génie humain et l’annonce de la fin de l’humanité que nous connaissons, remplacée par une humanité-produit, une transhumanité où tous les paramètres de la vie — de la conception à la mort, en passant par le choix du sexe et la détermination du caractère — feraient l’objet d’une sélection et d’une manipulation.

D’Evola et C.S. Lewis — dans L’Abolition de l’Homme — à Zinoviev ou Lucien Cerise, en passant par Huxley ou Günter Anders — les auteurs vigilants décrivent cette perspective aujourd’hui pratiquement acquise comme le plus vaste projet d’esclavage jamais conçu, le cauchemar de l’homme devenu son propre exploitant.

La glorification artistique de la nature, et la mémoire d’une intégration harmonieuse de l’humanité à son milieu natal, est la réponse de l’âme immortelle aux fièvres de puissance de l’esprit déchaîné.

Slobodan Despot

Crédit photo en une : © Institut ILIADE – Crédit photos ci-dessous : © Slobodan Despot

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