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Eleutherne (Archea Eleftherna), un vagabondage archéologique en Crète

« Au milieu de la vaste mer est la belle et féconde île de Crète ; des milliers d'hommes l'habitent, et quatre-vingt-dix villes sont renfermés dans ce pays, où l'on parle divers langages. Là sont les Achéens, les magnanimes Crétois autochtones, les Cydoniens, les Doriens aux cheveux ondulés, et les divins Pélasges. » Homère, Odyssée, chant XIX.
« Ce n'est pas par rencontre fortuite que, dans les époques saines, le Beau s'identifie au Bien, et le Bien au Soleil. […] J'ai souvent tenté de parler de métaphysique solaire. […] le langage des Grecs, en tant qu'instrument magique, entretient avec le soleil - réalité ou symbole - des relations intimes. […] Tenir le soleil dans ses mains sans être brûlé, le transmettre comme une torche à ceux qui viendront après nous, est un acte douloureux, mais je crois, un acte béni. » Odysseus Elytis (1911-1996), discours de réception du prix Nobel de littérature en 1979

Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt
Eleutherne (Archea Eleftherna), un vagabondage archéologique en Crète
Pays : Grèce
Région : Crète, département de Rethymnon
Thématique générale du parcours : archéologie et histoire, du IIIe millénaire avant J.-C. jusqu’au début du XIVe siècle, dans un site très peu parcouru.
Mode de déplacement : à pied.
Durée du parcours : entre une demi-journée et une journée.
Difficulté du parcours : parcours facile, accessible en famille. Peu de dénivelé. Balisage lacunaire et un peu fantaisiste.

Période possible

Toute l’année. Néanmoins, même s’il y a parfois de l’ombre, éviter les grosses chaleurs estivales.

Présentation géographique

Eleutherne (ou, en grec, Archea Eleftherna) est située au nord de la Crète, à environ 20 km à l’est de Rethymnon, à l’intérieur des terres. Le site s’étage entre 300 et 400 m d’altitude. Etabli sur un plateau orienté NO/SE qui fait partie des contreforts du Psiloritis, il est protégé par deux ravins au fond desquels coulent de petits cours d’eau souvent asséchés. Il offre une large vue sur la mer de Crète.

La cité bénéficiait donc d’un environnement propice : sources et puits, torrents, terres cultivées et pâturages, quelques forêts. Pour la construction, du calcaire.

Cadre historique et culturel

Quelques dates clés

IIIe millénaire avant J.-C. : Présence humaine attestée sur le site
IIe millénaire avant J.-C. : période minoenne
IXe siècle avant J.-C . : fondation de la cité par les Doriens
IIIe siècle avant J.-C . : Eleutherne est alliée de Philippe V de Macédoine dans la guerre qui l’oppose à Rhodes et Cnossos. L’issue du conflit voit la défaite de Philippe et la victoire des Romains.
-68 à -62 : les Romains soumettent la Crète. Après un long siège, Eleutherne tombe, victime d’une trahison. Les Romains bâtissent notamment des bains et des villas.
365 : un tremblement de terre fragilise la cité.
VIIe siècle : construction d’une basilique ; la cité est le siège d’un évêché.
VIIe siècle : raids arabes
796 : nouveau séisme. Déclin de la cité.

Description de l’itinéraire

Attention : certains secteurs du site sont régulièrement fouillés, donc enclos et souvent inaccessibles. Un circuit est toujours en cours d’aménagement – les crédits semblent manquer pour le terminer. L’intérêt et le charme des lieux résident dans la grande liberté ressentie sur le site, au risque de se perdre un peu. Il ne semble pas exister de plan complet du site.

Dans le village, repérez le petit parking menant au site, juste après la « Villa Eleftherna ». La première ruine bien visible est celle d’une tour hellénistique, qui a été utilisée jusqu’à l’époque byzantine. Empruntez le chemin pavé qui descend derrière la tour. Au premier croisement, prenez à gauche (ouest). On atteint en 10 minutes d’impressionnantes citernes romaines, d’une contenance évaluée à 10 000 m3. Elles collectaient les eaux de pluie ainsi que l’eau d’une source souterraine et étaient reliées à la ville haute par une canalisation souterraine. Ne pas hésiter à descendre dans les citernes (lampe de poche ou frontale utile).

En continuant le sentier, on arrive à une fontaine publique antique. Avec un peu de chance, les fées de la source auront laissé couler un mince filet d’eau permettant quelques lustrations.

Revenez sur vos pas, jusqu’au premier croisement ; continuez sur le sentier plus ou moins balisé en rouge et équipé de « marches » en bois. Il s’agit de traverser un petit plateau pour rejoindre une sente qui conduit à l’aqueduc souterrain curieusement dit « Anemomylos » (« moulin à vent »). Cet aqueduc a été creusé environ mille ans avant notre ère. On peut le parcourir sur 50 m à condition d’avoir une bonne lampe.

Ces installations montrent que l’eau a été un souci constant sur l’acropole, qui plus est calcaire.

En contrebas, on aperçoit le site de Katsivelos (fermé en 2014) : ruines d’une villa romaine avec des mosaïques bien préservées et fondations d’une basilique.

En revenant sur le plateau et en suivant l’une des sentes à peu près horizontales, on atteint la colline de Pyrgi. Nous sommes ici au point le plus haut, sur la citadelle et l’acropole antiques. Les ruines que nous voyons datent, les unes, de l’époque romaine, les autres du VIIe siècle avec les fondations d’une église paléochrétienne. Le site est clos, mais il est possible d’entrer en se glissant entre deux palissades (bien refermer pour éviter l’intrusion des chèvres et des moutons qui pâturent sur le plateau).

Le sentier qui longe le site commence à descendre ; vous apercevez un hangar moderne, qui abrite le chantier archéologique de la nécropole d’Orthi Petra (voir ci-dessous le lien sur la vidéo). Ce chantier était fermé en 2014 ; il est néanmoins prévu d’ouvrir un musée sur le site. Les fouilles effectuées de 2009 à 2011 ont mis au jour des sépultures du VIIIe siècle avant J.-C., notamment féminines, contenant des bijoux en or, des parures, des perles en cristal de roche, etc. Ces sépultures témoignent de pratiques diverses : inhumations classiques, inhumations en pithoi (hautes jarres) et crémations.

Reste à découvrir le pont hellénistique à la voute en pointe qui franchit la rivière. Pour le retour, contournez au mieux le site d’Orthi Petra et rejoignez le village. Evitez la route, qui fait un très grand détour.

Activités connexes

  • Le 17 janvier, célébration d’Agios Antonios. La chapelle dédiée à saint Antoine est nichée dans la falaise que suit la route carrossable.
  • Visite du monastère d’Arkadi, haut lieu de la résistance crétoise aux Turcs. Le 7 novembre 1866, les assiégés, moines et résistants, firent sauter la poudrière, préférant se sacrifier que de tomber aux mains des assaillants turcs.
  • Rendre visite, au Louvre, à la « dame d’Auxerre », chef-d’œuvre du style dédalique. Plus de détails ici.

Cartographie

Pas de carte disponible en dehors des cartes routières.

Pour en savoir plus

Le site n’est pas décrit dans les principaux guides de voyage francophones, mais il est répertorié et décrit par Daniel Krupa : crete.decouverte.free.fr

« Ancienne Eleutherna, un lieu de silence se raconte. » Présentation du site archéologique d’Eleutherna, par l’archéologue Nikos Stambolidis, directeur des fouilles depuis 1985 : apollonia-art-exchanges.com

Quelques détails sur les trois sites de fouilles (en anglais) : history-archaeology.uoc.gr/en/

Une vidéo sur les fouilles d’Orthi Petra

Accès

Prendre la route du nord Héraklion / Réthymnon. La quitter à Stavromenos en direction du sud, vers Arkadi (visite conseillée). Puis à gauche vers Archéa Eléftherna (environ 4 à 5 km avant Arkadi).

Parking possible dans le village d’Archea Eleftherna. Tavernes et hébergements dans le village ou dans le village voisin de Margarites (potiers plus ou moins traditionnels).

Pour les routards, consulter le site de la compagnie de bus KTEL.

Matériel spécifique, équipement

Chaussures de marche légères, chapeau de soleil. De l’eau (pas de ravitaillement sur l’itinéraire). Lampe frontale ou lampe de poche pour visiter les citernes et l’aqueduc. Boussole. Quelques cigarettes pour le berger.

Art de vivre

Comment décrire en quelques lignes l’art de vivre crétois ?

Ni office de tourisme, ni banque, rares commerces…

Année où cet itinéraire a été parcouru

Juin 2014.

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