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Les mélèzes de Balavaud et le bisse de Saxon

« Le bétail sombre, le beurre ou la soie où s’inscrivent des fleurs, l’illusion de la beauté dans mille empreintes, les grands monuments de mélèzes, les champs de fèves, de colza, de blé où frissonne l’eau blanche venue des glaciers… » Maurice Chappaz, Testament du Haut-Rhône, 1953

Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt
Les mélèzes de Balavaud et le bisse de Saxon
Pays : Suisse
Région : Canton du Valais
Thématique générale du parcours : Arbres exceptionnels et parcours le long d’un bisse, ancien canal d’irrigation.
Mode de déplacement : A pied. En hiver, une piste pour raquettes de 4,50 km environ est tracée en boucle de Pracondu à Pra da Dzeu.
Durée du parcours : Quatre heures environ (+ 1 h 30 si vous ne montez pas en télécabine). Comptez 1 h 30 de plus de la cabane du Bourlà à Siviez. Retour possible de Siviez à Haute-Nendaz en car postal (consultez les horaires).
Difficulté du parcours : Accessible en famille. 11,5 km. Dénivelés : + 20 m (avec montée en télécabine) ; – 470 m si vous rejoignez Siviez. – 850 m si vous redescendez à Haute-Nendaz. Haute-Nendaz, gare inférieure de la télécabine : 1365 m. Tracouet, gare supérieure de la télécabine : 2200 m. Siviez : 1733 m.
Période possible : De juin à octobre (tant qu’il n’y a pas de neige). A l’automne, les mélèzes flamboient avant de perdre leurs aiguilles, mais la télécabine ne fonctionne pas toujours… Les sentiers étant bien balisés et sans danger, la promenade peut s’effectuer par temps maussade.

Présentation géographique

Dans le Valais, Haute-Nendaz, qui domine la vallée du Rhône, est devenue une station de ski tentaculaire. Il faut donc s’extraire des remontées mécaniques, des pistes de ski et autres restaurants d’altitude pour aller saluer les célèbres mélèzes de l’alpage de Balavaux. Ce peuplement de 250 mélèzes est un des plus grands d’Europe, avec des sujets exceptionnels, dont on a estimé l’âge à plus de 300 ans – voire plus, de 500 à 800 ans pour les plus anciens. Ils ont bénéficié pour se développer du généreux soleil valaisan et ont été conservés pour éviter les avalanches. D’autres espèces de conifères sont aussi présentes : pins aroles, pins sylvestres et épicéas.

Pour cultiver les versants secs et ensoleillés de la vallée du Rhône, les hommes ont toujours eu besoin d’eau – mais les rares torrents, telles la Printse ou la Borgne, se terminent en gorges inaccessibles. Restait donc à aller chercher cette eau au plus près des glaciers et de la neige et à la conduire là où elle était nécessaire. Si certaines sources évoquent un système d’irrigation remontant aux Romains, les premières traces écrites concernant les « bisses », ces canaux filant à l’horizontale, datent du XIIIe siècle. En 1871, une étude recensait en Valais 117 bisses qui totalisaient 1536 km de canaux. Depuis, conduites d’eau enterrées et arrosage par dispersion ont eu raison des bisses ; néanmoins, certains sont remis en eau pour des raisons touristiques : les sentiers qui longent les bisses sont quasiment plats. Les cheminements suivis par les bisses désaffectés restent lisibles dans le paysage et montrent avec quelle ingéniosité et quelle ténacité ces bisses étaient construits et entretenus. Un patrimoine rural d’un intérêt certain, que les Valaisans ont à cœur de maintenir ou de restaurer. Dans le val de Nendaz, on compte huit bisses, dont cinq encore en activité.

Cadre historique et culturel

Le bisse de Saxon a été construit entre 1865 et 1876. Long de 32 km, il amenait les eaux de la Printse, captées en amont de Siviez (1733 m), jusqu’à Boveresse (1500 m), au-dessus du village de Saxon, après avoir traversé les alpages et les mayens de Nendaz, d’Isérables, de Riddes et de Saxon. Il amenait l’eau des glaciers du fond du val de Nendaz jusqu’aux vergers d’abricotiers de Saxon dans la plaine du Rhône. C’est le plus long bisse du Valais. Cet itinéraire le suit sur quelques kilomètres où il a été partiellement remis en eau.

Description de l’itinéraire

Dans la station de Haute-Nendaz, prenez la télécabine de Tracouet (arrivée à 2200 m). Du lac Noir, descendez la piste forestière en direction de Balavaux (2050 m). Les premiers mélèzes apparaissent en contrebas, hélas parfois à proximité des pylônes des remontées mécaniques. Vous aurez à cœur d’aller saluer ces arbres vénérables, mais sans trop piétiner leurs racines. De là, deux variantes :

  1. prendre le sentier en direction de la « Croix de Jean-Pierre » et de Pra da Dzeu. Ce sentier traverse la forêt à flanc, avant de descendre assez rapidement vers le Plan de Zerjona, parsemé de mélèzes. Le sentier tangente les pistes de ski : attention de bien suivre les balises jaunes !
  2. continuer sur la piste forestière qui descend jusqu’à Prarion (1839 m). De là, rejoindre le bisse de Saxon.

Ces deux variantes se rejoignent au Pra da Dzeu – le pré dans la forêt, en patois -, une superbe clairière. Cet alpage était déjà utilisé au Moyen Age par les habitants de Nendaz et d’Isérables. Utilisé, disputé et convoité… En 1295, un accord stipula que le bétail pouvait circuler librement sur une parcelle commune aux deux villages. Aujourd’hui, cette clairière est située sur la commune d’Isérables ; vous y verrez peut-être des petites vaches noires de la race d’Hérens. Vous remarquerez de nombreuses dolines, effondrements dus à la dissolution des roches calcaires.

Le sentier suit alors le bisse de Saxon, tantôt à sec, tantôt en eau. Vous admirerez les différentes techniques de construction : feuillets de roche posés sur le chant, murets de pierre, levées de terre, chenaux métalliques… Divers éléments ont été reconstitués : répartiteurs, écluses, passages en « bazot », traversée de gorges… jusqu’à la cabane du Bourlà, où un gardien du bisse veillait à la bonne circulation de l’eau. La cabane, construite en 1877, porte gravés sur ses planches les noms de ses gardiens successifs.

Juste avant d’arriver à la cabane, un sentier permet de descendre vers Haute-Nendaz. Mais comme il rejoint une piste forestière fort ingrate, n’hésitez pas à suivre le bisse jusqu’à Siviez. Le seul intérêt de cette station de ski est son arrêt de car postal, qui vous ramènera à Haute-Nendaz.

Activités connexes

Il est possible de suivre le bisse de Saxon sur toute sa longueur, de Siviez (1733 m) à Boveresse (1499 m) ; après avoir passé le Pas du Lin (1656 m), on rejoint la route au col des Planches (1411 m, car postal). 32 km, soit environ 9 heures de marche mais peu de dénivelé : 310 m en montée, 630 m en descente. A réaliser en deux jours, avec une étape à la Tsoumaz ou aux Mayens de Riddes.

Le sentier didactique « des Pives » suit en partie notre itinéraire ; 3 heures de marche avec dix postes donnant des explications sur les « pives » (les pommes de pin), les bisses, la flore, et même sur une légende. Celle-ci raconte que des diablons ont renoncé à bombarder le village de pierres, tant les habitants en étaient généreux. Le tas de pierres est toujours là… mais les diablons ?

Autre randonnée facile de Nendaz à Nendaz, en trois heures. A l’aller, en remontant le bisse du Milieu ; au retour, en descendant le bisse Vieux. Restauration possible à Planchouet et car postal au Lavanthier (soit au milieu de la randonnée). Les bisses étant eau, c’est une promenade idéale avec des enfants.

A la fin du printemps, quatre inalpes se déroulent à Nendaz. Lors de la montée à l’alpage, ont lieu les combats des reines, où les vaches noires de la race d’Hérens s’affrontent librement pour déterminer la hiérarchie au sein du troupeau.

Festival de Cor des Alpes de Nendaz, au mois de juillet. Malgré un nom des plus déconnecté, « Valais Drink Pure Festival », c’est une fête populaire dédiée au cor des Alpes, aux jodleurs, aux sonneurs de cloches et autres claqueurs de fouet.

Cartographie

Carte nationale de la Suisse au 1 :25 000 n° 1306 « Sion »

Sur internet : wanderland.ch/fr/

Bibliographie

Les Bisses du Valais, Editions Monographic, Sierre, 2000

Accès

De la vallée du Rhône, quitter l’autoroute à Sion, puis monter à Haute-Nendaz. La gare de télécabine de Pracouet est balisée. Attention : le seul parking gratuit en été est celui de la patinoire. La station est aussi accessible en car postal.

Matériel spécifique, équipement

Chaussures de randonnée légères. Dans le sac, de quoi boire, se restaurer et se protéger d’une éventuelle averse.

Art de vivre

La cabane de Balavaud propose petite restauration, boissons et logis. Le tout au tarif suisse…

A la saison, belles cueillettes de framboises sauvages et de bolets de mélèzes (dans la limite d’un kilo par personne).

Dans la vallée, visites des caves : Humagne, Cornalin, Païen vous feront vite oublier les Fendants auxquels se limite trop souvent notre connaissance des vins valaisans.

Liens

Au chevet du plus grand mélèze d’Europe, un article du journal « Le Temps » : letemps.ch

Le musée des Bisses, à Ayent, dans une maison du XVIIe siècle à la façade peinte : musee-des-bisses.ch Le site internet répertorie et propose notamment des films d’archives. Notamment sur le bisse de Saxon : rts.ch

Office de tourisme de Nendaz : nendaz.ch

Année où cet itinéraire a été parcouru

Août 2015, dans le brouillard.