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#ColloqueILIADE : Qui sommes-nous, si nous ne sommes pas maîtres de nous, chez nous ?

Ouverture du colloque « Européens, transmettre ou disparaître » : Qui sommes-nous si nous ne sommes pas maîtres de nous, chez nous ? Par Grégoire Gambier, porte-parole de l’Institut ILIADE.

#ColloqueILIADE : Qui sommes-nous, si nous ne sommes pas maîtres de nous, chez nous ?

Bienvenue au 4e colloque de l’Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne ! Merci d’être là, chaque année plus nombreux pour participer au réveil de notre civilisation.

Je ne vous remercierai pas en revanche de vouloir rester vous-mêmes, car en réalité vous ne faites que votre devoir, celui d’œuvrer à la construction d’un sanctuaire « identitaire » face aux flux de la propagande et de populations « diversitaires ».

Vous avez conscience de la nécessité d’être des hommes et des femmes debout face à ceux qui voudraient nous voir plier, nous faire expier notre histoire comme si c’était une faute. Vous avez conscience d’être des « sédentaires » quand le Système et ses agents de propagande nous voudraient tous « nomades », déracinés, désaffiliés, asexués…

En cette veille du 19 mars, il convient de placer notre journée à l’ombre et pour ainsi dire sous le commandement du Lieutenant des Taglaïts du regretté Philippe Héduy. A la mémoire des combattants de la plus grande France qui jamais n’ont accepté de voir leurs serments reniés, les confins de l’empire abandonnés aux barbares – au risque finalement avéré qu’ils ne s’installent chez nous, comme chez eux… En l’honneur surtout des derniers Poneys sauvages chantés par notre ami Michel Déon : pour que dans notre monde puissent encore vivre des poneys sauvages !

Transmettre ou disparaître…

Nous abordons cette année sans doute l’un des sujets les plus essentiels qui soient.

« Etre et durer » : la belle devise du 3e RPC n’a jamais été autant d’actualité. Durer dans son être, ce n’est pas seulement vivre, c’est sur-vivre. C’est donc transmettre. Par l’exemple. Par le travail. Par l’enracinement et par la filiation bien sûr – c’est-à-dire par la construction sans cesse renouvelée et le maintien de lignées enracinées dans des pays et dans des cultures qui leur sont propres. En ce sens, nous sommes peut-être davantage barrésiens que maurassiens. Même si le « maître » avait raison, comme souvent, lorsqu’il estimait que nous étions avant tout des héritiers, des débiteurs, parce que « l’individu qui vient au monde dans une “civilisation” trouve incomparablement plus qu’il n’apporte ». (1)

Il reviendra au président de l’Institut Iliade, Philippe Conrad, de mettre en perspective le thème de ce colloque et présenter les principales interventions et césures de la journée. Il rappellera comment notre école est devenue « fantôme » (2), qu’il ne reste plus que « l’enseignement de l’ignorance » justement dénoncé par Jean-Claude Michéa. (3)

Il soulignera surtout que s’amorcent des alternatives au naufrage. Parce que perdurent des formes traditionnelles, sans cesse renouvelées, des conditions d’une éducation qui ne se réduit pas au conditionnement de l’hommo festivus, à la reproduction d’agents économiques larvaires, d’« hommes unidimensionnels » (4) – ces esclaves de « la métaphysique de l’illimité » dénoncée dans sa lettre testamentaire par Dominique Venner, qui y décelait très justement la « source néfaste de toutes les dérives modernes ». (5)

Je souhaiterais pour ma part vous rappeler ce que l’institut ILIADE fait, de façon concrète, humble et laborieuse, mais à nos yeux indispensable, pour assurer cette œuvre de transmission qui nous anime.

Nous travaillons à une nouvelle Renaissance européenne

Nous voulons le réveil des Européens, la sortie des peuples européens – et en particulier du peuple français – de leur dormition. Nous voulons les voir renouer avec leur fierté, leur créativité et leur énergie initiales ; leur faire prendre conscience que ce qui se joue aujourd’hui les engage pour demain – et pour toujours.

Mais comment ?

En proposant notamment des cycles de formation métapolitique exigeants, dans une démarche résolument élitaire, car réservée à une vingtaine d’auditeurs par session triés sur le volet.

Ces formations sont structurées autour de week-end abordant les principales thématiques qui nous importent : l’histoire, les racines, le « capital immatériel » de notre civilisation européenne (6) ; l’histoire des idées et des représentations ; la stratégie et la géopolitique comme étude des rapports de force qui structurent le réel ; la critique du monde actuel, en convoquant bien sûr Evola, mais aussi Nietzsche, Heidegger, Bernanos, Philippe Muray ou encore Christopher Lasch (et même Orphée et Prométhée !) ; l’affirmation d’une éthique de vie, enfin, autour d’une triple exigence : « La nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon ».

Les noms que se sont choisis les auditeurs des cinq promotions organisées jusqu’à ce jour reflètent l’état d’esprit qui les animent : Dominique Venner, Don Juan d’Autriche, Patrick Pearse, Ernst Jünger, Athéna…

Ces formations ne sont pas une fin en soi

Elles visent certes à proposer une couche supplémentaire d’épaisseur, de profondeur, de « lourdeur » au sens où l’entendait Jean Cau. (7) Mais aussi de verticalité dans une société où, l’avoir prétendant avoir supplanté l’être, l’horizontalité tend à écraser toute qualité humaine.

Ces formations reposent surtout sur un engagement qui se concrétise par la réalisation d’un projet personnel. Article, étude, itinéraire de découverte, clip vidéo, bande dessinée, œuvre de l’esprit ou travail de la main… Tout est beau et bon pourvu qu’il ait un sens, qu’il soit utile à la communauté, à l’œuvre qui nous rassemble et nous dépasse tous : recréer du lien, de l’affiliation identitaire et de la solidarité naturelle parmi les gens qui se reconnaissent d’une même souche européenne.

Au moins deux exemples illustrent cette approche.

Les tentures originales qui, sur cette scène, magnifient le thème de notre colloque, et notamment ce superbe report à la craie d’un jeune compagnon qui fait indubitablement penser à l’essarteur Jehan le Tonnerre, bâtisseur de cathédrales et gardien des plus lointaines traditions, sous « Les étoiles de Compostelle ». (8)

Mais aussi le premier ouvrage édité par l’Institut ILIADE chez notre ami Pierre-Guillaume de Roux : « Le Chant des alouettes ». Cette anthologie originale de textes qui chantent notre culture européenne et appellent à l’aimer davantage encore, est le résultat, remarquable et émouvant, du travail réalisé par Thibaud Cassel dans le cadre de la promotion « Dominique Venner ».

Fidélité et transmission

« La fidélité nourrit le sens de la transmission », écrit notre jeune camarade. Car « nous sommes le fruit de l’histoire, et l’histoire ne se récuse pas ». Mieux, « la connaissance de notre héritage historique nous inspire autant que l’Europe originelle ; mais l’un et l’autre appartiennent à une génération toujours nouvelle, à qui il incombe de faire répondre l’or de l’aurore à l’or du couchant ».

Vous l’aurez compris, cette pesanteur qui nous habite se veut une grâce retrouvée. (9)

Ce qu’il s’agit de transmettre, c’est certes une culture, une certaine vision du monde, une « grille de lecture » sédimentée par notre plus longue mémoire, affutée par une confrontation assumée au tragique qui est celui de l’histoire sans cesse en train de se faire…

Mais c’est davantage encore une attitude.

Une façon d’être face à la vie, de dire « oui » à la vie.

Et comme l’écrit Sylvain Tesson, « une vie est réussie quand elle n’est faite que de verbes d’action ». (10)

Dans cette prestigieuse mais aussi très bourgeoise enceinte de la maison de la chimie, ne nous y trompons pas : aujourd’hui encore, réfléchir ne sert qu’à agir !

Qui sommes-nous si nous ne sommes pas maîtres de nous, chez nous ?

Bonne journée au sein de notre communauté retrouvée !

Grégoire Gambier

Notes

  1. Charles Maurras, Mes idées politiques, 1937.
  2. Cf. Robert Redeker, L’Ecole fantôme, Desclée de Brouwer, 2016.
  3. Cf. Jean-Claude Michéa, L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes, Climats, 1999.
  4. Ces « hommes unidimensionnels » dont Herbert Marcuse disait qu’ils étaient le produit de l’« uniformisation techno-économique » et marchande (L’Homme unidimensionnel, Les Editions de Minuit, 1968).
  5. « La dernière lettre de Dominique Venner : les raisons d’une mort volontaire », présentée par Robert Ménard, www.bvoltaire.fr, 21/05/2013.
  6. « Capital immatériel » au sens où l’entend Patrick Buisson, s’agissant du peuple français : « Tout ce qui le constitue en tant que peuple à travers les âges : une sociabilité collective, des mœurs communes, une mémoire profonde, un imaginaire historique » (La cause du peuple, Perrin, 2016). Cf. également la philosophe Bérénice Levet qui, dans son dernier essai, Le crépuscule des idoles progressistes (Stock, 2017), formule le vœu de voir reconnaître le droit des peuples à la continuité historique…
  7. Cf. Jean Cau, « Eloge incongru du lourd », in Contre-attaques, Le Labyrinthe, 1993.
  8. Cf. Henri Vincenot, Les étoiles de Compostelle, éditions Denoël, 1982.
  9. Simone Weil, La pesanteur et la grâce, Plon, 1947. « Il ne s’agit pas ici de philosophie, mais de vie, écrivait Gustave Thibon, en 1948, en présentant ce recueil de pensées tirées des manuscrits que Simone Weil lui avait confiés » (présentation de l’éditeur).
  10. Sylvain Tesson, Petit traité sur l’immensité du monde, éditions des Equateurs, 2005. Voir le recueil de citations proposé par l’Institut ILIADE dans son Abécédaire européen.

Crédit photo : CC0 Public Domain via Pixabay

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