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Col du Septimer : de la Suisse à l’Italie, sur les pas des Romains et des voyageurs médiévaux

La haute vallée de l’Engadine a été, grâce à ses cols, une voie de passage fréquentée de toute antiquité entre mondes romain, germanique et celtique. Aujourd’hui, le col du Septimer relie, par un chemin de randonnée (Via Alpina), deux vallées préservées du canton des Grisons. Il permet aussi, sur un itinéraire plus long, de relier le nord et le sud de l’Europe. Les paysages environnants ont notamment été magnifiés par le peintre symboliste Giovanni Segantini (1858–1899).

Le mont Beuvray, une montagne occupée par un oppidum gaulois et recouverte par une forêt
Col du Septimer : de la Suisse à l’Italie, sur les pas des Romains et des voyageurs médiévaux
Pays : Suisse.
Région : Engadine, Grisons.
Mode de déplacement : Randonnée à pied. Parcours en VTT ou vélo de montagne (avec portage de temps en temps).
Durée du parcours : Environ 6h30 à pied. A bicyclette, parcours variés, temps en conséquence.
Difficulté des parcours : Randonnée pédestre accessible en famille, avec des enfants autonomes, dès 10 ans.

Période possible

L’été est court mais superbe (de fin juin à début septembre). Attention aux éventuels restes de neige en début d’été.

Présentation géographique

L’Engadine, vallée où l’Inn prend sa source, appartient au canton des Grisons, à l’extrême est de la Suisse, aux frontières du Tyrol et de l’Italie. Du col de la Maloja à Zernez, c’est la Haute Engadine, une des rares vallées alpines aussi ouverte et aussi peuplée à cette altitude – 1800 mètres à Sils-Maria. Si les influences italiennes lui garantissent des étés relativement chauds et secs, les hivers y sont fort longs et très froids, comme en témoignent les grands glaciers qui descendent de la Bernina. On y parle trois langues : allemand, italien et romanche, mais le français est compris.

Cadre historique et culturel

Le col du Septimer (Septimerpass en allemand) est le seul col d’Engadine qui ne soit pas parcouru par une route. Le sentier de randonnée actuel suit en partie le tracé d’une voie romaine qui reliait Milan à Bregenz. Des fouilles archéologiques (monnaies du Ier siècle) et un « guide de voyage », l’Itinerarium Antonini (IVe siècle), témoignent de l’intense fréquentation du Mons Septimus, alors autant emprunté que son voisin, le col du Julier.

En 612, le col est franchi par saint Colomban pour rejoindre Pavie. Aujourd’hui, le « chemin européen de saint Colomban » relie Bangor en Irlande à Bobbio en Italie en passant par Luxeuil-les-Bains.

En 831, Charles Martel fait construire au col un hospice, le xenodochia Saint-Pierre. Frédéric Barberousse et Otton Ier auraient franchi le col, comme tant d’autres soldats et pèlerins.

Le col du Septimer reste, tout au long du Moyen Age, un des principaux axes européens nord-sud. Contrôlé par l’évêque de Coire, le passage est très apprécié des voyageurs car il permet, sans danger, une liaison directe entre les plateaux du Rhin et du Pô. Y transitent les laines allemandes, les étoffes italiennes, les épices… autant de richesses convoitées par les brigands !

Après la construction de la route passant par les cols du Julier et de Maloja au début du XIXe siècle, le col du Septimer perd de son importance.

Le sentier passe par un second col, le col du Lunghin, seul point de partage entre trois fleuves d’Europe : le Pô, le Rhin et le Danube.

En dehors du Septimer, les cols les plus connus en Engadine sont : le col de Maloja et le col de la Bernina, qui ouvrent vers l’Italie ; le col du Julier, du nom des Césars qui y firent passer leurs légions ; l’Albula et le Flüela qui permettent de rejoindre la vallée du Rhin ; le col de l’Ofen (Ofenpass, Pas dal Fuorn, ou Passo del Forno), passage facile vers le Tyrol du sud et vers Meran.

Le col de Maloja conserve des vestiges romains : à côté des portions empierrées, on a reconnu dans la paroi des trous dans lesquels étaient insérés des morceaux de bois qui, placés en travers de la voie, permettaient de freiner les chariots.

Description de l’itinéraire

Que ce soit sur les cartes, les panneaux, les dépliants, presque tous les lieux ont plusieurs noms : en allemand, en italien et en romanche. Quand s’y ajoute un nom français, c’est à y perdre… son latin !

Le col du Septimer est ainsi nommé Pass da Sett en romanche, Septimerpass en allemand et Passo del Settimo en italien.

Durée : 6h à 6h30, selon le sens. Sentier en partie muletier. Dénivelés importants.

Départ : Casaccia (1458) ou Maloja (1815 m) – Arrivée : Bivio (1769 m). Ou l’inverse.

Cet itinéraire est une traversée. Accès recommandé en car postal.

Le sentier est amplement balisé, aucun risque de se perdre !

Le « pont romain » est une reconstitution. Les dalles de la « voie romaine » ne sont pas… romaines, mais bien plus récentes.

Le col du Lunghin (2 645 m) est un point géographique très intéressant. C’est le point de rencontre de trois lignes majeures de partages des eaux. Selon la direction prise par les ruisselets qui naissent au col, leurs eaux rejoindront soit le Rhin, puis la mer du Nord (740 km au nord) ; soit le Pô, puis la mer Adriatique (275 km au sud) ; soit le Danube, puis la mer Noire (1560 km à l’est).

Du col, vous pouvez rejoindre le sommet du Piz Lunghin (2780 m). Empruntez au sud une crête qui va rejoindre l’arête ouest de la montagne par laquelle on gagne le sommet. Attention aux éboulis scabreux.

Variante

Départ de Maloja (1815 m). Franchissement du col du Lunghin. Arrivés au col du Septimer, obliquez plein sud vers le val Maroz pour rejoindre Casaccia (1458 m). De là, soit vous remontez à pied, soit vous empruntez le car postal vers le col de Maloja. Cet itinéraire fait découvrir les premières châtaigneraies du Bergell / Val Bregaglia, vallée italophone protestante des Grisons, et patrie des Giacometti.

Activités connexes

Visiter le musée Segantini à Saint Moritz

Le musée consacré au peintre symboliste Giovanni Segantini (1858–1899) expose notamment le célèbre Triptyque des Alpes : Harmonie de la vie – la Nature – Harmonie de la mort (Devenir – Être – Disparaître). La technique pointilliste de Segantini, inspirée de Seurat, lui permet de traduire la magie des paysages de neige, des aubes et des crépuscules. Ses toiles solaires sont inspirées par la montagne, le pastoralisme et ses traditions et donnent à l’homme une place harmonieuse dans la nature.

Cartographie

Préférez les cartes au 1:50 000, plus lisibles que les cartes au 1:25 000, car les itinéraires y sont reportés en rouge. Nombreux dépliants dans les offices du tourisme.

Carte 5013 T Oberengadin, Swisstopo (1:50 000)

Carte 268 T Julierpass, Swisstopo (1:50 000)

Oberengadin 28 (Bergell – Puschlav) ~ Hallwag Kümmerly und Frey AG / 3-259-00887-X (1:60 000)

L’étape R80 de la Via Alpina rouge va de Maloja à Juf.

L’une des étapes de la Senda Segantini passe par le col Septimer. Cet itinéraire de 79 km relie en quatre jours Savognin à Samedan.

Bibliographie

  • Le goût de l’Engadine, textes réunis et présentés par Stéphane Baumont, Collection « Le Petit Mercure », Mercure de France. Textes d’André Gide, Hermann Hesse, Yves Bonnefoy, Theodor Adorno, Marcel Proust, Pierre Jean Jouve, Jean Cocteau, Renaud Camus, Paul Celan, et bien d’autres.
  • Dictionnaire des Alpes, Glénat, 2006.

Accès et données GPS

Le col de Maloja se rejoint en traversant la Suisse ou l’Italie. Sur place, cars postaux et trains.

Matériel spécifique, équipement

Matériel de randonnée en été. Attention aux effets de l’altitude (froid, réverbération…). Ni hébergement ni restauration sur l’itinéraire, sauf au départ et à l’arrivée.

Art de vivre

L’Engadine est la région la plus chère de la Suisse. Un grand choix de pensions et d’hôtels confortables, quelques campings, de rares gîtes d’étapes (Touristenhaus) où il est prudent de réserver. Peu de trouvailles gastronomiques mais de somptueux petits déjeuners, des pâtisseries réconfortantes (les habitants de l’Engadine se sont longtemps expatriés dans toute l’Europe sur leur réputation de pâtissiers) et des haltes sympathiques dans les restaurants d’altitude ou les chalets d’alpage. Pour les amateurs de bière, la « Calandabraü », la bière la plus haute d’Europe, servie avec générosité. Et la viande des Grisons, filet de bœuf séché, à déguster en très fines tranches.

Liens

Année où cet itinéraire a été parcouru

Parcours familial, été 1991. Informations vérifiées en avril 2014.

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